Chapitre 23 :

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Je croyais bien que j'allais bientôt me rendre rapidement chez mon frère dans quelques jours. Je ne savais même pas si je devais m'énerver ou réagir calmement. Logiquement, ce n'était pas auprès de Brandon que je devais m'énerver, mais plutôt auprès de mon frère. Cependant une réalité me percuta droit la figure : c'était évident qu'il n'allait pas affirmer haut et fort devant toute la famille qu'il appartenait à ce monde ! Je ne comptais pas le dire à mes parents, et cela m'étonnerait fort que les parents de Vanessa soit au courant. Puis Nathan, c'était encore autre chose. Puisqu'il y avait l'histoire de son frère et du braquage, son père devait forcément être au courant. Mon frère allait tout de même entendre parler de moi.

— Vous connaissez mon frère ? m'étonnai-je bêtement en balayant l'air de ma main.

— Ton frère ne porte sûrement pas l'apparence de mon gang hors d'ici mais cela n'enlève rien à son appartenance à nous. J'imagine d'ailleurs qu'il n'a prévenu personne. En tout cas, vous êtes atypique à ce que je constate.

— Moi, atypique ?

— Souvent, les membres d'une même famille se retrouve au sein d'un même gang. Il est donc étrange que vous ne soyez pas dans le même gang que votre frère. Tout comme Nathan et son frère lorsque l'on y réfléchit plus… Vous formez donc un couple assez atypique.

Je me passais de lui demander comment il pouvait savoir que moi et Nathan étions en couple. La notion d'atypique me surprenait mais sur le moment je ne tentais ni de comprendre ni de demander ce que cela voulait signifier. J'allais le regretter certainement plus tard, mais il n'y avait qu'une seule chose qui restait dans son esprit et n'était pas prête de s'en aller : mon frère. Et je pouvais obtenir toutes mes réponses ici même avec des détails en prime ! Je n'en oubliais pas la raison de ma venue, mais ma curiosité et l'impact de cette révélation étaient tels que je devais absolument me concentrer sur mon frère. Alors que Nathan tentait de me prendre le bras je m'avançais un peu plus vers le bureau. Non pour prendre la boite mais plutôt pour bien me faire entendre par Brandon.

— Dis-moi tout sur mon frère, déclarai-je d'une voix ferme.

— Et oh ! Tout doux ! Ce n'est franchement pas à moi de te le dire. Puis, de toutes manières tu ne fais pas encore partie de notre monde, donc je n'ai rien à te révéler.

— Je ne fais peut-être pas encore partie du monde des gangs, mais Nathan si, rétorquai-je en m'installant sur la chaise d'en face. Il peut te le demander et tu peux lui répondre, et je pense qu'il peut aussi décider si j'ai le droit de rester. Si je ne me trompe pas, il a un statut particulier dans ce monde.

Brandon s'enfonça dans sa chaise en soupirant et fixa un instant Nathan qui venait de s'installer à mes côtés. Il avait un petit sourire au coin. Le chef des serpents me fixa et j'eus l'impression qu'il essayait juste de deviner qui j'étais sous la façade que je montrais. Je l'étonnai peut-être, dans tous les cas c'était sûr que je m'étonnais moi-même. Cela faisait bien longtemps que je n'avais fais plusieurs réactions impulsives. J'en enchaînais pas mal en l'espace d'une semaine. Était-ce normal ? Je ne savais pas.

— Toi, fit-il en me désignant. Tu vas aller loin. Tu es maline et tu as du répondant. Tu ne te laisses pas faire et je pense, que tu as une capacité de manipulation qui te seras utile.

— Mon signe astrologique est la Balance, informai-je. Et les Balances sont décrites comme des personnes manipulatrices. Même si j'avoue n'avoir jamais remarqué un caractère tel chez moi, c'est peut-être vrai.

— Nous découvrons des nouvelles choses et des facettes de nous que nous ne connaissions pas tous les jours. Tu le remarqueras avec le temps, mais j'ai le sentiment que tu sauras venir à tes fins avec beaucoup d'ennemis… J'envierai presque mon cher cousin de bientôt compter sur toi dans son gang.

Je ne comprenais pas vraiment très bien ce qu'il venait de dire et je ne savais même pas si je m'en souviendrais pour y réfléchir plus tard. Je pris la boite rouge et la posai sur mes genoux en attendant une explication. J'enverrais un SMS juste après à mon grand frère. Je voulais tout d'abords connaître la vérité de la bouche de Brandon. Je me demandais qui de lui ou de Santiégo me mentirait. D'ailleurs, le chef des serpents en parlait en réalité à Nathan. Il n'avait donc aucune raison de lui mentir puisque Nathan n'avait jamais approché mon frère. Ils ne se connaissaient même pas. J'allais lui demander plus sèchement de parler mais Nathan posa une main sur mon épaule.

— Dis-nous tout. On a encore quelques trucs importants à faire pour son admission dans le gang, et elle n'a que jusqu'à la fin de la semaine, expliqua Nathan.

— Donc très peu de temps... que veux-tu savoir ma jolie ?

— Tout.

— Tu risques de perdre beaucoup temps. Si j'étais toi, et que je tenais précieusement à rentrer dans le gang, je serais moins capricieuse et je poserai les questions les plus importantes.

— Pourquoi est-il rentré dans votre gang ? marmonnai-je.

— On avait besoin d'une personne douée en informatique pour pirater quelques données qui ne vous regardent pas. Un ami à lui nous a mis en contact avec lui et il a décidé de nous aider. Suite à cela, il a décidé de rester et de devenir un membre de notre gang à part entier et de s'investir autant que nous tous au sein du gang. Il a juste la chance de recevoir un peu d'argent pour tous ce qu'il trafique ou pirate sur le net.

— Okay... Et pourquoi a-t-il décidé de rester?

— Cela, je ne le sais pas. Nous ne sommes pas obligés de dévoiler les raisons pour lesquelles nous voulons faire partie du gang contraire au vôtre. Il est libre de ses choix, et si demain il veut partir, il partira. Nous sommes aussi une famille et nous sommes toujours ouverts aux anciens membres qui regrettent leur départ. Si tu veux savoir pourquoi ton frère a fini par nous rejoindre, demande-lui directement.

Je grognai en me relevant. Ce court entretient ne m'avait pas apportée grand-chose à part que mon frère était devenu un hors-la-loi pour de l'argent puis qu'il avait décidé de rester dans ce monde de gang. Je pris la boite rouge et saluais poliment Brandon avant de sortir du bureau avec Nathan. Cette fois-ci, à chaque personne que je croisais, je la dévisageais en me demandant si elle connaissait mon frère. Arrivée à la voiture, je gardais la boite rouge avec moi et je m'installai du côté passager.

— Tu veux... faire un détour pour passer voir ton frère ? proposa Nathan d'une voix douce en me regardant inquiet.

— Non, cela va aller. Comme tu l'as si bien dis, nous n'avons pas de temps à perdre. Je vais lui envoyer un message pour le voir bientôt. Il faut aller chez le gang des félins, n'est-ce pas ?

— Ouais tout à fait, affirma Nathan en sortant de sa place.

— Pourquoi tous les gangs ont un nom aussi bizarre ?

— C'est comme cela, je t'assure, au début cela déstabilise, puis tu t'y fais aux noms. Même s'ils sont ridicules. Ce sont les premiers chefs qui ont décidé cela, c'est-à-dire il y a quelques décennies. Pour le gang des félins, c'est un gang tantôt allié, tantôt ennemi, mais si tu as pour mission d'y aller, c'est qu'on est dans une période où se sont nos alliés. Même si je t'avoue que cela n'empêche pas de rester amis avec certains d'entre eux quand on l'est.

Je secouai la tête en guise de réponse même s'il se concentrait surtout sur la route.

— Tu n'ouvres pas la boite ?

— Ce n'est pas moi le destinataire, donc je n'ai pas à l'ouvrir.

Nathan sourit mais je ne lui demandai pas pourquoi. Je rangeai la petite boite dans la boite à gant et me rappelai de la prendre avant de partir. Pendant le trajet je sortis donc mon portable pour rédiger un message à mon grand frère Santiégo :


T'as intérêt à lire et à répondre à ce message car c'est important. Il faut que l'on se voie, on doit parler. Je sais que tu fais partie des gangs des serpents.


Je ne savais pas trop comment continuer mon message sans paraître énervée ou paraître prête à le réprimander, alors je décidai d'arrêter le message à serpent et de le lui envoyer. Je le rangeai car je savais que je n'avais pas à attendre une réponse dans l'immédiat. Mes deux frères ne répondaient que très rarement au téléphone contrairement à moi. Je croyais aussi que c'était dû à la différence de génération, mais cela dépend aussi des personnes. Par exemple, je suis une personne qui répond à la seconde aux messages, alors que d'autre ne réponde qu'un an plus tard ou jamais. Je reçus un message d'un numéro inconnu et je compris que c'était Billy qui m'envoyait les questions que je devais poser. Sauf que ce n'était pas vraiment des questions.

— Est-ce que Billy connaît la différence entre ordre et question ? demandai-je.

— Pourquoi me demandes-tu cela ?

— Tout simplement car sur la feuille qu'il a donné s'est écrit : questionner avec les questions que je donnerais. Alors qu'il m'envoie par message : Joseph s'est mal comporté avec notre amie Samantha, tu dois lui faire avouer par n'importe quel moyen sans ruiner les relations entre son gang et le nôtre.

— Il attendait juste que tu te fasses la réflexion.

— Quoi ? Tu vas pas me dire que cela ne paraît pas évident de se demander cela ?

— Envoie-lui un message comme quoi tu t'es fait cette réflexion. Cela veut juste dire que tu as déjà accomplie la moitié de la seconde tâche.

— Et c'est quoi l'autre moitié ?

— Faire avouer.

Je fis ce que Nathan m'avait conseillée de faire et j'envoyais à Billy un message pour lui dire que ce n'était pas logique qu'il m'ordonne quelques choses alors qu'il avait écrit de me donner des questions. Son message de réponse fut plus déconcertant et énigmatique je ne pouvais imaginer :


As-tu récupéré la boite rouge ? Qu'est-ce-qu'il y a dedans ?


Moi :

Oui, j'ai récupéré la boite rouge. Pourquoi ? Je suis censée avoir le droit de l'ouvrir ?


J'étais pratiquement certaine d'une chose : c'était sûrement une question piège. Jusqu'à la fin de la semaine, il allait sûrement me tester et jouer avec mes nerfs. Si je voulais avoir une protection digne de ce nom, j'allais devoir mettre ma curiosité à l'écart et garder la tête froide autant que j'en avais la capacité. Je possédai aussi le petit espoir de pouvoir veiller sur mon frère maintenant que je savais qu'il faisait partie du monde des gangs. Je restai silencieuse mais le silence n'était pas pesant. Je souhaitais juste que la deuxième étape pour devenir un membre du gang soit moins surprenante et riche en information que la troisième. Le quartier général des félins étaient similaires à celui des serpents, et Nathan connaissait sûrement la personne que l'on devait interroger puisqu'il savait exactement où se diriger. L'entrée avait l'air d'être assez libre et non sécurisée ici. Qui était Joseph ? C'était un homme d'une trentaine d'année, avec des bleus et des tatouages aux bras mais aussi un œil au beurre noir. Comme pratiquement toutes les personnes de son gang, il avait des félins tatoués un peu partout sur son corps, et portait un grand médaillon avec la tête d'un chat en acier.

— Qu'est-ce que tu t'es fait à l'œil Jo ? s'informa Nathan en s'appuyant contre le mur.

— Je me suis battu avec ton frère, répliqua-t-il en fixant mon petit-ami.

Je déglutis et je vis Nathan se détacher du mur, si pâle et inquiet que je commençais moi-même à m'inquiéter. Il était vrai que lui et son petit-frère aimait bien se bagarrer gentiment avec leurs amis lorsqu'ils étaient plus jeunes, mais cela, c'était toujours la même chose pour les garçons hétérosexuels. Le fait que son petit frère restait encore très bagarreur ne m'étonnait pas, mais cela demeurait inquiétant. Nathan avait beau être en plein conflit avec son frère, cela l'affectait quand même. Le surnommé Jo échangea des regards avec ses amis avant d'éclater de rire et de s'ouvrir une bouteille de bière.

— Je blaguais. Cela fait des lustres que je n'ai pas vu ton frère d'ailleurs, c'est étonnant. Je me suis fait cela à la boxe. Cela aurait très bien pu être ton frère qui m'aurait fait cela à la boxe, mais cela fait un moment qu'il n'y a pas mis les pieds.

— Depuis quand mon frère fait de la boxe ? s'inquiéta Nathan.

Si Nathan demandait cela, cela signifiait donc que son frère devait avoir quelques problèmes de canalisation à gérer. Pire, sa réaction montrait qu'il était parfaitement au courant que son frère ne prenait pas le dessus sur ses émotions. Il angoissait, et il me semblait que c'était la seule chose qui lui faisait défaut dans le monde des gangs. Il se trahissait juste en se montrant préoccupé par son frère avec qui il n'avait plus de contact. C'était beau. Je pris la boite rouge d'une main et appuyai légèrement sur son épaule. J'avais le sentiment que manifester ma présence auprès de lui l'aidait d'une quelconque manière.

— Bon, je ne suppose que tu n'es pas venu spécialement pour demander des nouvelles de ton frère. Tu accompagnes cette demoiselle, je suppose. Billy a prévenu qu'une fille passait à sa place, comme cela, cela lui permettait de tester ses capacités pour voir ou non si elle pouvait rentrer dans votre gang.

— Les nouvelles se répandent rapidement entre gangs alliés à ce que je vois. Mais oui, c'est cela, j'accompagne notre nouvelle recrue dans ses étapes d'admissions.

— Et bien dit donc… Qu'est-ce qu'elle a aussi de spéciale ? Tu n'en as rien à faire des petits nouveaux dans ton gang d'habitude.

— C'est particulier on va dire, mais ce n'est pas le moment de parler de cela.

Le fameux Joseph et ses amis rigolèrent entre eux et Nathan rentra petit à petit dans la discussion. Je sentais des regards sur moi et je me rendis compte qu'il n'y avait que des hommes dans ce gang, et qu'ils étaient en train de me dévisager trop longuement à mon goût. Et ce que j'analysais de leur attitude était que j'allais vraiment devoir m'imposer si je voulais réussir cette deuxième étape, car le Joseph en question n'était pas comme Brandon, il faisait comme si je n'existais pas. J'avais déjà envie de lui administrer une baffe avant même que la discussion ne commence réellement. Si Brandon disait vrai, j'avais une sorte de facette manipulatrice, à moi de voir s'il disait vrai. Rien de mieux que te tester sur une proie facile. Je ne savais pas ce que Joseph avait bu avant, mais il semblait avoir bu assez d'alcool pour être assez joyeux pour le moment. Cela ne m'étonnerait pas qu'il ait l'alcool violent, mais il ne paraissait pas éméché à ce point. Apparemment, Nathan me laissait m'imposer cette fois et ne faisait rien pour m'aider. Joseph parlait joyeusement à ses collègues motards alors qu'il penchait la tête pour boire je m'emparai de la bouteille de bière et la gardait entre les mains. Il me regarda outré mais se mit vite à rire comme si j'étais inoffensive.... ce qui était peut-être le cas s'il avait été sobre sur le moment.

— Hey poupée ! Fait pas la princesse et rend moi ma bouteille.

Je comprenais totalement comment il avait pu chercher les embrouilles avec Samantha. Je lui projetai du liquide en pleine figure en espérant lui rafraîchir la mémoire même si le liquide ne devait pas être réellement froid. Ses acolytes se moquèrent de lui alors que Nathan laissa transparaître un petit sourire. Joseph me regarda choqué et ébahi. Je souris, satisfaite mais ne lui rendis pas sa précieuse bière. Pire, j'en profitai pour lui montrer que ce n'était pas lui le chef en avalant une gorgée avant de la laisser se briser au sol. Alors qu'il allait protester je le devançai :

— Je ne suis pas venue ici pour perdre du temps, encore moins avec une bande d'imbécile. Alors vous avez intérêt à parler parce que moi je peux vite finir par dérailler.

— Joue pas à ça ma jolie, tu ne fais pas le poids contre nous.

— Vous connaissez Samantha, continuai-je.

— L'allumeuse de la dernière fois ?

— Ce n'est pas une allumeuse, grommelai-je. Et ce n'est pas parce que vous l'avez vue comme telle que cela vous autorise à lui faire quoi que ce soit.

— Je ne lui ai rien fait, mentit Joseph en se levant pour chercher une nouvelle bière alors qu'un de ses amis le stoppa se rendant compte que cela devenait sérieux.

— C'est faux, protesta vivement Nathan en se postant à mes côtés. Vanessa l'a retrouvée en pleure dans une rue alors qu'elle saignait.

— Et vous avez des preuves contre moi ? rigola Joseph.

— Son témoignage, et ton attitude plus que déplorable sous nos yeux, constatai-je.

— Bon OK, j’avoue je l'ai peut-être un peu embêtée, mais elle avait qu'à se mettre autrement.

Je lui décochai un coup de poing en pleine figure et Nathan me retient d'envoyer l'autre. En plus d'un coquard bien mérité, il sera bien défiguré avec un gros bleu en pleine joue. Je sentais comme une sorte de fierté en moi alors que ce n'était pas bien de frapper les personnes, même celles qui causent des soucis.

— Comporte-toi bien avec les autres, et après tu pourras faire des leçons de morales, crachai-je alors que Nathan m'éloignait.

J'eus le temps de lui lancer un dernier regard assassin avant de le perdre de mon champ de vision alors que Nathan tentait, tant bien que mal de me calmer. Après quelques instants, il réussit à me calmer. Il me fit sortir dehors et l'air m'aida complètement à retrouver mon calme. Bon... le bon côté des choses c'était qu'il avait avoué. J'espérais ne jamais recroiser ce gang, et je ne comprenais pas du tout en quoi il pouvait ressembler au nôtre.

— Bon, bonne nouvelle, c'est que tu en as finis pour aujourd'hui.

— On ne va plus à la banque pour chercher je ne sais quelle boite d'une couleur spécifique ? m'étonnai-je.

— Cela, commença-t-il en passant ses bras derrière mon cou. C'était une étape qui ne sert qu'à une chose : testée encore plus tes limites. Le but, c'était que tu n'ouvres pas la boite rouge, et tu ne l'as pas ouverte. Maintenant, l'autre boite, c'est pour voir si tu résistes à la curiosité pour savoir à quel point on peut te faire confiance.

— Et les sexistes, c'étaient pour voir quoi ?

— Ton engagement à défendre les tiens, jusqu'où étais-tu prête à aller pour défendre un membre de notre gang. Mais chut, je ne suis pas censé te le révéler. Alors je ne t'ai rien dit.

Il m'embrassa ce qui ne m'empêcha pas de sourire. Il déclara donc que c'était lui qui allait sortir la boite de la banque car personne d'autre à part lui et Billy le pouvait. Je ne posais pas plus de questions même si cela me semblait étrange. Billy m'avait aussi prévenue par message, et il semblait très sérieux. Cette boite devait vraiment contenir quelque chose de très important. Je le suivis et m'arrêtai à la porte du bâtiment.

— Je peux attendre dehors, assurai-je.

— Tu es sûre que cela va aller, s'enquit-il en s'arrêtant devant la porte sans l'ouvrir.

— Si cela ne va pas, je rentrerai à l'intérieur pour t'attendre, promis-je.

Il m'embrassa encore une fois avant de rentrer dans le bâtiment avec un petit sourire niais. C'était à cause de moi et je me sentais fière de lui faire cet effet-là. Je décidai de traverser la route pour me rendre au petit parc juste en face. Une voiture s'arrêta pour me laisser passer et je remerciai le conducteur d'un geste de la main avant de traverser rapidement sans courir. J'allais m'asseoir mais je butais sur une personne qui venait d'apparaître dans mon champ de vision. Le portrait craché de Nathan avec une coupe de cheveux et une forme du visage différente. Il fonçait droit sur moi et je ne pouvais pas fuir, cela aurait paru extrêmement bizarre, et je ne le connaissais pas assez pour savoir comment il réagirait. Arriver en face de moi il me fit un grand sourire en me tendant la main.

— Salut Laurianne ! Cela fait longtemps que je ne t'avais pas vue. C'est bizarre de te voir ici, je ne pensais pas que je te croiserais. Comment vas-tu ?

— Salut Jimmy.

Le petit frère de Nathan. Il se rendit compte immédiatement pourquoi je paraissais choquer : j'avais repris contact avec son frère. Néanmoins, il ne me posa aucune question sur les gangs mais se rembrunit et me demanda comment je continuais ma vie après ma séparation avec son frère. Je ne voulais pas vraiment discuter avec lui, mais je n'avais pas vraiment le choix. J'imaginais très bien une confrontation qui tournait mal entre lui et Nathan. Il ne fallait pas cela. Alors que je l'écoutais parler je blêmis lorsque je reconnus la personne qui le salua amicalement : Lucas. Ils étaient dans le même gang : le gang ennemi auquel j'essayais de rentrer pour obtenir une protection contre eux. Nathan n'aurait-il pas pu me signaler ce détail sur son frère ? Lucas me reconnut immédiatement malgré ma nouvelle apparence, et visiblement, il avait compris aussi pourquoi j'avais fait cela.

— Lucas, voici Laurianne, l'ex copine de mon frère, déclara Jimmy avait un regard appuyé à l'adresse de Lucas pour qu'il comprenne que c'était moi qu'il devait attraper et mener à son gang.

Cela, il l'avait déjà compris. Et il n'était pas du tout en train de me fusiller littéralement du regard ! Genre, vraiment pas. Je devais regagner la banque même si cela leur déduisait beaucoup de chose.

— Bon, je vais y aller, j'attends quelqu'un. Prends soin de toi Jimmy, annonçai-je.

Je le pensai vraiment. Jimmy n'était pas mauvais de base, il était juste sous l'influence de plusieurs personnes qui avaient réussi à l'éloigner de sa famille et des personnes qu'il avait aimés. Je ne savais dans combien de salles affaires il avait été traîné avec ce nouveau gang qui n'était pas dans le bon côté de ce monde-là, mais mon esprit de déduction me murmurait "beaucoup". Je devais sérieusement parler de son frère à Nathan. Alors que j'allais traverser sans même regarder, on attrapa mon bras pour me tirer en arrière alors qu'une voiture grillait le feu rouge pour passer à toute vitesse. Lucas croisa mon regard apeuré alors qu'il venait de me sauver la vie d'un accident de voiture. Il semblait s'adoucir. Mais c'était drôle quand même, je savais que mon sort ne serait pas génial si je tombais entre les mains de son gang, sans même vraiment trop savoir pourquoi, malgré tout, il venait de me sauver la vie. Ce mec était bizarre. Il relâcha la pression sur mon bras sans non plus le lâcher et se baissa pour me murmurer à l'oreille :

— On se recroisera, je te l'assure. Je n'en ai pas finis avec toi.

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