Aïe, bobo !

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Boire, boire !

Je titube, je n'en peux plus de ce bled pourri. Mes dernières forces s'effilochent. Je meurs debout, assommé par la chaleur et la fatigue. Pourtant, je sais que je ne dois pas m'arrêter.

Repartir, marcher. Et le faire aussi longtemps que je pourrais mettre un pied devant l'autre, en restant concentré sur ma rage de survivre. Une main en visière sur le front, je sonde l'horizon. Il me faut un indice, un soupçon de vie, même une simple trace pour me persuader de continuer. Où sont donc passées ces montagnes de détritus qui sont l'apanage de notre civilsation, merde ! J'ai besoin d'une direction pour vivre ! Si je me trompe, je serais mort avant la fin du jour. Mais je perds mon temps, il n'y a rien à voir sauf du sable et des pierres, ici.

J'ai abandonné l'idée de rejoindre cette foutue colline qui s'entête à rester loin de moi. Autant suivre la course du soleil. Au moins, celui-là ne me quitte pas.

Je marche encore pendant quelques heures, des siècles presque. Au bout de mes efforts, j'ai dépassé le seuil de la douleur : je marche tel un automate, comptant mes pas jusqu'à les oublier, calant mon rythme sur une fréquence régulière et lente. Qui veut aller loin ménage sa monture, dit-on. Ma vue se brouille parfois, mes jambes se dérobent de temps en temps. Les choses se dégradent de plus en plus vite. Et cette terrible soif qui me fait souffrir... Des armées de mouches venues de nulle part m'assaillent sans faiblir, et je n'ai plus la force de les chasser. Là-haut, dans ce maudit ciel sans nuage, quelques charognards tournent au-dessus de moi, patients.

Heureusement, j'ai toujours le moral et l'envie de vivre. J'ignore pourquoi je suis ici et qui a eu l'idée saugrenue de m'abandonner en plein désert, mais je fais le serment de le découvrir et de me dédommager largement. La vengeance est un plat qui se mange froid, et j'ai bien l'intention de faire dans le mode congélation pour me payer de cette aventure. Si mon ventre gargouille tout le temps, ce n'est pas seulement à cause de la faim. C'est aussi en raison de l'infinie rage qui m'anime. Au moins cela me donne la volonté d'avancer encore un peu. Pour le moment, je ne vise que l'horizon.

Mais quand, à bout de force, je m'écroule dans le sable, je sais que j'ai perdu la partie.
Je meurs dans un endroit inconnu, seul, et privé du droit de savoir pourquoi... Mon corps me lâche, incapable d'aller plus loin. Mes sens m'abandonnent aussi.

Pourtant, je crois discerner une silhouette tremblottante, loin devant moi.
La Mort vient-elle à ma rencontre ?

A suivre...

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