Chapitre 1

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Léo - six mois plus tard

-Tu t'en sors avec tes nouveaux dossiers d'entreprises en difficultés? m'interrompt mon meilleur ami en ouvrant la porte qui sépare nos deux bureaux.

- C'est la galère, il faut vraiment que tu me trouves une personne pour m'assister sur ces projets de développement pour la Holding.

Le rythme de travail ne fait qu'augmenter en ce moment. Mais je ne vais pas trop m’en plaindre. L’accroissement d’activité est signe que mon entreprise avance dans le bon sens. Je travaille la journée au bureau et le soir à la maison que ce soit la semaine ou le week-end. J'ai hâte de recruter une personne compétente pour me seconder.

-La fiche de poste est en ligne. Tu veux que je contacte des chasseurs de têtes pour aller plus vite?

-Je veux bien. Plus tôt nous aurons quelqu’un, plus vite nous pourrons nous projeter dans l’avenir. J’ai tellement la tête dans le guidon que j'ai peur de passer à côté de conneries.

Ewan s’installe confortablement dans le canapé disposé au centre de mon bureau. Il étend ses jambes et étire ses bras sur le dossier du fauteuil. Je crois qu’il est aussi fatigué que moi.

-Ça va, toi? demandé-je en détournant le regard de l’écran de mon ordinateur.

-Je suis épuisé aussi, la gestion du personnel n’est vraiment pas de tout repos. Connie vient de me faire son rapport hebdomadaire sur les pauses, soit disant trop nombreuses, de notre assistante. Elle commence vraiment à m’énerver!

Je m’éloigne de mon bureau et vais m’installer dans le fauteuil en face d’Ewan.

-Connie rêve de prendre la place de ta petite brune. C’est aussi le cas d’un bon nombre de femmes de l’étage. Peu importe leurs compétences, tout ce qu’elles veulent c’est de passer leur journée à discuter avec nous dans l’espoir qu’on tombe amoureux de l’une d’entre elles.

-Moi qui pensait que la mise en place de l’interdiction des relations sexuelles et sentimentales entre collègues nous protégerait de ces jeux malsains, soupire-t-il.

Je me retiens de répondre en entendant un léger coup frapper à la porte. Ce bruit ne peut être produit que par une seule personne.

-Entrez Mademoiselle Souvira, invité-je notre assistante.

-Bonsoir Mons… euh pardon Messieurs. Je suis venue vous déposer le dossier Eole, Monsieur Pazio.

-Merci, posez-le sur mon bureau. Je m’en occuperai demain matin. Il est tard. Vous devriez déjà être partie, non? demandé-je tel un patron digne de ce nom.

Ce n’est pas parce que j’ai un rythme de travail soutenu qui me laisse peu de temps pour la vie sociale que j’en attends de même de mes employés. Ils doivent être compétents et réactifs mais pas sacrifier leur vie au travail.

Du coin de l'œil, j'aperçois Ewan suivre le moindre des mouvements de notre assistante. Il pourrait passer des heures à l’admirer.

-Je comptais rentrer justement. Si vous n’avez plus besoin de moi bien sûr, s’empresse-t-elle d’ajouter timidement.

-Avez-vous pu faire le point sur les employés qui arrivent demain?

-Oui, Monsieur Le Brix, répond-elle en regardant le bout de ses escarpins pour éviter le regard de mon ami. Tout est sur votre bureau. Cinq nouvelles personnes sont attendues dont une qui délivrera le courrier à notre étage.

-Très bien. A demain, Mademoiselle Souvira.

Elle nous souhaite également une bonne soirée et quitte rapidement la pièce.

Je vois Ewan se prendre la tête entre les mains et tirer sur ses cheveux longs. Il a un faible certain pour ce petit bout de femme qui nous assiste depuis deux ans. Arrivée tout juste sortie des études, nous avons eu des appréhensions sur ses capacités au départ étant donné sa petite expérience professionnelle. En l’espace de quelques semaines, elle a su effacer nos doutes en nous prouvant sa valeur. Elle sait se faire discrète, est d’une efficacité redoutable et son travail facilite grandement le nôtre.

Même si des femmes comme Connie la dénigrent pour tenter de prendre sa place. Mademoiselle Souvira est irremplaçable. Je me demande comment nous avons fait sans elle avant et comment nous ferons le jour où elle décidera de nous quitter. Les tensions entre les femmes de l’étage sont palpables. Ewan doit trouver une solution pour améliorer les relations entre le personnel féminin.

-Tu crois que j’ai mes chances avec ma petite brune? demande mon ami en relevant la tête.

-Je vais te répéter la même chose que les autres fois. Oui mais tu n’en seras sûr que lorsque tu décideras de le lui demander. Elle seule a la réponse.

Ewan est fou d’elle depuis qu’elle a rejoint l’équipe. Au départ, il ne voulait pas donner l’impression d’être le genre patron qui profite de sa position hiérarchique pour obtenir les faveurs de son assistante. Les règles sur les relations, que nous avions nous-même mises en place, l’empêchaient de faire le premier pas. Si elle n’avait pas été aussi douée dans son travail, il aurait tenté sa chance depuis longtemps après l’avoir licenciée. Mais les jours et les mois défilaient sans qu’il n’ose lui parler franchement des sentiments naissants qui l'habitent.

-Je doute tellement, Léo. Pas de moi, mais de ce qu’elle peut ressentir. Est-ce qu’elle partage mes sentiments? C’est vraiment difficile de lire en elle, les autres femmes sont bien plus transparentes. Un sourire et elles partent au quart de tour, mais pas ma petite brune. Elle est timide et garde une distance vis-à-vis de moi qui me fait perdre mes moyens. Et puis, elle est devenue indispensable au boulot. Je m’en voudrais de la faire fuir.

-Mec, on est pareil tous les deux. Les femmes faciles, c’est pratique pour une nuit mais pas pour plus. Je suis persuadé que tu ne la laisses pas indifférente. Il suffit d' observer la façon dont elle se comporte quand vous êtes dans la même pièce. Tout à l’heure, elle n’osait même pas te regarder en face. Je suis sûr qu’elle essaye de rester professionnelle et qu’elle apprécie tout autant de travailler avec nous. Vous avez fait le même choix tous les deux: préserver le boulot plutôt que succomber à la tentation.

Ewan me regarde tristement.

-Tu vas devoir trouver le moyen de discuter avec elle dans un cadre moins professionnel et en dehors des locaux de Pazio Holding.

-Tu penses que je devrais engager un détective privé pour connaître ses habitudes en dehors du bureau?

J'ouvre grand les yeux. Il n'a quand même pas pu dire ça. Et pourtant, si. Il attend vraiment une réponse à sa question. Il a l'air tellement sérieux. Et je n'y tiens plus, j'explose de rire.

-Quoi? Pourquoi tu te marres?

J'essaie de reprendre mon calme.

-Est-ce que tu te rends compte de ce que tu me dis? Engager un détective privé ?

Il hoche silencieusement la tête en attendant mon verdict.

-Il y a quand même plus simple. Il te suffit de lui poser la question. Ou...peut-être que…

-Mais dis moi! Qu'est-ce que tu proposes?

J'hésite un instant mais c'est mon meilleur ami et j'en ai marre de le voir dans cet état. Il mérite de trouver une femme bien. C'est peut-être notre assistante. Il suffirait juste d'une réponse pour qu'il tente sa chance ou passe à autre chose.

-Dans 2 semaines, nous avons un séminaire à Marseille. Elle pourrait faire partie du voyage. Ça vous permettrait de faire plus ample connaissance.

-T'es un génie mon pote ! s’exclame-t-il en saisissant tout de suite son téléphone pour envoyer un mail à sa petite brune et qu'elle réserve un billet et une chambre pour ce déplacement professionnel.

-Ça me fait plaisir de te revoir sourire! Si tu savais comme je t’envie d’avoir trouvé cette femme qui te correspond.

-Rien n’est encore fait pour moi. Au risque de te sortir une phrase toute faite. Tu finiras bien par rencontrer ta femme idéale. Une grande et belle blonde avec un QI plus élevé que celles avec qui tu couches habituellement.

-Je l’espère… Je l’espère… souffle-je pensif.

Cette femme idéale, je désire la rencontrer depuis tellement longtemps. Qu'elle soit belle, grande et blonde n’est pas forcément obligatoire. C’est un plus certain mais pas primordial. Ce qui l’est par contre, c’est son niveau intellectuel. Je ne veux pas une femme objet qui ornera mon bras. Je veux pouvoir partager certains centres d’intérêt avec elle. Je veux pouvoir discuter pendant des heures avec elle sans voir le temps passer.

-Je ne les supporte plus ces débiles profondes qui passent leur temps à parler d’elle. Le dernier sac “trop canon” qu’elles ont acheté. Le “super” restaurant qu’elles ont testé dans la semaine. Le diamant qu’elles rêvent de porter à l’annulaire.

Ewan éclate de rire.

-Elles te demandent vraiment de les épouser dès la première approche? me demande-t-il

-Ça arrive de temps en temps, dis-je exaspéré. Elles ne voient en moi qu’un bel homme capable de les traiter comme des princesses. Malheureusement, dès qu’elles ouvrent la bouche, elles m’ennuient. Si au moins, elles étaient douées au lit. Mais même pas. La plupart du temps, je me retrouve avec une étoile de mer. Je fais en sorte qu’elles prennent leur pied, j’ai une réputation à tenir! Mais je n'ai clairement pas envie de remettre ça une deuxième fois.

-Tu ne tombes que sur des connes. Ton fan club est tellement important qu’il faut que tu sois plus attentif sur la sélection que tu fais. Regarde-nous, avec Nolan et Adam, on est moins adulé et c’est un peu plus facile.

C’est sûr que les prétendantes au poste de petite amie ne manquent pas. Est-ce que j’en demande trop? Non, je ne pense pas. Je ne suis pas un homme superficiel comme pourrait le laisser croire les unes des magazines people. J’ai des envies, des passions et des ambitions bien loin des rêves de richesses et de pouvoirs que certains me portent.

J’aime les choses simples de la vie : passer du temps avec mes trois amis et veiller au bien-être de mes proches.

La sonnerie de mon portable me sort de mes pensées.

-Salut Adam, dis-je en décrochant et en mettant le haut parleur pour permettre à Ewan de participer à la discussion.

-Hey! Vous avez bientôt fini? Nolan vient de rentrer. On voulait savoir si on devait commander à manger ou si vous aviez le temps de récupérer quelque chose sur la route en rentrant?

Avant de répondre, nous nous concertons du regard.

-On décolle dans une trentaine de minutes. Passe commande et on s’arrêtera récupérer le repas sur le trajet, indique Ewan.

-Ok. Pizza, ça vous ira? Je dois arriver plus tôt au club ce soir.

-Parfait. On essaye de finir plus vite, réponds-je avant de raccrocher.

Ewan et moi, nous nous levons et nous dirigeons vers nos bureaux respectifs.

-Le quart d’heure des lamentations sentimentales est terminé. On ferait bien de retrouver notre virilité, plaisanté-je en donnant une tape dans le dos de mon meilleur ami.

-Tu as raison. Mais ça fait quand même du bien de se parler franchement de temps en temps.

De retour devant mon écran d’ordinateur, je termine d’envoyer quelques mails à mon équipe projet. Je parcours rapidement le dossier Eole déposé par mon assistante tout à l’heure. C’est une jeune entreprise prônant les énergies renouvelables. Beaucoup de sociétés de ce type ont vu le jour ces dernières années, mais peu se démarquent de leurs concurrents. Les dirigeants d’Eole ont de bonnes idées qui méritent qu’on s’y intéresse. En acceptant de me céder des parts, ma holding pourra participer au financement de leur projet d’éoliennes sous-marines plus rentables que les aériennes.

-Et mon pote, ne t’en fais pas pour ta femme idéale. Elle va bien finir par se montrer, m’interpelle Ewan en me coupant dans l’examen du dossier.

Il revient dans mon bureau prêt à partir.

-Ouais. Je t’ai dit que ma mère compte encore me présenter la fille d’une de ces connaissances, au repas de dimanche?

-Sérieux? Eliane ne lâche pas l’affaire. Elle veut vraiment que tu te cases. Tu as plus de précisions sur la nana?

-Je sais juste qu’elle est blonde, très gentille et d’une bonne classe sociale. Etant donné les précédentes, je ne m’attends pas à un miracle. Mais je devrais peut-être accepter, Maman me laissera souffler. Il faudra juste que je me fasse plus discret pour chercher ma femme idéale.

-Gérer plusieurs femmes en même temps, ce n’est pas évident, m’averti Ewan. Mais tu es suffisamment grand pour savoir ce que tu fais.

J'éteint mon ordinateur et récupère quelques dossiers urgents à consulter avant demain matin.

-Je verrais bien le moment venu. On peut rentrer si tu veux.

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