La Contre-Utopie à l'intérieur de l'Utopie

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 Toute utopie est relative à chacun et certains auteurs utiliseront alors celle-ci comme outil critique et l’utiliseront ironiquement.

 Nous pouvons penser, pour ceci, à Candide de Voltaire. En effet, pour le personnage de Pangloss, « tout va pour le mieux dans le meilleur des mondes possibles » et, ce, malgré toutes les horreurs que ce monde contient : fanatisme, massacres, viols, catastrophes naturelles… Bien qu’il y ait l’utopie de l’Eldorado dans ce conte, ce « meilleur des mondes possible » semble alors être l’idéal et l’utopie selon l’optimisme de Pangloss et ses derniers mots peuvent aussi se révéler en être une critique ironique de la part de l’auteur (en prenant en compte que Voltaire a un style et une ironie « à double canon », pour reprendre l’expression de Starobinski). En effet, Pangloss énumère tous les problèmes et toutes les déceptions de la vie auxquels Candide dû faire face à travers tout le conte pour finalement dire que tout ceci l’a amené dans la meilleur situation possible : dans un jardin, en train de cultiver et manger « des cédrats et des pistaches ». Puis s’ensuit une réponse : « Très bien dit, répondit Candide, mais il faut cultiver notre jardin. » Ainsi, Voltaire nous montre, à la fin de Candide, une utopie à Pangloss prônant une vie simple mais il le fait de façon comique et burlesque grâce à la chute de son discours, donnant par ce fait une certaine critique de « l’utopie » optimiste dans l’utopie, créant un continuel glissement et jeu avec les codes.

 J’aimerais alors citer Georges Jean dans son ouvrage Voyages en Utopie pour cette critique de l’utopie à l’intérieur de l’utopie, pour cette anti-utopie car, bien que son ouvrage se tourne surtout vers les contre-utopies du XXème siècle, ce qu’il dit me semble très intéressant pour ce qui est de ce que nous cherchons à définir : « L’utopie commence à l’humanisme, mais son vertige secret est le nihilisme. Le goût des villes parfaites peut aboutir à celui des déserts. Il arrive que ces sociétés transparentes engendrent des communautés de la nuit et du chagrin ». Louis Marin, dans Utopiques : Jeux d’espace, parle, lui, de « négativité ». La contre-utopie et la dystopie peuvent aussi être, à la base, des utopies qui évoluèrent et qui ne le firent pas dans le meilleur des mondes possibles. Pour citer de nouveau Georges Jean, dans le même ouvrage, celui-ci dit que la dystopie dénonce le mécanisme atroce et paradoxal de l’utopie qui aboutit à « l’inverse de ce à quoi elle prétend ». Les utopies, si parfaites en apparence, ne peuvent pas durer et donc ces idéaux peuvent parfois déshumaniser et transformer totalement le rêve en cauchemar : le goût sucré et doux de l’utopie adopte alors l’amertume et le breuvage devient très vite imbuvable.

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