Concerto de la main morte

2 minutes de lecture

Chronique de « Concerto pour la main morte » d’Olivier Bleys

J'ai lu et découvert avec gourmandise et grand intérêt Olivier Bleys dans " Pastel ". L’intrigue se déroule en plein Moyen âge en Albigeois et relate la fabrication des bleus pastel et rouges garance, couleurs que l’on retrouve sur les vêtements royaux et les tenues militaires. On y découvre également les sombres intrigues entre maîtres teinturiers.

*

L'auteur nous présente pour cette rentrée littéraire de 2013, " Concerto pour la main morte " qui passe relativement inaperçu et je trouve cela fort dommage. Pourtant tous les ingrédients sont là pour dérouter le lecteur et l’emporter dans l’imaginaire et le fantastique.

On entre " immédiatement " dans le récit comme par une porte magique pour suivre une sorte de conte moderne très surprenant. L'action commence sur les bords du fleuve l'Ienisseï en pleine Sibérie centrale à une époque contemporaine, à proximité d'un village très pauvre et isolé, du nom de " Mourava ". Ce village compte très peu d'âmes. Chacune d’elles donc se connait. Peu s'en vient à l’embarcadère quand un trop rare navire se présente à part peut-être, le tenancier de la boutique qui fait office de quincaillerie. C’est lui le plus fortuné.

On fait également la connaissance de Vladimir GOLOVKINE, une sorte d'écologiste ou d’éboueur, qui rêve de partir pour la grande ville Krasnoïarsk mais pour cela, il a besoin d'une valise pour y mettre toutes ses affaires. Et pourtant il a si peu de choses.

Les âmes de ce village sont dépeintes ici avec une justesse et une précision troublante et chaque mot dessine les contours des personnages malgré les turbulences hostiles provoquées par la fabrication et la consommation de la vodka. On devine sur les hommes, la peau des visages et des mains tannée et boursoufflée par l'alcool et le froid.

Sur le point de se décider à partir par le premier et rare bateau qui se présente, le destin décide d'une rencontre improbable pour Vladimir avec Colin CHERBAUX, un français, musicien et pianiste. Ce dernier, en quête d'isolement, arrive dans cet endroit pour travailler loin des regards, un " Concerto n°2 de Rachmaninov " qu'il doit présenter impérativement lors d'un récital à Paris dans les quinze jours suivants.

La nature depuis l’enfance de Colin a décidé d'un lourd handicap à porter, avec des mains difformes et monstrueuses. Sa mère malgré tout l'a poussé à faire de la musique et jouer d'un instrument. Alors commence comme une sorte de voyage avec la rencontre de ces deux personnages que tout oppose mais qui sans le savoir vont pouvoir s'entraider et favoriser leur propre destin.

Raconter davantage serait gâcher la suite de ce voyage à la fois philosophique, initiatique où l'à venir peut basculer brusquement suite à la rencontre inattendue.

Dans ce conte merveilleux, j'ai aimé les mots, les paysages, les rencontres et les attitudes.

Aussi je vous laisse méditer sur la piste faite de cailloux déposées par Vladimir dans la neige pour ne pas se perdre et cette réflexion intéressante laissée par un ermite vivant dans la forêt :

" La réalité n'a pas d'existence propre mais constitue, tout entière, une projection de l'esprit ; il est donc au pouvoir de chacun de la créer ou de la façonner à son gré. "

=O=

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