Chapitre 32 :

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Je n’avais pas envie de déjà perdre mon permis. En plus, il aurait fallu que je l’explique à mes parents, et je ne crois pas qu’ils auraient été très contents de l’apprendre. Non vraiment, je n’avais aucune justification auprès de mes parents. Je ne dépassais donc que très légèrement la limite réglementaire imposée sur le trajet. Pour une fois je n’avais pas mis de musique. Pourtant, le silence ne dominait pas dans la voiture. Je n’arrêtai pas de parler. Je parlai tout le temps à Lucas. Je veillai à ce qu’il reste éveillé même si je ne pouvais pas le regarder pour en être certaine. Je lui disais de tenir, que j’allais trouver une solution alors qu’il répétait qu’il ne voulait pas aller à l’hôpital.

Je comptais bien respecter sa requête même si ce n’était pas raisonnable. Je savais que cela causerait plus d’ennuis qu’autre chose. J’aurais bien voulu qu’il reçoive les meilleurs soins possibles, mais ce n’était pas possible pour le moment. Et cela me frustrait. Je lui dis de bien appuyer sur sa blessure, de laisser le moins de sang possible couler. Mais lorsqu’il dit : « emmène-moi au cimetière » et que je ne l’entendis plus parler, je sus qu’il avait perdu connaissance.

Je ne m’arrêtai pas, j’accélérai même et j’arrivai à l’endroit que je voulais atteindre. Je sortis de la voiture et ouvris la porte passagère pour détacher Lucas qui avait les yeux fermés. Je commençai vraiment à paniquer. Lucas ne pouvait pas mourir comme cela, il ne devait pas mourir, je le refusai. Tant de personnes tenaient à lui. Je mesurai son pouls, très faible…

— Allez ! suppliai-je à voix basse en le tirant sur moi pour soutenir tout son poids. Tiens le coup. Beaucoup de personnes ont besoin de toi. Ta sœur, tes amis, Pola… moi aussi j’ai besoin de toi.

Ma voix se brisa lorsque je terminai ma phrase. Je savais que ce n’était pas des encouragements qui allaient le faire ouvrir les yeux, mais cela me bouleversait. Je grimaçai sous son poids et avançai difficilement, mais je n’abandonnai pas. Je nous traînai jusqu’à la porte et toquai. Heureusement, Santiégo ouvrit immédiatement. Il fut horrifié de me voir avec autant de sang sur les mains… et il n’allait pas être au bout de sa stupeur lorsqu’il verrait la blessure de Lucas. Il m’aida à le transporter à l’intérieur et me dit de le lâcher pour qu’il le transporte dans sa chambre d’ami. Je fermai la voiture et la porte en essayant de ne pas salir avec le sang et je m’assis sur le canapé, encore sous le choque de ce qui venait de se passer.

Je vis un homme passer et Santiégo avait dû l’appelé pour soigner Lucas. J’ignorais qu’il avait des contacts qui travaillaient dans la médecine. Je ne posais pas de questions. Je respirai lentement, sentant qu’une crise de panique arrivait. Je sentis des larmes couler le long de mes joues mais je ne les chassai pas, ne voulant pas me mettre du sang sur le visage. Santiégo arriva et nettoya mes mains et mon visage avec des lingettes. Je ne parlai pas, même pas un mot. Maintenant que l’adrénaline était partie, je me sentais vide, mais pas fatiguée. Quand il eut fini, il les lâcha sur la table basse et se posa à côté de moi. Il appuya une main sur mon épaule. Il était inquiet, ce qui n’était pas étonnant au vu de la situation.

— Comment il va ? demandai-je.

Ma voix était plus faible et cassée que je ne le pensais. Sauf que j’avais besoin de savoir des choses sur l’état de Lucas à ce stade-là. Santiégo passa ses mains sur mon visage avant de me serrer dans ses bras.

— Il a perdu beaucoup de sang, mais il est sorti d’affaire d’après mon ami. Il se réveillera quand il aura repris des forces. Cela m’étonnerait que cela soit pour le moment.

— Je pourrais le voir ?

— Oui bien-sûr… Lau, qu’est-ce qui s’est passé au juste ? Mon gang ne m’a pas prévenu, mais cela ne m’étonnerait pas si cela ait un rapport avec cela.

— Tu as raison, soupirai-je en traînant un peu. Les Deadly Devil ont réussi à m’attraper. Je suis restée deux-trois jours là-bas pendant que Lucas et Nathan mettaient en œuvre un plan pour m’y faire sortir saine et sauve.

— Lucas et Nathan ? Mais c’est absurde ! Ils se détestent !

— Oui je sais, mais comme me l’a dit Lucas, ils avaient un intérêt commun : ma vie.

— Et lequel des deux vas-tu choisir ? voulut savoir mon grand-frère.

— Comment ça ?

— Ne me dis pas que tu es dans le déni de la situation, grommela mon frère. Si les deux veulent que tu sois en vie, c’est que les deux tiennent énormément à toi. Cela veut dire que les deux t’aiment. C’est-à-dire que tu vas devoir choisir entre un de ses jeunes hommes, Laurianne.

— Un choix de quoi ? Aux dernières nouvelles, je suis avec Nathan je te rappelle, et je l’aime ! protestai-je en roulant les yeux.

— Je sais bien petite-sœur, mais je te connais aussi. Et je ne connais suffisamment pour savoir que c’est ambigu avec ce fameux Lucas. Je ne vais pas te dire de faire quelque chose ou de choisir tel et tel personne, mais réfléchis bien. Tu as beau dire et presque crier sur tous les toits que tu es amoureuse de Nathan, peut-être que c’est réel, mais je pense que tu doutes de ce que tu ressens pour ce Lucas. Je ne te juge pas, mais tu devrais prendre ton temps et te poser. Et ce n’est pas dans cette situation que tu vas le pouvoir.

Bon… ils étaient deux à penser cela. Sauf que ce n’était pas la réalité. J’avais peut-être besoin des deux hommes dans ma vie, mais je savais ce que je ressentais pour chacun d’entre eux. Enfin… il me le semblait bien. Voilà qu’ils allaient réussir à eux deux à me faire douter de moi. Manifestement, ils étaient fort. Machinalement, je cherchai mon téléphone dans ma poche arrière mais ne le trouvai pas. Je ne savais même pas si Lucas avait pu le récupérer.

— Est-ce que je peux t’emprunter ton téléphone ? interrogeai-je mon frère.

— Tu as de la chance que j’ai le numéro de portable de ton copain, devina-t-il en me le passant.

Santiégo connaissait mon code de portable, et je connaissais aussi le sien. Je le remerciai et me levai en m’éloignant pour chercher Nathan dans la liste de contacts. Avant de l’appeler, je découvris que pendant ses années, Santiégo et Nathan avaient discuté entre eux. Et cela, je n’avais pas du tout été au courant. Ni mon copain, ni mon frère me l’avaient dit. Je crois bien que j’étais assez énervée contre les deux sur le moment. Même si ce n’était bien, je regardais les messages qu’ils s’écrivaient. Ils parlaient de moi ou de leur gang. Je ne cherchais pas plus loin même si cela me frustrait. J’appuyai sur le téléphone et attendis que Nathan décroche. Je m’appuyai contre le mur et fermai les yeux.

— Santiégo ? Pourquoi m’appelles-tu ?

— C’est moi, murmurai-je en souriant.

Je pouvais l’imaginer sourire. En tout cas, j’espérais qu’il était heureux que je sois libre. Il avait tant fait pour essayer de me sortir de là avec Lucas. J’avais de la chance de l’avoir. J’aurais voulu le voir dès maintenant, mais ce n’était pas possible. Ce n’était sûrement pas très sécurisant de sortir dans les rues, le soir bientôt tombé en plus. Puis, je ne pouvais pas laisser Lucas comme cela chez mon frère. À son réveil, le pauvre ne comprendrait rien. Je devais être là pour le soutenir, ne serait-ce déjà que pour le remercier de tous ce qu’il avait risqué pour moi.

— Je n’aurais jamais dû te laisser seule dans les rues, commença Nathan.

— Ce n’est pas de ta faute ! OK ? Tu ne pouvais pas prévoir ce qui allait se passer. Je n’aurais pas dû croire le message que j’ai reçu. C’était stupide.

— Tu ne pouvais pas te douter que c’était un piège… le plus important, c’est que tu sois en vie, loin d’eux. Est-ce que tu rentres à la maison ce soir ?

— Non, c’est trop dangereux si je ressors dans les rues. Puis, Lucas a été touché par balle. Je veux m’assurer qu’il se réveille vraiment.

— Alors s’est lui qui a été touché, souffla Nathan comme s’il était soulagé de l’apprendre même si le ton de sa voix était assez fermé ce qui m’étonna. Eh bien, je suis soulagé. Bonne nuit chérie. Repose-toi bien.

— Bonne nuit à toi aussi. Je t’aime.

Je le sentais bizarre mais n’eut pas le temps de lui demander pourquoi puisqu’il raccrocha. Je fronçai les sourcils, ne comprenant pas vraiment sa réaction à la fin. J’étais inquiète pour lui. Je tournai un moment en rond en réfléchissant mais ne trouvait aucune explication. Ou alors peut-être juste qu’il avait appris mes échanges avec Lucas par ce dernier et qu’au fond cela l’agaçait que je ne lui en avais pas parlé. C’était la seule explication que je concevais, et je comprenais très bien dans ce cas-là. Je lui en parlerais demain, quand nos esprits seraient reposés de tout cela grâce à la nuit, où on serait plus calme pour s’expliquer.

Je retrouvai mon frère dans le salon et lui laissai son téléphone. Il voulait me prêter sa chambre pour le soir mais je le convins de la garder. Je m’installerai sur le canapé. Il n’y avait qu’une seule chambre d’ami chez mon frère, et s’était le blessé qui l’occupait, rien de plus normal en somme. Mise à part qu’il soit blessé.

D’habitude j’aimais beaucoup la chambre d’ami de mon frère. Je l’avais occupée plusieurs fois pour tout dire. Mais avec Lucas dans cet état, ce n’était plus vraiment la même chose. Je ne pouvais pas réprimer mon inquiétude pour ce dernier. La blessure m’avait semblé très sérieuse tout de même. Alors que j’allumai la pièce, j’entendis des vibrations qui provenaient de la veste de mon ami. Je m’approchai et fouillai pour voir que c’était Maëlle qui tentait de le joindre. Sa petite-sœur devait être anxieuse de ne pas réussir à le joindre. En plus elle était dans le bâtiment, elle avait entendu les coups de feus. Je décrochai.

— Lucas enfin ! Cela fait une demi-heure que j’essaye de te joindre espèce d’idiot ! Laurianne n’est pas blessée, n’est-ce pas ? J’ai entendu des coups de feus, et tu n’es toujours pas à la maison et ta voiture a disparu. Où es-tu bon sang ?

Je ne répondis pas immédiatement, je ne savais pas trop comment lui répondre sans trop la déstabiliser ou l’inquiéter. Je n’avais jamais rencontré Maëlle. Je savais qu’elle faisait partie du plan pour m’aider à m’échapper, et j’en étais reconnaissante. Alors je devais bien le lui dire. Si les parents de Lucas ne devaient pas savoir, au moins sa sœur !

— Je… s’est lui qui a été blessé, avouai-je en me collant contre le mur.

— Quoi ! s’exclama la jeune femme désemparée. Comment ça ? Fin… je veux dire, comment va-t-il ?

— Il a perdu beaucoup de sang mais il va s’en sortir. Je vais veiller sur lui cette nuit. Il se réveillera sûrement dans la matinée quand il aura regagné des forces. Pour le moment, il dort.

— OK… merci de ne pas l’avoir laissé tomber. Je comprends maintenant, mes parents ne doivent absolument pas l’apprendre… vous n’êtes pas allés à l’hôpital j’espère !

— Non. Ton frère ne voulait pas et il me l’a bien fait comprendre. J’ai dû réfléchir vite, et on est chez mon frère. Il a contacté un médecin qui s’est occupé de ton frère.

— Merci Laurianne. Merci, vraiment.

— Merci à vous tous de vous être pliés en quatre pour pouvoir me faire sortir de cet enfer, je vous dois beaucoup.

— Tu sais, commença-telle alors que mes yeux se posèrent sur le visage de Lucas. Il t’aime vraiment beaucoup mon frère. Et, je ne sais pas ce qui se passe entre vous. Je ne suis pas là pour juger ou donner des conseils, mais juste, évite de lui briser le cœur ou de le faire espérer pour rien. Même si c’est un coureur de jupon, quand il aime vraiment, il est sincère. Et il l’est avec toi. Sinon il n’aurait pas fait tout cela.

— D’accord…

Maëlle raccrocha. Elle me disait que Lucas m’aimait… et qu’il était vraiment sincère. Sauf que cela, je le savais déjà. Il m’avait prouvée plus d’une fois que s’était quelqu’un de bien et qu’il tenait à moi. Moi aussi je tenais à lui. Il ne méritait pas son état. Je posai le portable à côté de ses affaires et tirai la chaise en bois du bureau pour la poser à côté du lit. Après quelques enjambés, je m’assis lourdement, comme si mes jambes ne comptaient plus fonctionner pour le moment.

J’observai les recoins du visage de Lucas, ses sourcils épais, ses cils fins, sa bouche fermée et sa peau lisse. Je passai ma main sur sa joue et regardai son torse se soulever à chaque respiration. Cela me rassurait un peu plus maintenant. Je me penchai un moment et lui déposai un baiser sur le front, comme il en avait pris l’habitude quand j’étais prisonnière. Je soupirai et pris une de ses mains entre les miennes avant de la poser sur ma joue un bref instant alors que je fermai les yeux.

— Je vais rester avec toi, murmurai-je doucement comme si c’était quelque chose que personne ne devait entendre. Je serais là, je ne t’abandonne pas. Tu vas t’en remettre, OK ? Tu es hors de danger maintenant. Il ne faut pas aggraver ton état.

Je lâchai sa main et soulevait son t-shirt pour voir sa blessure. Elle avait été désinfectée et il avait un gros pansement compresseur sur. Il allait devoir la changer régulièrement les jours à venir. Je lui montai la couette jusqu’à la poitrine et repris sa main en la serrant pas trop fort mais pas légèrement non plus.

— Je suis là, répétai-je avant de bailler.

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