Je passe une partie de la matinée sous la couette, enfoncée dans mes cousins. Je prends la décision de me lever lorsque j'entends la clé tourner dans la porte. Je rejoins une Angélique souriante dans le salon alors que moi je suis en vieux pyjama du dimanche.

- Je te remercie de m'avoir donné des numéros Alicia, s'exclame-t-elle. Je vais pouvoir partir de mon appartement insalubre avec tout cet argent que je gagne.

- Fais tout de même attention à toi, je la préviens la voix enrouée. Même chez les aristocrates il n'y a pas que des gentlemen.

- Ne t'inquiète pas Alicia, soupire-t-elle. Avec toutes les violences sexuelles que j'ai subies, je peux te dire que l'homme d'hier était vraiment agréable. Je vais peut-être reprendre plaisir au sexe.

- Le plus important, c'est que tu manges à ta faim, je souffle en me servant un chocolat chaud. Il faut que tu sois en bonne santé que tu reprennes un peu de poids. Je suis sûre que tu rentreras parfaitement dans mes vêtements.

Elle me regarde m'asseoir lourdement dans le canapé.

- Tu ne te sens pas bien aujourd'hui ? demande-t-elle en s'approchant de moi avec inquiétude.

- Hier soir, j'ai croisé mon « Sugar Daddy » si je puis dire, je marmonne entre deux gorgées.

- Et qu'est-ce que tu as ressenti ?

- De l'indignation face à sa jalousie mais surtout de la colère, j'explique calmement. J'étais sur le point de conclure avec Nathaniel mais il est intervenu. Pourtant, ça ne le dérangeait pas de coucher avec moi et ensuite de remplir mon compte en banque.

- Ton histoire est étrange, commente Angélique. Ces hommes peuvent tout avoir, jamais un client ne réagit comme ça.

- Raphaël n'est pas comme les autres hommes, je me justifie. Il est très difficile à cerner et impénétrable. Je ne comprends pas son comportement. Cependant, le plus gros problème que je dois affronter c'est l'argent. Je n'ai pas d'autres alternatives que de me vendre.

Angélique est dans la même situation que moi et elle ne sait pas comment me réconforter.

- Si ça peut t'aider à te détendre, j'aimerais que tu viennes avec moi en ville sourit-elle à nouveau. Je dois m'acheter un smartphone et des vêtements. J'ai rendez-vous avec d'autres hommes d'influences la semaine prochaine alors je ne t'embêterais pas éternellement dans ton appartement.

- Ça me fait plaisir que tu sois là, je lui confie. Je me sens moins seule.

De meilleure humeur, je pars me préparer pour faire les boutiques. Certaines d'entre elles sont ouvertes le dimanche après-midi.

- Je n'ai pas encore assez d'argent pour m'acheter de la haute couture, s'exclame mon amie embêtée.

- Je t'offre ton premier sac Yves Saint Laurent, je lui indique en la poussant à l'intérieur.

Il n'y a que deux autres clientes dans le magasin et nous avons la possibilité d'essayer à notre guise. Les tenues de luxes et le maquillage raffiné conviennent mieux à Angélique que ses anciennes tenues vulgaires.

- J'aime beaucoup celui-ci, me montre-t-elle. Il est simple mais mignon.

Elle choisit le sac standard en cuir noir avec la boucle en or de la marque. Je passe à la caisse pour débourser un peu plus de mille euros. Il est vrai que cette marque est un peu moins chère que Chanel au niveau des sacs.

Je suis moi-même choquée de dépenser autant pour un sac à main alors que je n'ai jamais vécu dans le luxe jusqu'à maintenant. Le problème quand je côtoie ce genre de magasin, c'est que j'ai toujours envie d'acheter. À l'inverse de certaines personnes, j'ai plus ou moins les moyens désormais.

- Il faut que je m'achète un nouveau téléphone et que je règle mon loyer, avoue Angélique.

- Je n'ai pas grand-chose à faire à part quelques révisions alors je veux bien te trouver un nouvel appartement.

Mon ami a écrit ses exigences sur un papier. Elle se dirige vers un magasin de téléphone ouvert tandis que je rentre chez moi.

Au bout de quelques heures, j'ai trouvé un appartement sympa à mon amie pour un loyer de mille euros. D'après mes calculs, elle n'aura pas beaucoup de mal à le payer si elle couche à un peu plus de mille euros la nuit entière.

Je profite de ce moment de détente pour envoyer un message à Nathaniel puis à Charlie, l'ami de Siegfried. Si je veux gagner de l'argent rapidement, il est nécessaire que j'organise des rendez-vous à l'hôtel.

Charlie me répond vite pour me dire qu'il est à Paris mardi. Il me propose un rendez-vous dans le restaurant d'un hôtel de luxe.

- Je t'ai trouvé un appartement sympa, j'avoue à Angélique lorsqu'elle rentre de ses courses quelques heures plus tard.

- Super, s'exclame-t-elle de bonne humeur. J'emménagerais dès que je peux. Comme ça tu n'auras plus à me supporter.

- Tu as pu voir avec tes clients pour t'organiser ? je demande curieuse.

- D'après mes calculs, je peux arriver à gagner jusqu'à dix mille euros par mois. Jamais je n'aurais pu imaginer une somme aussi énorme. Grâce à toi j'ai pu sortir de la misère.

D'un côté je suis contente d'avoir pu aider quelqu'un, mais d'un autre j'ai peur qu'Angélique passe toute sa vie à faire ça. Je lui lance un sourire crispé avant de partir en cuisine pour préparer le repas.

***

Après les cours, je quitte Sarah pour rejoindre Angélique dans mon appartement. Celle-ci a emménagé depuis hier mais elle est venu me rendre visite avant mon rendez-vous avec Charlie, dans le but de m'aider à me préparer.

Je porte une élégante robe noire avec des escarpins de la même couleur. Angélique me maquille avec soin et je fais pareil pour son rendez-vous de ce soir.

- Il est l'heure pour nous de partir voir notre client, avoue mon amie.

Nous prenons la même direction car nous allons dans le même hôtel au cas où nous avons un problème. La jeune blonde rejoint directement la chambre alors que je me dirige dans la partie restauration.

- Je suis content que tu m'ais rappelé. Je commençais à désespérer, avoue Charlie. Tu me plais vraiment Alicia.

Nous discutons et grignotons un apéritif de luxe. Au bout de trente minutes, il m'invite à rejoindre une chambre. Charlie m'a fait part d'un grand désir de domination sur le plan sexuel alors je m'attends au même comportement que mon ancien amant.

Sauf qu'il n'est pas Raphaël...

Il referme la porte sur le couloir luxueux d'époque puis s'assois sur le lit au centre de la pièce. Je me place près de lui et il commence à m'embrasser doucement. Je n'éprouve pas d'attirance particulière pour lui mais je me force à poursuivre en sachant qu'une somme importante m'attend.

Ses baisers se font plus sauvages et ses caresses sur ma jambe deviennent plus agressives. Je mets fin aux mouvements de nos lèvres pour pouvoir l'observer. Je vois dans son regard, un désir immense de domination.

Je souhaite le repousser mais il me pousse violemment sur les draps. Charlie se place au-dessus de moi puis retire son costard. Il m'agrippe brutalement les poignets avant de m'embrasser durement.

- Tu es beaucoup trop violent, je siffle entre deux baisers.

- Tu dois faire tous ce que je te dis car je te paie pour ça sale pute ! grogne-t-il d'un ton que je ne lui connaissais pas.

Il enfonce ses ongles dans ma cuisse puis me retourne sur le ventre sans prendre en compte mon objection. Je tente de le repousser mais je n'y arrive pas. Mon regard se pose sur un fouet et des menottes présentent sur la table de chevet.

Je n'ai pas signé pour ça ! Malgré mes protestations, cette brute déchire une partie de ma robe.

Cette fois ci c'est trop pour moi. Je me débats de toute mes forces pour échapper à mon agresseur. D'un coup de genou dans les parties intimes, il laisse échapper un cri de douleur. Je le pousse de toute mes forces sur le lit, récupère mon manteau et sors de la chambre en courant.

Je m'arrête de courir qu'une fois arrivée dans la rame de métro. Je cache les lambeaux de ma robe avec les pans de mon long manteau. J'essaye de reprendre mon souffle et de me remettre des évènements.

Je n'arrive pas à croire que j'ai eu la chance d'échapper à mon agresseur. S'il était allé jusqu'au bout...

Je ne préfère pas y penser. Je suis encore toute tremblante et je tente de me calmer en pensant à des choses agréables même si en ce moment il m'arrive que des problèmes.

Dès que je rentre chez moi, je m'effondre sur le lit. Je reçois un message de Nathaniel qui m'invite à passer la soirée sur une péniche. Est-ce que lui aussi va me faire du mal ?

Beaucoup trop de personnes ont pu profiter de ma faiblesse mais j'ai terriblement besoin d'argent. Je prends une nouvelle fois le risque de tomber sur un homme aux penchants sexuels pervers.

Pourtant, quelque chose chez Nathaniel m'attire. C'est un homme charmant et beaucoup plus accessible que mon ancien amant. Peut-être qu'avec lui je pourrais construire une relation, mais pour le savoir il faut tenter.