Chapitre 9 (2/2)

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— C'est donc là que tu vis, s'exclama Tyler en faisant quelques pas dans le salon. Et bien, j'aime beaucoup, c'est très accueillant.

Ace haussa les épaules, même si Tyler ne pouvait pas le voir. Il se doutait très bien que ce compliment sonnait creux. Il ne comprenait pas pourquoi les invités se voyaient obligés de complimenter le lieu d'habitation de leurs amis. Les trois-quarts ne pensaient pas du tout ce qu'ils venaient de dire.

— Viens, je vais te faire visiter si tu veux, proposa Ace. Même s'il n'y a pas grand-chose à voir, l'appartement est petit.

— Avec plaisir, répondit Tyler en souriant de malice.

Il déposa son sac contenant sans aucun douter son ordinateur au pied du canapé avant de suivre son hôte.

Ace le conduisit dans la cuisine, lui montra du doigt la porte de la salle de bains avant de l'emmener dans sa chambre.

— Elle te représente vachement, s'écria Tyler en laissant son regard se promener dans la pièce.

— C'est-à-dire ?

— Eh bien, il n'y a rien qui de superflu, la décoration est très jolie. J'aime beaucoup le tableau au-dessus de ton lit, ajouta-t-il en souriant.

Le tableau en question était en réalité un assemblage de plusieurs toiles de diverses tailles qui représentaient un loup noir debout et légèrement de profil en premier blanc qui regardait au loin. À l'arrière-plan, se trouvait une chaîne de montagne, dont les sommets étaient recouverts de neige, ainsi qu'un ciel nuageux. Le tout, sans aucune couleur, tout était en noir et blanc.

— Cela te correspond bien, le loup solitaire, seul face à l'immensité nature sauvage que représentent les montagnes, reprit Tyler en se postant face au lit pour mieux voir le tableau.

Ace ne répondit rien, se contentant de regarder le jeune homme.

— Je suis déçu, il n'y a rien qui puisse laisser entrevoir ton jardin secret dans cette pièce, s'exclama Tyler en se retournant. Mais ce n'est par pour autant qu'il n'y en pas, n'est-ce pas ?

La conversation commençait à mettre de plus en plus mal à l'aise Ace. Il préféra changer de discussion.

— Bon, si on allait travailler un peu ? bougonna-t-il.

— Avec joie ! lança Tyler, moqueur.

Il savait pertinemment que cela était une distraction pour qu'Ace n'ait pas à lui répondre. Ace prit son ordinateur sur son bureau ainsi avant de sortir. Le blond lui fit un geste du bras pour le laisser passer en se courbant légèrement. Ace roula des yeux, exaspéré.

Lorsqu'ils repassèrent dans le salon, Tyler perçut une porte baillée, donnant sur une pièce qu'Ace ne lui avait pas fait visiter.

— Elle sert à quoi cette porte ? demanda-t-il, curieux.

Ace se retourna légèrement pour voir ce que montrait Tyler.

— Elle donne sur l'atelier de mon ami. Il fait des études d'art.

Le petit « Ah » que lui répondit Tyler, le fit se retourner complètement. Tyler esquissa un maigre sourire, avant de détourner les yeux.

— C'est mon meilleur ami, on se connaît depuis l'enfance, se sentit-il obligé de rajouter.

Le visage de Tyler redevint souriant, une lueur de malice dans les yeux.

— Ne te sens pas obligé de te justifier, je n'ai rien dit...

— Je t'explique, c'est tout ! s'énerva quelque peu Ace. Je croyais que tu voulais apprendre des choses sur moi.

Le jeune homme se mordit aussitôt la lèvre, conscient que Tyler avait parfaitement enregistré ce qu'il venait de dire. C'était sûr, il n'allait plus le lâcher, dorénavant.

— Alors ça y est, tu te décides à t'ouvrir enfin à moi ? demanda Tyler, comme en écho aux pensées d'Ace.

— Si on allait bosser, plutôt, rouspéta Ace.

La vérité était qu'il n'avait pas réfléchi avant de dire ses mots. Il ne savait pas pourquoi il avait voulu rassurer Tyler sur Andreï. Décidément, il n'arrivait plus à contrôler ses mots en présence de Tyler !

Ace s'assit à la petite table. Ensemble, ils se penchèrent sur leur sujet de Mémoire. Ils avaient encore beaucoup de boulots devant eux : il fallait continuer à faire des recherches sur leur sujet sur le web et dans les différents livres sur le consentement que Ms. Pierce avait sélectionnés parmi les dizaines d'ouvrages de Droit pénal qui se trouvaient à la bibliothèque universitaire.

Ils travaillèrent ainsi trois bonnes heures, à repérer, trier et classer tous les paragraphes et sites internets qui pourraient éventuellement permettre de répondre à leur sujet. Pour l'instant, il n'avait aucune idée de problématique, mais cela ne les inquiétait pas. Ms. Pierce leur avait bien dit de rechercher tout ce qu'ils s'apparenter de près ou de loin à leur sujet, avant de réfléchir à le problématiser.

Lorsque Tyler s'étira, pour soulager ses membres devenus douloureux à force d'être assis sur une chaise, Ace déclara qu'il était temps de s'arrêter pour aujourd'hui. Il rangea ses affaires et une fois fait, alla chercher deux bouteilles de bière dans le réfrigérateur.

Tyler s'était avachi sur le canapé, ses yeux fixant le plafond. Il releva la tête quand Ace lui tendit sa bière et fit un sourire pour le remercier. Ace se laissa choir à ses côtés.

— On a bien bossé aujourd'hui, souffla Tyler avant de prendre une gorgée de sa boisson.

Ace se contenta de hocher la tête. Tyler se trémoussa pour essayer de se redresser dans le canapé défoncé. Son genou heurta celui d'Ace, qui se crispa inconsciemment. Le brun jeta un regard vers Tyler, qui ne sembla pas avoir remarquer quoi que ce soit.

— Tu sais, j'ai réfléchi, commença-t-il. Je pense que je te pourrais te pardonner ce que tu m'as dit l'autre fois.

Il se tourna vers Ace, et l'espagnol crut déceler une lueur de malice dans ses yeux.

— Merci, répondit Ace. Je ne voulais vraiment pas te blesser, j'étais juste... embarrassé et...

— Mais à une condition ! le coupa-t-il.

Ace fronça les sourcils mais ne dit rien, préférant attendre la suite.

— Je veux que l'on devienne ami, termina Tyler, tout sourire.

Ace ne savait plus quoi penser. Il y avait à peine quelques jours, Tyler semblait le détester et l’ignorait complètement, et voilà que maintenant, il voulait qu'ils soient amis !

— Hmm... d'accord, accepta Ace.

De toute manière, il n'avait pas vraiment le choix. On ne refusait pas de d'être l'ami de quelqu'un, surtout quand il te le demandait de cette façon.

Tyler sourit de plus belle, avant de se rasseoir correctement. Les minutes passèrent et Ace se sentait de plus en plus gêné. Tyler s'était rapproché de lui, et il ne cessait de bouger inconsciemment sa jambe, ce qui faisait se rencontrer leurs genoux... Mais ce n'était pas ce qui le dérangeait le plus, non. C'était de sentir le corps de Tyler sur le canapé à ses côtés, Ace pouvait ressentir la chaleur de sa peau lorsque leurs genoux se touchaient. Et il ne savait pourquoi, mais il n'aimait pas du tout cela.

— Alors comme ça, tu vis avec ton meilleur-ami ? demanda Tyler après quelques minutes.

Ace essaya de se concentrer sur ses paroles, et se força à regarder Tyler dans les yeux pour ne plus penser au fait que leurs corps se touchaient.

— Oui, il s'appelle Andreï. Je le connais depuis que je suis tout petit. On a fait les quatre cents coups ensemble.

Ace esquissa un sourire à ce souvenir.

— Et il fait des études d'art ?

— C'est ça. Il veut devenir peintre. (Arthur laissa échapper un petit rire). Si tu le croisais dans la rue, tu ne soupçonnerais absolument pas qu'il veut faire ce métier.

Tyler haussa un sourcil interrogateur.

— On va dire qu'on a le même physique, lui et moi, expliqua Ace.

— Oh, je vois. De vrais durs à cuire, mais avec un cœur sensible à l'intérieur, se moqua gentiment Tyler.

Le regard que lui adressa le blond lui fit détourner la tête. Ace se sentait de plus en plus mal à l'aise à ses côtés, mais contre toute attente, il en éprouvait une certaine excitation.

Ace se tut et reposa son regard sur sa bouteille de bière, jouant du poignet pour faire tourner le liquide ambré au fond.

— Ce que tu m'as dit la dernière fois, quand on était au bar avant que tu ne partes, tu le pensais réellement ? hésita Tyler, en fixant Ace d'un regard peiné.

— Non, non, pas du tout ! s'écria Ace en redressant la tête. Mes paroles ont dépassé mes pensées, je me sentais observé comme... pris au piège et j'ai pas réfléchi. Encore une fois, je suis désolé, Tyler.

Le sourire revint sur le visage pâle du blond, bien qu'une lueur de tristesse semblait encore ancrée au fond de ses yeux.

— Je comprendrais que ma bisexualité puisse te déranger...

— Mais qu'est-ce que tu me racontes ? l'interrompit-il sèchement. Tu ne l'as pas choisie et personne n'a le droit de te dire quelque chose. Et puis, si vraiment cela m'aurait « dérangé » comme tu dis, tu ne serais pas ici aujourd'hui.

Ace n'aimait pas que les gens se rabaissent, faute d'avoir une estime de soi assez importante. Pour lui, c'étaient toujours les autres le problème, surtout lorsqu'il savait qu'il n'était pas en tord. C'était à eux de se remettre en question, non à lui. Tyler le regarda surpris, avant de laisser échapper un éclat de rire devant l'air renfrogné de son ami.

— Venant de ta part, je vais prendre cela comme un compliment.

Ace haussa les épaules, avant de sourire à son tour. Lorsque Tyler posa les yeux sur sa montre, il se rendit compte que l'après-midi était passé à vitesse grand V.

— Il est déjà 7:30pm, il faut peut-être que je songe à rentrer, s'exclama-t-il en finissant sa bière avant de la poser sur la table basse.

— D'accord, répondit Ace platoniquement.

Ils se levèrent de conserve et rangèrent leurs affaires sur la table avant de se diriger vers la porte d'entrée.

— Bon, eh bien merci de m'avoir invité chez toi, souffla Tyler, visiblement gêné.

— Merci de m'avoir pardonné, répondit Ace, reconnaissant.

Tyler sourit. Ace vit son regard glisser du sien et descendre plus légèrement plus bas. Le blond se mordit la lèvre doucement, comme s'il souhaitait ajouter quelque chose. Ace ne sut pourquoi, mais son souffle se bloqua dans sa gorge, et le temps sembla soudain se suspendre, dans l'attente d'un événement.

— Je... commença Tyler, avant de se raviser, se mordant une nouvelle fois la lèvre. Salut.

Le bruit de la porte de l’ascenseur se refermant sur Tyler reconnecta Ace à la réalité. Ce n'est qu'une fois dos à la porte de son appartement qu'Ace se rendit compte qu'il avait terriblement chaud, malgré la température douce de la pièce. Il enleva son débardeur et se rafraîchit le visage avec un peu d'eau.

Il ne comprenait plus ce qu'il lui arrivait. Était-il malade pour avoir aussi chaud ? Et que s'était-il passé avec Tyler au juste ? Il ne s'était jamais senti aussi embarrassé par la présence que quelqu'un.

Il avait découvert une nouvelle facette de « Mr. Parfait ». Et il fallait bien avouer qu'elle n'était pas si nulle que ça. Il avait eu affaire au Tyler bosseur et sérieux, mais aussi attentif et aimable. Finalement, peut-être que devenir amis serait tout à fait possible, et bien moins dur que ce qu'il avait pu croire.

Quand Ace s’apprêta à débarrasser la bouteille vide de Tyler sur la table basse, une réminiscence de son parfum chatouilla ses narines et Ace ressenti de légers picotements au creux de son estomac.

Décidément, il était fatigué, il allait devoir se ménager un peu, ou ses études finiront par l'avoir.

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