Chapitre 35 bis - La Briseuse de Montagnes

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*Kara

Le dragon les poursuivait sans relâche. Et bien que l'intervention de Béryl l'avait ralenti, il crachait toujours ses lasers ardents, que l'hélicoptère avait du mal à esquiver. Kara, présente dans le cockpit, intimait le pilote à voler plus haut pour atteindre les nuages, mais ce dernier lui apprit avec regret que cet appareil était destiné pour le combat mi-aérien, et qu'il ne pouvait pas supporter l'humidité en hauteur et les changements de pression brusque très longtemps.

Elle regarda les Scaravenger : Mikshot tirait des flèches enchantées, Endath faisait jouer de sa main explosive, Nuzzeg et Horebea vrillaient le ciel de lances de glace et Ashuz balançait des sortilèges à tout va. Pour autant, la magie semblait rebondir sur les écailles du monstre.

— Combien de temps avant que les les secours n'arrivent ?

— Je ne sais pas… (le pilote ne semblait plus aussi sûr de lui) Merde ! Le message, il a été brouillé !

— Le dragon… Béryl a dit qu'il dégageait de l'énergie thermique. Peut-être qu'il peut aussi envoyer des ondes brouilleuses ?

— Si c'est le cas, il nous faudrait trouver la fréquence du signal et l'opposer par phase. Vous êtes magicienne, non ? (il lui tapota l'épaule) Je vous laisse vous en occuper, moi j'esquive – un rayon fusa à quelques mètres d'eux après l'embardée soudaine du pilote – et on rentre tous chez nous en vie.

Kara voulut lui faire remarquer qu'elle n'avait plus de chez elle, mais elle sentait que ce serait égoïste et mesquin ; cet homme avait sûrement une famille, des amis… de gens qui l'attendaient ; ce n'était pas parce que l'on souffrait soi même d'une absence que l'on devait accuser ceux qui s'y soustrayaient.

Elle tritura le capteur sous les directives éparses du pilote, et son cerveau mourmon finit par extrapoler les manipulations adéquates. Tout d'abord, elle étalonna l'appareil sur le signal de l'hélicoptère, afin de ne pas avoir d'interférences. Ensuite, conserver le signal lui permit de le comparer avec ce qui pouvait interférer. Enfin, régler le capteur afin de trouver la fréquence opposée à cette interférence.

— Je l'ai ! s'écria Kara après ces onze secondes capitales.

— Balance !

Sur l'invective du pilote, elle brancha le capteur au routeur. Le radar de l'hélicoptère resta silencieux un instant… avant de lâcher un bip sonore, qui se répéta par intermittence. Le pilote hurla de rire :

Yes ! Le message est envoyé au centre.

Une réponse fut renvoyée l'instant plus tard : des renforts étaient déjà en route, peut-être parce qu'un dragon se battant avec hélicoptère, ça ne passait pas inaperçu. En tout cas, ce message avait permis à la SEA de localiser précisément leur hélicoptère. Kara fut soulagée.

— On va devoir rester dans cette zone un petit moment, fit remarquer le pilote d'un air sombre.

— Je vais prévenir les autres.

Elle s'apprêta à partir quand le pilote l'arrêta d'un bras.

— Hé. Merci, hein.

— Euh… Pas de problème.

— Kara Ybris, c'est ça ?

— Oui.

— T'es l'héroïne du jour. Crois-moi que je raconterais ton histoire à ma fille.

— Je vous retourne le compliment, sourit Kara.

Le pilote opina et se recentra sur sa tâche. Kara, elle, avait la tête un peu lourde ; était-ce l'adrénaline et le soulagement soudain ? Elle dut se tenir à l'embrasure pour ne pas tomber. Sa vision était… brouillée. Le dragon pouvait-il agir sur les cerveaux ? Non, sinon il l'aurait déjà fait…

Mais avant que Kara ne puisse élaborer une autre théorie, elle se sentit disparaître à l'instar d'une flammèche dans une tempête de neige.

…Puis elle revint à elle-même. Tout simplement ! C'était juste un petit tournis de rien du tout, pas de quoi en faire tout un plat. Avec un sourire triomphant, elle débarqua dans la cabine principale de l'hélicoptère, où tous étaient épuisés par les sorts, les tirs et la pression constante. Horebea, sa sœur jumelle, se leva pour lui demander :

— Alors ?

— On a des renforts en route. Mais il va falloir occuper la bête encore quelques instants…

— Je peux m'en occuper !

C'était Eikorna qui avait parlé. Immédiatement, Kara ressentit une haine brûlante vis à vis de cette… cette erreur de la nature. Mais elle se contint bien, comme elle l'avait appris ; sa famille comptait sur elle et sur ses prouesses. Elle prit un air inquiet :

— Tu es sûre ? Je sais que tu peux te métamorphoser, mais…

— C'est gentil de t'inquiéter, Kara.

Eikorna ouvrit la porte de l'hélicoptère, et les bruits étouffés se firent assourdissants. La brune se jeta dans le vide, et les autres se précipitèrent pour voir de quoi il en retournait – après tout, ils ignoraient tout du don d'Eikorna, expliquant leurs visages affolés – et furent accueillis par un dragon sinueux, vert et bleu aux multiples ailes. La chose poussa un hurlement très discordant, avant de foncer vers l'autre dragon.

Le choc frontal fut brutal. Il ébranla les nuages, les dispersant. Le dragon vert mordit le dragon brun à la gorge. Ce dernier repoussa d'un coup de patte son attaquant, avant de prendre de l'altitude. L'imposant dégueula un jet de flammes, mais agile, le sinueux se tortilla pour l'éviter. Il renâcla et cracha un nuage blanc. La température chuta brutalement ; l'imposant dragon brun fut touché à l'aile, qui prit une teinte bleue glace.

Sauf que ça ne l'arrêta pas. Le puissant dragon souffla sur son aile, et le givre qui la recouvrait fondit ; cela donna un instant pour le dragon agile de se faufiler autour de son adversaire, l'enserrer tel un serpent. Il tenta d'user de son corps plus long pour appliquer plus de force. Le brun le griffa, lui arracha quelques écailles qui scintillèrent dans leur chute. Le vert dut s'écarter en quelques battements d'ailes.

Les deux se mirent à s'attaquer à coups de souffles. La soie de l'air fut agitée de tourbillons alors que la brûlante rage et la froideur colère s'éclataient l'une contre l'autre. Sous les yeux de Kara se dessinaient des feux d'artifices gelés, des explosions givrées et des tempêtes de neige ardentes. L'hélicoptère dut mettre toute sa puissance pour ne pas être emporté par le déchaînement des éléments.

— C'est absurde… Regardez ! fit Ashuz en montrant le ciel.

Kara leva les yeux, et ce qu'elle vit l'époustoufla : les kirrosi s'agitaient, tressautaient et bondissaient tels de petits sylphes. C'était un spectacle à couper le souffle, et ça ne signifiait qu'une chose : les dragons étaient des êtres capables de produire de la magie à l'instar de Mourn. Logique, mais voir que cette Eikorna pouvait copier ce talent unique… C'est une véritable mine d'or, se dit Kara en se forçant à ne pas…

— On croirait à un combat d'anciennes légendes, souffla Nuzzeg.

— Il faut l'aider ! s'écria Béryl. Eh, l'archer !

— Quoi ?

— Tire !

— Ce serait une erreur, intervint Horebea, menaçante. On gênerait la métamorphe ou pire : le dragon nous flamberait.

— Elle nous fait gagner du temps.

Kara se tourna : Lucans avait parlé. Son teint maladif ne départait pas, sa voix était enrouée. Pourtant, la vue de ces dragons qu'il avait tant rêvé semblait l'avoir réveillé. Il remarqua le regard de Kara et lui sourit.

— Ça fait du bien de te revoir.

—…c'est réciproque, ânonna la mournienne.

Il n'aurait pas dû s'éveiller maintenant ; Lucans était trop affaibli, il risquait d'aggraver son état. Et il risquerait de m'empêcher de faire ce que j'ai à faire.

— Là-bas !

Endath montra l'horizon. Les renforts arrivaient, sous la forme de petits points noirs qui s'approchaient à grande vitesse. Bien qu'on ne voyait pas de quoi il s'agissait, Kara sentait déjà la puissance magique qui émanait de ces arrivés.

— Des mages, ricana Horebea en s'asseyant par terre. Ils nous ont apportés des putains de mages.

— Je les sens ! souffla Nuzzeg. Ils sont une vingtaine… et puissants !

— On est sauvés ! et Béryl improvisa une gigue sur place. Youhou !

Kara n'en était pas si sûre ; bien que les magiciens soient puissants, pouvaient-ils affronter une bête que nul – à par eux – n'avait jamais vu ni combattu ? Et ce dragon… Pourquoi maintenant ? Sans doute un ordre de quelqu'un de plus haut placé. Kara s'en contrefichait : elle avait désormais une arme bien plus dangereuse en main.

Oui, disait cette voix dans sa tête. Tu m'as tué, et en échange tu m'as fait renaître. Tu es moi, je suis toi. Nos destins sont liés, à jamais. Nomme-moi.

Ateuléphalante, incanta Kara, scellant à jamais son histoire.

* * *

*Eikonra

La douleur était tarie par les muscles puissants de sa nouvelle forme, mais la douleur grouillait tout de même. Le dragon brun en face d'elle n'allait pas mieux : la plupart de ses écailles étaient arrachées, ses excroissances ébréchés ou fendues, et ses cornes cassées. Du sang coulait de plusieurs de ses blessures, contrairement à Eikorna, protégée par la Métamorphose et son éternelle « renouvelance ». Soudain, elle entendit le dragon gronder, et put comprendre ses mots :

Fausse sœur, tu me délectes : ta hargne et ta puissance sont dignes des plus hauts.

—…

Mon nom est Anfraesalux le Faiseur de Vallées. Quel est ton nom ?

— Eikorna.

Eikorna. Saches que je festoierais sur ton corps quand je t'aurais anéanti.

— Tu ne peux pas me tuer.

Je l'ai bien vu. Mais tuer n'est pas la seule façon de détruire une vie.

Anfraesalux se tourna subitement vers l'horizon, attirant l'attention d'Eikorna sur le même point ; des mages. Beaucoup de mages, qui arrivaient sur les machines volantes. Eikorna fut soulagée : bien qu'immortelle, elle n'aimait pas se battre ni ressentir la douleur. Mais il fallait que je gagne du temps pour les protéger.

Peste… J'aurais préféré terminer notre combat.

— Ne crois pas t'enfuir aussi fac…

L'éclair zébra le ciel et pourfendit les nuages, la terre et le dragon.

La puissance dégagée fut telle qu'elle arracha un cri à la terre ainsi que quelques roches qui faillirent percuter Eikorna. Et l'énergie ! L'air fut brûlant comme en plein désert, au point que les nuages disparaissent un instant pour laisser passer les rayons du soleil. Quand à Anfraesalux, le ventre béant et fulminant, il tombait lentement jusqu'à s'écraser au sol.

Un sentiment étrange traversa Eikorna. Une sorte d'écho. Elle la compara à la Métamorphose, mais en bien plus différent et semblable à la fois…

Était-ce un sort combiné des magiciens ? Mais ils étaient encore trop loin, bien trop loin… Elle revint à l'hélicoptère en se retransformant en humaine, et fut accueillie par une lumière presque aveuglante, l'obligeant à métamorphoser ses yeux pour voir ce que cette lumière cachait. Une silhouette, de pure lumière et parcourue d'arcs électriques, si bien que les cheveux se hérissaient.

Puis la lumière se tarit peu à peu, jusqu'à qu'elle révèle l'apparence similaire, mais changée de la faiseuse de foudre.

— Kara ? s'étonna Eikorna.

—…

La mournienne regardait sa main, qui luisait encore et dégageait une puissance étrange… C'était une Nature ! Voilà pourquoi elle avait senti cet étrange sentiment. La Nature était le Pouvoir. Et le Pouvoir résonnait à travers la Nature par le biais de l'Âme. Kara était en train de goûter à cela.

— Soeur ?

C'était Horebea qui réagit en premier. Eikorna s'attendait à ce qu'elle la félicite, se sente jalouse ou juste agacée de la mise en scène ; cependant, Horebea semblait troublée, voire inquiète. Kara tourna la tête vers elle. Horebea se figea face au regard de sa sœur, de même qu'Eikorna : les yeux de la mournienne ne semblaient plus regarder la face du monde.

— J'ai atteint mon objectif, chère sœur. Oui, ma très chère et tendre…

Lentement, et personne ne réagit face à cette absurdité, Kara leva sa main électrifiée vers sa sœur, et annonça d'un ton las :

— Ta naissance fut une erreur. Laisse-moi rectifier.

CE N'EST PAS KARA !!! hurla intérieurement Eikorna en se jetant vers elle. Trop tard.

* * *

*Béryl

Horeba, le cœur transpercé, s'écroula devant les yeux ébahis de Béryl, qui ne comprenait rien ; son cerveau avait disjoncté. Eikorna la plaqua contre le sol tandis qu'un éclair perçait le blindage de l'hélicoptère. La voix du pilote résonna :

— Hé, qu'est-ce qui se pass… Argh !

Kara abattit le pilote qui était sorti du cockpit. L'hélicoptère allait s'écraser ! Mais non ; le pilote automatique avait dû être lancé… Béryl balbutia des sons, les yeux dansant autour des cadavres d'Horebea et du pilote. Pourquoi ?

— Ne fais plus un geste, sorcière ! s'écria Mikshot, l'arc bandé.

— Toi… (la sororicide fit une grimace de dégoût) Tu penses vraiment que tes cure-dents pourraient me blesser.

— Nature ou non, tu restes une personne de chair et de sang. Les flèches peuvent toujours te tuer.

Puis Ashuz, Nuzzeg et Endath se mirent aux côtés de Mikshots. Les quatre Scaravengers se voyaient dotés d'une rage si profonde que leurs traits semblaient s'être assombris. Béryl se releva à l'aide d'Eikorna et ils rejoignirent Lucans dans le fond. Kara déclara :

— Mon objectif est atteint. Faire sortir – elle désigna Eikorna – la Métamorphose de sa cachette. Ne manque plus que l'Hexa-sceptre et le Desadrohi-Mukuta… Mais il viendront. L'un pour la sauver (elle se montra elle-même) et l'autre pour maintenir l'équilibre entre les forces.

— Alors c'était ton plan depuis le début ? s'épouvanta Eikorna. Me faire combattre le dragon pour que tu puisses prendre possession de Kara ?

Béryl tourna la tête vers Eikorna, éberlue. Prendre possession ? Alors ce n'était pas Kara qui avait tué sa propre sœur ? Mais cet espoir fut enterré aussi vite par le rire de la « possédée » :

— Je ne possède personne. Une vie pour une vie : elle m'a tué, et en échange elle m'a donné naissance. Et de toute manière, c'est le destin de chaque chose que de retourner au vide.

— Au vide ? souffla Eikorna. Alors tu es…

Mais le nom mourut dans la bouche de la brune, ou tout du moins Béryl ne put l'entendre malgré le fait que les lèvres bougeaient. « Kara » sourit, et s'inclina :

— Sache une chose, Porteuse : je connais ta faiblesse. Car les Fragments sont des outils physiques. Ils ont des limites pour éviter de détruire la fabrique du monde. Et ta limite, je te l'ai fait atteindre.

« Kara » claqua des doigts, et de la foudre surgit du ciel pour percuter de plein fouet Eikorna, qui fut projetée hors de l'hélicoptère. Béryl voulut la rattraper, mais Lucans la retint pour que son amie ne saute pas à son tour. Elle va se transformer en dragon ou en oiseau… Mais rien. Elle vit Eikorna chuter lentement à l'instar du dragon quelques minutes auparavant.

Les Scaravenger passèrent à l'attaque… mais leurs mouvements furent entravés par des chaînes magiques ; les magiciens venaient de débarquer, sauf que Béryl ne reconnut aucun sigle de la SEA sur leurs robes. C'était un piège. Ils assommèrent leurs jeunes congénères de sortilèges et les attachèrent dans leurs vaisseaux pyramidaux.

— C'est vraiment dommage, tous ces efforts pour rien… (« Kara » sortit la pierre d'origine de sa poche) Ce petit caillou me ressemble : insignifiant au premier abord, dès qu'on apprend ce qu'il peut faire, il devient un atout capital.

— Non…, fit Béryl.

La meurtrière brisa le caillou sous ses pieds. Une légère fumée s'en échappa, accompagnée d'un soupir, qui se dissolurent dans l'air. Béryl fit un geste désespéré vers les fragments de la pierre d'origine, mais un mage la retint par les cheveux avant de lui passer des menottes fushia, qui la sapèrent de sa force.

— Pour éviter vos petits tours bizarres, sale mutante, cracha-t-il.

— Allons, il ne faut pas lui en vouloir, ricana « Kara ». Elle est comme nous, au fond : le pouvoir n'est qu'un moyen pour arriver à ses fins.

— Menteuse !

Lucans avait crié ce mot avec hargne. Malgré les menottes, il semblait plus vivace qu'auparavant.

— Qu'est-ce qu'il veut, le toutou ? râla la mournienne en dodelinant de la tête.

— Béryl est différente. Votre sœur l'était. Eikorna, Ashuz, Endath, Nuzzeg… et même Mikshot et moi ! Nous sommes tous différents de vous, parce que vous êtes un putain de parasite… Ouf !

« Kara » venait de lui balancer un coup de pied dans le visage, avant de le prendre dans sa main. Lucans, la lèvre fendue et saignante, soutint son regard haineux. Béryl voulut reculer : les yeux de « Kara » étaient deux gouffres de haine et de voracité.

— J'ai attendu l'existence d'un univers pour ce moment, espèce de petit prétentieux. Je ne vais pas gâcher ce moment simplement pour une question morale. J'ai dépassé cela. J'ai presque tout dépassé – elle lâcha Lucans et s'adressa aux mages – Emmenez-les.

Béryl se débattit sous les mains puissantes des mourniens qui ne prenaient pas de gants. L'une d'elles la frappa au visage en ricanant, puis la traitant d'usurpatrice. Qu'est-ce que j'y peux ? J'ai pas choisi d'avoir un pouvoir ! enragea la scientifique. Mais malheureusement, s'apitoyer sur son sort ne résoudrait rien ; Lucans était trop faible, Horebea et Eikorna étaient mortes. Les Scaravenger allaient bientôt les suivre…

L'espoir vint alors. Des quelques vapeurs qu'elle avait inhalé de la pierrre d'origine, certaines touchèrent le cerveau de Béryl. Fusse le destin ou son pouvoir qui provoqua son phénomène, une image jaillit dans son esprit : celle d'un homme aux longs doigts, presque chauve et au nez aquilin. Derrière lui, une ombre. Mais Béryl savait qui était l'homme en question.

Et elle devait survivre pour pouvoir le dire à Ludwig. Lui seul pourrait extraire cette idée ancrée dans sa tête, quelque soit les règles imposées par la magie.

Béryl bouscula le mage qui la retenait juste avant qu'ils ne montent dans la petite pyramide volante, et se jeta dans le vide. Le vent violent la ballotta dans tous les sens au point qu'elle n'entendit même pas les cris des magiciens. Des éclairs de magie zébrèrent autour d'elle, mais sa trajectoire était si erratique qu'aucun ne la toucha. Le sol se rapprochait dangereusement. Elle le percuterait dans trois… deux… un…

* * *

« Le plus étrange avec la vérité, c'est qu'on doit toujours l'accompagner d'une preuve, d'une existence physique pour la confirmer. Alors que la vérité existe déjà avant cette preuve, et existera bien après. Nous aimons à penser qu'elle existe par le biais de nos expériences et tests. Nous aimons à penser qu'elle ne relève ni de la foi, ni de la pensée. Nous aimons à penser qu'elle n'est pas éternelle, qu'elle est sans cesse changeante. Mais demandez-vous ceci : quelle vérité est elle-même si elle ne peut jamais être elle-même au bout du compte ? »

Le Fou

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