Le 1er octobre.

Mademoiselle,

Nous avons pris connaissance de votre candidature et nous vous remercions de l’attention que vous portez à notre société.

Toutefois, nous sommes au regret de vous annoncer qu’au vu des dangers encourus suite à la recrudescence de la piraterie cronotique, nous ne prenons plus de stagiaires.

Nous vous souhaitons bonne réception, en espérant que vos recherches d’emploi soient fructueuses.

Que Cronos vous guide vers une voie plus sûre.

M. Sat Ournous,
DRH des Commerciaux de Cronos

Journal du capitaine Al arrash, seul maître à bord du Croniquonaute, fleuron de la flotte des Commerciaux de Cronos.

Le 15 octobre.

Moi, Al Arrash, meilleur des capitaines de Cronos, m’apprête une nouvelle fois à traverser les Mers du Temps pour la Chine du XXIème siècle.

Tenir un journal de bord, c’est pas ce n’est pas ma tasse de thé, mais c’est la nouvelle norme en vigueur. Enfin, il paraîtrait que ça a toujours été obligatoire, mais je n’ai jamais entendu parler de cette corvée avant… Mais bref, puisqu’il en faut un, allons-y, commençons.

Ce soir, les conditions pour emprunter le Chaudron seront optimales. La traversée devrait se dérouler sans emm incident majeur. Il y a bien ces pirates à la noix dont tout le monde parle en tremblant, mais mon Chroniquonaute est suffisamment armé pour les défoncer affronter. Le secteur Delta ne me fait pas peur ! Ces bâtards n’ont qu’à bien se tenir, héhé !

Aucun incident à signaler lors de l’inspection de mon bâtiment. Rien. Nada. Nothing. Nichts. Nihil…

Eh oui, je maîtrise toutes sortes de langues. Même les langues mortes. C’est indispensable quand on voyage dans le temps, et ce n’est pas pour rien que je suis le meilleur capitaine de la Compagnie cronotique !

Il est temps que j’aille passer l’équipage en revue une dernière fois. Je crois que si un seul de ces foutus matelots se présentait avec un bouton de travers ou les ongles rongés, je donnerais ma dem’. L’autre jour, au dernier voyage, l’un d’eux avait un fil qui dépassait de l’ourlet de sa veste. Il est resté à terre. J’espère que cette fois, il aura compris la leçon.

Le 15 octobre, à 21h selon le méridien de Greenwich.

Nous voilà partis sans encombre, comme d’habitude. Emprunter le chaudron est décidément une expérience unique. C’est comme se diriger droit vers le soleil, sauf que celui-ci est une géante rouge alors que le chaudron a un éclat jaune pâle éblouissant. Bon, d'accord, du coup, ce n'est pas du tout la même chose... Et puis qu'est-ce qu'on s'en moque ! Je ne suis pas doué pour les figures de style, moi... En tout cas, sans lunettes adaptées, on risque de devenir aveugle.

Puis vient la mer de couleurs, qui couvre tout le spectre lumineux, de l’ultraviolet à l’infrarouge. Ça me donne l’impression de voyager sur un arc-en-ciel géant… Ou d'avoir fumé du saturnal (1). Oui, c’est vraiment magnifique.

Cela fait une heure que nous sommes partis. La Mer du Temps est calme. Encore une inspection et je pourrai envoyer l’équipage se coucher, à l’exception de l’équipe de quart.

***

J’ai été interrompu par mon second qui me signale que je n’ai pas encore défini l’équipe de quart. Que Cronos l’emporte ! Il n’avait qu’à s’en charger… à quoi sert-il au juste, celui-là ? Eh bien, c’est lui qui commencera à veiller, avec les idiots malfaisants qui ne sont pas fichus de repasser un uniforme sans faux plis. J’espère que ça va les faire ch Ça leur fera les pieds !

Tiens, et le voilà qui gueule râle encore… On n’est jamais tranquille ici ! Je vais voir ce qu’il a encore, cet ahuri...

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(1) Drogue découverte au XXXVIème siècle.