Ben se livre 1/2

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Pensionnat l'Épi Noir, chambre de Benoît Péruwelz, 11:00

Je fais les cent pas dans la chambre, elle est en retard. Pour une journaliste c’est un comble, la ponctualité n’est pas son fort. Je regarde ma montre avec insistance, il est déjà 11:00, on va bientôt aller déjeuner et ce sera trop tard.

Il faut que j’arrête de tourner en rond, je décide donc de me rasseoir sur le lit. Est-ce que l’état des lieux est convenable ? Je jette un regard, secouant la tête. Trop de bordel, j’espère qu’elle n y fera pas attention. Ce n’est pas tous les jours qu’une journaliste vient vous interviewer.

Moi ce sera la première fois, j’ai hâte. Les célébrités le sont plus souvent que les pauvres mortels, ma mère par exemple, Pénélope Ramirez commence à peine à entrer dans le cercle privé des personnes de renom. Elle a réalisé quelques interviews, trois ou quatre. On ne compte plus celles de la famille Lovelace, notamment Gladys la comtesse norvégienne qui aide tout le monde en ville. La bienfaitrice d’Aversionnas.

Bon ! Est-ce que je suis présentable pour recevoir une jolie femme ici ? Bof ! Un t-shirt noir et un pantalon de jogging assorti, c’est pas trop glamour, après j’ai une excuse. On est restés tard dans la nuit pour gérer une att… Laissez tomber, je m’égare.

Ah ! J’entends du bruit, quelqu’un toque à la porte. Ça doit être elle, pas le temps de réfléchir à si je me change ou non. Je me lève et pars lui ouvrir. Sa mélodieuse voix résonne déjà à la porte :

« Bonjour ! Benoît Péruwelz ? Je suis Brenda Moretti, je suis journaliste et je suis là pour vous interviewer. Est-ce que je peux entrer ?

J’acquiesce et ouvre la porte avant de repartir en tailleur sur ma couette. La femme entre, mon analyseur ne résiste pas à l’idée d’entrer en scène et une nouvelle description se matérialise dans mon esprit. Elle est blonde, ses longs cheveux sont ondulés et elle a des yeux bleus clairs. Sa tenue est composée d’une robe azur qui met en valeur ses formes et de sandalettes, c’est l’été, je ne vais rien dire.

D’ailleurs, je n’ai rien à dire, moi je suis en quasi tenue de sport, il manque plus que les baskets. Elle observe la chambre, sort un carnet et note de nombreuses choses, ma déco doit être assez basique, j’imagine. Posters de groupes que j’adore, affiches de jeux vidéos, créatures fantastiques et quelques films et séries.

Elle récupère un siège dans le fouillis et prend place en face de moi. Je la vois sortir son téléphone, lancer le mode « enregistrement audio » et prendre un tas de feuilles.

« Bien ! Donc je vais t’expliquer, ça ne te dérange pas que je te tutoie ? » me demande t-elle

— Non pas du tout

— Donc voilà le projet en question se nomme : La jeunesse d’Aversionnas : la ville méconnue. C’est une série d’articles et de témoignages des ados et jeunes adultes de la ville, pour être honnête, je n’ai jamais entendu parler d’un tel endroit. Mais l’intention est d’aider les lecteurs à connaître Aversionnas et peut-être même à les inciter à s y déplacer.

[ C’est quoi ce délire ? Aversionnas méconnue ? C’est une ville à la pointe de la technologie et remplie d’innovations de notre maire adorée Fanny Evensield. Qui peut être aussi ignorant ? ]

— Ainsi cette série d’articles permettra aux lecteurs de mieux comprendre la spécificité d’Aversionnas et de ses habitants. Est-ce qu’on peut commencer ?

— Allons y » répondis-je avec un grand sourire.

« Première question qui est assez simple : Quel est ton nom et prénom ?

— Benoît Péruwelz. Anciennement mon nom de famille était Péruwelz-Esposito, mais par chance, on a pu dégager ce nom ridicule. Je préfère qu’on m’appelle Ben

— Bien ! Quel âge as-tu ?

— J’ai seize ans

— Troisième question : est-ce que tu as des pouvoirs ?

AÏE ! Comment répondre à cette question sans révéler le secret, sans expliquer d’où je proviens réellement. Brenda me fixe du regard, je vais gagner du temps en la faisant répéter, ainsi je pourrais trouver une explication qui ne nous trahisse pas.

« Pardon ? Vous pouvez répéter s’il vous plaît ? Je n’ai pas bien entendu

— Bien sûr ! Est-ce que tu es doté de pouvoirs ? Par exemple : avoir la capacité d’être invisible, posséder une intelligence surdéveloppée, contrôler les éléments…

Je m’étouffe à la fin de sa phrase, ça risque de me griller. Pourvu que je trouve une réponse, est-ce qu’analyser le physique des gens pour comprendre leur personnalité et psychologie, pourrait marcher ? Je vais tenter.

« Euh ! Bah ! Je peux analyser les personnes rien qu’en regardant leurs vêtements.

— Et hormis ça ? Pas de pouvoirs extraordinaires comme lancer des rayons lasers, contrôler le temps, faire jaillir les océans ? Ou même inverser l’espace-temps ?

— Bah ! Pas tr…

La porte vient de claquer, j’entends mon colocataire qui arrive furieux et me fait des mauvais signes. Il agresse Brenda Moretti qui ne s’attendait pas à ça.

« Non mais je rêve ? Tu vas tout déballer aux journalistes comme ça pour avoir ton petit moment de gloire ?

— Léo ! Calme toi, je n’ai rien dit. Brenda Moretti est ici pour peindre un portrait de la jeunesse aversionnaise, ce que tu sais n’a pas sa place ici.

— Qu’importe. Vous prenez vos affaires et DÉGAGEZ ! L’interview est terminée » s’exclame t-il en récupérant les affaires de la journaliste et arrête l’enregistrement

— Qu’est-ce que tu fais ? Arrête. Elle est de notre côté. Son objectif est de parler des jeunes d’ici, pas d’autre chose.

Léo est en colère et je le comprends, si j’avais dis le moindre mot sur le fameux sujet. C’est toute la structure du groupe qui s’effondre, je remercie chaque jour le ciel de n’être pas aussi maladroit que ma sœur. Bref ! Je ne vais pas laisser mon colocataire me voler mon moment de gloire, ni l’interrompre.

« Attendez Brenda ! Votre interview ne concerne que moi, si jamais je ne veux pas répondre à une question, on peut passer à la suivante.

— Bien entendu. Liberté d’expression avant tout. On peut reprendre ? Me demande t-elle

J’approuve et Léo se cale dans un coin de la chambre, sur son lit. Je le fusille du regard, ne me fais pas plus remarquer, pitié. J’espère qu’elle ne se dit pas qu’on lui cache quelque chose. Quatrième question maintenant.

« Reprenons ! Quatrième question. As-tu eu une relation ou un coup de foudre ?

— Je suis en ce moment en couple depuis quelques temps avec une charmante jeune fille, mais par égard pour elle, je préfère ne pas la nommer. Pour la préserver de la horde de furies qui voudraient mon corps, mais aussi parce que je ne pense pas qu’elle apprécierait

Léo se marre en m’écoutant et me fait des signes derrière la journaliste, je lui tire la langue et j’interromps Brenda qui allait parler.

— Bien quest…

— J’ai juste oublié de dire que c’était un gros coup de foudre entre nous. »

Léo est hilare, il a bien saisi le jeu de mots que j’ai fait. Brenda regarde ses fiches et les met en ordre, la question suivante s’approche et moi je souris, je n’ai encore trahi personne. Ce n’est pas dans ma nature. Héhé !

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