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Journal de l’intimidant pirate Thomas Toes, second du terrible pirate Homlet – 27 octobre de l’an de grâce 1725 ?

Par le mouchoir de ma bisaïeule, j’ignore ce qu’il s’est passé, mais j’avais bien prévenu mon capitaine que ce périple insensé tournerait mal ! Il semblerait que ce prétendu trésor était bien un appât pour nous piéger. Là où nous sommes, rien n’a plus de sens.

J’ai pourtant cru un instant que William Homlet avait raison : quand nous avons échoué sur cette île inconnue, j’ai eu la faiblesse de croire que tout était vrai ; j’ai même accompagné mon commandant et ami dans sa recherche du trésor.

Nous nous sommes dirigés vers l’arc-en-ciel qui paraît la voûte céleste de ses sublimes couleurs après l’orage. Cette direction ou une autre, quelle importance ? avais-je pensé. Il fallait bien commencer les recherches quelque part, Homlet avait raison. C’est alors que la première anomalie est venue me mettre la puce à l’oreille…

J’ai suffisamment d’éducation pour savoir qu’on n’atteint jamais le pied d’un arc-en-ciel. Jamais. Or, celui-ci se rapprochait bel et bien. Comment était-ce possible ? Mon esprit rationnel était tout à coup mis à rude épreuve. J’ai cru être victime d’une hallucination jusqu’à ce que les membres de l’équipe de repérage ne s’en étonnent à voix haute : quoi ! les contes de grands-mères disaient donc vrai ? Allions-nous tomber sur le trésor d’un leprechaun ou autre lutin malfaisant ?

Ma raison s’est rappelée à moi : c’était impossible. En revanche, la flore nous était en grande partie inconnue sur cette terre étrange. Une des plantes locales pouvait-elle émettre un pollen ou des spores hallucinogènes ?

Bien entendu, mon capitaine n’a fait que rire de mon hypothèse, avant de me menacer de me refaire passer le supplice du pont si j’ouvrais encore « ma grande gueule », comme il dit. Je ne suis pas suicidaire, j’ai donc gardé mes craintes et mes réserves pour moi, quoi qu’il m’en coûte.

Enfin nous avons atteint le pied de l’arc-en-ciel. Et à son pied se trouvait un chaudron étincelant, un chaudron d’or, mais un chaudron vide, pour la plus grande frustration du groupe. Nous nous sommes rapprochés et avons exploré les environs mais rien n’indiquait qu’il eût contenu quoi que ce fût un jour, à part la fameuse légende que j’ai déjà évoquée dans cette page de journal. Nous nous sommes donc intéressés au récipient lui-même. C’est le capitaine qui a découvert l’inscription. Pour un homme qui se targue d’être inculte, il sait plutôt bien lire… J’ai failli lui en faire la remarque mais un reste d’instinct de survie m’a retenu. Un jour, peut-être, j’en saurai davantage sur ce passé contre lequel il est manifestement fâché.

Le chaudron n’était pas en or, en réalité, même si le métal inconnu dans lequel il avait été façonné y ressemblait beaucoup, à ceci près qu’il semblait émettre sa propre lumière. L’arc-en-ciel qui en sortait était identique quelque fût l’angle sous lequel nous l’observions. Enfin, le texte gravé à sa base était écrit dans une calligraphie extrêmement épurée. William Homlet nous le lut à voix haute : « L. Eprechaun. Sabords du diable, qu’est-ce que c’est que ça ? Un nom ? Celui du voleur qui a pris le trésor avant nous, sans doute ! Ha ! On s’est moqué de moi, parole de pirate ! »

Je vous l’avais bien dit, capitaine. Bien entendu, je n’allais pas exprimer cela à voix haute. À la place, je m’appuyai sur le bord de l’objet pour regarder à l’intérieur…

Je le regretterai toute ma vie.

Aussitôt, tout s’est mis à tourner et nous nous sommes évanouis. Quand nous sommes revenus à nous, nous étions dans un étrange navire de forme ronde et pansue, fait d’un métal doré et lumineux. Une fine arche du même métal nous surplombait et au-dessus de nos tête, le ciel avait fait place à d’étranges couleurs mouvantes.

À l’heure où j’écris ces lignes, nous y sommes toujours. Toutefois, j’ai compris de quoi il s’agissait : ce navire magique est en réalité le Chaudron. Il reste à déterminer quelle est cette dimension surnaturelle dans laquelle nous naviguons.

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