Je suis la première à être prête pour le petit déjeuner. Raphaël est occupé avec ses histoires de boulot alors je descends à la cuisine.

- Bonjour, je lance à Marie derrière les fourneaux. Heureuse de vous revoir.

La jeune femme sursaute avant de se retourner pour me regarder comme si je venais d'une autre planète.

- Une hallucination ! s'écrit-elle.

- C'est vraiment moi Marie.

- Je suis contente de vous revoir ! s'exclame-t-elle. À vrai dire, je pensais que monsieur était un cas désespéré. Il a suivi mes conseils puisque vous êtes là.

- Si je comprends bien, c'est grâce à vous si je suis en couple avec Raphaël ?

- Bien sûr que non ! Je lui ai donné des conseils et fait prendre conscience de ses sentiments envers vous. Pour le reste, il a fait ce qu'il a pu. Monsieur n'est pas une mauvaise personne.

- Je sais, nous allons nous marier, je ne pus retenir de dire.

- Mais c'est super ! Je suis si contente pour vous, cri-t-elle comme une enfant.

- Pourquoi tant de bruit ? demande Raphaël en descendant les escaliers.

- Le déjeuner est prêt, je déclare.

- Bien joué monsieur, chuchote Marie en passant devant mon fiancé.

Il jette un regard suspect à Marie avant de s'asseoir à côté de moi.

- Quand allons-nous nous marier ? je demande.

- Cet été et ce sera une grande cérémonie, confirme-t-il. Je connais une organisatrice réputée qui nous vendra du rêve. Je veux le meilleur pour la femme que j'aime.

Il m'embrasse dans le cou en me prenant par la taille d'une seule main. J'ai avalé quelques bouchés de pancakes lorsque je me sens à nouveau mal. Oh mon Dieu ! Mon rendez-vous à la clinique.

- Il y a un problème ? demande mon fiancé en me sondant du regard.

- J'ai mal au ventre mais ça va, je réponds le visage blême.

Pour appuyer mes propos, je me touche le ventre et Raphaël fait de même.

- Je ne me rappelais pas que tu avais un peu de ventre, remarque-t-il en fronçant les sourcils.

- Ne t'énerve pas Raphaël, j'ai prévu d'aller à la clinique, je m'exclame de plus en plus mal à l'aise.

- De quoi tu parles ? Y a-t-il quelque chose que je devrais savoir ?

- Je suis enceinte de trois mois, j'avoue d'une petite voix sans le regarder dans les yeux.

Il abat son point sur la table dans un bruit sourd.

- Pourquoi tu ne me l'as pas dit plus tôt ? s'énerve-t-il.

- Ça fait une semaine que je le sais, je me défends. De toute façon, je vais à la clinique tout à l'heure car il me reste peu de temps pour avorter.

- Qui a dit que tu devais aller à la clinique ?

- Tu vois une autre solution ? je rétorque.

Mon fiancé se lève et je fais de même.

- Dans notre famille et dans la tradition espagnole, les enfants sont des cadeaux précieux, avoue-t-il. J'ai bientôt trente-six ans et il est temps que je fonde une famille.

- Je vais sur mes dix-neuf ans et je n'ai pas finis mes études. Je ne peux pas avoir d'enfant maintenant.

- Il ne manquera de rien et tu pourras t'occuper de lui à temps partiel, essaie de me convaincre Raphaël.

Il se rapproche de moi et pose une main sur mon ventre.

- J'aime déjà cet enfant, avoue-t-il. Un mini Raphaël ou mini Alicia.

J'aime tellement quand il montre son côté doux et attentionné.

- On était à Dubaï la première fois qu'on a couché ensemble, je rappelle. Tu es sûre que c'était bien une pilule du lendemain qu'ils t'ont donné ?

- Je ne sais pas, je n'ai pas fait attention. Tu penses que c'est à ce moment-là que tu es tombée enceinte ?

- Je suis presque sûre. Ça coïncide parfaitement avec mes trois mois de grossesse.

- On garde cet enfant, ordonne Raphaël. Je veux vraiment être papa.

Il dit ça avec tellement d'envie et de sincérité que je vois mal briser ce bonheur.

- Je te préviens que ça ne va pas être facile.

- Les pires épreuves sont derrière nous maintenant, commente-t-il.

Il me prend tendrement dans ses bras au moment où Marie réapparait, gaie comme un pinson.

- C'est la première fois en dix ans que je vous vois aussi excitée, remarque mon fiancé.

- Je suis si heureuse pour le mariage et le bébé monsieur. Depuis le temps que j'attendais de voir des enfants courir dans cette villa trop calme.

- Comment êtes-vous au courant pour le bébé ? demande Raphaël méfiant.

- En tant que gouvernante, j'ai les oreilles qui trainent, avoue Marie très gênée.

Il lève les yeux au ciel avant de se tourner vers moi.

- Nous allons fêter ça tous les trois avec une bouteille de champagne.

- Je l'ai rarement vu si heureux, me confie Marie à voix basse.

C'est impressionnant comme en l'espace de deux jours ma vie a basculé dans la lumière.

***

- Je vais me marier, je confie à Sarah au repas de midi.

Elle est littéralement en train de s'étouffer avec son verre d'eau.

- J'ai dû louper toute la saison une de la vie d'Alicia Forest, me reproche-t-elle. Que se passe-t-il encore ?

Je lui raconte alors ce qu'il s'est passé ce week-end.

- Ce que je retiens de tout ça, c'est que tu n'as plus besoin de te prostituer, dit-elle à la fin de mon récit. Place à la saison deux.

- C'est vraiment tous ce que tu as à dire ? je demande déçue.

- Tu es trop jeune pour te marier et avoir un enfant. Cependant, je ne suis pas en position de te juger alors si tu es heureuse comme ça, je suis contente pour toi.

- Tu veux bien être mon témoin de mariage alors ?

- Je ne raterais ce mariage pour rien au monde ! s'écrit-elle un peu trop fort dans la cafétéria, attirant les regards des curieux.

Je lui fais signe de se calmer en riant légèrement.

- Et pour Nathaniel ? demande-t-elle curieuse.

- Il m'a dit qu'il est heureux pour moi et sans aucune animosité. De toute façon, il va déménager à Londres et quitter Paris.

- Et Kelly ?

- Je n'ai pas de nouvelles d'elle depuis notre altercation de vendredi. Il faut juste annoncer la nouvelle à Angélique.

- Tu m'as dit que ton fiancé voulait un grand mariage mais il n'y aura pas beaucoup d'inviter n'est-ce pas ? ricane-t-elle.

- Il y aura Marie, toi, Angélique, le comte, la comtesse, des collègues à Raphaël et quelques personnes du milieu, j'annonce. Je tiens à inviter Kelly si elle change de comportement.

À la fin du repas, mon amie me serre dans ses bras. Sa bonne humeur est contagieuse et je ne peux m'empêcher de chahuter avec elle.

Le soir même, mon fiancé vient me chercher dans sa jolie Ferrari rouge. Il a voulu finir plus tôt. Il se gare près de la fac, devant les regards admirateurs des étudiants.

Nous arrivons à la villa et Raphaël se place dans le grand garage avec les autres voitures. Il coupe le contact mais au lieu de sortir, il m'embrasse tendrement.

- Tu ne veux pas qu'on le fasse à l'arrière ? murmure-t-il. Il faut rattraper le temps perdu.

Je détache ma ceinture et fais des acrobaties pour atteindre les sièges passagés. Raphaël se positionne au-dessus de moi tout en baissant son pantalon de costard.

- Je préfère dans le lit, je commente après avoir terminé.

- On le fera ailleurs aussi, dit-il en me faisant un clin d'œil.

- Vous en avez mis du temps pour venir jusqu'au salon, remarque Marie en époussetant les meubles.

- Je montrais à ma future femme l'endurance de ma Ferrari, explique Raphaël.

Il n'a aucune crédibilité et malgré son ton sérieux, je ne peux m'empêcher de rire.

- Je vois, siffle Marie en me faisant un clin d'œil. Je vous laisse continuer la leçon dans votre chambre monsieur.

- Elle se fou de moi ? chuchote Raphaël en montant les escaliers.

- Absolument !

- Cette femme prend la confiance. Elle oublie qui est le patron grogne Raphaël.

- C'est pour ça que tu l'adore, je souligne en lui ébouriffant les cheveux.

- Toi aussi, tu te moque de moi, s'exclame-t-il. Je vais me venger.

Il me pousse sur le lit puis me fait des chatouilles. Je hurle de rire en gesticulant comme une enfant. Si c'est ça le bonheur, je veux qu'il reste pour toujours.