Chapitre 2 : Tête à Tête

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La pièce était spacieuse et de longues fenêtres faisaient entrer la lumière matinal. Mais malgré cela la salle sentait le renfermé. Un immense bureau en chêne occupait une grande partie de la pièce. Dessus se trouvaient de multiples bulletins scolaires et de feuilles éparpillés et mélangés. Un petit homme trapu, affalé dans son énorme fauteuil en cuir, regardait le poste de télévision qui été face à lui, posé sur son bureau. Il ne se redressa pas pour accueillir la nouvelle arrivante, il dit seulement:

“- Prenez la chaise qui se trouve devant vous et asseyez-vous.” Une longue minute s’étira quand enfin le proviseur se daigna à baisser le son de son poste et reprendre la parole.

“- Mademoiselle Ckrys, quelle heureuse surprise de vous voir ici!

  • Mais c’est vous qui m’avait fait demandé, non?
  • Tout à fait, c’est juste que j’aime faire preuve de politesse quand je reçois des visiteurs, dit le proviseur. Bon, je vais aller droit au but, votre père a été arrêté...

Amy l'interrompit au milieu de sa phrase.

  • Il n’a pas été arrêté, il n’est pas l’homme que vous croyez qu’il est.
  • Vous savez je peux comprendre que vous preniez sa défense mais votre père été un autre homme, c’était le parrain de la mafia.

La jeune fille le toisa dégouté.

  • Je pense que vous n’êtes pas le genre de personne à qui il revient de me dire cela.
  • Je…
  • Je n’ai pas finis! Je sais que mon père n’as pas toujours été un homme juste, ni bon. Vous pensez que je prends sa défense juste parce que c’est mon père. Mais moi je sais qu’il n’as jamais trempé dans votre quelconque mafia, qu’il n’a organisé aucun attentat. Je vais vous le dire haut et fort mon père n’est pas un terroriste.

Le proviseur prit une voix miéleuse:

  • Je ne vous ai pas fait venir pour que vous me criez dessus Mademoiselle Ckrys, j’ignorais simplement que vous saviez que votre père était le parra… était un homme qui été soupçonné d’être… Bref qu’il allait être un jour arrêté.
  • Vous m’avez fait venir pourquoi alors?
  • Pour vous proposer de passer un marchée.
  • Je vous écoute, dit Amy la tête haute.
  • Comme dans quelques jours tous les médias, les élèves et les curieux sauront qui est votre père et où vous êtes scolarisé, certains parents d’élèves ne seront pas forcément très content que leurs enfants se trouvent dans le même bâtiment que la fille du parrain de la mafia.

Amy serra les poings et dit d’une voix qui tremblait légèrement:

  • Je ne suis pas sur de très bien vous comprendre.
  • Hé bien ma chère enfant, c’est très simple soit ils partiront…
  • Soit ils demanderont de me chasser.
  • Exact! dit le proviseur ravit que son interlocutrice est comprit aussi vite.
  • Vous allez me renvoyer, poursuivit Amy les yeux écarquillé.
  • Pas si vous remplissez votre part du marché.
  • Là je ne vous suis plus du tout.
  • Je vais vous le dire alors, si vous voulez rester il faut que vous nous divulguez des informations sur les crimes de votre père…

Le proviseur continua son petit récit jusqu’à qu’il se rende compte qu’Amy s’était levé et que ses yeux lui lançaient des regards noirs digne de Madame Naugue. Elle cracha:

  • Un collège prestigieux, qui vous accompagne qui que vous soyez et d’où vous venez. Mais bien sûr autant dire que le père Noël et la fée des dents ou encore le lapin de Pâque existent.

Le proviseur en resta muets de stupéfaction.

  • Vous voulez que je vous dise et ben je ne vous direz rien et ce n’est pas vous qui me viré, c’est moi qui part, s’écria Amy.

Cette fois le quinquagénaire réagit, il se leva, attrapa les épaules de son ancienne élève, la secoua comme un pommier et répondit d’une voix dure:

  • Ho que si vous allez me dire tout ce que vous savez. Vous imaginez l’argent que l’établissement pourrait gagner si vous laissez échapper quelque informations.
  • Mais, vous êtes fou ma parole!”

Et sur ses mots la jeune fille enjamba le bureau et partit par une porte qui se trouvait au fond de la pièce. Elle l’ouvrit et descendit dans un escalier en colimaçon de pierre. Elle se risqua à regarder en arrière et vit que le proviseur était sur ses talons. Il était 9h01.

*****

À 8h55, l’alarme alerte incendie avait été déclenché personne ne savait si c’était un exercice ou si c’était réel. Beaucoup dans la classe pensé que c’était un poisson d’Avril mais je compris vite que ce n’était pas prévu. L’affolement du professeur était communicatif. À côté de moi Max et Marcus s’était levé, ils me regardèrent avec insistance et je compris qu’il fallait que je me lève aussi. Dans les couloirs, tout le monde se bousculait et les profs essayaient vainement de regrouper leurs classes. C'est ainsi que le collège tout entier descendit pour se rendre dans la cour. Là-bas aussi c'était le bazarre. Au bout de cinq minutes le calme revint, mais l'alerte signifiant que l'exercice était finie ne retentit pas. Au bout d'une petite minute Sophie me tapota l'épaule et pointa son doigt vers l'escalier en colimaçon au centre de la façade:

“-Regarde Suzie.”

C'est ce que je fis. Amy descendait les escaliers à une vitesse inouïe, le proviseur sur les talons. Quand elle arriva au sol le proviseur s'écria:

“-ATTRAPEZ LA !”

Nous étions tous stupéfait de surprise. Amy avait toujours était une très bonne élève, même fayotte quelque fois. Les éducateurs de sport ne se firent pas prier deux fois et s’élancèrent à sa poursuite mais avant qu'ils aient atteint leur cible. Amy s'arrêta et se retourna. Le proviseur qui ne s'attendait pas à cette manoeuvre la percuta de plein fouet. Amy se plia en deux et échappa une bordée d'injure puis se redressa et se tourna vers la classe, vers notre groupe. Elle dit d'une voix qu'elle voulait forte:

“- Quoi que vous penserez par la suite, même si je quitte le collège, vous saurez toujours où me trouver.”

Et sur ces mots elle reprit sa course, enjamba le portillon et disparut au coin de la rue.

*****

Je courrais. Quand je passais les passants se retournaient surpris. Je ne voulais plus penser. Dans une même journée j'avais perdue mon père et mon collège. L'un était prévue, l'autre non. En rentrant je voulais que mon père soit là pour me prendre dans ces bras et me consoler. Je voulais mener une vie normal, tranquille. Mon père m'avait toujours répété que j'étais quelqu'un d'unique en son genre. Quand il me l'avait dit la première fois, je me rappelle lui avoir répondu que tous les êtres humains étaient différents. Ma vie n'avait plus aucun sens, quand je rentrerai je savais que ce n'était pas mon père mais les journalistes qui allaient m’accueillir chez moi. Je repensa à l'épisode de ce matin, lorsque la porte s'était refermé derrière moi et que j'avais entendu des ricanements j'avais souris. Là je n'avais plus du tout envie de sourire, je n'avais pas envie de pleurer non plus. Ce qui me rongait c'était la solitude.

Je pris le bus. Les bâtiments de béton et les commerces défilaient sous mes yeux. Mes paupières étaient lourdes, lourdes. Quand j’ai fermé mes yeux, je me suis endormie presque aussitôt.

Une vingtaine de minutes plus tard le chauffeur de bus me secoua en me répétant que c’était le terminus. Je m’excusai et le remercia en lui tendant un billet de 20€. Je descendit et mit une main devant mes yeux, aveuglée par la clarté du soleil. Je marchais dans les rues de ma petite ville, j’étais de retour chez moi à la Fare les Oliviers. Malheureusement tout ne pouvait être rose car je ne devais pas m’arrêter au terminus mais deux arrêts avant. Je repris donc la route qu’avait parcouru l’engin quelques instants plus tôt mais en sens inverse. Les oiseaux chantaient sur la cime des arbres, ils s’arrêtaient à chaque fois que je passais près d’eux comme un hommage. Je n’ai jamais cru en dieu, mais certaines fois dans ma vie je m’étais laissé croire qu’une puissance de la nature me comprenait et me laissait avancé vers elle. Deux croisements plus tard, ma maison apparu mais sa splendeur était gâché par des bandes adhésives rouge et blanche qui l’encadraient. Deux voitures de polices bloquaient l’entrée. Je pris mon courage à deux mains et avança vers la porte de chez moi. Un jeune officier me vit avancer, j'accélèrais encore un peu plus mais le policier m’interpella. Je n’avais d’autres choix que de me retourner.

*****

Lorsqu'elle se retourna, le jeune flic fut surpris par la beautée et la maturité de la jeune fille. Elle s’avança vers lui et lui vers elle. Encore troublé par celle qui se trouvait maintenant en face de lui, il ne s’aperçut pas que son collègue l’avait rejoint et qu’il regardait lui aussi la jeune femme avec admiration. L’officier prit donc la parole un peu vexé que son coéquipier ne l’ai pas laissé seul:

“- Bonjour, vous vous trouvez en ce moment sur une zone interdite au public. Veuillez donc rebroussez chemin s’il vous plaît.

La jeune fille le regarda avec un oeil dur.

  • Je ne crois pas non.
  • Mademoiselle je vous le répète encore une fois gentiment veuillez circuler.
  • Pas très convainquant!

Le flic fulminait intérieurement, ne rien laisser paraître.

  • Mademoiselle, nous allons être obligé d’employer les grands moyens.
  • Ça m'étonnerait aussi.
  • Louis va chercher le patron.

Son collègue se dirigea donc vers la deuxième voiture de police, il ouvrit la portière et expliqua la situation à son chef. Pendant ce temps là Amy restait campé sur ses deux jambes, la tête haute, face à l'officier qui la défiait du regard. Quelque minutes plus tard un homme de grande taille s’avança vers eux. Quand il arriva à leur hauteur il jeta un coup d’oeil à la jeune femme et blêmit, il murmura pour lui même:

  • Mais quesque vous avez fait?

Le dénommé Louis s’avança et demanda:

  • Sa va pas patron?

Celui ci ne répondit pas et se tourna vers Amy:

  • Excusez nous mademoiselle, ils n'ont pas compris qui vous étiez.
  • C’est pas grave, on va pas en faire tout un drame.
  • Mais quesque sa signifie? s’écria le jeune officier.

Son chef lui lança un regard qui lançait des éclairs et répondit d’une voix grave:

  • Sa signifie que tu viens d’importuner Amy Ckrys, Idiot!

Cette fois ce fut le jeune flic qui blêmit et regarda Amy penaud.

  • Je vous demande, pardon.
  • Bon c’est pas tout ça mais j’ai des choses à faire.

Louis s’avança le sourire au lèvres et lança à la cantonade:

  • C’est lui qui a reçu le message de votre père, donc depuis il a prit la grosse tête.
  • Je comprends…, murmura Amy puis elle reprit. Je peux rentrer chez moi maintenant?
  • Bien sur, faite juste attention à ne pas entrer dans le bureau et la chambre de votre père.

La jeune fille acquiesça et se dirigea vers sa maison.

Le jeune flic grommela:

  • Elle aurait pu nous remercier quand même!
  • De quoi? D’avoir mit son père en père en prison? répondit le capitaine de la brigade laissant Martin, le jeune officier, le plus mal à l’aise possible.

*****

Amy ouvrit la porte en ayant le sentiment que plus rien ne serait pareil. Comme son père rentrait toujours assez tard le soir, son absence ne se fit pas ressentir tout de suite. Elle n’avait pas faim, mais elle décida quand même de grignoter un bout de pain sachant que désormais dans les prochains jours elle n'aurait plus vraiment le temps, ni l’envie de manger quelque chose. Elle sortit ensuite dans le jardin pour aller rendre visite aux poules. L’enclo était toujours intact mais les poules elles avaient été rasé dans l'espoir de découvrir un message ou un code qui aurait échappé au force de l’ordre. Il n’y avait aucun oeuf ce qui était assez bizarre car il y en avait au moins dix par jours ce qui n’avait rien d'étonnant quand on avait une quinzaine de volatiles. “Sans doute réquisitionné eux aussi.” Elle soupira de désespoir et retourna dans la maison. Elle passa devant la salle de bain sans remarquer le moindre changement à part peut être un peu de cendre près de la baignoire. Elle monta ensuite quatre à quatre les escaliers, comme à son habitude. Elle alla dans sa chambre, alumna la télévision puis l'éteignit presque aussitôt ; elle ne supportait pas le bruit quand elle était contrarié. Elle s'allongea dans son lit, glissa ses mains sous son oreillers comme à chaque fois qu’elle voulait chasser des idées noirs, sauf que cette fois ci elle sentit sous ses doigts une surface rugueuse comme du papier. Elle se redressa d’un bond souleva son oreiller et découvrit un papier à carreau plié en deux, rien de plus banale. Mais dessus était écrit : Pour mon dauphin. Amy le déplia lentement et lut sur le papier.

Ma chérie,

Quand tu liras cette lettre je pense qu’il m’auront déjà enfermé et interrogé. Mais peut-être que toi aussi tu t’interroges? Tu te demandes ce que ton vieux père à vraiment fait ou pas? Je te comprends si tu es en colère mais quand tu découvrira pourquoi j’oeuvre vraiment et avec qui et dans quelle circonstance je pense que tu aurai fait la même chose. Je penserai à toi où que tu sois mais surtout ne me rend pas visite en prison, si je meurs là-bas tu garderas toujours de moi le père souriant qui est fan de Star Wars et qui adore les poules et sa grande fille, n’est ce pas? J’ai une faveur à te demander, relis cette lettre en buvant la limonade que je t’ai préparé, elle dans le frigo, mais rajoute du citron je n’en ai pas mis beaucoup. J’aimerai t’en dire plus mais je ne sais pas si cette lettre arrivera entre tes mains avant ou après la police. N’oublie jamais, L’Union fait la force. Partage tes découvertes avec des personnes en qui tu as confiance et qui ont ton âge.

Prends soin de toi,

Ton papa qui t’aime fort.

La découverte de la lettre que lui avait laissé son père troubla Amy, plus qu’elle ne voulait le laisser pareil. Elle redescendit pour aller chercher son téléphone mais elle se souvint que son sac était resté dans la salle de S.V.T. Elle jura entre ses dents et remonta cette fois ci pour aller chercher son ordinateur portable. Elle l’ouvrit et fit défiler ses mails, elle en avait un de la police qui lui demandait de se rendre au poste le lendemain à 17h00, trois autre du proviseur de l’école qui lui ordonnait de revenir au collège et un dernier de la bibliothèque qui disait qu’elle devait rendre le livre emprunter car elle allait dépasser le date limite. Elle envoya par la suite un mail à Cléo, Suzie, Sophie, Léna, Tom, Cédric et Marc leur demandant de venir chez elle cette après midi pour qu’ils lui rendent son sac, elle leur indiqua son adresse et leur dit de ne pas écouter la radio où regarder la télé avant qu’ils viennent chez elle. Amy devait bouger sinon elle allait ruminer ses idées noirs. Elle prit donc le livre qu’elle avait emprunté “Vous revoir” de Marc Levy et sortit en prenant garde de verrouiller la porte. Elle salua l’officier Martin. Puis prit la direction de la bibliothèque.

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