Ouais... Très chaud.

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J'ai dormi comme un nouveau-né. Et quand je dis ça, c'est pas seulement pour évoquer la candeur et la tendresse qu'inspire un bambin. Non, je me suis retrouvé le cul en l'air, les bras le long du corps et la joue écrasée sur le sable... Je ne sais pas si j'ai passé une bonne nuit.
En fait, si je considère les courbatures, la couche épaisse de poussière que j'ai dans les narines et les coups de soleil qui me martyrisent, je me sens autorisé à dire que j'ai vécu une parfaite nuit de merde. En plus, j'ai entendu plein de bruits bizarres autour de moi. La nuit était tellement noire que j'étais incapable d'indentifier quoi que ce soit. De toute manière, je ne me sentais pas une âme de super-héros, faut bien admettre aussi. Ce qui m'a obligé, ipso facto, à garder les yeux ouverts assez souvent.

Maintenant que le soleil commence sa grimpette quotidienne dans l'éther, va falloir que je reprenne ma cavalcade vers nulle part. Pas trop envie de me secouer la paillasse mais je suis bien conscient que si je ne me bouge pas le popotin, je vais vite crever de chaleur sous les rayons déshydrateurs du coin. Et je ne sais toujours pas où je suis !
Vrai que les décors hollywoodiens me poussent à espérer le Nevada, voire la Californie mais je ne suis pas un as de la géographie mondiale. En attendant, si je suis chez les Ricains, j'ai une chance de m'en sortir, non ? Bordel, c'est bien les plus forts en tout, ces blaireaux, non ? Alors, ils pourront bien sauver un petit franchouillard égaré là. Enfin, j'espère !

Alors, je repars. Heureusement qu'il n'y a personne pour me voir. Rien que pour me relever, me faudrait un palan, une grue ou un truc du genre. J'ai le dos en vrac, les guibolles en coton. Pas compliqué, on dirait une mémère de cent ans qui reviendrait d'une séance de body-building. J'ai la viande sclérosée de première.

  • Allez ! Plus que deux cent cinquante milliards de kilomètres en ligne droite et tu seras arrivé, mon fils !

Je ne sais plus quel con a dit qu'il fallait savoir voyager "léger" pour ne pas s'encombrer de bidules inutiles, mais pour ce qui me concerne, je commence à me dire que je vais finir par me promener totalement à poil. Ma chemise, par exemple, est truffée de petites cochonneries pointues et invisibles qui se sont fichées dans les fibres et les coutures. Du coup, j'ai l'impression d'être coincé dans un carcan de clous acérés qui me torturent les coups de soleil. Idem pour mon fute qui, en plus, conserve la chaleur au point de mitonner doucement mes genoux. A mon avis, ce soir, je pourrai bouffer ceux-ci ; seront cuits à point !

Ainsi, je me défais petit à petit de mes fringues. Au départ, je tente de les conserver avec moi, bien sûr. Ma chemise me sert quelques instants de turban, mais je supporte pas. Et puis ça favorise la calvitie, il paraît... Donc, je la largue un peu plus tard. Suivent mon bénard, mes pompes, de toute façon défoncées, et les chaussettes qui allaient avec. Ne me reste donc sur le paletot, tout le monde l'aura compris, que mon calbut. Celui que je portais lors des noces de mon pote. Va pas tarder à faisander, le truc... Je me dis que je pourrais facilement adopter le costume d'Adam, mais j'aurais un peu honte de me présenter pour la première fois de ma vie à un Américain sans rien sur le service trois pièces qui caractérise mon genre. Ma môman m'a pas appris ce genre de mépris. Malgré tout, me voilà presque à poil, et j'avance péniblement vers l'inconnu.

Sans compter que je sais maintenant que j'ai fait la pire des conneries... Faut vraiment être le dernier des boulets pour vouloir lutter contre un soleil en fusion. Je crève littéralement de soif !
Et ça, en plein désert, ça pardonne pas. Ma colline s'est bien approchée de quelques kilomètres, mais elle reste encore à une distance que j'estime maintenant à deux ou trois jours de marche. J'ai la gorge remplie d'échardes, de clous ou de gentillesses de ce genre. Je m'imagine déjà endurer tous les supplices de celui qui meurt doucement : reins qui se bloquent, langue qui enfle et je ne sais encore quelles engeances. Pas le moral, même plus dans les baskets puisque je marche pieds nus depuis longtemps. La cagade, quoi.

J'ai du mal à le réaliser, mais je crois bien que je suis en train de mourir... Seul et sans le moindre moyen, je n'en ai plus que pour quelques heures, je pense. Drôle de sensation que d'arriver si vite au terminus. Du coup, j'avance un peu plus vite...

A suivre...

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