Chapitre 29 (Nathan) :

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Point de vue de Nathan


Souvent dans ma vie, je devais faire des choix. Du plus simple au plus compliqué en passant par les tristes et éprouvants. Chaque personne dans la vie est confrontée à des choix. Les choix arrivent très vite dans la vie. Ne serait-ce que par le dilemme quotidien du "comment est-ce que je m'habille ?" ou les "qu'est-ce que je vais faire à manger ?". Depuis des années, mon seul vrai choix qui pouvait être décisif et tout faire chambouler était : est-ce que je dis tout à mon père pour Jimmy et les gangs ? Et à chaque fois, j'arrivais toujours à la même conclusion : jamais.

Je n'avais pas peur que le choc soit si conséquent que mon père finisse à l'hôpital. Non. Mon père n'était pas vieux et il restait fort. Cela n'avait pas de rapport avec sa santé physique. Mais mentale, totalement. Mon père avait déjà assez souffert, et cela ne m'étonnerait pas si sa réaction soit grave de conséquences pour lui comme pour moi. C'est pourquoi jamais je ne lui dirais ce qu'il se passe avec Jimmy. Même si j'y réfléchissais tous les jours. Il ne s'en remettrait pas. Après ma mère et mon frère. Je ne voulais pas perdre mon père. Laurianne non plus.

Avec Clément on venait de revoir nos amis à l'époque du collège. On ne s'était étrangement pas lâché lorsqu'on a été séparé dans différents lycées. Comme Laurianne et les autres finalement. Néanmoins, je n'arrivais pas à leur confier ma vie. Je devais vraiment avoir un réel problème de confiance au autre. Je faisais confiance à Laurianne, Clément et Vanessa. Ils étaient mes seuls confidents avec qui je me sentais assez à l'aise pour leur accorder mon intimité. Heureusement que Clément ne m'avait pas lâché. Entre Laurianne que j'avais dû quitter pour son bien-être à elle et Vanessa qui avait connu des sombres périodes… je me demandais souvent sur qui je pouvais compter. Je réfléchissais trop d'après mes amis.

— Qu'est-ce qu'il te tracasse ? me demanda Clément. Si tu as encore peur pour la sécurité de Laurianne, je te ferais dire que ton cher gang est sur le coup.

— Je sais, mais le risque zéro n'existe jamais totalement. Non ? Mais ce n'était pas au danger qui guette Laurianne que je pensais.

— Alors qu'est-ce qui te tracasse ?

— Mon frère, avouai-je en soupirant, ayant déjà parlé de ce sujet plus d'une fois.

— Tu devrais te tenir à la décision que t'a prise au lieu de remuer le couteau dans la plaie en y repensant. Tu dois avancer maintenant Nat, avec ou sans lui.

— Ce n'est pas vis-à-vis de Jimmy mais de mon père. Je ne veux pas lui annoncer sur son lit de mort quand même. C'est horrible.

— Nat... je ne peux pas t'aider, mais si la situation ne compte pas s'arranger, il va bien falloir que tu lui parles un jour. Et il ne faudra pas essayer d'attendre le jour où tu seras prêt, il faudra forcer les choses. Je sais que tu as peur qu'il le prenne mal, mais tu dois lui dire.

Je savais pertinemment que Clément n'avait pas tort, loin de là, mais je ne voulais pas l'admettre. Malgré tout, même si mon père n'était pas le genre de personnes à s'énerver injustement, j'avais peur qu'il réagisse mal pour une fois. Cela concernait Jimmy, je ne pourrais pas lui en vouloir. Même si mes amis disaient que ce n'était absolument pas de la faute, je me sentais tout de même coupable de ne pas l'avoir plus surveillé. Peut-être que si j'avais fait plus attention, il ne serait pas tombé dans plusieurs vices, et peut-être que j'aurais été accompagné de ma famille pendant ces années à le surveiller dans les gangs avant qu'il ne fasse le mauvais choix. Penser à cette période de ma vie me laissait toujours un goût amer dans la bouche.

Pour une fois, je ne conduisais pas ma voiture. Même si j'adore conduire je devais admettre que c'était agréable d'être passager lorsque le chauffeur tenait une bonne conduite. Je devrais laisser Laurianne conduire plus souvent, et lui acheter une voiture aussi. Clément me rendit la clé dans le halle. Je la laissai dans la poche de ma veste et passai dans la cuisine pour boire de l'eau. Linda et Lorie furent surprises de me voir mais je ne leur demandai pas pourquoi même si cela m'alarmait et me surprenait. Je posai mon verre dans l'évier et remontait pour aller dans la chambre de Laurianne.

Elle ne s'y trouvait pas.

En temps normal, je me serais dit qu'elle s'était éternisée chez Pola car elle en était totalement capable. Sauf que j'avais un mauvais pressentiment et qu'il gagnait du terrain dans mon esprit. L'attitude de Linda et Lorie dans la cuisine me donnait encore plus la puce à l'oreille. Il devait se passer un truc.

Quelque chose n'allait pas, genre, vraiment pas.

Je me demandais si je devais préparer des phrases pour les autres dans ma tête. Finalement, je dévalai l'escalier en restant anxieux. Je regardai dans le salon où il y avait Dylan et Mallo tout souriant, discutant sur le canapé. Cela aurait pu être Laurianne et moi à la place. En y pensant, je commençai à être vraiment inquiet. Quelque chose clochait. Je retournai dans la cuisine en déboulant telle une tornade. Lorie n'y était plus, mais il restait Linda qui sirotait encore son café dans une grande tasse. Elle releva la tête et le regarde.

— Es-tu sûr que cela va ? me demanda-t-elle.

— Elle est où Laurianne ? renchéris-je.

— Bah, elle n'était pas avec toi ? Elle est partie du déjeuner en disant que tu lui demandais de la rejoindre ici pour faire je ne sais quoi.

Je ne lui avais pas envoyé de message.

Je me retrouvai à deux doigts de déraper. Je ne lui avais envoyé aucun message lui disant de me rejoindre à la colocation. Linda paraissait s'inquiéter maintenant. Je ne lui fournis aucune explication et lui tournai le dos pour ne pas lui montrer ma détresse qui se voyait à des kilomètres à la ronde sur mon visage. Laurianne n'avait aucune raison de se volatiliser comme cela. Il n'y avait qu'une seule explication. En remontant l'escalier, je m'arrêterai et tapai mon poing droit contre le mur. Je ne grimaçai pas mais serrai les dents. C'est bon, j'étais bel et bien le plus fini des idiots. Je rentrai dans la chambre de Clément qui travaillait et me regardait surpris.

— Je peux t'emprunter ton portable s'il-te-plaît ?

— Ouais bien sur. Nathan… qu'est-ce qu'il se passe exactement ? Tu as l'air super perturbé.

— Je suis plus que perturbé. Je flippe totalement. Je t'expliquerai plus tard.

Je m'emparai du portable de mon meilleur ami et je retournai dans la chambre de Laurianne. J'allumai le portable de Clément puis le mien même si j'avais envie de le balancer et de l'écraser par terre. Je composai d'abord le numéro de Laurianne pour vérifier si ce que j'imaginais pouvait être réelle.

Aucune réponse.

Je n'étais encore moins rassuré. Je serrai les dents et composai cette fois-là le numéro de Billy. Il décrocha après trois sonneries. Mon ami avait la fâcheuse tendance à ne pas répondre au numéro inconnu. Je ne pouvais que le comprendre, mais heureusement qu'il avait changé ses habitudes pour aujourd'hui.

— Billy à l'appareil, confirma-t-il. Qui m'appelle ?

— Ouais Billy, c'est moi, Nathan.

— Pourquoi n'utilises-tu pas ton propre portable ? Sombre idiot.

— Parce que le gang des Deadly Evil me l'a piraté, rageai-je.

— Nathan… est-ce que tu te rends compte que se sont de graves accusations ? Je sais que tu as la haine contre eux de vouloir la peau de Laurianne et d'avoir embrigadé ton petit-frère. Mais si on leur demande et que c'est faux, on est dans de beaux draps.

— Billy, écoute-moi s'il-te-plaît ! Il y a beaucoup plus graves. Aujourd'hui, j'ai laissé Laurianne aller chez Pola avec les filles. Linda m'a dit qu'elle avait reçu un message de ma part qui lui disait de la rejoindre à la colocation. Sauf que je n'ai jamais envoyé ce fameux message à Laurianne. Depuis, elle n'est pas à la colocation, elle a disparu, et personne ne sait où elle est.

Je parlai peut-être un peu trop vite pour Billy, mais il ne me demanda pas de répéter. Je fixai mon téléphone et cette fois-ci je le balançai par terre. Il s'écrasa par terre mais semblait n'avoir aucun dégât. Je me rappelai de mon téléphone en cinquième que j'avais tenté de casser pour en avoir un autre plus moderne. Même avec un marteau je ne l'avais pas cassé. Il était plus que solide. Cela me fit sourire pendant une micro-seconde, mais cela ne dura pas longtemps. J'avais tellement peur pour Laurianne. Je ne savais même pas dans quel état elle se trouvait, et où. Cela m'angoissait.

— Ils ont réussi à déjouer notre sécurité… on aurait dû être plus prudent, commença Billy en réfléchissant à la situation.

— Il faut organiser un rendez-vous avec le chef du gang ! m'exclamai-je. Il faut qu'on s'explique et que l'on libère Laurianne. Je refuse, qu'elle reste à leur merci pendant autant de temps que cela !

— Calme-toi ! Malheureusement, je ne pense pas que cela soit une solution adéquate. Cela ne ferait que les braquer, soit ils le nieraient, soit ils s'en prendraient à ta chérie. Non. J'envoie un message à tout les membres du gang pour organiser une réunion le plus vite possible. Je te tiens au courant.

— OK...

— Tiens le coup, ne serait-ce que pour elle.

— OK.

— On va la retrouver. Je te le promets.

— D'accord.

— Et oublie pas de changer de portables aussi.

Je grimaçai à cette remarque et Billy coupa la communication. Il prit son téléphone reposant par terre. Celui-ci semblait encore en bon état malgré l'excès de fureur dont il avait été victime. Je cherchai un numéro dans mes contacts. Je ne savais pas pourquoi cette idée m'était venue à la tête. Je composai le numéro, mais ce fut comme Laurianne : aucune réponse. Je fixai le nom du contact sur mon portable : petit Jimmy. Il avait dû changer de numéro depuis le temps, ou alors il avait encore le numéro de Clément et il ne répondait pas délibérément. Je n'en savais rien. Mais à quoi m'attendais-je ? Comme si mon frère allait de toute manière me répondre s'il avait entendu ma voix à l'autre bout du fil ! Je me demandais bien pourquoi j'espérais. Jimmy ne voulait plus avoir de contact avec nous, et avec moi en particulier.

Je devais parler à Linda du monde des gangs. J'avais dit à Laurianne que j'allais lui en parler, mais je n'avais pu trouver le temps de le faire. Je rendis son téléphone à Clément et je redescendis rapidement. Je trouvai Linda presque allongée sur le canapé, en train de regarder une émission de télé-réalité. Je l'aurais bien laissé rigoler des idioties des personnages, mais ce n'était pas le moment.

— Je dois te parler, déclarai-je en tapotant sur son épaule pour retenir son attention.

— Qu'est-ce qu'il y a ? souffla mon amie.

— Viens.

Je pensais que j'allais devoir le répéter plusieurs fois avant qu'elle se décide à se lever, mais ce ne fut pas le cas. Elle pensait sûrement que je voulais lui parler de Laurianne, c'est pour cela qu'elle daignait me suivre jusque dans ma chambre à moi. Pas celle de Laurianne. Linda s'assit sur le lit mais je restai debout.

— Elle est où Laurianne ? s'enquit Linda en me regardant.

— Écoute, pour que tu comprennes, il faut que je t'explique deux, trois trucs. Laurianne m'a dit que ta copine t'a parlée du monde des gangs.

— Ouais… et alors ?

— Moi aussi je fais partie du monde des gangs, et Laurianne depuis peu pour sa protection. Et cela n'a pas vraiment fonctionné d'ailleurs.

— Qu'est-ce que je dois savoir ?

— Le groupe de ta copine et de Lucas est le gang ennemi au mien. Ils veulent ma peau et cela passe déjà par Laurianne dans le monde des gangs. C'est pour cela qu'elle n'est plus là. Ils ont dû l'enlever.

— Maëlle et Lucas ont fait cela, souffla Linda horrifiée.

— Je ne pense pas que cela soit forcément eux, mais un ami à eux qui fait partie de leur gang. C'est fort probable. Laurianne ne se serait pas volatilisée comme cela !

— Nathan, qu'est-ce que je peux faire ?

— Pas grand-chose, admis-je même si une idée me trottait dans la tête. Je me disais, si Maëlle t'a demandée d'aller dans le gang, tu pouvais peut-être un peu t'infiltrer. Fin… Je sais que Laurianne n'aurait pas voulu que tu sois entraînée dans le monde des gangs, donc je te laisse le choix.

— Il n'y a pas de choix à faire, contesta Linda. Il est hors de question qu'on abandonne Laurianne. Il faut la faire sortit de je ne sais où ! Je te tiendrais au courant Nathan. Je vais passer un coup de fil à Maëlle.

— Merci, murmurai-je.

— On va sauver Laurianne.

Je la regardai partir alors que quelqu'un sonna. Je criai que j'allais ouvrir et descendis une nouvelle fois. J'ouvris la porte et eu le souffle couper. Maintenant il avait le culot de venir voir à la colocation. Comme s'il ne savait pas où se trouvait Laurianne. Je refermai la porte derrière moi et le plaquai contre le mur en le retenant d'un bras.

— Du calme mec ! déclara-t-il en tentant de lever les bras en l'air.

— Qu'est-ce que tu fabriques ici, Lucas ?

— Je viens te parler de Laurianne.

— Pour me dire quoi ? Que vous l'avez enlevée ? Tu veux me faire rager ! Elle est où ma petite-amie ? Et t'as intérêt de répondre avant que je commette un meurtre ! hurlai-je.

— Calme-toi, pas d'esclandre dans la rue, sinon des amis à nous pourraient nous voir, et je serais grillé direct.

— Griller de quoi ?

— Je suis venu te parler de Laurianne pour t'aider à la sauver, révéla Lucas.

— Pourquoi ferais-tu cela ? dis-je en le lâchant.

— Que tu le veuilles ou non et qu'elle le veuille ou non, je l'aime.

Me voilà bien parti, cela ne m'aidait pas à ne pas vouloir lui enfoncer mon poing en pleine tête. Maintenant un membre du gang ennemi aimait ma copine. C'était désespérant, énervant mais effrayant aussi. Sauf que pour le moment, ce n'était pas très gentil de faire cela à un allié supposé pour la sauver. Je réglerai cela après, quand Laurianne serait saine et sauve.

— Je t'écoute, soupirai-je.

— Je lui avais envoyé un message pour lui dire de faire attention. Tout mon gang était à sa recherche, exceptez-moi et ma sœur.

— Elle ne m'a pas parlée du message, déclarai-je en fronçant les sourcils.

— Elle ne voulait sans doute pas t'inquiéter, ou alors elle ne me croyait pas, et je ne peux pas vraiment lui en vouloir d'ailleurs. En tout cas, si elle en avait parlé à Billy, elle aurait pu peut-être augmenter sa sécurité, et elle ne l'a pas fait. Elle est au quartier général de mon gang, mais ne pense même pas à faire un plan perso tu n'arriveras même pas à entrer.

— Alors on fait quoi ? demandai-je alors que mon inquiétude monta du cran.

Et d'ailleurs, pourquoi Laurianne ne m'avait-elle pas parlée du message de Lucas ? Elle n'avait rien à me cacher par rapport à lui. Je ne comprenais pas, et cela m'inquiétait encore plus. Est-ce qu'elle m'avait cachée autre chose par rapport au gang ? C'était plausible qu'elle ne veuille pas aggraver mon inquiétude, mais de là à mettre sa vie en jeu… j'étais prêt à y réfléchir pour toute la nuit là...

— Hey oh ! Je te parle ! m'interpella Lucas en claquant des doigts devant mon visage. J'ai une idée de plan, ma sœur pourra nous aider. Est-ce que je peux entrer ? C'est préférable que l'on me voit le moins possible avec toi, sinon je risque d'avoir de gros problèmes.

— Entre, grognai-je en ouvrant la porte. J'en ai parlé à Linda, la copine de ta sœur, elle est prête à nous aider en infiltrant votre gang.

— Plus on est nombreux, plus il y aura de chance que l'on s'en sorte face à mon gang. On va la sauver.

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