Pourquoi continuer

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"Si l'on en parle comme d'un échec, je ne vois pas pourquoi je continuerais à écrire des romans. Tels sont les éternels tourments des écrivains."

Je parlerai moins de ce que Virginia voulait dire, que de ce que cette phrase m'évoque.

Mon sentiment à ce propos est changeant. Et vague.

De quoi s'agit-il ?

Pourquoi renoncer à écrire des romans ? Pourquoi renoncer à écrire, tout court ?

De prime abord, je trouvais cette phrase fausse. Je me disais qu'il me serait impossible de me passer d'une activité dans laquelle j'excelle, qui me procure du bien-être, qui traverse ainsi tous les âges de ma vie sans jamais s'essouffler.

Quand bien même je lui avais tourné le dos, l'écriture est revenue. Toujours, avec constance. La marée sur le sable, celle qui dépose sur mon chemin autant de coquillages, d'oursins, de crabes et tant d'autres trésors.

Jamais je ne pourrais renoncer à cela.

Pour paraphraser Ray Bradbury* : Ecrire c'est survivre et pour beaucoup d'entre nous, ne pas écrire c'est mourir. Et c'est une mort intérieure, bien sûr. Une mort de l'âme, du souffle, des tripes. S'arrêter d'écrire, ce serait laisser nos passions en friche.

Et cela, je ne le peux.

Voilà ce qui m'était venu à la lecture de ce passage. Ecrire est un acte si évident, pour moi, qu'aucun échec ne pourrait m'arrêter.

Mais aujourd'hui, en le relisant, je vois autre chose.

Je vois tout ce qui peut se cacher derrière le terme "échec". Et ce n'est pas tant les critiques que je vise, que le constat inéluctable de ne pas "arriver à quelque chose" malgré mes efforts.

Aujourd'hui, je suis seule encore, avec ma fille, pendant que mon marin court l'Atlantique. Et dans cette configuration, mes projets littéraires stagnent. Cela fait près d'un an que j'ai décidé de me consacrer à l'écriture, dans ces conditions suboptimales.

Et je n'ai pas l'impression "d'arriver à quelque chose".

Il est là, l'échec.

Il est dans le doute.

Est-ce qu'un jour, je parviendrai à concrétiser ne serait-ce qu'un seul de mes projets fous ? Et en attendant, je fais quoi ? Et à quoi ça me sert encore de moudre des idées et de nourrir des univers ?

Arriverai-je seulement à dégager assez de temps pour moi, pour dérouler mes histoires ailleurs que dans ma tête, avant de dormir ?

De quoi sera fait mon avenir : celui de mère, d'épouse, de femme... et d'autrice ?

Néanmoins, la question de l'échec telle que je l'expose occulte une autre question, en miroir : celle de la réussite.

* Inspiré par un passage de la préface de "Le zen dans l'art de l'écriture", compilation d'essais sur la créativité, dont je recommande la lecture.

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