Chapitre 34 :

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Terminé.

Il venait de faire cela, de me faire cela, encore une fois. Une fois de plus. Celle de trop ? Je n'en savais rien. Et même si j'avais vécu cela par le passé, je n'étais toujours pas prête. Pas après avoir été emprisonnée ! Je m'effondrai sur mon lit en sanglotant, les larmes coulaient abondamment. Je n'avais pas eu la force de fermer la porte et je fis un effort pour ne pas pleurer bruyant. Au bord du lit, je me recroquevillai sur moi-même en pleurant à chaude larme. Ce n'était pas possible… pas maintenant ? Sauf que si, c'était tout à fait réel comme la dernière.

Je devais bien rester dans un état catastrophique pendant plus d'un quart d'heure. Nathan ne revint pas et je continuai de pleurer dans ma chambre. Je n'entendis même pas Dorian venir me prendre dans ses bras pour me réconforter. J'avais vidé toute l'eau disponible pour mes yeux mais il y en avait toujours sur mes joues que je n'effaçai pas. Je ne pouvais pas penser à autre chose que ce qui venait de se produire.

— Cela va aller, souffla Dorian même s'il ne savait pas ce que je venais de subir. Il faut que tu te calmes, Laurianne. Respire, doucement. Qu'est-ce qui te met dans cet état-là ?

— Nathan, hoquetai-je légèrement. Il m'a quittée.

— Encore ! s'étonna mon ami. Mais… il n'y avait rien cette fois-ci. Pourquoi ? Qu'est-ce qui lui est passé par la tête ?

— Il pense que je suis amoureuse de Lucas...

— Et cela a quand même l'air d'être un peu le cas, commença Dorian. Lau, il faut que tu te retrouves avant de privilégier tes relations avec les autres. C'est cela que tu devrais faire dans l'immédiat. Après tu t'expliqueras avec Nathan. Et après tu choisiras de mettre un terme à tout cela ou non.

Malheureusement, Dorian avait raison sur toute la ligne. Je ne voulais pas faire face à cette réalité, et je n'avais pas voulu le faire avant non plus, et tout me retombait sur la figure maintenant. Cela faisait mal, très mal. Je soupirai alors que Dorian m'observait. Je pensai qu'il me surveillait un peu pour que je ne fasse pas de bêtise. Cette fois, je n'allais pas faire comme la précédente, je me le promettais. Je séchai lentement mes larmes avant de serrer Dorian dans mes bras en le remerciant d'être là pour moi. Pour lui non plus cela ne devait pas être facile tous les jours avec Vanessa et son fils Aaron.

— Que comptes-tu faire ? s'enquit-il en me regardant me lever pour sortir des vêtements de mon armoire.

— Je ne peux pas rester ici alors qu'il y aura Nathan qui y vivra, annonçai-je. Cela serait trop dur à supporter, surtout si je veux me retrouver. Alors je m'en vais. Je pars pour le moment. Mais pas de panique, je reviendrais de temps en temps vous voir, et je reviendrais tout court d'ailleurs.

— Où vas-tu aller ? se renseigna mon ami en me regardant sorti une valise. Je ne pense pas que Pola soit en état de t'accueillir alors qu'elle-même va mal.

Je faisais peut-être juste cela par coup de tête... mais me voyais-je vraiment rester à la colocation pour le moment ? Non. Alors je devais partir. C'était important pour ma santé mentale. Puis… j'allais peut-être enfin pouvoir reprendre les cours normalement ! Heureusement que Kristia suivait les mêmes cours que moi.

— Je ne compte pas aller chez Pola, avertis-je en rageant des affaires dans ma valise. Je vais aller chez Santiégo, mon frère.

— Attends... ne me dit pas que tu y vas parce qu'il s'y trouve ?

— Bah, en même temps, j'ai besoin de mon frère, de quelqu'un qui peut me comprendre, donc, si je vais chez lui, c'est bien parce qu'il y réside en ce moment.

Dorian me regarda interloqué et je ne cachai pas mon incompréhension. Apparemment, ce n'était pas la réponse qu'il espérait, mais je ne pouvais pas deviner ce qu'il avait envie d'entendre. Je n'étais pas dans son esprit.

— Attends… mais de quoi me parles-tu ? Je te parlais de Lucas, moi. Mais tu n'as pas l'air d'y avoir pensé directement qu'il était chez ton frère.

— Je ne risque pas de l'oublier, mais je n'y pensais pas consciemment. Puis, je ne sais pas combien de temps il va rester chez mon frère. Je verrais bien écoute, au pire, je prendrais le canapé.

— Parce qu'il ne te donnera pas la chambre qu'il occupe peut-être, se moqua gentiment Dorian.

— Si, je n'en doute pas qu'il me le proposerait mais il est blessé. C'est lui qui a le plus besoin d'un matelas. Mon frère, lui, risque bien de me laisser son lit. Enfin, bon… je verrais bien comment se passe la cohabitation. Je ne ferais pas machine arrière.

— Que veux-tu que je dise aux autres ?

— Tu peux dire la vérité à Dylan et Mallo... si Nathan révèle notre rupture, tu peux dire que c'est suite à cela que je suis partie. S'il ne dit rien, tu dis juste que je vais chez mon frère.

— OK.

Il me sourit et me serra dans ses bras. La valise n'était pas à roulette et devait se porter à la main. Elle ne contenait que des vêtements, donc ce n'était pas très lourd. Puis de toute manière, j'avais l'habitude, c'était les seules valises qu'on utilisait dans ma famille, on ne connaissait pas celles cabines que l'on pouvait poser par terre et qui avançaient grâce aux roulettes. Je la pris donc, presque sur l'épaule droite et je descendis l'escalier avant de la poser à côté de la porte d'entrée pour pouvoir enfiler une veste. J'avais de la chance, il n'y avait personne. Dorian resta en haut, mais Nathan descendit de sa chambre et me regarda avec des grands yeux rouges. Je rêve... est-ce qu'il avait pleuré ? Alors que s'était lui qui avait commencé !

— Qu'est-ce que tu fais ? fit-il d'une voix enrouée. Tu pars ? Tu ne peux pas faire cela !

— Oui, je pars, répliquai-je fermement. Je vais habiter chez mon frère. J'ai besoin d'être seule ou d'être avec quelqu'un avec qui je me sens proche pour réfléchir.

— Et comment je fais pour te protéger ? s'agaça-t-il.

— Me protéger ? Attends ! Tu viens bien de me dire, me protéger ? Nathan, c'est une blague ! Tu me quittes et tu exiges que je reste près de toi sous prétexte que tu veux me protéger. Si tu voulais vraiment me protéger, tu ne me quitterais pas comme tu viens de le faire il y a plus d'un quart d'heure de cela !

Je ne lui laissai pas le temps de me répondre, je pris mon sac à la main et claquai la porte derrière moi. Je n'en voulais même pas s'il avait des explications à me donner. Il m'avait suffisamment humiliée pour le moment. Je balançai négligemment mon sac sur la banquette arrière de la voiture de Lucas avant de prendre place sur le siège conducteur où je restai quelques minutes à m'apaiser. On toqua à la fenêtre et je sursautai. C'était Clément. J'appuyai sur le bouton pour qu'elle glisse vers le bas. Je n'avais pas vraiment envie de discuter avec lui, mais je n'allais pas le rembarrer tout de même.

— Je ne suis pas là pour te justifier ce que Nathan a fait… je crois qu'il aurait dû attendre un peu que tu te remettes des événements que tu as subis… si tu veux parler je suis là, on est tous là ! Je voulais aussi te dire, que même si tu as plein de choses qui te trottent dans la tête, il faut que tu travailles un peu. Cela serait nul de rater ton année, et je voulais te le rappeler.

Je le remerciai, et il me souhaita une bonne route avant que je démarre pour sortir de la place. J'avais de la chance d'avoir des amis en ors même si le parcours amoureux était plus chaotique. Pendant que je conduisais, je cherchais mes mots pour expliquer à mon frère sans qu'il me prenne en pitié ou qu'il ait envie de casser la gueule de Nathan. Heureusement que ce n'était pas chez Raoul s'il avait été présent, sinon je serais plus en train de m'inquiéter pour Nathan que pour moi-même. Je me garai à l'endroit où je m'étais garée hier soir en vitesse. La scène me revint en mémoire et je fermai les yeux pour la chasser de mon esprit. Tout allait mieux maintenant, mais ce n'était pas très agréable d'y penser. Je sortis de la voiture et empoignai la valise qui retombait au niveau de mes hanches. Je ne toquai même pas avant d'ouvrir la porte et déposai lourdement le sac par terre pour fermer la porte. Santiégo n'avait pas l'air d'être entré, sinon j'aurais déjà entendu le son de sa voix demander qui entrait.

— Que fais-tu là avec une valise ? demanda Lucas en fixant le sac.

— Eh bien, c'est assez clair, je m'installe ici pour le moment, communiquai-je alors que sa sœur débarqua.

C'était une jeune femme très grande aux yeux marron et aux longs cheveux blonds avec des pointes violettes. Elle ressemblait beaucoup à son grand-frère.

— Mince, on s'était mis d'accord pour qu'il reste chez ton frère le temps que les parents se remettent de tous ce qui se passe…

— Ne vous inquiétez pas, je dormirais sur le canapé, ou alors Santiégo me prêtera son lit. Lucas peut rester, on va juste s'organiser comme on le peut avec mon frère, rassurai-je.

— Es-tu sûre que cela va ? s'inquiéta Lucas en s'approchant. Attends… tu as pleuré ?

— Je vais…

Je fus coupée par la porte qui s'ouvrit derrière moi et je m'occupai de l'esquiver en rejoignant le frère et la sœur. Je m'attendais à voir débarquer Santiégo et me répétait les phrases que je m'apprêtai à dire dans ma tête, mais ce n'était pas lui.

— Raoul ! Tu es rentré de Guadeloupe.

Mon autre frère s'avança dans le salon. Il paraissait énervé, et je ne comprenais pas pourquoi. Néanmoins je faillis éclater de rire en me retournant pour voir la tête de Lucas et Maëlle qui n'étaient pas préparés à le voir arriver comme cela. Moi non plus d'ailleurs… Santiégo finit par débarquer, visiblement déjà soûlé par ce qui s'était passé… je ne sais pas quand ! Mais je n'étais pas avec eux, et cela devait être récent.

— Qu'est-ce qui se passe ?

— Raoul est en colère car papa vient de révéler sa maladie et qu'il n'en a pas parlé avant… et aussi parce que c'est sa manière de réagir. Les parents m'ont demandé de te le dire, mais je te l'avais dit il y a un moment.

— Ouais, je m'en souviens très bien. Il a donné plus de détails sur son cancer ?

— Non, il a juste dit qu'il en avait un, il n'a pas donné plus d'informations.

— Il aurait dû nous le dire pus tôt ! hurla Raoul.

— La ferme Raoul ! criai-je à mon tour en le rejoignant dans le salon.

Mon grand-frère faisait les cent pas dans le salon et je m'affalai sur le canapé et Lucas et Maëlle me rejoignaient. Santiégo arriva en dernier et resta debout, en regardant Raoul d'un regard dépité.

— Est-ce que tu pourrais arrêter de marcher dans mon salon ! réprimanda-t-il.

— Je m'en fiche de ton salon !

Malgré tout, il s'arrêta. Sauf qu'il n'était pas prêt à s'arrêter de parler ou d'agacer les personnes.

— Je ne peux pas aider maman à la maison alors que papa rentre à l'hôpital ! J'ai une fille ! Même si je ne suis pas seul, je dois quand même m'en occuper, elle est jeune ! Ce n'est pas une ado qui peut ce gérer facilement toute seule !

— Quoi ? Comment ça il rentre à l'hôpital ? Vous avez zappé de me dire cela !

— Et bien maintenant tu le sais ! asséna Raoul. Mais je ne peux pas être avec maman.

— Pourquoi es-tu revenue avec une valise ? voulut savoir Santiégo.

— Je voulais m'installer chez toi, j'ai eu quelques problèmes à la colocation.

— Eh bien c'est bon ! C'est trouvé ! Laurianne va chez maman, termina Raoul très fier de lui.

— Non, je vais y aller. Je peux faire plus facilement du télé-travail alors que Laurianne a bientôt des examens. Elle restera chez moi et j'irai chez maman, conclut Santiégo.

— Heu... c'est peut-être bizarre de se manifester maintenant, mais il faudrait que je reste ici, dit Lucas.

— Bien-sûr que tu restes ici ! Tu es blessé ! Puis, je te vois mal voler des trucs chez moi, il n'y a pas grand-chose à voler d'ailleurs. Je te fais confiance. Puis Laurianne sera là. Laurianne prendra ma chambre et tu as encore l'autre.

C'était réglé. Et je venais surtout de me rappeler, que je n'avais pas intérêt à dire que j'allais être seule avec Lucas pendant quelques jours. Je ne savais pas comment le prendraient les autres, mais je ne voulais pas qu'ils pensent que c'était une trahison envers Nathan alors que ce n'était pas prévu de base. Raoul repartit aussi vite qu'il était revenu, en prétextant qu'il devait chercher Inès à l'école, sauf que je l'avais fait plus d'une fois, et ce n'était pas l'heure. Je comprenais que mon frère soit choqué et bouleversé, mais j'avais envie de lui infliger une bonne claque. Après son départ, on resta silencieux un moment avant que Santiégo prenne la parole :

— Bon… moi aussi je vais aller faire ma valise du coup.

Il se rapprocha de moi et se baissa pour mieux me regarder dans les yeux, ayant la tête un peu baissée.

— Il s'est passé quelque chose de grave, Lau ?

— Non, pas de grave… c'est juste que… Nathan m'a quittée.

Je retins mes larmes et ce fut Maëlle qui me prise dans ses bras alors que je reconnaissais la main de Lucas qui prenait la mienne alors que mon frère restait muet. Je ne savais pas ce qu'il pensait de Nathan, je savais qu'ils s'étaient parlés pendant un moment. Mais je ne savais pas s'ils étaient en bons termes.

Maëlle ne pouvait pas rester plus longtemps, ses parents l'attendaient. Comme Lucas n'était pus là, elle était censée reprendre les services qu'il tenait pour aider leur parent. Santiégo, quant à lui, partit après le repas. Je le suivais dans la rue, jusqu'à sa voiture.

— Cela va faire bizarre de retourner dans ma chambre…

— Tu en as passé du temps là-dedans… ne reprends, pas les jeux, OK ?

— C'est OK. Et toi, fais bien attention à toi où que tu ailles.

— C'est promis.

Je le regardais ranger sa valise, démarrer la voiture, puis partir. Lucas était encore fatigué par sa blessure et il ne veilla pas très longtemps. Quant à moi, n'étant pas une grande dormeuse, je me couchais plus tard, surtout avec tout ce qui me tracassait dans ma tête. Néanmoins, je savais que j'avais bien fait de laisser la colocation pour le moment. Je devais me retrouve seule, face à mes pensées, face à ce que j'avais pu causer ou non.

Et pour le moment, il ne restait plus que moi, et Lucas dans la même maison, et tous mes problèmes, et je n'étais toujours pas sereine, à comment j'allais aborder cela.

Et la guerre des gangs allait se faire, et j'avais peur, car, même si Nathan avait rompu avec moi, j'étais inquiète pour lui. J'étais inquiète pour Nathan, mais aussi pour Linda qui s'y faisait entraîner maintenant. Inquiète aussi pour Lucas. Je ne connaissais pas sa position non plus.

Peut-être que mon enlèvement n'était pas la pire chose qui allait arriver finalement…

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