Chapitre 25

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Le grand soir tant attendu par Ace était enfin là. Le jeune homme était dans la salle de bain, en train de boutonner sa chemise noire devant le miroir. Le thème de la soirée tombait à pic : il n'avait pas pensé devoir mettre pour la première fois le costume que ses grand-parents lui avaient acheté si rapidement.

Il prit sa cravate posée sur le rebord de l'évier et commença à faire le nœud. Andreï arriva, en finissant de mettre sa veste de costume. Il avait opté pour un costume bleu foncé classique avec une chemise blanche. Il avait rajouté un petit nœud papillon de la même couleur que son costume et avait enfilé un petit mouchoir blanc dans sa pochette.

— Laisse-moi faire ton nœud ou on y sera encore demain, ordonna Andreï en chassant les mains d'Ace.

L'espagnol le laissa faire en montant légèrement la tête pour que son meilleur ami ait accès à son col.

— Très gentleman, complimenta-il.

— Très charismatique, rétorqua Andreï, un sourire aux lèvres.

Porter un ensemble entièrement noir était osé. Mais Ace ne s'habillait pas pour respecter les codes vestimentaires, et de toute façon, il n'avait qu'un costume et n'avait emmené que cette chemise.

— Tu aurais pu mettre un peu de couleur, ajouta Andreï. Pas sûr que ce soit au goût de Tyler d'après la façon dont tu as de le décrire.

Ace tiqua comme l'aurait parié Andreï.

— Tant pis, moi j'aime, c'est le principal.

— Je te taquine, Ace ! Il faudra que tu te détendes un peu à cette soirée.

Il lui tapota le torse et se tourna face au miroir pour ajuster son nœud papillon. Ace souffla d'exaspération et rejoignit sa chambre pour enfiler ses chaussures et sa veste.

— On peut y aller ? demanda Andreï depuis le salon.

— Oui, je suis prêt.

Ace prit la bouteille de champagne que les deux amis avaient acheté un peu plus tôt et sortirent de leur appartement.

Ils rejoignirent le parking souterrain de leur immeuble et montèrent dans la voiture d'Andreï. Puis, ils partirent en direction de la maison de Tyler, Ace guidait son meilleur ami sur la route à suivre.

XXX

— Je ne m'avais pas imaginé ça à ce point, souffla Andreï lorsqu'ils arrivèrent devant le grand portail.

— Et tu n'as encore rien vu.

Ils sonnèrent à l'interphone et celui-ci s'ouvrit automatiquement. Andreï ouvrit de grands yeux et siffla tandis qu'il engagea la petite voiture dans l'allée centrale.

— Je te l'avais dit, sa maison est digne de celles qu'on voit dans les séries, lança Ace.

Il était maintenant habitué à être époustouflé devant la grandeur de la maison de Tyler. Ce n'était pas tous les jours qu'on pouvait fouler le sol d'une de ces bâtisses.

— Et tu me dis que ça n'a pas compté dans la balance...

Ace ouvrit grand la bouche, choqué par les propos de son ami.

— Ça va pas ? s'écria-t-il.

Andreï éclata de rire.

— Je rigole, Ace ! Il n'y pas plus heureux pour toi que moi sur cette Terre. Je vais enfin pouvoir rencontrer le type de personne qui a su faire chavirer ton cœur.

Le russe se gara sur la pelouse, à côté d'autres véhicules en tout genre. Parmi les beaux bolides, Ace reconnu la voiture d'Abby et celle de Matthew. Au moins, ses amis étaient arrivés, ils n'allaient pas se retrouver tout seuls, noyés dans une masse d'étrangers.

— Prêt ? demanda Andreï en coupant le contact.

— Plus que jamais, répondit Ace d'un ton déterminé.

Andreï regarda son ami. Il n'avait pas pensé avoir une réponse de ce type. Il savait que cette soirée serait décisive pour Ace, qu'il en ait conscience ou pas. Mais Ace semblait le savoir aussi. Peut-être était-ce mieux ainsi.

Ils descendirent de la voiture et se dirigèrent vers l'entrée. La musique leur parvenait aux oreilles tant elle était forte. Des lumières perçaient à travers les fenêtres, illuminant l'immense jardin et même le parking improvisé. Ace put apercevoir des personnes danser à l'intérieur.

Ils entrèrent sans sonner, se doutant que personne n'allait les entendre. Il y avait moins de monde qu'Ace avait pensé, comparé à la dernière soirée où il était venu. Mais ils devaient bien être une cinquantaine au minimum. Tous étaient habillés avec des tenues plus somptueuses les unes que les autres. La soirée devait rassembler plus de la moitié de la descendance des grandes fortunes de New-York. Ace et Andreï devaient très certainement faire tache dans ce décor dégoulinant de luxe et de richesse.

Les meubles avaient été enlevés pour transformer tout le rez-de-chaussée en véritable piste de danse.

— Tu sais où est Tyler ? demanda Ace d'une voix forte à un parfait inconnu.

— Il est dehors, je crois, répondit l'homme sur le même ton.

Dehors en plein mois de janvier ? Les deux amis se frayèrent un chemin à travers la foule et se dirigèrent vers le salon. Les baies vitrées étaient à moitié ouvertes. Elles donnèrent sur une espèce de véranda, qui faisait le prolongement de toute la pièce, augmentant ainsi son volume. Elle était très grande, se prolongeant très loin dans le jardin. Là, il n'y avait pas d'enceintes et la musique étaient moins forte.

Soudain, ils virent au fond une jeune femme faire des grands gestes en leur direction. Ace reconnut Abby et la montra du doigt à Andreï. Les deux jeunes hommes rejoignirent leurs amis, assis sur des petits sièges, comme lors de la dernière soirée.

— Ah voilà les petits derniers, s'écria Tyler en les apercevant.

Il posa sa coupe de champagne sur la table basse, et se leva. Ace eut le souffle coupé.

— Ah oui, quand même, chuchota Andreï pour lui-même mais Ace avait entendu.

Tyler rayonnait. Il portait un ensemble entièrement blanc, de la pointe de sa cravate à ses chaussures, en passant pas son costume et sa chemise. Ses cheveux blonds faisaient une auréole au-dessus de sa tête. Pour le coup, la figure de l'ange était parfaitement adaptée.

Tyler s'arrêta soudainement, avant d'éclater de rire.

— On est assortis sans même s'être consulté ! s'exclama-t-il.

Il s'approcha et Ace aperçut un trait noir autour de ses yeux. Il s'était maquillé. Ses yeux étaient subtilement mis en valeur, par le contraste du noir avec le bleu azur de ses yeux. Ace adora.

— Tu es magnifique, le complimenta-il.

Un immense sourire ravagea son visage. Il était au comble du bonheur.

— Pas autant que toi, répondit-il en le serrant dans ses bras. On est un peu l'ange et le démon, ce soir.

Ils se séparèrent.

— Qui sortira vainqueur de cette confrontation ?

Tyler, surpris, le regarda. Un sourire étira les lèvres d'Ace. Un sourire qui en signifiait beaucoup.

— Le démon sait qu'il a toutes les cartes en main. Ne reste plus qu'à savoir qui est réellement le démon : celui habillé comme tel ou bien est-ce celui qui se fait passer pour un ange ?

Puis Tyler tourna la tête, comme s'il venait de s'apercevoir de la présence d'Andreï.

— Il me fait tourner la tête, j'en oublie les bonnes manières. Enchanté Andreï.

— De même, répondit le russe en lui serrant la main. On a déjà eu l'occasion de faire connaissance.

Tyler grimaça à ce souvenir.

— Très rapidement. Pour tout t'avouer, cette soirée est organisée spécialement pour cela.

Andreï haussa les sourcils.

— Eh bien, je suis flatté.

— Après tout, tu es le meilleur ami d'Ace. Je pense que tu le mérites.

Andreï sourit pour le remercier.

— Venez vous s'asseoir ! lança Tyler en s'approchant de la table.

— Je ne pensais pas qu'il était aussi franc, s'exclama Andreï tout bas pour ne pas que Tyler puisse l'entendre. Il me fait penser à toi sur ce point.

— C'est vrai, approuva Ace.

Il posa la bouteille qu'il tenait dans les mains sur la table avant d'enlacer Abby.

— Tu es magnifique ce soir ! clama-t-il en faisant tourner la jeune femme sur elle-même.

La jeune femme portait une longue robe rouge ainsi que des talons de la même couleur. Elle avait un magnifique collier en or autour du cou, où pendait une pierre précieuse, logée entre ses seins.

— Merci, très cher, vous êtes également d'une beauté à couper le souffle.

Ace donna l'accolade à Matthew et serra la main de Morgan et de Damon qu'il reconnut. Les deux jeunes hommes portaient également un costume, bleu roi pour Matthew, bleu nuit pour Morgan. Quant à Damon, il portait un élégant ensemble vert. D'après la fluidité du textile, Ace supposait que c'était de la soie. Composé d'une simple veste, qui se rapprochait plus du chemisier à vrai dire – Ace n'avait jamais vu un vêtement pareil – et d'un pantalon ample qui terminait pile sur ses petites chaussures à talonnettes, l'ensemble était très original.

— J'aime beaucoup, complimenta Ace.

Andreï, qui avait entendu, hocha la tête à son tour.

— Merci, lança Damon. Ton costume te va à merveille.

Ace répondit par un timide sourire. Son compliment sonnait étrangement faux.

Il ne resta plus qu'une personne, assise à côté de Damon, une jeune femme qu'Ace ne reconnut pas.

— Je te présente Cloe, annonça Tyler. Tu as déjà fait sa rencontre à la discothèque où tu travailles, ajouta Tyler, légèrement embarrassé.

Il fallait dire que la jeune femme qui lui faisait face le regardait avec un air hautain. Ace se souvenait maintenant d'elle. C'était la jeune pimbêche qui l'avait menacé le soir où il avait revu Tyler.

Elle rabattit sur ses frêles épaules un petit haut en fausse fourrure rose bonbon qui s'arrêtait au niveau de sa poitrine. Elle portait une longue robe rose, dont le haut et le décolleté était transparent Des froufrous de la même couleur décoraient le bas, ainsi que les épaulettes de la robe. Ace ne sut dire l'extravagance de sa tenue était à son goût, car il fallait avouer qu'elle lui seyait à merveille, dévoilant ses courbes généreuses.

— Regardez qui voilà ! Le petit serveur de la dernière fois.

Ace ne se souvenait pas que Cloe parlait français. Bien qu'il n'avait pas compris, il se doutait d'après le ton que ces quelques mots étaient tout sauf avenants.

— On se fait la bise à la française ou on décide de plomber l'ambiance toute la soirée ? rétorqua Ace, acide.

Un froid s'installa dans le petit groupe. Ils ne voulaient pas qu'une dispute éclate. Un sourire en coin étira les lèvres de la jeune française.

— Il a du caractère le petit Espagnol. Je comprends pourquoi il te plaît tant, Tyler.

Cloe se leva de son siège et tendit la joue.

— Enchantée.

Ça, Ace l'avait compris. Cloe se rassit en croisant les jambes, et bu une gorgée de champagne, en ne cessant de regarder Ace, qui finit par se sentir gêné. Il détourna les yeux.

— Cloe, veux-tu bien laisser Ace tranquille ? s'exclama Tyler. Il a entièrement le droit d'être ici, que cela te plaise ou non.

— Je n'ai pas dit le contraire, mon chéri. Mais permets-moi de te dire que tes goûts en matière d'hommes sont... toujours extravagants, répondit-elle sans se départir de son sourire.

Ace inspira silencieusement. Cela n'allait pas être facile de faire abstraction d'elle pendant toute la durée de la soirée.

Le jeune homme s'assit à côté de Tyler, tandis qu'Abby reprenait sa place sur les genoux de son amoureux, à côté de Matthew.

— Ne fais pas attention à elle, Cloe peut être une vraie peste lorsqu'elle l'a décidé. Mais elle et moi sommes amis depuis longtemps et elle ne fera rien qui pourrait me froisser, chuchota Tyler.

—Pourquoi tu continues de la fréquenter ?

Le blond haussa les épaules.

— Quand on est que nous deux, elle est adorable. Et puis, elle la fille du meilleur ami de mon père, elle devait être présente ce soir ou mon père ne me l'aurait pas pardonné. Depuis le petit incident, c'est vrai qu'elle ne te porte pas dans son cœur. Mais ne t'inquiète pas, elle changera très vite d'avis quand elle te connaîtra un peu mieux. Je peux déjà te dire que tu l'intrigues. La façon dont tu lui a répondu montre que tu ne te laisseras pas faire et elle adore qu'on lui tienne tête.

— On dirait que tu me décris une psychopathe, s'exclama un haussant les sourcils.

Tyler se mit à rire.

— Cloe est unique en son genre, c'est tout !

En parlant du loup, Cloe prit la parole.

— Ainsi, tu es Andreï, le meilleur ami du serveur.

— Je m'appelle Ace, si jamais tu avais oublié, lança le principal intéressé.

Cloe le regarda un instant avant de reporter son attention sur le russe, comme s'il n'avait été qu'un insecte l'ayant dérangée. Tyler posa sa main sur le bras de son ami pour le calmer.

— Elle fera tout pour te pousser à bout. Elle est comme ça.

— Une vraie peste.

Tyler ne répondit rien, mais cela ne veut pas dire qu'il n'en pensait pas moins.

— C'est ça, et toi tu es la petite fille parfaite de son papa qu'on voit dans les séries ?

Cloe éclata de rire, à la surprise générale.

— Décidément, tes nouveaux amis sont hilarants, Tyler ! On peut présenter ça comme ça, en effet. Mais je sens que je plombe un peu l'ambiance. Soyez rassurés, je ne veux absolument pas passer pour la petite bourgeoise qui juge le monde, loin de là. Profitons de cette petite fête pour s'amuser !

Andreï lui sourit poliment.

— Et donc, tu es française ? demanda Abby avant que le silence ne s'installe.

La jeune femme avait tout de suite compris que Cloe était du genre à adorer parler d'elle. C'était le seul moyen pour qu'elle arrête de lancer des piques à tout-va.

— En effet, ma mère est née à Paris. Mes parents sont divorcés depuis que je suis toute petite, alors j'ai fait de nombreux aller-retour entre Paris et New-York.

Ace prit la parole. Il voulait se rattraper et arrondir les angles pour que personne ne soit embarrassé.

— Tu fais des études ?

— Je vais être diplômée d'un master dans la finance en fin d'année. Je suis plus âgée que Tyler, ajouta-t-elle comme si cela expliquait le pourquoi du comment.

— Bon les gens, ce n'est pas que je m'ennuie de vous, mais place à la danse, maintenant ! s'écria Tyler en se levant . Et surtout, n'hésitez pas à aller vous servir en boissons, il n'y a pas que du champagne de servi.

Toute la bande se leva à son tour et se dirigea vers l'intérieur. Ace se décida à reléguer au second plan la présence de Cloe pour profiter de la soirée. Seul Tyler méritait d'avoir toutes ses attentions.

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