Chapitre 28 :

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Ce n'était peu dire de me faire remarquer que je stressais tout le temps. Mais en même temps, j'avais un peu raison d'être parano. Une chasse... et c'était moi le prix ! Pourquoi est-ce que j'ai dû débarquer dans ce monde de fou ? Je n'avais rien demandé moi.

Je n'avais pas tenté de recontacter Lucas depuis son tout dernier message qu'il m'avait envoyée : celui où il m'annonçait très clairement que ma tête était mise à prix. Je l'ai tout de même remercié avant de supprimer la discussion. Nathan ne devait vraiment pas l'apprendre. Peut-être plus tard, quand tout sera calmé. Enfin… s'il y avait une chance que cela s'apaise un jour. Je n'en doutais que très rarement, mais l'idée m'effleurait quelquefois l'esprit. Aurais-je la paix ? Ou alors, pour devoir vivre sans ennui, devrais-je donc déménager à l'autre bout de la France ? Loin de mes amis, loin de ma famille. Loin de toutes les personnes qui comptaient réellement dans ma vie. Et si je revenais après de longues années d'absences, serais-je toujours sur la sellette ? Je pensais n'avoir jamais autant réfléchis de toute ma vie entière. Ce qui était probablement fort exact puisque je n'avais jamais eu autant de problèmes dans ma vie qui pouvait la concerner directement. Pour la première fois de mon existence, sa fin pouvait être durement menacée. Le pire, c'était que je le savais. On ne peut pas prévoir un accident ou une maladie foudroyante, mais ce genre d'affaire, on en connaît les conséquences à l'avance sans même que cela nous arrive directement. Cela pouvait mettre du temps, et dans mon cas, cela avait mis des années avant que je sois au courant, et encore un peu plus avant que quelque chose m'arrive. Je n'étais pas dupe, et je m'étais préparée sans alerter les autres par mon comportement ou mes activités.


Nathan ne semblait pas avoir remarqué que je lui cachais un détail. S'il doutait, cela aurait fait bien longtemps qu'il m'aurait parlée et aurait réussie à me faire cracher le morceau sur les avertissements de Lucas et tout ce qui avait précédé. Je ne voulais pas le décevoir, et je ne savais même pas si cela le décevrait. Sauf que je voulais aussi le préserver du danger qui me guettait et de ma peur omniprésente. Il n'avait pas à subir cela, et il apparaissait si heureux, épanouis et insouciant ! Cela faisait de longues années qu'il n'avait pas dû profiter de la vie plutôt que de la subir. Je ne pouvais définitivement pas lui dire que tout le bonheur qu'il avait espéré si fort et qu'il pensait voir désormais débarquer ne demeurait qu'une illusion. J'avais la capacité de gâcher son bonheur, mais je ne pouvais faire cela pour rien au monde. Le jour où il l'apprendrait, il serait furieux contre moi, mais je ne serais certainement plus à ses côtés pour qu'il puisse me demander des explications. Cela me faisait frissonner de penser à cette possibilité, néanmoins, c'était une des plus probables.


En quelques jours, alors qu'une réunion entre toutes les filles s'organisait, d'une autre part, j'organisais des finalisations au cas où mon futur proche serait funèbre. Je préférais rester prévoyante, et ne pas regretter certaines choses pour soulager les autres même si je risquais de ne plus être présente pour les regretter. Je souhaitais que tout le monde ne se sente pas responsable ou culpabilise trop.

J'avais donc commencé par ma famille. J'avais écrit à la main, des lettres à mes frères et à mes parents. Je rédigeais aussi mon testament en le signant deux fois. Ce testament-là, je le dissimulais sous mon matelas en croisant les doigts pour que Nathan ne fouine pas et ne le déniche pas. Cela aurait été le comble. Je rédigeais aussi une lettre à l'adresse de toute la colocation ainsi qu'une plus personnelle à Pola, Lucas et Nathan que je les confiais à Dorian. Je lui faisais clairement confiance et je savais qu'il ne la trahirait pas. Il n'ouvrirait pas chacune d'entre elle avant qu'il comprenne quand le bon moment frapperait dans leur vie. J'étais persuadée qu'il saurait quand cela serait.


D'un autre côté, je continuai ma vie. J'allais en cours, je fis comme si tout allait bien : je riais avec mes amis, je discutais et écoutais toujours autant, tout allait au beau fixe avec Nathan même si Lucas restait toujours dans un coin de ma tête et ma relation avec Santiégo s'arrangeait grandement. Il m'avait expliquée comment moins risquer sa vie dans le monde des gangs, et comment se montrer indispensables auprès du sien. S'il savait ce qu'il risquait de m'arriver à tout moment ! Plus sérieusement, j'avais de la peine à les voir si heureux, de les voir profiter de la vie alors que je leur faisais croire que je n'avais plus la peur au ventre. Dès que je sortais, j'avais toujours une boule dans ma gorge et mes jambes qui flanchaient quelque peu. Je ne pouvais m'empêcher de jeter plusieurs regards à mes arrières et à mes côtés. Un jour, ma garde allait baisser ou ne serait pas assez suffisante pour me protéger. Malheureusement, j'avais un mauvais pressentiment que je n'espérais pas prémonitoire.


Lorie avait eu la riche idée d'organiser une petite réunion sympathique entre fille pour, se retrouver un peu, avait-elle dit. Cela dit, c'était la version devant Pola et Linda. La vraie version, c'était : histoire de leur changer les idées parce qu'elles ne vont pas bien. Pola allait mieux, peut-être d'ailleurs que Lucas en était pour quelque chose. Je ne savais pas, mais il n'avait pas laissé une nouvelle lettre la dernière fois. Peut-être simple sécurité pour ne pas que ses amis aient des soupçons envers lui, et je le comprenais parfaitement. Linda, elle, je ne savais pas. Depuis l'histoire compliquée avec sa petite-amie, on n'avait pas eu de nouvelles et on ne l'avait toujours pas rencontrée. Personne ne savait ce qu'il se passait avec la petite sœur de Lucas et elle gardait tout cela pour elle, mais mon petit doigt me disait que cela devait certainement avoir un rapport avec le monde des gangs. J'en étais persuadée. Je n'avais pas cherché à le lui faire avouer car je savais que cela ne mènerait à rien. Peut-être finirait-elle par l'avouer.


Après les cours le matin, je m'éclipsai donc pour les rejoindre à l'appartement de Pola. Le trajet de l'allé se passa sans problème malgré ma paranoïa qui me forçait à regarder autour de moi toutes les deux secondes. Je flippai totalement à l'idée de me faire attraper par le gang de Lucas même si j'y étais résignée. Les Angeli di Pace ne pourraient pas me protéger à tous les coups. C'était dommage que je ne sois pas assez riche comme les stars pour m'acheter un garde du corps comme eux. Finalement, Nina avait raison quand elle m'avait conseillée en quatrième de me mettre à la boxe pour pouvoir me défendre en cas d'agression. Cela aurait pu m'être utile si j'avais décidé d'en faire. Maintenant que j'étais majeur, ma mère n'avait pas le droit de refuser à ce que j'en pratique. Il fallait que j'y réfléchisse plus sérieusement, cela risquait de m'être fort utile. Je croisai Nina devant l'immeuble de Pola. Je la saluai, et on montait ensemble jusqu'à l'appartement de notre amie. La concierge était toujours là, à nettoyer les carreaux de fenêtres cette fois-ci. Elle me regarda bizarrement et je ne me gênai pas pour lui jeter un regard noir. Si cela continuait, je n'avais plus qu'à finir à en parler à Pola quand tout irait mieux pour elle. Mon amie n'allait pas se remettre rapidement de sa rupture avec Dylan. C'était d'une logique implacable. Je lui laisserai le temps. Lorsque Pola nous accueillies, Linda et Lorie n'étaient pas encore arrivées sur place. On s'installa sur le canapé et lorgnait du regard les gâteaux apéritifs que Pola avait déposé sur la table basse.

— Cela a l'air d'aller mieux, observa Nina en enlevant sa veste.

— Oui, un peu. Tu avais raison Laurianne, la discussion avec Dylan s'était nécessaire pour me permettre d'avancer et de tourner la page. Je te remercie de m'avoir forcée un peu à lui faire face. Je ne vais pas superbe, mais cela va m'aider.

— Je t'en pris. Je savais que tu souffrais, puis, sans moi ou non, Dylan était furax. Si je ne l'avais pas accompagné, il serait venu quelques jours plus tard.

— Attends... j'ai raté un épisode moi ! Il t'a trompée et c'est lui qui était furax ? C'est pas logique.

— Il était furax parce que j'ai un peu embrouillé sa famille contre lui, avoua Pola. D'ailleurs, est-ce que tu sais si cela va mieux ?

Nina ne montra pas sa réaction, mais je la connaissais suffisamment pour savoir que ce n'était pas le genre d'acte qu'elle cautionnait, même par vengeance. Cependant, elle ne le laissa pas paraître et me sourit avant que je réponde :

— Je ne crois pas. Enfin, il ne m'en a pas reparlé. Malheureusement, je connais suffisamment sa famille pour te dire que comme il part ce week-end chez ses parents, s'est pour régler ses problèmes là plutôt que de passer du bon temps.

Pola ne répondit pas. Je me doutais bien qu'elle devait se sentir mal pour tout cela, mais je ne pouvais pas la rassurer en lui disant que cela irait. C'était la famille de Dylan, et j'avais des nombreux doutes sur le fait que tout se déroule à merveille. J'aurais voulu que ce sujet ne soit pas abordé. Cela n'apportait pas la joie de vivre avec mais un silence lourd et extrêmement gênant. Heureusement pour nous, s'est à ce moment là que Linda et Lorie choisirent de débarquer et nous sauvèrent de longues minutes de souffrances à chercher un sujet de conversation. Lorie semblait toute excitée à l'idée que l'on se retrouve alors que Linda paraissait vraiment maussade. Peut-être se sentirait-elle plus en confiance alors que l'on était entre nous. Ce n'était pas non plus impossible. On parla un peu, Pola me questionnait sur ma relation avec Nathan. Elle me demandait comment j'avais pu lui pardonné, comme je pouvais être encore amoureuse de lui après tout ce temps, et plein d'autres questions. J'espérais juste qu'elle ne comptait pas essayer de reproduire le même schéma avec Dylan, car cela serait sûrement raté. Je répondis quand même à ses questions même si cela me mettait assez mal à l'aise. Lorie fit démarrer un autre sujet de discussion remarquant bien que Pola commençait vraiment à creuser un peu trop. Je la remerciai du regard alors qu'elle me fit un sourire. C'était une bonne chose qu'elle soit là, elle savait détendre l'atmosphère, et quelque chose me disait qu'on allait en avoir besoin.

Pola nous fit passer à table. Notre amie avait commandé des pizzas. Je ne savais même plus qu'elle connaissait nos goûts. C'était une belle surprise. Cela faisait longtemps que je n'en avais pas mangé, et la chèvre-miel me manquait. On mangea pendant un moment, et je voyais bien que Linda n'allait vraiment pas dans son assiette. Je ne savais pas comment la réconforter sans même savoir ce qui n'allait pas.

— Linda, est-ce que cela va ? dis-je doucement.

Mon amie releva doucement la tête de son assiette pour me fixer en fronçant les sourcils. Oups... Est-ce que j'avais dis quelque chose de mal ? Je ne pensais pas qu'elle le prendrait aussi mal si j'essayais d'aborder le sujet. Je devais m'être trompée visiblement. Alors que j'allais baisser le regard pour que cela en finisse, elle soupira :

— C'est juste que c'est un peu compliqué avec Maëlle. C'est tout...

— Oh ma chérie, commença Pola en la prenant dans ses bras. Qu'est-ce qu'il se passe ?

L'attention de tout le monde se reporta définitivement sur Linda suite au câlin de Pola. Je m'en voulais un peu car cela la rendait mal à l'aise. Le pire, c'est que je comprenais parfaitement ce qu'elle ressentait : ce n'était pas la chose la plus géniale d'être le centre de l'attention de tout un groupe. Cette fois, Lorie ne changea pas de sujet, et ce fut elle qui me remerciait du regard. Visiblement, Linda ne lui avait pas plus parlé que cela non plus.

— Vous vous rappelez, quand je vous ai dit qu'on avait quelque truc à régler et qu'elle voulait absolument me parler d'un truc important ?

— Bien sûr que l'on s'en souvient, déclarai-je en même temps que Lorie.

— Elle voulait me parler d'un monde des gangs… je n'ai pas trop bien saisis, mais c'est un monde un peu louche avec plusieurs groupes et s'est super dangereux. Je n'ai pas tout compris, mais elle m'a dit que je devais rentrer dans son gang pour que l'on reste ensemble.

— C'est un gang ou une secte le truc ? m'étonnai-je en essayant de ne pas monter que je le connaissais ce monde.

Et c'est moi qui disais cela en plus... La fille qui rejoignait son petit-ami dans son gang pour pouvoir être protégée. J'étais terriblement mal placée pour faire cette remarque et tant mieux qu'aucune des filles présentes n'était au courant de ce qui se tramait où dans quel pétrin j'étais actuellement.

— C'est ce que je me demande bien, Laurianne. Mais en même temps, quelle est la différence entre un gang et une secte exactement ? À part cacher le danger par un mot qui ne renvoie pas la connotation d'embrigadement.

— Ce n'est pas faux, confirma Nina.

— Mais il y a autre chose, commença Lorie. Je te connais Linda, et ce n'est pas que les histoires des gangs et tout qui te met dans cet état ! Il y a quelque chose d'autre avec Maëlle ?

— Ce n'est pas vraiment avec Maëlle. Fin... si un peu mais pas vraiment. Je veux dire, tu sais, je ne sais pas si je vais rester avec elle toute ma vie, et comme Maëlle se projette déjà dans l'avenir, cela me fait déjà assez peur. Mais je ne pense pas être prête pour cela.

— Bah alors dis lui même si c'est compliqué à sortir. Sinon cela ne fera que retarder l'attente et sa déception. Plus tu lui diras tôt, plus elle s'en remettra vite, conseilla Nina.

—Le truc, c'est que j'ai un autre problème.... J'arrête pas de penser à Lucas et...

— Attends, ne me dis pas que tu le kiffes ? s'effara Lorie.

— Je ne sais pas. Cela allait super entre nous lors de l'acte, mais je n'ai jamais appris à le connaître. Et il est sympa, j'aurais dû. Maëlle s'est plus profond. Mais je ne peux pas m'empêcher de penser à son frère quelques fois.

J'observai Pola qui se décomposa sur place et se rassit à sa place sans un mot. Je pinçai ma lèvre. Les doutes de Lucas étaient fondés. J'avais bien peur que Pola commence à trop s'attacher à lui, et je ne crois pas qu'il avait prévu que cela en soi de même pour Linda.

— Cela va Pola ? s'enquit Nina.

— C'est juste que... Lucas est gentil avec moi, murmura-t-elle.

J'enfouis mon visage dans mes mains. Ce que je redoutais était juste : Pola était en train de se faire des illusions sur les véritables intentions de Lucas. Aux dernières nouvelles, le jeune homme ne comptait pas se mettre en couple. Ni avec Linda, ni avec Pola. Et pourtant il faisait son effet, c'était indiscutablement vrai. Est-ce que moi, je faisais partie du lot ? Je ne savais même plus. J'aimais Nathan très fort, mais la discussion que j'avais eue avec Dorian me faisait un peu douter. Depuis notre discussion et les lettres, Lucas hantait mes pensées. Le plus paradoxal, c'était que je ne savais même pas quoi penser de lui. Il n'avait pas le droit d'avoir le pouvoir de me faire douter autant. Ce n'était qu'un ami, il n'avait pas le droit de me faire cela. Et pourtant, il arrivait à le faire. Peut-être même que ce n'était pas voulu. Il avait été très clair sur ses relations avec Linda, et Pola, il voulait juste l'aider à aller mieux. Quant à moi, c'était encore autre chose. Il m'avait clairement dit qu'il m'attendrait. De cela non plus je ne savais pas quoi en penser alors que je l'avais toujours jugé comme un ami auparavant.

— Vous devriez faire attention, alerta Nina d'une voix soucieuse. Je connais un peu Lucas et j'ai des amis qui le connaissent. Ils m'ont dit que quelques fois ses amis ne sont pas très nets, faites attention.

Elle parlait sans aucun doute du gang. J'espérais vraiment que cela refroidisse mes amis. Je ne voulais pas qu'elle soit impliquée dans ce monde. Par contre, j'allais devoir demander qui était exactement les amis de Nina. J'allais finir par m'inquiéter pour elle. Alors qu'on reprit le repas sans encombre alors que nos deux amies ne semblaient pas aller mieux, je reçus un message de Nathan :


Je vais finalement parler à mon père de ce qu'il se passe avec Jimmy et les gangs. Est-ce que tu peux me rejoindre à la maison ?


Je lui répondis que je venais de suite et le signalai à mes amis que je devais le rejoindre à la maison. Je leur souhaitai un bon appétit et parti de l'appartement. Je dévalai les escaliers et marchai d'un rythme pressé dans la rue. Je devais arriver à temps pour soutenir Nathan. Je savais que c'était important pour lui. Il n'avait jamais parlé à son père de tout cela, et il avait très peur. Je ne savais pas pourquoi et qui l'avait fait changer d'avis, mais c'était peut-être mieux qu'il en parle à son père. Ce dernier devait avoir du mal à se remettre de la disparition de son dernier fils. Je n'osai même pas imaginer ce que l'on pouvait ressentir.

Je marchai dans une rue, et je sentis une main attrapée mon bras. Cette fois, ce n'était pas Lucas. Je l'aurais reconnu à sa prise. Alors que j'allais crier une main passa avec un morceau de tissus devant ma bouche et mon nez. Je croyais qu'il y avait un produit. Il me semblait. Sans doute, car mon agresseur le maintenu et m'emporta dans une ruelle isolée alors que ma vision se voila avant que cela devienne noir. Je m'endormais, sans pouvoir rien faire pour me débattre.

Était-ce ma fin ?

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