Chapitre 20 : Infiltration à Stharvos (2).

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Binks était sur le point de réussir son coup. Par expérience, il avait inclus un tonneau contenant réellement du vin parmi ceux qui cachaient les deux frères. Mais c’était sans compter sur un quiproquo dont il était à l’origine.

En effet, à la surprise de tous, Rui sort violement de sa barrique, provoquant une frayeur générale.

Sans même réfléchir, il fonce sur le premier soldat devant lui. Ce dernier n'a pas le temps de réagir. Tous deux se heurtent la tête, avant de vaciller puis de tomber.

L’idiot ! Et dire qu'il dormait... Il n’écoutait même pas la conversation, il a surement confondu le bruit que les gardes ont fait avec leur lance et le signal d'alerte convenu avec le vieux Binks… on a plus le choix… s'indigne Shizza.

Il sort, à son tour, de sa cachette, sans pour autant faire de vagues comme son ainé.

Profitant du moment de panique, Binks se ressaisit. Il empoigne sa rame et frappe le second soldat à la tête, l’envoyant valser dans l’eau.

Le premier garde, un peu sonné par le coup de boule qu’il vient de se prendre, ne tarde pas à se relever, mais il n’a pas le temps de réagir. Shizza se jette à son tour sur lui, les deux bras en avant, et le pousse à l’eau. Le vieux Binks achève l’action en cassant sa rame sur le crâne de l’ennemi.

Se frottant la tête, Rui interpelle ses deux compagnons :

- On est arrivé ?

- Rui ! Tu as failli nous faire repérer ! s’emporte le plus jeune.

- Ah bon ? rétorque-t-il plein d’insouciance, donc ça va alors ? On ne nous a pas attraper, Hihihi. On fait quoi maintenant Shizza ?

- Je comprends l’exaspération de Ren parfois, soupire-t-il.

C’est alors que Binks prend la parole :

- Les pt’its, c’est trop tard… la relève ne devrait pas tarder. La cité sera mise en alerte dès qu’ils arriveront ici et qu’ils ne verront pas les gardes à leur poste. On doit rebrousser chemin. On a eu de la chance que ceux-là aient baissé leur garde.

- Hors de question ! s’exclame Rui, et Ren alors ?!

- Rui… Il a raison, rétorque Shizza d'un air résigné, l’infiltration est un échec, on ne peut que…

Il n’a pas le temps de finir, qu’ils sont interrompus. Le tour de garde est passé. La relève est déjà arrivée :

- Hé ! Vous là-bas, que faites-vous ici ? demande le premier soldat.

- Attend ! Je ne vois pas les autres. Les consignes sont strictes. Sonnes l’alerte ! intime le second à son compagnon.

Aussitôt dit, que le garde tend son bras vers le haut. La paume dirigée au ciel, il lance, à l’aide de son aura, une sorte de feu d’artifice qui s’en va illuminer brièvement le paysage de la cité.

- Oh non ! s’exclame le vieux Binks.

- On est fichus… s’indigne Shizza.

- Ne vous inquiétez pas je m’en occupe ! assure Rui.

À peine a-t-il achevé sa phrase qu’il se rue vers les ennemis, mais ses deux comparses tendent le bras et l’agrippe immédiatement afin de le stopper.

- Hé ! Qu’est-ce qui vous prend ? se plaint-il.

- Non ! C'est trop dangereux, Rui ! D'autres vont débarquer, lui explique son frère.

- Ecoutez ! Je vais faire diversion, profitez-en ! ordonne Binks, de toute façon on ne peut plus s’en aller.

- On peut toujours reprendre le chemin par lequel on est arrivé, non ? demande Shizza.

- Si on fait ça, ils nous suivront et découvriront le passage secret. On n’aurait aucun moyen de revenir par la suite, explique le tavernier.

- Binks ! s’écrie le plus jeune.

- Lâche-moi ! On ne va quand même pas t’abandonner ! désapprouve l’autre frère.

- J’peux me débrouiller seul. Si vous restez ici vous allez me gêner plus qu’autre chose.

À ces mots, il contracte le bras par lequel il retient Rui. Sans leur laisser le temps de répondre, il se retourne puis lance le jeune homme de toute ses forces. Shizza, encore accroché à son frère se retrouve, lui aussi, emporté sous la surprise des gardes.

- Binks ! vocifère Rui, tandis que son frère pousse un cri de frayeur.

- Cachez-vous en attendant Galahn, ne prenez pas de risque, rappelez-vous de ce qu’il vous a dit ! rétorque le vieil homme.

Ils passent par-dessus le pont avant d'y atterrir.

- Binks… pourquoi ? s’écrie Rui en se précipitant vers le rebord.

- Je pense qu’il sait ce qu’il fait… alors suivons son conseil ! s’exclame Shizza avant de jeter un dernier coup d'oeil en dessous : Soit prudent, Binks...

Plus bas, sous la structure en pierre, les gardes s’avancent vers le contrebandier :

- Hmm… ce que tu viens de faire ne servira à rien ! L’alerte a déjà était donnée, lance l’un.

- Tu m’as l’air bien costaud mais les renforts ne devraient pas tarder, tu es fini ! rajoute l’autre.

Au même moment, sur le sentier de la forêt de Sarendal, Galahn lutte toujours contre la mystérieuse tueuse.

Plongeant les mains dans les boîtes à munitions entourant ses hanches, elle extirpe ses aiguilles par dizaine puis les recouvre de son aura avant de les lancer à tout vitesse sur le guerrier. Sandersonia est très habile. Elle exécute minutieusement ses gestes avec une rapidité déconcertante. Ses attaques enchainées donnent l’impression d’une pluie d’aiguille fulgurante.

Mais Galahn ne se laisse pas surprendre. Enduit de son aura, il continue d’esquiver la plupart des projectiles et se contente de parer le reste à l’aide de son glaive. Les quantités des salves s’amenuisent peu à peu, puis cessent bientôt, le temps d’un échange verbal :

- Qu’attends-tu donc pour m’attaquer ? s’agace la jeune femme.

- Ton véritable pouvoir consiste à créer ou modeler ces aiguilles à partir de ton aura. Tes boîtes de munitions ne sont là que pour faire diversion, rétorque le guerrier.

À ces mots, les yeux de son opposante semblent montrer une sorte d’agacement :

- Qu’est-ce que tu racontes ?!

Galahn reprend sereinement son explication :

- Si l’adversaire pense que tu es court de projectiles, il tentera forcément une percée hâtive. En baissant sa garde, il s’exposera forcément à un contre fatal. C’est ce que tu attends de moi n’est-ce pas ?

Le visage de la tueuse semble irrité. L’ex-chevalier a percé à jour sa tactique :

- Je te félicite, avoue-t-elle d’un air résigné, je suis en effet capable de créer mes aiguilles à volonté, mais ne crois pas avoir pris l’avantage pour autant, j’ai d’autres tours dans mon sac ! ajoute-t-elle en esquissant un léger sourire.

Galahn reste stoïque face à ces paroles. Il n’y a qu’une chose qui l’intéresse :

- Tu te débrouilles bien, et c’est pour cela que j’aimerais savoir pourquoi une tueuse de ton niveau prend pour cible des enfants ?

- Des enfants ? Hahaha, tu plaisantes j’espère ? C’est toi que je visais par l’intermédiaire de ces morveux, réplique-t-elle.

- Et j’imagine que tu ne me diras pas qui souhaite ma mort ? se résigne-t-il.

- Idiot, à quelle moment ai-je dit que j’avais un contrat sur ta tête ? Je t’ai déjà révélé la raison de mon attaque. Tu n’étais pas ma proie, précise la tueuse avant de rajouter : si tu rebrousses chemin, je veux bien qu’on en reste là. Notre confrontation s’avère plus compliquée que je ne l’aurais imaginé.

À ces mots, les yeux de l’aventurier s’écarquillent : Elle ne nous prenait donc pas pour cible au départ. Si nous nous sommes croisés par hasard et qu’elle nous a entendu… et ma destination représente une menace par ce qu’elle se rend au même endroit ? Alors… sa vraie cible se trouve donc à Starvhos ! Je comprends maintenant.

- Quoi ? Pourquoi fais-tu cette tête ? demande-t-elle.

Sans le vouloir, Sandersonia venait peut-être de lui lâcher le nom de sa cible. Galahn se reprend avant de lui poser une autre question :

- Es-tu venue seule pour accomplir ta mission ?

- Hmm… trêve de bavardage, si tu te mets sur mon chemin, je te tue !

- Je vois que je ne pourrai plus rien tirer de toi, déplore-t-il.

L’aventurier pointe son épée vers sa direction.

- Bien, j’ai ma réponse, tu as donc choisi de mourir ce soir ! déclare la jeune femme.

Pendant ce temps, à Starvhos, le nouveau quartier est en ébullition. Des dizaines de troupes patrouillent dans les rues à la poursuite des deux frères qui essaient tant bien que mal de les semer. Ils arrivent à se mettre à l’abris dans un une petite ruelle sombre, le temps d'un échange :

- Ils essayent de nous encercler ! constate Shizza

- Ils sont nombreux ! Qu’est-ce qu’on va faire ? lui demande son frère.

- On doit se séparer pour leur rendre la tâche plus difficile. Ouvre grand tes oreilles, tu vois le temple au fond ? demande-t-il en montrant du doigt la structure nichée en hauteur.

- Oui, le truc derrière cette grande maison ? réplique Rui

- Exacte ! Ce truc comme tu dis, c’est le palais. D’après Galahn, Ren ne se trouve pas loin du temple d’Athéna, et Binks nous a dessiné le plan de la ville tout à l’heure… Tu t’en souviens ? s’enquiert-il avec hésitation.

Rui fronce les sourcils : Euh… non! !

- Je m’en doutais… soupire-t-il.

- Hihihi ! Bah c’est pas bien grave, t’as qu’à me dire ou je dois aller c’est tout !

- Tout est simple avec toi… rétorque Shizza désabusé.

Contrairement à leur ainé, Ren, le plus jeune des frères savait garder son sang-froid face à la désinvolture de Rui. Il se ressaisit immédiatement et donne la marche à suivre : Bon, on n’a pas de temps à perdre ! Tout ce que t’as à faire c’est d’arriver près du temple en évitant les soldats. On se retrouve là-bas ! Compris ?

- Compte sur moi, c’est comme si c’était fait ! rétorque Rui.

Aussitôt dit, il s’élance en direction du temple avant que Shizza ne lui lance un dernier conseil : Surtout, évite le palais ! J’espère qu’il n’en fera pas qu’à sa tête cette fois… s’inquiète-t-il

Tout à coup, les cris de l’un des patrouilleurs vient le tirer de ses pensées :

- On n’en a trouvé un ! Par ici ! hurle-t-il

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