28.3 - La vengeance de la magicienne

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Toutes deux s’étaient préparées des sacs remplis de provisions, elles en avaient pour au moins deux jours, ainsi que du linge de rechange. Apparemment, il y avait un endroit où dormir, à mi-chemin. Un petit village de bûcherons et de miniers avait été construit quelques mois plus tôt, entre les montagnes et la capitale par d’anciens membres de la rébellion. Ces derniers avaient reçu toute l’aide nécessaire afin de s’y construire de nouvelles vies. Doylesbourg était rapidement devenu un village apprécié près de Baldt, car il symbolisait la coalition entre l’ancienne armée rebelle et des gens qui désiraient faire prospérer la nation.

On avait nommé ce village en hommage du défunt conseiller. Le nom passerait à jamais dans l’histoire du peuple rallié. Avant de partir pour sa nouvelle aventure, Gretta Doyle avait donné la permission au président de baptiser la communauté ainsi. Il arrivait que parfois, son fils Derek vienne y faire un tour lorsqu’il ne travaillait pas. Il était l’un des travailleurs qui avait participé aux constructions avant d’aller s’engager comme brigadier. C’était dans le plus grand des hasards qu’ils avaient découvert des mines exploitables dans la région, après avoir fait tomber plusieurs arbres. Les gemmes trouvées dans ces mines continuaient à ce jour à être envoyés à la capitale pour être raffinées et transformées en bagues, pendentifs et autres bijoux. Cela n’avait pas l’air de plaire à Osbourg, car ils avaient désormais de la concurrence, mais au moins ils travaillaient tous dans le même but : celui d’enrichir la république.

— Eh Windy ! lança Cassandra à son amie ailée. Tu descends un peu ?

La crécerelle baissa en altitude pour planer au-dessus des têtes des demoiselles, les chevaux n’aimaient pas trop la présence du rapace.

— Qu’y a-t-il Cassandra ? demanda l’oiseau.

— As-tu repéré quoi que ce soit ?

— Pas pour le moment, les bêtes semblent éviter les routes. Il y a récemment eu plusieurs trajets entre Doylesbourg et la capitale, je pense qu’ils sont probablement partis se cacher plus loin.

— Très bien ! Continue à patrouiller pour nous.

L’oiseau retourna plus haut dans les airs. Quant à Misaki, elle réfléchissait.

— Quelque chose ne va pas, Megumi ? demanda l’elfe.

— Hm… Quoi ? fit l’albinos qui sortit de ses pensées.

— Tu n’as pas l’air dans ton état normal ces derniers jours. Tu es plus silencieuse que d’habitude. Quelque chose ne va pas ?

— Je préférais ne pas en parler… C’est très embarrassant…

— Quoi donc ? Allez, accouche, ma vieille. Nous sommes amies, non ? Alors tu peux tout me dire.

— C’est que… Je suis enceinte.

— HEEEEEEIN ?!

Les chevaux se cabrèrent aussitôt et les deux demoiselles tentèrent de calmer les pauvres bêtes. Elles les flattèrent et les rassurèrent. La guerrière rougissait, tellement elle était à court de mots. Bien entendu, Cassandra était affolée par cette nouvelle.

— Oh par les esprits ! s’exclama la chasseuse, émerveillée par cette nouvelle. Yosuke est-il au courant ?!

— Pas encore… Sakura, si… Elle m’a fait promettre de ne rien lui dire. Je l’ai appris hier, après avoir des résultats de sang à l’infirmerie. C’était qu’un examen de routine… je ne pensais pas qu’on allait me dire tout ça… Ma fille est toute excitée à l’idée d’avoir une petite sœur, ou bien un petit frère. Elle croise les doigts pour une fille. Elle dit qu’elle ne pourrait pas supporter un petit garçon.

— Non… mais quand est-ce arrivé d’après toi ? Raconte ! Je suis trop excitée !

— Je crois que j’en suis encore à mon premier mois. Normalement je ne devrai même pas être sur la route, mais je ne pouvais pas te laisser aller là-bas toute seule. Je me serai fait du sang d’encre pour toi, tu comprends ?

— Mais tu risques de faire une fausse couche à tout moment si on n’est pas prudentes en chemin… Oh misère…

— Ne t’en fais pas pour moi. Yosuke et moi, on a toujours voulu avoir un deuxième enfant… Peut-être qu’avec de la chance, il naîtra en bonne santé.

— Dans ce cas, laisse-moi m’occuper de tout pour cette mission. Tu resteras derrière moi et tu prendras des notes.

— Hé ho, je ne suis pas invalide que je sache. Je peux très bien me débrouiller toute seule pour cette tâche, déclara Misaki, avant de pouffer de rire.

Cassandra cligna des yeux avant de réaliser qu’elle avait raison. Voilà une bonne nouvelle qu’elle avait hâte de raconter aux autres lorsqu’elles reviendraient de leur recherche. Le reste du trajet vers Doylesbourg se fit tranquillement pendant que les deux collègues de travail discutaient des événements de la journée. Leur sujet de conversation tourna rapidement sur la surprise qu’elles avaient eue, quand elles avaient appris que Flint et Gabriel s’étaient mariés.

Bien entendu, Misaki ne pouvait s’empêcher de se poser des questions sur les positions préférées de Flint au lit, mais Cassandra lui rappela qu’elles étaient en présence d’une créature divine, donc ce genre de conversation devrait attendre. La guerrière roula les yeux et dit simplement qu’elle n’aurait qu’à les endurer. De toute façon, les relations sexuelles étaient tout à fait naturelles rendues à son âge.

— Au fait, Cassie… Tu l’as déjà fait toi ? demanda l’albinos qui n’avait jamais osée parler de ce sujet avec elle auparavant.

Cassandra balbutia et se mit à rougir. Elle n’avait pas très envie d’en parler. C’était l’un de ces détails qui l’embarrassait facilement.

— Je n’y crois pas… formula Misaki. Tu es chaste, pas vrai ?

— Eh ! Pas si fort !

— Ça c’est la meilleure ! Et moi qui pensais qu’avec tes jolies formes, tu t’étais fait quelques beaux mecs bien musclés avec de belles gueules…

Misaki-chan, franchement !

Autant Cassandra la fusillait du regard parce qu’elle était outrée, autant elle ne pouvait s’empêcher de rire. La guerrière albinos avait souvent l’habitude de la taquiner dernièrement. Toutefois, il fallait avouer qu’elle était facile à enrager en ce qui concerne les éthiques de bienséances. Toute sa vie, elle avait fait en sorte de rester polie, courtoise et civile envers tout le monde, sans jamais vouloir choquer personne. Elle se souciait beaucoup de son image personnelle et professionnelle. Toutefois, en présence de Misaki, l’elfe perdait tous ses moyens et s’ouvrait à un tout autre monde qu’elle avait renié depuis tant d’années : un monde de libertés et de folies.

— Sérieux, ma fille, va falloir qu’on te sorte au bar lorsqu’on reviendra à Baldt, déclara Misaki. Faudra que je te trouve un mec avec qui danser, si tu vois où je veux en venir… Valser un peu ne te ferait pas de tort… un verre de scotch non plus, maintenant que j’y pense.

— N… non, ça ne sera pas n… nécessaire ! Et par valser, on s’entend bien sûr que tu veux que je couche avec cette personne, pas vrai ?! Je ne suis pas ce genre de femme, quand même ! Pour qui me prends-tu ?

— Pour une adorable petite brunette coincée dans son adolescence ?

— Touché…

L’elfe baissa son regard, honteusement.

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