Venise - Zurich … la route des amants éternels …

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Jeudi 27 Août 1970 :

La nuit fut bonne, nous avons presque fait le tour du cadran… C’est à 10h du matin que les premiers d’entre-nous émergent et, pour réveiller les autres, Daniel et moi, avons la bonne idée de déplacer la tente où dorment Maguy, Anne-Marie et Emmanuel. Ayant retiré les sardines d’arrimage puis, désolidarisé le tapis de sol, il ne nous reste plus qu’à lever l’ensemble, armature et toile et le déplacer de deux mètres sur le côté. Nos trois amis se retrouvent à l’air libre pour un réveil en pleine lumière …


Grosse rigolade avant d’aller prendre un excellent petit déjeuner au bar du camping avec petits pains exquis et excellent café italien….
Bains, Douches, rangement du camp, à 13H30, nous partons à Venise … A vol d’oiseau la cité vénitienne est à environs 10 kilomètres mais nous sommes obligés de contourner la lagune ce qui représente un trajet de 55 kilomètres pour arriver aux parkings en entrée de ville…

 

Nous parcourons la cité lacustre, en authentiques touristes… parvenus Place San Marco on y retrouve la foule de nos congénères portant la focale sur le nombril ou en position de troisième œil… Il y a beaucoup de Pigeons... Nous admirons le Campanile, badons d’émerveillement devant le palais des Doges puis allons à l’embarcadère le plus proche avec une grande envie de se gondoler…
Parvenus sur ce site à la mondiale renommée, nous nous promenons plus dans l’esprit d’une découverte du Venise plaisir que du Venise historique. A cet instant, nous sommes plus mandoline que violon, plus Arlequin que Pierrot, et avons surtout envie d’ouïr le chant allègre de l’Italien enflammé ou de plonger notre regard dans la volupté brune des belles italiennes …

 

Venise, ce soir, c’est surtout miroitement scintillant de ses eaux, reflets de ses arches colorées dans l’onde frémissante de ses clapotis. Nous sommes tombés sur le gondolier souriant, rieur hyper sympa qui y va de son cha cha cha et nous offre même le chianti…
Nous ne nous refusons rien, nous payant le restaurant à l’italienne, en terrasse, au bord du grand canal… Nous y mangeons fort bien, buvons bien aussi et … avons du mal à retrouver nos voitures… mais ça nous fait rire …

 

Nous rentrons … quel dieu nous a permis de retrouver nos tentes ?… allez savoir ?…
En fait, on a bien dormi au 606 de l’Européan Camping, c’est sûr, parce que c’est bien à cet endroit que nous nous réveillons, le lendemain matin …
 

 

Vendredi 28 Août 1970 :

A 9 H exactement, nous quittons l’Européan Camping… Simca 1000 : 84088 km – Anglia : 148077 km …
Nous partons à destination de Zurich où nous devons retrouver Dominica, mon amie suissesse, que nous n’avions pas pu voir à l’aller…

 

A Venise nous prenons l’Autostrada, direction Milan distant de 270 km … Nous nous engageons dans une folle chevauchée sur l’excellente autoroute A4 italienne … Nous roulons allégrement en maintenant le 110. C’est sûr qu’avec son chargement l’Anglia fait bien du 12 litres aux 100 à cette allure … mais lancé ainsi au galop, on n’est pas à un galon près …
Rassurez-vous, nous faisons néanmoins parti des véhicules les plus lents et il vaut mieux rester sur la file de droite pour laisser passer les véloces Alfa Roméo et autres Lancia ou grosses Fiats, d’italiens pressés qui nous dépassent à grande vitesses dans un concert de trompes d’avertisseurs aux sonorités délirantes … Il est certain que nous ne sommes pas en mesure de faire la course avec ces bolides…
Nous passons au large de Padou, Vérone (Alfa… Roméo et Gulietta … du pur Romantisme à quatre roue j’vous dis !… ) Maintenant la cadence, nous voyons défiler les magnifiques paysages de Lombardie… Nous passons aux abords de Brescia, Bergame puis évitons Milan, passant au Nord de la métropole et rattrapons l’Autostrade en direction de Côme.

Il est 14H30 quand nous parvenons à la frontière Italo-suisse …
C’en est fini de l’autoroute, nous arrivons en Montagne et ça va aller de plus en plus haut … Lugano… nous suivons une route dans la vallée …
84477 km : La Simca 1000 tombe ne panne sèche. Nous puisons dans les jerricans de réserve ce qui nous permet d’atteindre Bellinzona, de faire le plein des véhicules et de nous désaltérer …

A partir de Airolo, commence la longue ascension vers le col du Saint Gothard … Les paysages sont magnifiques mais les lacets de la route sont nombreux, à vous donner le tournis … On monte… on monte… et les rampes se font de plus en plus raides. Il y a aussi pas mal de circulation et derrière nous, une fille d’autos commence à se constituer car L’Anglia s’essouffle… Il y a des automobilistes qui n’apprécient pas beaucoup, à en juger les téméraires qui nous dépassent dans le vrombissement d’accélérations rageuses… bientôt les virages en épingles, se succédant, l’Anglia devient la tête d’un convoi qui progresse à 30 - 40 à l’heure … A un moment, à la sortie d’une épingle, sur une très forte pente montante, l’Anglia cale, le moteur en asphyxie… Tentative de démarrage et ça cafouille à cause du vapor-lock lié à altitude. Pour compliquer les choses, le frein à main n’est pas assez puissant et la voiture commence à partir en arrière. Je freine aussitôt et enclenche la première … Tout le monde se retrouve à l’arrêt… La voiture qui est derrière moi est une coccinelle VW dont le chauffeur comprenant que je suis en difficulté vient coller son pare-choc au mien et nous retient, le temps que je tente de redémarrer … Après plusieurs tentatives, le moteur tousse, hoquette puis redémarre, on tourne d’abord sur « 3 pattes » pendant quelques centaines de mètres, roulant à 15 à l’heure, puis les quatre cylindres se font tous entendre, ça reprend vigueur…. encore quelques raidillons et nous parvenons au sommet du col … Ouf !... je m’éponge le front. Maguy et Emmanuel qui ne disaient plus rien depuis un moment, reprennent leur bavardage… On rigole un bon coup … Il est 17H … descente en douceur, sans s’emballer pour ménager les freins, cette fois. Tant pis, si derrière, les usagers s’impatientent, on ne va pas risquer l’accident. Nous découvrons des paysages extraordinairement beaux… au-dessus, des cimes enneigées, en dessous dans la vallée, des lacs azuréens …

19H40 Nous arrivons à Zurich. Il nous faut joindre Wetzwil dans la banlieue zurichoise. Nous y parvenons une demi heure plus tard…
Dominica nous accueille joyeusement. Elle nous a préparé un excellent dîner. Bonheur des retrouvailles… au cours du repas, nous la saoulons avec le récit de nos aventures à rebondissements…
Elle a retenu pour nous un emplacement dans un camping au bord du Lac et, à 23H, nous y conduit … Adorable Dominica …

à suivre ...

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