Chapitre 16 - Chez les aristocrates

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Je suis vêtu d'une belle robe de soirée bleu cobalt sertie de diamants. J'attends Raphael dans mon nouvel appartement. Le salon est petit alors que la cuisine est spacieuse. Ma chambre comporte un dressing de taille moyenne où sont rangés mes nombreux vêtements. La salle de bain est assez grande pour se déplacer sans se cogner et la dernière pièce sert de bureau et chambre d'amis. Je suis allée chez le docteur qui m'a prescrit des pilules que j'ai commencé à prendre le jour même.

Raphaël m'envoie un message pour me dire qu'il est arrivé et je ne me fais pas prier pour descendre et m'asseoir sur la banquette.

- Bonsoir Alicia, tu es ravissante comme d'habitude, complimente-il en me faisant un bisou sur la joue.

Le chauffeur démarre et sillonne la ville.

- Nous allons chez un aristocrate qui loge en banlieue de Paris, explique Raphaël. Il organise tous les mois des soirées où se réunissent des entrepreneurs pour discuter de l'évolution du marché.

- Je n'ai rien à faire là-bas, je fais remarquer.

- Ne t'inquiète pas, ce ne sera pas différent des soirées officielles. Ça fait un moment que je n'y ai pas assisté et je veux que mes concurrents me voient sous mon plus beau jour.

Ah d'accord, je ne suis qu'un accessoire en réalité. Cependant, je serais avec lui alors ça me convient d'avoir été invitée.

- J'aime beaucoup ton nouvel appartement.

- Je ne te remercierais jamais assez pour cet argent, je confie reconnaissante.

- Je te paierais encore ce soir pour avoir eu la gentillesse de supporter une soirée mondaine.

Presque une heure plus tard, la berline s'arrête devant un vieux château entouré d'un parc immense. Quelques invités sont rassemblés pour fumer sur les escaliers en pierre. Raphaël nous fait entrer sans leur prêter attention mais je remarque leurs chuchotements ainsi que leurs regards indiscrets. Des employés en costumes nous indiquent une immense salle de bal où discutent une soixantaine de personnes.

- Bonsoir monsieur Castillo, salut un homme un peu âgé. Cela fait longtemps que vous n'êtes pas venu.

- Bonsoir monsieur le comte, répond Raphaël en lui serrant la main.

Une élégante dame qui semble être sa femme nous rejoint et mon cavalier lui fait un baise main. Ils tournent des yeux curieux dans ma direction.

- Je vous présente mon amie Alicia Forest, enchaîne-t-il en passant une main autour de ma taille.

- Enchanté de vous rencontrer, dis-je en arborant une légère révérence.

Tous deux me sourient complètement ravis.

- Je commençais à désespérer pour vous Raphaël, avoue le comte d'un ton énigmatique. Amusez-vous bien tous les deux.

Le couple s'éloigne pour saluer de nouveaux invités. Raphaël me tend une coupe de champagne mais il ne parle à personne.

- Tu ne me présentes pas à mademoiselle Forest ? demande une voix inconnue. Quel malpoli !

Je me retourne en même temps que mon partenaire, face à un homme jeune. Les deux hommes se sourient avant de pivoter vers moi.

- Je te présente mon demi-frère Mathias Rovair et directeur en gestion de fortune dans mon entreprise.

- Ravie de faire ta connaissance, s'exclame-t-il en déposant un baiser sur ma main.

- Moi de même.

Cet homme n'est pas aussi beau que Raphaël mais il a du charme. Mathias est châtain aux yeux bleus et semble approcher de la trentaine.

- Je dois malheureusement m'éclipser, s'excuse-t-il.

Mathias s'éloigne vers un groupe de jeunes femmes et je vois Raphaël lever les yeux au ciel.

- Les médias ne mentionnent pas que tu as un frère, je relève en me tournant vers lui.

- Je ne tiens pas à ébruiter cette information, affirme-t-il en se crispant. J'ai voulu l'aider en le formant à un travail puisque nous partageons le même sang mais nous n'avons de de lien particulier.

- Je ne comprends pas Raphaël.

- Ce n'est pas important, souffle-t-il en secouant la tête. J'ai une famille compliquée.

- Comme tu veux...

Raphaël me présente au long de la soirée comme son amie et je ne m'en sors pas trop mal. Je passe presque pour une fille de bonne famille. J'ai rencontré plus d'une dizaine de personnes mais aucune ne semble proche de Raphaël. Personne ne semble le connaître comme je le connais.

Je m'approche du buffet pour grignoter un peu mais je trébuche avant de me rattraper à la table. Une jeune femme vêtue d'une longue robe rose pâle se retourne et mon corps se fige en même temps que le sien. La surprise passée, je me redresse comme si rien ne c'était passé.

- Le monde de la jet set est vraiment petit.

- Bonsoir Kelly, c'est une surprise pour moi aussi, j'avoue d'un ton froid.

- Mon frère est un entrepreneur reconnu en Suède et nous quittons Monaco une fois par mois pour rejoindre les grands salons du comte, explique la jeune femme.

- Puisque nous nous rencontrons à nouveau, laisse-moi te dire que je ne suis pas « de ce bord » comme tu dis, je me justifie. Raphaël est mon petit ami.

Elle lâche un sourire narquois avant de se diriger vers mon partenaire.

- Bonsoir monsieur Castillo, je suis Kelly la sœur de Siegfried Gunnarson, se présente-t-elle avec un grand sourire. J'ai cru comprendre que vous étiez le compagnon d'Alicia.

Je regarde Raphaël horrifiée, les sens en alerte. Il m'observe avec un regard intense que je n'arrive pas à identifier avant de se tourner vers Kelly.

- Bonsoir mademoiselle, c'est exact je suis son compagnon, affirme-t-il en s'avançant vers moi pour me prendre par la taille. Je connais le cousin d'Alicia, c'est comme ça que nous nous sommes rencontrés.

Son sourire s'efface et elle se tourne vers moi d'un air coupable. Elle bafouille des excuses avant de s'éloigner. Raphaël me prend la main et nous sortons dans le couloir désert.

- Je sais que les femmes se font beaucoup la guerre dans le milieu mais là je demande des explications car je ne comprends rien.

Je le regarde d'un air coupable et les joues rouges.

- Tu te souviens de la femme avec qui je parlais à la piscine de l'hôtel ? je demande, pas très sûre de moi.

Il réfléchit quelques secondes avant de hausser les épaules.

- Je n'y ai pas fait très attention mais je vois de qui tu parles.

- Cette fille c'est Kelly Gunnarson, la suédoise qui est venu te saluer, j'explique. Elle m'a accusé d'être une prostituée et j'ai paniquée alors je lui ai dit que nous étions ensemble.

Il secoue la tête puis tape contre le mur visiblement très en colère.

- J'ai confirmé ses dires parce que je ne voulais te mettre plus mal à l'aise que tu ne l'étais déjà. Cependant, tu nous as mis dans une situation très délicate.

- Cette fois c'est moi qui ne comprends pas Raphaël. Explique-moi ce qu'il se passe à la fin ! je m'indigne. Pourquoi tout le monde semble si surpris de te voir avec une femme ?

Il me guide dans un petit salon vide de style victorien avant de s'effondrer dans un canapé brodé.

- Les seules femmes que j'ai fréquentées étaient des mannequins ou des femmes mariées de passages, se confie-t-il. Je n'ai jamais eu de petite amie officielle.

- Et en avouant être ta copine j'attire l'attention sur toi c'est ça ?

- C'est pire ! L'information va fuiter et les gens poseront des tonnes de questions sur toi. De plus, ce ne serais pas bon pour mon image et mes adversaires pourraient en tirer parti.

Face à mon regard outré il enchaîne :

- Je te l'ai dit. Jamais nous ne formerons un couple. La seule chose que je peux t'offrir c'est mon argent et rien d'autre. Je suis un homme d'affaire, je dois tout faire pour garder mon entreprise dans le top France.

- Ne t'inquiète pas Raphaël, moi aussi je peux jouer à ses jeux de riches, je lance d'un ton dur. L'information ne fuitera pas, je vais m'en assurez.

Je sors d'un pas pressé à la recherche de Kelly. Je retiens de toutes mes forces mes larmes et ma colère. Je devrais partir mais je n'y arrive pas parce que je veux être à ses côtés pour le soutenir.

- Kelly...

La jeune femme se retourne brusquement et me regarde d'un air contrit.

- Je suis vraiment désolée de t'avoir traité de la sorte Alicia, s'excuse-t-elle en essayant de cacher son accent du mieux possible. J'espère que tu pourras me pardonner.

- Vous savez comment est monsieur Castillo quand il s'agit de sa vie privée alors ne dit rien sur nous deux.

Elle hoche docilement la tête et ses boucles blondes s'agitent autour de son visage.

- C'est la moindre chose que je puisse faire alors permet moi de t'aider à t'intégrer dans le milieu car je sais que c'est parfois difficile, propose-t-elle.

Kelly sait que la famille Castillo ou du moins ce qu'il en reste, est puissante. Je ne pense pas qu'elle pourra m'aider à découvrir les secrets de cette famille qui semble une énigme aux yeux de tous.

- Tu sembles une personne sympathique au-delà de ton mépris pour les prostituées, je commente d'un ton neutre.

J'ai vite appris grâce à Raphaël qu'il ne faut ma montrer ses émotions si celle-ci peuvent vous porter tort. Si je veux survivre ici c'est la seule règle que je dois suivre.

- C'est-à-dire que toutes ces filles ne sont là que pour l'argent et je ne veux pas qu'elles se comparent à des femmes comme nous, se justifie-t-elle.

Je ne suis pas d'accord avec elle mais je préfère ne rien dire face à cette obsession de vouloir garder son argent et sa position.

- J'organise une fête dans ma villa à Monaco le samedi prochain. J'aimerais que tu viennes avec Raphaël. Je précise que c'est une soirée détente alors pas besoin de robe de soirée.

Elle semble enthousiaste et je ne peux manquer l'occasion de rencontrer de nouvelles personnes.

- Je discuterais avec lui de tout ça.

- Super ! Voici ma carte avec mon adresse et mon numéro de portable.

Kelly me fait un clin d'œil et s'éloigne rejoindre un homme qui lui ressemble en tout point.

- Te voilà ! lâche Raphaël en se dirigeant vers moi.

- Nous sommes invités chez Kelly samedi prochain, je clame fière de moi.

- Je ne comprends pas.

- Je sais réparer mes erreurs Raphaël. Ne doute pas de moi et ne pense pas que je suis un être naïf.

- Je suis désolé pour ce que j'ai dit mais je veux te protéger de mon monde horrible. Je veux que tu restes à mes côtés. J'ai besoin d'une femme comme toi. Tu éblouis tout le monde et tu sais quoi faire dans chaque situation. Tu es l'escorte parfaite pour faire bonne impression.

Il me regarde avec des yeux perçants et caresse ma joue en signe d'affection.

- Tu as besoin de moi parce que tu te sens terriblement seul Raphaël, j'ose dire en posant ma main sur son poignet.

Je sais que c'est pour ça que je suis là. Je suis un accessoire mais ce n'est pas grave. Grâce à moi, il peut se poser et relâcher la pression du travail. Ça ne me dérange d'être une escort pour des soirées mondaines puisque je suis avec la personne que j'aime.

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