Chapitre 6 : La chevalière écarlate.

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Artas est en état de panique totale. Bloquant sa bouche et sa respiration de la main, il continue de transpirer abondamment. C'est alors que le meurtrier de son père, capable de ressentir les sensations ambiantes autour de lui, et donc l'angoisse, se dirige vers sa cachette.

Des bruits de pas lourds, résonnant à l'écho de la ruelle, se rapprochent à chaque instants. Le jeune garçon ne peut s'empêcher de trembloter. Il n'a aucune échappatoire, et plus les secondes s'écoulent plus il regrette la décision hative de s'être cacher là.

- Qu'avons nous ici ?

L'homme se penche au-dessus de l'abris de fortune du garçon.

Artas est au bord de l'implosion. La voix de l'assassin est trop proche. C'en est fini de lui, pense t-il. Malgré tout, il cherche toujours un moyen, une solution... Peut-être sortir brusquement de là et prendre ses jambes à son coup ? Non, il l'a vu de ses propres yeux, le tueur est un surhomme capable d'arracher des têtes d'un coup, il ne ferait pas long feu face à ce monstre. Peut-être le supplier ? Hors de question, la mort est préférable plutôt que de s'abaisser devant le bourreau de son père ! Les idées et les hypothèses fusent sous son crâne, mais toujours aucune solution.

Et alors que le meurtrier est sur le point d'ouvrir le couvercle, posant sa main fermement dessus, un rat bondit de sous le dévaloir et part se réfugier dans un caniveau. Un heureux coup du destin :

- Ce n'était que cela, constate le colosse, détournant son attention de la poubelle, bon, je dois les rejoindre.

Il quitte la ruelle d'un pas préssé.

- À l'heure qui l’est, ils ont surement tout nettoyé ! pense-t-il, à voix haute, en enfilant sa capuche, je dois me dépêcher si je veux trouver des adversaires plus intéressants.

Il regarde autour de lui, puis aperçoit une sorte de pilier en béton :

- Ça fera l'affaire, « Force x10 » !

À ces mots, son aura s'intensifie et ses muscles prennent tout à coup du volume.

Aussitôt sa puissance augmentée, le colosse arrache le pilier par la seule force de ses bras :

- Bien, le palais est dans cette direction, jauge t-il.

Il lance la colonne de béton férocement puis prend appuis sur ses jambes, fissurant légèrement le sol sous ses pieds, et saute dessus. Il fonçe à pleine vitesse vers sa destination, à la surprise des citoyens voyant un objet volant passer à toute vitesse dans le ciel de plus en plus nuageux.

Pendant ce temps au palais, les soldats, parqués à l'intérieur de l'enceinte, affluent dans les couloirs, paniqués.

- Au nom du roi, arrêtez-vous ! somme l’un d’eux.

Cependant, les deux intrus restent impassibles. Encore une fois, le jeune maître ne bouge pas le petit doigt. Son subalterne s'occupe d'éliminer les obstacles en travers de leur route. En une fraction de seconde, les fantassins tombent au sol en petit morceau sous l'action de sa lame. Une vitesse d'exécution surhumaine qui donne l'illusion d'une marche ininterrompue de la part des deux hommes.

- Un instant, n'avancez pas ! adjure celle que l'on nomme la chevalière écarlate.

Un surnom lié aux techniques qu'elle utilise selon certains, tandis que d'autres rapportent cette appelation à sa beauté éclatante. Quoi qu'il en soit, l'aura émanant de son être suffit à les stopper momentanément :

- Qui êtes-vous, et que voulez-vous ? demande t-elle.

Tout en l'ignorant, le jeune maître donne ses consignes :

- Occupe-toi d'elle et rejoint moi ensuite.

- À vos ordres, répond immédiatement l'homme à la chaîne.

Toutefois, Victoria ne se laisse pas impressioner pour autant :

- Pas si vite, où crois-tu aller comme ça ? réplique t-elle en fixant du regard le chef ennemi.

Mais à peine a t-elle quitté des yeux le subalterne, que sa main se retrouve prise dans l'étreinte de sa chaîne sans qu'elle ne s'en rende compte. Mais la belle guerrière se saisit directement des anneaux en métal, accrochés à son bras, et les tire, presque instinctivement, attirant son adversaire vers elle. Profitant de ce retournement de situation, elle sort son fouet et lui assène un coup vif. L'homme à la chaîne, pris de court, s'empresse d'éviter au mieux l'attaque.Finalement, l'impact ne déchire que sa capuche. Ce dernier recule, immédiatement, d'un bond en arrière, relâchant le bras de Victoria, tandis que le bout de tissu couvrant son visage tombe en lambeau.

- Tu te débrouilles bien. Cependant je n'ai pas le temps de m'amuser avec toi. On va en finir rapidement.

- Hmm... Je sens que ça ne va pas être une partie de plaisir, s'inquiète t-elle tandis que l'aura de son adversaire jaillit peu à peu de lui.

Pendant ce temps, dans les appartements de la princesse :

- Pourquoi ? Galahn, pourquoi père ne s'est-il pas mis à l'abri ? demande-t-elle d'une voix tremblotante.

- Princesse, vous le savez bien, le roi ne peut se dérober devant les nobles... Mais il peut au moins vous mettre à l'abri, vous, l’héritière du trône. Je suis sûre que Victoria se débarrassera des ennemis. Ce n’est pas pour rien qu’elle est la seconde commandante de Cendria, ne vous inquiétez pas.

Malgré ses paroles, Galahn ne peut s’empêcher de s’inquiéter. En effet, il n’est pas rare que les guerriers de son niveau possèdent un instinct très développé. Le chevalier, ressentais les auras des environs depuis un bon moment et ne percevait rien de guère réjouissant, d’où son inquiétude inavouée.

De retour dans les couloirs du palais, alors qu’elle se dresse tel le dernier rempart entre les envahisseurs et le roi, Victoria essaie de glaner des informations :

- ... Qui a manigancé tout ça ? Pourquoi vous en prendre au roi ?

Face à elle, se dresse désormais l'homme démasqué qui semble avoir moins de la trentaine, un visage aux traits fins et une chevelure longue et soyeuse :

- Héhé, à quoi bon le savoir ? Tu vas mourir ici, lui répond t-il, avant de s'adresser à son chef, jeune maître vous pouvez avancer, je m'en occupe.

Ce dernier continue son chemin. Il passe à côté de la chevalière, échangeant avec elle, un regard sombre qui lui glace le sang. Était-ce son instinct de survie qui lui susurrait de ne pas s'en prendre à cet homme, ou plutôt la peur qui la paralysait voire même les deux ?

Quoi qu’il en soit, elle n’esquisse pas un mouvement et le laise passer.

- Tu ferais mieux de regarder ici, dit le deuxième homme en lançant une nouvelle attaque à distance.

La chevalière, un tant soit peu déconcertée par ce bref échange de regards, se ressaisit rapidement et bondit en arrière, évitant de peu l'attaque frontale :

- Je dois en finir le plus vite possible, je ne peux pas laisser cet homme s'approcher du roi !

Elle amplifie son aura. La lueur qui émane de son être se répand sur son fouet, semblable à une tige de rose allongée, rendant les épines qui y sont parsemées encore plus acérées.

– « Rosa Espina » !

Elle ne perd pas de temps. Ses coups fusent à toute vitesse, donnant presque l'impression que son arme se démultiplie.

Mais son adversaire réplique en usant son arme de la même manière :

- « Chaîne tourbillonnante » !

Les armes s'entrechoquent. Les deux guerriers bougent dans tous les sens, se tournant autour, prenant appui sur n'importe quel surface pour se projeter tandis qu'ils multiplient les assauts à longues portées. Leur vitesse d'exécution est similaire. Ils le savent bien, le premier qui brisera cette cadence infernale perdra. Mais se déplacer à une telle vitesse nécessite une endurance extraordinaire, car en plus de soliciter tous les muscles à haute pression, il faut contenir sa respiration assez longtemps, du fait de la dépressurisation de l'air lorsque l'on enchaine des mouvements si rapides. Un instant de relâchement et c'est la défaite assurée. Les coups, d’une puissance inouïe entaillent le sol, les murs et le plafond sans jamais atteindrent leur cible. Puis tout coup, l'un d'eux prend l'avantage, intensifiant soudainement son aura et augmentant sa vitesse : la pointe métallique transperce l'épaule de Victoria et met fin à l'échange de coups frénétiques.

Un bref silence s'installe tandis que les deux guerriers se fixent du regard.

- C'en est fini de toi, s’écrit sereinement l'homme à la chaîne.

- Non ! Je ne vais pas perdre, je te vaincrai et j'irai protéger mon roi ! Je ne faillirai pas à mon serment... je ferai honneur à mon père ! s'emporte t-elle.

À ces mots, l’image de son paternel tdans sa tête. Elle se remémore alors son passé, lorsqu'elle était encore âgée d'à peine onze ans. Fille d’une famille noble, et d’un père chevalier. Rien ne la destinait pour autant à en devenir une plus tard, mais un jour, survint un drame qui fit basculer sa vie…

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