De retour, dans le réfectoire, je comprends que Tom a dû leur expliquer que je ne voulais pas de questions. Ils semblent tous passés à une autre discussion, et ça me va très bien. Mais je me sens tout de même observé, pas à ma place, je me fais surement des illusions. Je me retourne pour voir ce que font mes enfants. Je les cherche du regard, mais ils ne sont pas là.

— Dites, vous savez où sont partis mes deux enfants ?

Tous mes collègues se mettent à rire. Puis Marc me tape sur l'épaule.

— Tes enfants ? Mais Thibault qu'est-ce que tu racontes ? Depuis quand tu as des enfants ?

Je commence à paniquer, puis je me dis qu'ils me font une farce.

— D'accord, ils se sont cachés et vous êtes tous de mèche bien sûr !

Je prends ça à la rigolade mais de manière légèrement blasée, sauf que je vois bien à leur tête qu'il n'en est rien...

— Ok c'est bon, où sont-ils ?

Je commence à m'agacer, ça a dû se sentir dans mon timbre de voix. Ils continuent tous de me soutenir que je n'ai pas d'enfants, et ne comprennent pas ce que je veux. Je quitte alors la pièce pour les retrouver, je les appelle à voix haute en leurs annonçant qu'il fallait rentrer à la maison, pas de réponses. Tom me rattrape alors par le bras.

— Mais qu'est-ce que tu fais Thibault !

— Oh non, Tom, ne me dit pas que toi aussi tu t'amuses avec mes nerfs, tu sais très bien que je suis toujours paniqué quand je ne sais pas où sont mes enfants.

— Mais tu n'as pas d'enfants Thibault !

C'est la première fois que Tom me crie dessus. J'ai la gorge qui se noue, je sens les larmes qui se rapprochent de la sortie. Je tourne les talons sans rien dire, là il abuse, me faire passer pour un fou... Je fais le tour de tout le bâtiment, ils ne sont pas là, je retourne dans le réfectoire, et là, plus aucun enfants. Etonné, je demande à mes collègues où ils sont.

— Thibault, tu es certain que tu te sens bien ? D'abord tes enfants qui à priori n'existent pas et maintenant nos enfants ? Pourquoi on emmènerait nos enfants ici d'ailleurs ? Ce n'est pas une garderie !

— Vous me prenez vraiment pour un con là ! Le Noël des enfants ça sert à quoi pour vous ?

— Ah le Noël des enfants ! Ce serait marrant d'organiser ça l'année prochaine ! Très bonne idée Thibault ! Comme quoi tu devrais délirer plus souvent !

Là s'en est trop, on se croirait dans une caméra cachée... Je quitte la pièce, puis, voulant rajouter quelque chose à dire, je rebrousse chemin et je découvre le réfectoire inoccupé. Je descends en courant au rez-de-chaussée et je croise Fanny qui s'apprête à partir.

— Bah Thibault qu'est-ce que tu fabriques ici à une heure pareille ? Ne traîne pas trop il ne reste plus que Francis qui est sur le départ !

C'est certain je deviens fou, il ne reste plus que trois voitures sur le parking, dont la mienne. Je ne répond pas à ma collègue qui doit sûrement se demander ce que je fabrique à courir dans toute l'entreprise. Personne, vraiment personne ! Je ne me sens vraiment pas bien, je suffoque, j'ai la tête qui tourne, j'ai vraiment la sensation de manquer d'air. Je décide de sortir et d'appeler Tom pour lui demander des explications, pas de réponses. Mais où sont-ils, je ne peux pas partir comme ça ? Et si mes p'tiots s'étaient juste cachés pour me faire une blague ? Ils n'auraient pas tenus si longtemps. Et si quelqu'un les avaient enlevés ? Je suis dans un rêve ? Non, c'est bien réel...

Je décide de prendre la voiture pour rentrer à la maison, je vais sûrement y trouver toutes les réponses à mes questions. Et si vraiment ça cloche aussi à la maison j'appellerai les gendarmes. Soudain, une énorme projection de lumière m'éblouit. Un choc violent vient me sonner, je me fais bousculer dans je ne sais pas trop quelle direction, je ne sais plus ce que je vois, ça siffle violemment dans mes oreilles, j'ai le crâne qui ne me fait affreusement mal, puis, plus rien.