XIX – L’Écroulement et le Temple Foudroyé

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Le Monde tourne autour de toi. Tu n’entends plus les pleurs des Hommes, ni le chant des Astres, ni le grondement de l’Orbe d’Or, ni même le craquement de la Terre.

Car toute ton attention est figée sur ce minuscule point vert au creux de tes mains.

Tu t’effondres à genoux, et serres inconsolable cette étoile tombée du Ciel, blessée par une main infâme, celle de la carcasse sans conscience, sans aspiration.
Et tu te sens bien coupable, pécheur accablé que tu es ; tu as manqué de vertu, et le doute s’est insinué, duquel l’abject a germé.
Tu as failli.

Ô, Enfant du Soleil, puisses-tu pardonner l’engeance née de la Fange…

Tu te roules en boule, et d’un geste guidé par l’espoir, tu perfores et déchires ta peau, ouvres ta cage, et déposes cette toute petite étoile entre tes poumons asphyxiés. Ici, tu t’incarnes vaissel, et jures de t’échouer sur les rivages invisibles du bord du Monde, là où le Soleil meurt, et où la Myriade apparaît.

Renarde t’attrape d’une mâchoire tourmentée.

« Il faut partir, le météore n’est plus, tu n’as plus rien à faire ici ! »

Traîné à l’extérieur du temple, tu es frappé d’une vision troublante :
Le Ciel est peint de noir, piqué d’Étoiles, malgré une Orbe d’Or dressée au zénith.
Elle te regarde tremblante, enfle et s’apetisse inconstamment ; son doré même s’est oxydé.

Alors elle se décroche du firmament, et choit vers l’Ouest.


҉֍҉

« Vers l’Ēridanós. »

Tu sursautes. La Rousse Ranide est ici, elle t’a rejointe dans cette cité dévorée, de par-derrière les montagnes.

« Et c’est là sa dernière plongée. As-tu au moins trouvé la source du Soleil ?

— Je ne crois pas. J’ai vu tant de choses, mais pas de rivière d’où naîtrait l’Orbe d’Or.

— Tu n’as plus à chercher. Elle t’attend de l’autre côté, là où elle meurt. Saisis ta chance. »

Tu te tournes vers la Renarde. Elle t’exhorte.

« Tu as des questions à lui poser. Cours rejoindre le Soleil. Les Étoiles te regardent, et leur Messager est à l’abri au creux de ton cœur. Rien ne te retient.

— Mais toi ?

— Le Monde s’effrite, se délite. Je pars rejoindre Φηγεύς, l’anachorète, il aura besoin de moi. »

Et tu te retiens de la suivre, car il te faut partir toi aussi, même si c’est la dernière fois que tu poses ton regard sur ses flammes dansantes.
Alors tu repars ; Grenouille comme nouveau guide, vous fuyez le Bourg réprouvé qui déjà s’ombre dans l’Abysse. Les montagnes d’où tu es descendu t’ébranlent, elles se fracturent, s’éventrent pour déverser un flot d’encre qui peu à peu recouvre le paysage jusqu’aux déserts que tu as traversé ; c’est une mer-monde qui nait d’un noir jailli.

Enfin la Ranide t’arrête : vous voilà face à la rivière.

Tu appréhendes, mais c’est là le seul chemin. Ferme donc les yeux, remémore ton premier plongeon.

Et tu sautes en oubliant d’avoir peur.

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