Chapitre 33 :

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Lorsque j’ouvris les yeux, j’eus la surprise d’être allongée dans le salon. Sur le canapé plus précisément. Je baillai la bouche bien déployée et regardai tout autour de moi. Je devais encore être bien fatiguée moi… je regardai l’horloge du salon. Il était dix heures moins le quart. Bon… j’avais décidément bien dormis ces derniers temps. Je regardais mon t-shirt tâché de sang et bondis d’un coup. Santiégo ne se levait plus aussi tard maintenant, peut-être avait-il laissé un mot. Je scrutais chaque recoin du salon sans trouver de messages, je passais dans la salle à manger alors que mon ventre gargouillait. Il n’y avait aucun message. Bien… mon frère s’était volatilisé pendant la nuit ou la matinée. Lucas devait sûrement dormir encore. J’essayai donc de faire le moins de bruits possible.

Je ne savais pas si Lucas allait bientôt se réveiller, mais je préparai deux tasses de cafés au cas où. J’ouvris un placard en hauteur malgré ma taille et fut assaillie part des paquets de pâtes qui me tombèrent sur la tête. Je n’avais pas opté pour le bon placard. Je rangeai les paquets sur la pointe des pieds, le mieux que je pouvais. Et ouvrit celui d’après où je pris un paquet de croissants, ceux qui ont le goût de pains aux laits. Les cafés étaient finis et je m’apprêtais à les chercher lorsque j’entendis une voix :

— Où est-ce qu’on est ? demanda Lucas d’une voix fatiguée.

— Est-ce que tu as mal ? m’enquis-je en me retournant.

Ses cheveux blonds étaient ébouriffés et malgré sa voix fatiguée il paraissait parfaitement réveillé, même si un peu hagard. Il regardait tout autour de lui alors que je le fixais, appuyée contre le plan de travail. Lui, était appuyé contre l’encadrement de la porte avec sa main.

— Où est-ce qu’on est ? répéta-t-il.

— Es-tu certain que cela va ? fis-je en fronçant les sourcils tout en m’avançant vers lui.

— Où est-ce qu’on est ?

Son obstination à savoir où l’on se trouvait ne m’étonnait qu’à moitié. Avant de perdre connaissance, il n’avait fait que répéter qu’il ne voulait pas aller à l’hôpital. Néanmoins, je pense qu’il pouvait facilement remarquer que l’on n’était pas dans un hôpital. Je soulevais son t-shirt pour voir le pansement, je n’osais pas l’enlever mais appuyai légèrement dessus. Même très légèrement il grimaça. Je serrais la mâchoire en relevant la tête vers lui.

— Tu aurais dû me dire que cela te faisait, j’aurais sorti de l’aspirine immédiatement.

— On est où ?

— J’ai eu tellement peur tu sais, déclarai-je en le prenant dans mes bras. Ne fais plus un coup comme cela, OK ? Ne risque pas ta vie pour moi comme cela. Je ne le mérite pas. Es-tu certain de ne pas vouloir rester au lit ? Si tu te sens encore faible, le mieux est de te reposer le plus, et donc de ne pas trop bouger.

Je n’obtiens aucune réponse, comme si je lui avais coupé les cordes vocales. Il était immobile et silencieux même s’il me serra un peu plus fort contre lui. Je finis par me libérer de son étreinte pour le forcer à s’asseoir sur la chaise de la cuisine et lui posai un café sous ses yeux avant de m’installer en face de lui.

— Comment savais-tu que j’étais réveillé ? Et comment je me suis endormi d’ailleurs ?

— Je ne le savais pas, admis-je. Mais je préférai te préparer un café au cas où. Lucas… tu as perdu beaucoup de sang, c’est pour cela que tu t’es évanoui. Tu m’as vraiment fait peur, tu sais.

— Désolé, souffla-t-il en me regardant dans les yeux. Je voulais juste de protéger.

— Je sais, affirmai-je en lui prenant la main. Et je t’en remercie, vraiment. Je n’aurais eu aucune chance sans toi, et je sais que j’ai de la chance de t’avoir. Mais je ne voulais pas te voir aussi proche de la mort, et encore moins par ma faute. J’espère juste que tu te reposeras au mieux.

Il me fit un faible sourire auquel je répondis et lui proposai à manger pour qu’il reprenne des forces.

— On est chez mon frère, révélai-je enfin. Il fait partie du monde des gangs, mais j’ai confiance en lui. Il ne te trahira pas, même si son gang ne s’entend pas spécialement bien avec le tien. Je te le promets. Il a fait venir un médecin qui t’a soigné. D’ailleurs, il va peut-être falloir que tu changes ton pansement.

— Je le ferais après avoir pris une douche… enfin, si j’ai le droit. Ce n’est pas chez moi ici.

— Mon frère n’est pas là de toute façon, et s’il râle, j’en prendrais les conséquences.

— Va te doucher, je vais finir de manger.

— Je n’ai pas d’affaires propres avec moi, fis-je en secouant la tête. Mais je vais aller te chercher des vêtements de mon frère à enfiler. Je reviens !

— Laurianne ! m’interpella-t-il alors que j’allais disparaître de la cuisine.Ton portable est dans ma veste normalement. Je l’avais récupéré… et merci de m’avoir aidé.

— Lucas, c’est normal que je t’aide. Je n’allais pas te laisser mourir. C’est moi qui dois te remercier le plus. Tu as tout fait pour moi. Merci, vraiment.

Il me sourit puis je partis dans la chambre de mon frère. Ses vêtements n’étaient pas vraiment le style de Lucas, mais il ferait l’affaire. Je pris les vêtements les plus sobres possibles. Puis je passai récupéré mon portable dans la veste de Lucas, et je retournai le voir. Il était encore en train de manger. Sa blessure ne lui coupait pas l’appétit visiblement. Cela faisait du bien à voir. Je posai les vêtements sur la chaise où je me trouvai et me rassis en face de lui. Je le regardai manger en tournant ma cuillère dans mon café.

— Tu devrais manger, insista Lucas en s’arrêtant un moment.

— Ne t’inquiète pas pour moi, occupe-toi de toi. C’est toi qui as été blessé.

Je finis mon café rapidement et le laissai dans l’évier alors que je tapotai les doigts en attendant un message de Nathan. Un message qui ne venait pas. Je me mordillai la lèvre inférieure en le rangeant dans la poche de mon jean. Lucas sortit les clés de sa voiture. Je ne sais pas quand il avait trouvé le temps de les récupérer. Néanmoins, il l’avança sur la table alors que je le regardais faire sans rien dire.

— Je sais qu’il te manque et que tu as envie de le revoir, fit-il en faisant référence à Nathan. Je pense que ton frère comprendra que je sois toujours chez lui. Mais rentre chez toi, prends une douche, repose-toi, parle avec tes amis. Je n’ai pas besoin de ma voiture pour le moment.

— Merci, murmurai-je avant de m’avancer pour prendre les clés.

Je le serrai dans mes bras même s’il était assis et lui déposai un baiser sur le front avant de trouver un post-it et de laisser un mot à mon frère pour qu’il ne s’inquiète pas. J’enfilai ma veste tâchée de sang et embrassai à nouveau le front de Lucas avant de le laisser seul chez mon frère.

Cela me fit bizarre de sortir dans la rue. Je sentais comme de la peur et de l’appréhension. En même temps… pour me rattraper à nouveau, ils devaient me guetter. Et, la maison de mon frère n’était-il pas un des endroit les plus évidents dans lesquels j’aurais pu me réfugier ? Légèrement que si. Je rentrai vite dans la voiture et la démarrai pour rentrer à la colocation. Le trajet ne me parut pas long après toutes ces heures de captivités, cela me paraissait être la liberté. Lorsque je rentrai à la colocation, il n’y avait que Nathan dans le hall, qui attendait, assit dans l’escalier. Il se leva d’un coup et je m’approchai pour l’embrasser. Il me serra un peu plus contre lui et je me sentis soulagée d’un coup. Je le serrai moi aussi dans mes bras aussi fort que je le pouvais. C’était si bon de le retrouver.

Alors que je me détachai de lui pour mieux lui sourire, je fus assaillie de tout les côtés. Dorian, Mallo, Dylan, Linda… en gros toutes les personnes habitants avec moi me serrèrent dans leurs bras. Ils m’entraînèrent dans le salon et je leur parlai un peu de ce qu’il s’était passé sans trop leur en dévoiler. Donnant très peu de détails sur les raisons ou autres mais leur racontant un peu comment cela s’était passé. Puis chacun reprit le cours de ses activités même si Linda resta un moment de plus.

— Maëlle a été très inquiète après ton coup de fil d’hier soir, commença-t-elle en remettant une mèche de mes cheveux qui tombait. Comment va Lucas ? Tu as dit qu’il était blessé.

— Oui, il l’est, confirmai-je. Mais cela va mieux. Je lui ai dit de ne pas trop bouger et de se reposer même s’il se sentait déjà mieux. Je pourrais conduire Maëlle jusqu’à chez mon frère si tu veux. Cela m’étonnerait quand même qu’il sache lui-même exactement où il se trouvait vraiment par rapport à son habitat.

Linda hocha la tête avant de sortir son téléphone et de partir dans une pièce isolée. Nathan me prit dans ses bras et posa sa tête sur mon épaule. Je fermai les yeux. C’était bon de les retrouver tout de même, sauf que j’avais aussi des remords d’avoir laissé Lucas seul chez mon frère alors qu’il ne le connaissait même pas. Alors qu’il était seul surtout. Il fallait que je passe le voir bientôt aussi.

— Billy organise une réunion cet après-midi, prévint Nathan en se relevant. Je ne sais pas ce qu’il veut annoncer, mais il a dit que tout le monde devait être présent.

+++

J’avais pris une douche, et j’étais restée avec Nathan dans ma chambre. On n’avait pas abordé le sujet « Lucas », de ce qu’il avait pu dire. Et on ne le fit pas avant de partir. Nathan partit en premier avec sa voiture et j’envoyai un message à Lucas pour lui dire que je lui rendrais sa voiture juste après. Il ne trouvait rien à redire et me conseilla de continuer à faire attention. C’est ce que je fis, car il était juste hors-de-question que Lucas ait été blessé pour rien. Je retrouvai Vanessa et Samantha juste devant la porte. Les deux jeunes femmes me serrèrent dans leurs bras.

— Comment ça va ? s’enquit Vanessa.

— Il paraît que c’était très risqué hier soir, ajouta Samantha en ouvrant la porte du QG.

— Effectivement, affirmai-je. Lucas a été blessé et il a perdu beaucoup de sang, mais il va mieux maintenant.

Alors qu’on s’installa, nous continuâmes à parler des événements d’hier soir même si Billy allait sûrement faire un point là-dessus. Et j’avais raison. Il en fit tout un discours d’introduction. Comme quoi ce qui m’était arrivée était inadmissible, et que cette règle de se venger sur personne d’autre était incompréhensible et injuste. Je fixai Nathan qui restait au côté de Billy tout du long. Mon copain semblait perdu dans ses pensés, comme s’il n’écoutait qu’à moitié. Cela m’inquiétait un peu. On allait vraiment devoir parler. Puis, je me repris et je me concentrai totalement sur ce que Billy allait dire :

— La guerre des gangs a été déclarée entre plusieurs gangs, et vous êtes beaucoup à vouloir la déclarer aux Deadly Devils. Mais je vous préviens, qu’un temps de guerre des gangs est loin d’être le plus reposant et sécurisant. C’est même bien pire que la période du braquage.

Je compris quelle allusion il disait : le braquage de Nathan. Je savais bien que cela avait été sombre et dangereux, mais une guerre des gangs… c’était donc encore pire, et très franchement, cela me faisait peur. J’échangeai un regard avec Sam, qui elle non plus ne semblait pas très rassurée et inquiète.

— Alors je vous le demande une fois pour toutes. Êtes-vous certains de bien vouloir prendre part à cette guerre contre les Deadly Devil ?

Les autres scandèrent des oui à en donner mal à la tête. Et je ne me sentis pas bien et je savais que même si c’était mal, je devais prévenir Linda et Lucas. S’étaient mes amis. Je ne voulais pas que quelque chose de grave leur arrive à cause de cela. Billy déclara qu’on allait devoir signer sur un cahier une des deux colonnes. L’une d’elle permettait de s’engager physiquement parlant dans cette ‘‘guerre’’, l’autre de ne pas s’engager physiquement. Une grande file se composa et avec Samantha et Vanessa, on eut la chance de passer dans les premiers et de ne pas attendre trop longtemps. Lorsque mon tour fut arrivé, je fis comme mes deux amies : je signai dans la colonne « ne pas s’engager ». Je fus effarée de voir le nombre incalculable de personnes dans la colonne qui était prêt à s’engager. Lorsque je repérai Nathan, mon sang se glaça et un frisson me parcourut l’échine. J’allais vraiment devoir lui parler.

Je ne m’éternisai pas dans le quartier général du gang et rentrai chez moi rapidement. J’allais parler à Nathan avant de rendre à Lucas sa voiture. Je mis mon téléphone en silencieux et décidai de l’attendre dans ma chambre. Je remontai rapidement les escaliers et rentrai. Il y était déjà.

— Il faut qu’on parle, déclarons-nous en même temps.

Je restai sans voix en me détachant de la porte alors qu’il s’avança. Cette fois, je peux apercevoir ce qu’il avait réussi à dissimuler depuis notre appel téléphonique, et peut-être bien depuis que je m’étais faite enlever : de la colère. Et cela ne me blessa même pas, je m’y étais préparée malgré tout.

— Pourquoi ne m’as-tu pas dis que tu avais échangé avec Lucas ? s’offusqua-t-il en me regardant dans les yeux.

— Je ne voulais pas que tu t’inquiètes pour moi, répondis-je. Je sais que tu aurais flippé, et que tu aurais arrêté ta vie au moment où tu avais su que j’étais en danger de mort. Je ne voulais juste pas que cela se produise.

— Mais bien sûr… tu sais ce que je pense ? Je pense surtout que tu n’as pas voulu me le dire car tu savais que Lucas était totalement obsédé par toi !

Je n’aurais absolument pas utilisé ce terme. Mais je ne répliquai pas suite à ce qu’il venait de dire. Je ne savais pas vraiment comment réagir. S’il m’avait dit cela quelques jours avant, j’aurais protesté en disant que c’était juste une lubie de Lucas qui finirait par s’arrêter. Mais quelque chose avait changé. J’aurais voulu défendre Lucas mais je ne voulais pas plus énerver Nathan. Pas maintenant. Sauf que j’avais peut-être choisi la mauvaise option puisqu’il serra la mâchoire.

— Putain, j’en étais sûr… il s’est passé un truc entre vous deux ? hurla-t-il presque.

— N’importe quoi ! protestai-je en criant. Jamais je ne te tromperai !

J’étais en colère maintenant mais aussi blessée. Oui, cela m’attristait que Nathan puisse croire que je l’ai trompé avec Lucas. Cela n’avait aucun rapport avec les deux en plus, et je pensais qu’il le savait vraiment. J’avais certaines valeurs. Et la fidélité en faisait partie, je m’étais jurée à moi-même d’être fidèle à moi-même et à n’importe-qui. Même prise entre deux hommes, j’aurais été incapable de tromper celui avec qui j’étais.

— Alors ne me mens pas quand tu dis qu’il n’y a rien entre vous deux, souffla Nathan les yeux brillants.

— Mais parce qu’il n’y a rien, murmurai-je même si je n’en étais plus sûre.

— Bien-sûr que si. Tu crois que je suis aveugle ? Tu doutes de tes sentiments Laurianne. Envers Lucas, mais aussi envers moi. Je le sens et je le remarque aussi. Et je ne peux pas continuer comme cela.

— Quoi ? Mais qu’est-ce que tu racontes ? C’est toi que j’aime. Nathan, attends !

Alors qu’il me contournait pour sortir de la chambre, j’attrapai son bras et heureusement il ne força pas pour partir. Mais le regard auquel je fis face me fit très mal. Je déglutis péniblement.

— Tu doutes Laurianne. Et je sais que tu le sais aussi. Alors écoute, je ne peux pas être avec une personne qui ne m’aime pas entière. C’est trop dur. Alors tu as un choix à faire. Mais pour le moment, nous deux, c’est terminé.

Terminé.

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