Chapitre 10 :

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L'homme crie de douleurs : les deux encadreurs n'ont donc pas hésité à utiliser leurs deux tasers contre lui. Je ne sais pas combien de temps ses hurlements et ses gémissements durent mais c'est beaucoup trop long pour moi. Je me mets en position fœtale en espérant qu'ils arrêtent. J'attends les deux hommes parler : apparemment cet homme est un psychopathe et il compte le transférer dans une autre sorte d'isolation pour quelque temps. Ils ne précisent pas la durée. Puis ils partent.

Je suis incapable de me rendormir. Je commençais peut-être une dépendance pour les somnifères mais désormais cela m'étonnerait que j'y aie accès à nouveau. Après un temps pour comprendre le fonctionnement de l'asile peut-être, voire même pas du tout.

En attendant qu'on m'ouvre pour la cantine, je n'ai qu'une chose à faire puisque je n'ai pas grand-chose à faire dans mon espace : penser.

Comment mes parents et ma sœur réagissent-ils à ce qu'il vient de se passer pour moi ?

Même si on a des liens du sang, je ne les connais pas assez pour pouvoir avoir une idée de leur réaction. Peut-être que mon père n'a pas dormi de la nuit et se persuade que tout est de sa faute, ou alors, il a peur pour moi tout simplement. Léa doit sûrement être encore sous le choc. Ma mère, je ne sais pas dans quel état elle peut se trouver. Je n'en ai même pas la moindre idée. Est-ce navrant ?


Je ne sais pas.

De toute façon… est-ce que je les reverrais un jour ?

Très certainement que non.


J'allais aussi devoir m’habituer à l'asile aussi. Je ne sais pas comment cela se passe ici, mais ce n'est sûrement pas pareil qu’avant. Il doit sûrement y avoir un côté violent et cruel dans l’asile, peut-être que je ne le verrais pas de suite, et peut-être que si.

Après de longues heures qui me semblent durer une éternité et où je ne peux dormir, j’entends une clé se tourner dans la serrure. Je me relève lentement et je fais face à un autre encadreur. Ce n’est ni Philippe, ni Gérard. Je me sens donc moins en confiance. Il me jauge du regard, je dois être pitoyable à voir avec mon allure de jeune fille paumée avec du sang et des bleus un peu partout sur le visage. Alors que je sors, il me barre le passage et me donne une carte :

— Tu dois trouver le guichet et tu retireras chaque mois une serviette, un savon et du dentifrice. La brosse à dents se renouvelle tous les six mois. Tâche de ne pas trop user pour ne pas te retrouver sans rien à la fin du mois. À toi de gérer, explique-t-il.

Je ne réponds pas mais il ne me laisse toujours pas sortir. Son regard sévère ne me donne pas envie spécialement de lui répondre, donc j’attends juste qu’il continue :

— Les autres nouveaux ne sont pas encore réveillés, c’est étrange que tu le sois déjà depuis un moment. Les autres seront surpris et tu prendras ta douche lorsque tout le monde aura terminé, je viendrais te chercher. Pour le reste, tu apprendras avec le temps.

Cette fois, il me libère le passage. Je ne sais pas vraiment où je dois aller mais j’ai la chance de pouvoir suivre des personnes qui sortent. Je reconnais le couloir par lequel je suis passée auparavant et je me retrouve dans une grande salle avec différents espaces. Je la traverse si rapidement que j’oublie directement ce qu’elle contient. En tout cas, je mémorise rapidement le trajet de la cantine.

Il y a déjà du monde dedans, de tout âge : vieux comme jeune ayant dix-sept ans. Le sol et les murs sont métalliques, et il n’y a pas de décoration particulière. Les tables sont disposées tout en longueur et elles laissent un espace au centre, sûrement pour certaines annonces puisqu’il y a un grand panneau où je vois des listes, mais apparemment, personne ne vient les voir, c’est sûrement qu’il faut une autorisation. Il y a des barreaux métalliques comme des reposes-coudes qui longent les buffets pour les séparer de la salle.

J'attrape un plateau, prends un bol de chocolat chaud, du pain et du beurre avant de regarder d'un coup d'œil où m'installer. Je repère une place au fond à droite où il n'y a que des personnes en bout de tables. L'encadreur a raison : tout le monde me regarde. Alors que je marche des murmures se font sur mon passage. Je vois un jeune homme brun, plus âgé que moi se pencher pour murmurer à l'oreille à une fille qui semble être sa copine. Elle est blonde et me fait penser à Léa. Je tente de ne plus faire attention des regards qui m'accompagnent et je gagne la place isolée que je me suis trouvée. Les hommes à l'autre bout de la table me lancent des regards hostiles. Je me rends compte que mes bleus me font un peu mal. Je soupire : cela va être compliqué, très compliqué.

Je mange dans le silence et fais abstraction des regards des autres. Apparemment je suis très différente de la plupart des personnes ici, j’ai quelque chose que personne n’a eu. Et cette chose, cela a l’air d’être arrivée plus tôt que prévu. Je mange rapidement pour pouvoir repartir dans ma salle mais lorsque je me lève pour partir, un encadreur me fait signe de me rasseoir. J’entends des rires et me rassis en plissant les yeux. Un encadreur annonce d’aller table par table pour vérifier si son prénom se trouve dans une liste pour aller dans une salle à je ne sais quelle heure… Je dois donc attendre que les autres tables se lèvent.

Je repère mon prénom sur une liste, où je dois y aller dans l’après-midi, de toute manière, on viendra sûrement me chercher. Après cela, je prends mon plateau et le pose sur un mur en fer où tout semble s’entasser. Puis je repars. Je trouve l’endroit où je dois passer la carte pour prendre du savon, une brosse à dents et une serviette.

Bien évidemment, je me perds et ne retrouve pas ma salle individuelle. Je ne suis pas assez ouverte pour aller demander directement à un encadreur où je passe mes journées. Finalement, à force d’errer un peu partout dans des endroits comme une idiote avec les bras remplis d’objets, Gérard me remarque et me ramène dans ma salle. Il me renferme dedans et je dois attendre qu’on m’ouvre pour pouvoir me doucher.

Je ne reste plus dans le noir car je trouve l’interrupteur. Pendant que j’attends, une enveloppe glisse sur le sol pour passer sous la porte. Je me demande ce que cela peut être. Une lettre de mon père ? Il a des contacts un peu partout, cela ne pourrait pas être si étonnant. Mais lorsque je retourne l’enveloppe en recherche d’inscription, je lis : résultats de la période de tests. Mon sang se glace et je n’ose pas ouvrir l’enveloppe un petit moment. Puis je me réveille : c’est idiot d’avoir peur, je ne peux plus tomber dans encore pire. Je déchire très mal l’enveloppe et sors les différents papiers. Je ne sais pas si je déplie la première mais je tape mon poing contre le mur en lisant la première phrase du papier :


Exclusion de la société décidée le soir, après la cérémonie d’ouverture.

En réalité, j’ai passé les tests pour rien. Ils ont décidé dès le début que je n’avais aucun avenir avec eux…

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