Pseudo : Merteuil   Titre :  Une ardeur préjudiciable

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Elle pouvait tout voir, tout sauf son apparence. Par conséquent, ses songes s’étaient empressé à l’élaboration de sa silhouette. Elle s’imaginait fine et gracile car le vent tempétueux la terrorisait : à chaque seconde il entreprenait de la dérober. Contrainte de se camoufler, sa tenue devait s’accorder aux teintes alentours. Elle rêvait ainsi de revêtir des nuances de vert inspirées des brins à ses côtés. Son cœur se réjouissait d’une robe turquoise ou alors vert forêt. Elle s’espérait séduisante, apte à charmer n’importe quel être. De temps en temps, elle s’abandonnait au plaisir d’un rouge sang. Brut. Criard. Agressif.

Avec ces apparats, elle s’assurait la docilité de ses victimes. Elle envisageait également des stratagèmes dans l’objectif de ces prochaines conquêtes.
D’abord, elle adopterait la figure de la jeunesse ingénue et candide. Sous ses airs embarrassés, voire stupides, elle déploierait de multiples autres pièges afin de s’emparer de l’objet convoité.
Dans son timide silence, elle recueillerait les actions les plus minimes ainsi que les paroles et cernerait mieux ses futurs acquis. Ses rêveries s’interrompaient à cet instant de frénésie créative : elle ne saurait que faire par la suite, déviait alors vers un autre sujet. Elle guettait actuellement les gestes d’une femme gigantesque tout en craignant d’être écrasée, elle, si fluette.

Les saisons défilaient — elle le remarquait aux formes orangées qui dégringolaient d’immenses bâtons marrons gravés d’ondulations, qui s’accumulaient et réchauffaient son habitat, ainsi qu’à ces mêmes bâtons ornés à une autre période de formes vertes. Malgré la chute des jours associée à la naissance des nuits, elle restait minuscule. Son temps à elle était figé. Parfois, des regards s’immobilisaient sur elle alors qu’un unique terme décollait des lèvres : jolie. Toujours des voix aiguës appartenant à des demoiselles à caractère sensible.

La femme d’à côté, elle qui la menaçait de s’étaler sur son corps délicat, ne s’en préoccupait guère. L’orgueil de l’épieuse s’en trouvait froissé : elle trépignait de pouvoir user de ses atouts, malheureusement sa misérable taille la rendait imperceptible. La femme parut affirmer ce fait puisqu’elle se préparait à s’allonger sur le côté droit, donc à l’aplatir.

Son angoisse débordait tant qu’une chose rouge se détacha d’elle. Puis un « attention » retentit : la femme s’arrêta net. Un homme s’approcha d’elles, une expression de rage sur le visage, avant de vociférer contre la quasi-meurtrière. L’autre s’attendrissait devant la conduite de son héros, un des rares à avoir été attiré par son aspect. Elle salivait de pouvoir enfin déclencher ses ruses. Avant même qu’elle n’ait pu le remercier cependant, il l’arracha de sa terre.

« Je vais l’offrir à mon amoureuse ! », s’exclama-t-il, la pauvre rose dans sa main gauche.

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