Chapitre 7 : En l’honneur de mon père.

5 minutes de lecture

Alors qu’elle se retrouve en mauvaise posture face à son adversaire, Victoria voit sa vie défiler.

- Non ! Je ne peux pas perdre, je te vaincrai et j’irai protéger mon roi. clame-t-elle avant de rajouter, je ne faillirais pas à mon serment. Je ferais honneur à mon père !

Le temps d'un batement de cils, tel un raz de marée, les flots de son passé ressurgissent :

Elle s’en souvient encore, lorsqu'elle était âgée d'à peine onze ans. Fille d’une famille noble, et d’un père chevalier, rien ne la destinait pour autant à en devenir une plus tard.

En effet, ce n’était pas elle mais son frère, l’aîné de la famille, qui suscitait tous les égards et la fierté de son père. Lui, qui n’avait pas pu accéder à un poste de commandant, plaçait tous ses rêves et ses espoirs en son fils prodige. Mais malheureusement pour ce dernier, le destin en décida autrement.

Elle se rappelle encore du visage de son paternel le jour de l'enterrement de son grand frère. Une expression de vide dans son regard, comme si ce jour-là, il était parti avec lui.

Souhaitant revoir le sourire de son cher père, Victoria alors âgé de douze ans, se lança dans l’apprentissage du combat. Et à la surprise de tous, il se trouva qu’elle était encore plus douée que son regretté frère.

Son père, qui ne lui prêtait plus attention depuis un moment, se ravisa alors et commença à lui enseigner le maniement des armes afin qu'elle remplace son ainé et honore la famille :

- Un grand pouvoir exige de grandes responsabilités. lui répétait-il.

Elle, qu'il avait toujours traité comme un garçon depuis lors, n'en avait que faire, car la jeune fille ne désirait au final que son approbation et son bonheur. Sacrifier son enfance et un avenir paisbile n'étaient que de modeste tributs si cela pouvait gommer la peine de son père.

Victoria se souvient alors de tout ce qu'elle avait subi pour le rendre fière, pour enfin revoir son sourire. De tous ces entraînements, de toute cette souffrance, endurés nuits et jours sans relâche…

Puis, après quelques années, alors que son vieux père, alité, allait rejoindre son cher fils, elle put enfin lui annoncer cette nouvelle dont il rêvait depuis tant de temps : elle faisait dorénavant partie des cinq grands commandants de Cendria. Sur son lit de mort ; il quitta alors ce monde comblé. La laissant en pleurs face à son dernier sourire.

À ces souvenirs, une aura intense émane de son corps, elle semble plus résolu que jamais.

- À la mémoire de mon père ! clame-t-elle.

- Oh, pas mal ! rétorque l’homme à la chaine face à cette effluve soudaine d’énergie : il me semble que je t'ai sous-estimé.

Au même moment, le jeune maître pénètre dans la salle de bal. Tous semblent craintif. La tension est de plus en plus palpable. Un lourd silence s'installe.

L'intrus s'avance vers le roi, mais les gardes viennent immédiatement se mettre sur sa route :

- Qui es-tu et que me veux-tu ? demande le souverain, brisant le silence.

- Halte ! aboie un des gardes. Tandis que ses compagnons se déplacent lentement autour du jeune chef jusqu'à l'encercler.

Le jeune homme s'arrête net et prend la parole :

- Hmmm, fait-il en regardant autour de lui, scrutant chaque convive, plus terrifié l'un que l'autre, à la recherche de sa cible. Où est la princesse ? demande t-il d'un sourire malicieux.

- Quoi ?! s'exclame le vieil homme, c’était donc pour elle ! Je ne vous laisserai pas approcher de ma fille ! Jamais ! vocifère-t-il en se levant brusquement de son trône.

- Mauvaise réponse, réplique l'homme mystérieux, je la trouverai sans votre aide. Puis il relève ses deux bras au niveau de sa tête : Chers amis, je me présente, dit-il en enlevant sa capuche, sous les yeux médusés de tous...

Dans les couloirs du palais royal :

Alors que la chevalière écarlate, fait preuve d’un dernier sursaut, elle laisse éclater son pouvoir, prête à contre-attaquer :

- Il est vrai que je ne soupçonnais vraiment pas une telle réserve, rétorque son assaillant, mais penses-tu être de taille ?

- Je dois reconnaitre que tu es très fort, au point même que j’ai l’impression que tu es loin de m’avoir montré ce dont tu es réellement capable, admet-elle sereinement.

- Héhé Héhé ! Tu es perspicace. Mais je pourrais dire la même chose pour toi, réplique-t-il, quel tour me caches-tu dans ta manche ?

- Mon père me disait toujours ceci : un grand pouvoir implique de grandes responsabilités. Si tu avais mis ta lame au service d’une cause juste, tu aurais surement accompli de grandes choses… au lieu de tuer tous ces innocents qui ne faisaient que leur devoir…

- Ton père devait être un homme avisé. Vois-tu, la justice n’est qu’un point de vue subjectif. Ce que je réalise est au nom de notre propre idéal de justice.

- Quel but justifierait un tel massacre ? Hausse t-elle le ton, avant de rajouter une ultime question : Qui es-tu à la fin ?

- Héhé Héhé ! Finalement, je veux bien satisfaire ta curiosité, puisque tu as combattu vaillamment, lui répond t-il avant d'enchaîner, tu peux m’appeler Kanon*. Et quelque chose d’aussi futile que de conquérir des terres ou envahir un royaume ne nous intéresse absolument pas, précise-t-il.

(*Kanon : se prononce ici Kannone)

- Kanon… Qu’est-ce qui vous intéresse alors ? rabâche-t-elle.

- Mes compagnons et moi faisons partis de quelque chose de bien plus grand et plus noble, élude t-il avant de poursuivre. Nous sommes venus ce soir nous emparer du pouvoir de votre chère princesse. Puis il se met en position de combat, trêve de bavardage, finissons-en ! réclame-t-il.

Victoria, décontenancé un instant, se reprend, pensant à Galahn dont la mission est de protéger Emi. Savoir cela, la rassurait un peu :

- Je vois... je ne vous laisserais pas faire, je me battrais jusqu'à la mort ! Je l'égalerai, pense-t-elle tout haut en parlant de son commandant.

Elle adopte à son tour une posture de combat.

Tout à coup des cris horrifiés jaillissent depuis la salle de bal, résonant dans tout le palais. Kanon ne peut s'empêcher d'esquisser un rictus en signe de provocation.

Victoria, alertée, se décide :

- Je vais jouer le tout pour le tout. Il n'y a plus de temps à perdre ou sinon...

Elle arrache la chaîne plantée dans son épaule provoquant une effusion de sang, puis serre son fouet de toute ses forces, déterminée comme jamais, faisant fi de la douleur. Son aura s'intensifie de plus belle. Les fissures encrées sur les murs et le sol se creusent un peu plus face à l'effluve d'energie atteignant son proxysme. Un regard imperturbable se dessine sur son visage. Elle ne prête plus attention aux bruits provenant de la salle. Pendant un court laps de temps, seul son ennemi existait encore à ses yeux. Tout à coup, elle s'élance sur son adversaire à toute vitesse :

- Je combattrai au péril de ma vie s'il le faut, mais tu ne passeras pas ! martèle la chevalière.

« Rosa-Escarlata » ! (Son fouet se raidit tel une lance, enrobé de son aura.)

À son tour, l'homme à la chaîne amplifie de mannière considérable son aura, en réponse à cette dernière. L'effluve d'énergie colossale qui s'en dégage finit de dévaster le décors déjà épprouvé.

Tandis que Victoria fonce sur lui, il reste inerte. Attendant le bon moment, tel un pêcheur qui laisse le poisson s'agiter avant de tirer sur le fil. Et à l'instant où il va être touché, il empoigne sa dague placée à son bassin gauche, puis s'avance très rapidement d'un pas vers elle, et d'une dextérité sans égale, la lui plante en plein cœur :

- Alors meurt ! Dit-il d'un ton très sec.

Annotations

Vous aimez lire Alsensei ?

Commentez et annotez ses textes en vous inscrivant à l'Atelier des auteurs !
Sur l'Atelier des auteurs, un auteur n'est jamais seul : vous pouvez suivre ses avancées, soutenir ses efforts et l'aider à progresser.

Inscription

En rejoignant l'Atelier des auteurs, vous acceptez nos Conditions Générales d'Utilisation.

Déjà membre de l'Atelier des auteurs ? Connexion

Inscrivez-vous pour profiter pleinement de l'Atelier des auteurs !
0