Une violente lumière blanche m'empêche d'ouvrir les yeux. Après de nombreuses minutes d'adaptation, je parviens enfin à les ouvrir en grand et me rendre compte où je suis. Ça ressemble à une chambre d'hôpital, une infirmière passe me voir j'ai du mal à comprendre ce qu'elle me dit, mais je crois comprendre qu'elle veut savoir comment je me sens et relever je ne sais trop quoi sur sa tablette. Après un temps certain que je ne saurais évaluer, Tom arrive en courant tout heureux de me voir, il m'embrasse langoureusement. Il est en larmes.

— Je croyais t'avoir perdu Thibault.

— Euh... Qu'est-ce qu'il se passe au juste ? Qu'est-ce que je fais dans un hôpital ? Je m'exprime avec quelques difficultés, j'ai l'impression d'être à moitié shooté...

— Et bien, j'imagine que c'est encore trouble dans ta tête. C'est assez récent et puis peut-être que l'anesthésie ne s'est pas totalement dissipée. Hier, tu étais en déplacement chez un fournisseur, tu m'avais dit de ne pas t'attendre pour rentrer du boulot. Sauf qu'au bout d'un moment j'ai commencé à m'inquiéter parce-que je n'avais pas de nouvelles et tu ne répondais pas. J'ai reçu un appel, c'était ta mère qui avait reçu un appel de la Gendarmerie annonçant que tu avais eu un accident de voiture. Une voiture aurait percutée la tienne de plein fouet. Tu as eu de la chance, ta tête a tapé, mais tu n'as pas eu de traumatisme trop sévère, heureusement que les airbags se sont déclenchés, ça a dû pas mal te sonner quand même. Au tout début ils soupçonnaient un trauma crânien, mais tu n'as pas de séquelles ! Tu t'en sors juste avec le poignet cassé et des égratignures ! J'ai eu tellement peur tu sais... Je m'en veux tellement que l'on se soit disputés avant-hier, excuse-moi Thib'...

Ses paroles me nouent la gorge, j'ai les larmes qui ne demandent qu'à sortir, tout me revient à l'esprit maintenant, je suis si heureux de m'en être sorti. J'abordais un virage, quand d'un coup, déboule une voiture en train de doubler un camion me fait face, je n'ai pas eu le temps de l'éviter.

— Tout le monde s'en est sorti Thibault, le conducteur du camion, témoin, a averti les pompiers sur le champ, le voiture de l'autre s'est retrouvée coincée entre la tienne et l'avant du poids lourd, personne n'est décédé, mais d'après les gendarmes, le conducteur de la voiture qui t'a foncé dedans était sous l'emprise de stupéfiants qui auraient faussé sa perception des risques en dépassant ce camion... Mais vraiment, je m'en veux terriblement de notre dispute... Vraiment j'ai vraiment eu peur que tu aies cette dernière image de moi, en train de râler...

— Tomy, ne soit pas désolé, même sans disputes je l'aurais eu cet accident, le principal, c'est qu'on soit réunis tous les deux.

— Tomy !? C'est trop mignon comme petit surnom ! C'est nouveau, mais j'aime bien !

Pourquoi je l'appelle Tomy ? C'est nouveau en effet. D'où je sors ça ? Je n'ai pas pour habitude de donner des surnoms aux gens.

J'ai la sensation qu'il me manque quelque chose... Le sentiment qu'un autre événement vient se croiser avec mon accident... Comment je peux être à la fois en retour de déplacement et à la fois au Noël des enfants ?

— Tom ? J'avoue que c'est un peu flou dans ma tête, je ne comprends pas très bien. Je sais que je suis rentré de déplacement, mais je sais aussi que je venais du Noël des enfants de l'entreprise... Je ne me souviens plus si j'ai eu l'accident après mon déplacement ou en rentrant de la soirée au travail...

— Oula... Ah oui, ça a dû pas mal te sonner quand même. Mais de quel Noël des enfants parles-tu ? Nous sommes en septembre et on ne l'a encore jamais fait ce Noël des enfants. On en avait juste discuté avant-hier à la pause café ! On était tous d'accord que serait sympa de mettre ça en place en fin d'année, c'est tout. Tu es sûr que ça va ? je crois que l'anesthésie t'a procuré de beaux rêves mon p'tit cœur !

Aurais-je rêvé ? Non, il doit y avoir une erreur ! Mais d'ailleurs pourquoi je l'appelle Tomy comme mon fils ? Mon fils !?

— Les enfants !!! Où sont mes enfants ? Ils vont bien ? Je les ais perdus hier soir !

Tom me regarde les yeux grands ouverts et d'un ton amusé il me répond :

— Il faudrait déjà qu'on finisse de remplir le formulaire de demande d'adoption pour en avoir "Thibou" !