Chapitre 5 - La villa des secrets

7 minutes de lecture

J'écoute de la musique près de l'amphithéâtre, en attendant que le professeur arrive. Quelqu'un me saute dessus et je sursaute violement.

- Sarah ne me fait pas de frayeur pareille ! je m'exclame tremblant de tous mon corps.

- Je suis désolée mais c'était tellement tentant, rie-t-elle. Tu avais l'air tellement concentrée.

Je range mon téléphone et mes écouteurs dans mon sac, encore agacée par la blague de mon amie.

- J'ai fait en sorte d'arriver en avance pour que tu me parles de ton rencard d'hier soir, avoue-t-elle d'un air malicieux.

J'ai anticipé cette question et par conséquent, j'ai mis en place une histoire. J'ai honte de mentir à mon amie mais je préfère lui cacher la vérité. Même si je ne m'engage à rien de compromettant, une fille avec des problèmes d'argent en vacances avec un millionnaire porte forcément à confusion. Je connais Sarah, elle va s'inquiéter.

- Nous sommes allés dans un restaurant japonais, à quelques rues des Champs Elysées, je commence sans trop de conviction.

- Et après ? insiste mon amie.

- On a parlé de beaucoup de choses, je continue. On s'entend vraiment bien et il m'a invitée deux semaines à la montagne dans un chalet appartenant à sa famille.

- C'est génial ça ! s'exclame Sarah. Mais tu ne devais pas passer Noël chez moi ?

- C'est une fête de famille et je ne veux pas vous déranger. Ce n'est pas parce que je n'ai plus de famille que je vais squatter celle des autres.

- De toute façon, tu es avec un garçon et ce n'est pas tous les jours que ça arrive, soupire-t-elle. Je ne devrais pas me plaindre étant donné que ta situation amoureuse n'a jamais décollé.

Je ne relève pas cette remarque véridique. Le professeur ouvre les portes et les étudiants s'engouffrent dans l'immense salle.

- Est-ce que tu vas coucher avec lui ? murmure-t-elle.

- Sarah ! Arrête de dire des bêtises.

- Calmez-vous jeunes gens. À partir du moment où vous entrez ici vous êtes en cours, grommelle le professeur.

Je rougis et baisse la tête en allant m'asseoir au centre. Sarah rit sous cape face à la remarque du doyen.

Durant le cours je ne pense qu'à Raphaël et à sa proposition. J'avoue que son physique m'a agréablement surprise mais son comportement m'a refroidie. Cet homme peut avoir n'importe quelle femme mais il est beaucoup trop glacial pour être mon genre. J'ai besoin d'un homme qui me réchauffe le cœur et qui prenne soin de moi. Un peu comme l'avocat que j'ai imaginé. Mais cela ne sert à rien de penser à ça maintenant car j'ai des problèmes plus urgents encore.

***

Je déambule dans les rues à la recherche de l'endroit où habite Raphaël. Bien sûr, il loge dans le 16ème arrondissement. Pour l'occasion, je porte une combinaison noire, un foulard chic, des bottes noires ainsi que le manteau en fourrure de Sarah.

Mon GPS me guide vers une rue barrée par un haut portail en fer. Ce doit être l'un de ces quartiers privés que l'on voit dans les films. Ils sont impénétrables et personne ne sait ce qu'il se passe de l'autre côté. Maintenant, je vais m'introduire dans un monde où loge l'élite de la société. C'est à la fois excitant et flippant.

Mon téléphone me glisse des mains et tombe dans le caniveau.

- Eh merde ! je jure en claquant des talons.

Comment je vais faire pour le retrouver maintenant ? Je sais qu'il est en fin de vie mais j'en ai encore besoin.

Je regarde l'heure sur ma montre, je suis en retard pour notre rendez-vous. Je me dirige vers la loge du gardien de sécurité en essayant de cacher mon dépit.

- Bonjour, j'ai rendez-vous avec Raphaël Castillo.

- Bonjour mademoiselle, votre nom s'il vous plait ?

- Alicia Forest.

- Vous êtes sur la liste, vous pouvez entrer par la petite porte.

En pénétrant dans le quartier, je passe dans un autre monde. Des villas modernes et des manoirs de style victoriens s'étendent sur plusieurs kilomètres.

Je m'arrête devant la villa de Raphaël, sûrement refaite à neuf. Le portail blanc ne permet pas de deviner ce qu'il y a derrière. Je sonne et il coulisse pour me laisser passer de l'autre côté. Une allée de graviers s'étend devant moi et mène à une fontaine située près de la porte d'entrée. Le jardin est très bien entretenu et le terrain est très grand pour une habitation parisienne. Un immense garage est relié au reste de la maison par un couloir aux murs transparents. J'ai du mal à croire qu'un homme seul puisse vivre dans un si grand endroit.

Je toque à la porte et une femme d'une quarantaine d'années en tablier vient m'ouvrir.

- Bonjour madame, dis-je timidement.

- Je m'appelle Marie, sourit-elle. Je suis la cuisinière et la femme de ménage de cette maison.

Elle me fait signe d'entrer avant de refermer la porte.

- Monsieur Castillo est un peu occupé, je vous laisse patienter dans le salon.

Elle me débarrasse de mon manteau et de mon sac. Je m'installe dans l'un des canapés en velour. Ce salon est décoré avec un style moderne, comme le reste de la maison je suppose. Les canapés sont gris en accord avec les coussins blancs. Le tapis et certains objets de décorations sont rouges pour donner un peu de couleurs. La pièce est décorée avec goût.

Marie revient avec un plateau rempli de diverses boissons.

- Que voulez-vous boire mademoiselle ? demande-t-elle.

- Du jus de fruit ça ira, merci.

Cette femme est vraiment gentille et chaleureuse. Je me demande comment elle fait pour travailler chez un homme aussi froid que Raphaël.

Je sirote mon verre lorsque je croise le regard gêné de Marie. Elle détourne ses yeux et contemple l'une des toiles du mur immaculé.

- Je ne m'attendais pas à ce que monsieur choisisse une jeune femme aussi belle. J'espère qu'il sera heureux avec vous.

Marie s'efface avant que je puisse réagir. Est-ce que j'ai loupé un épisode ? Elle vient de penser que je suis la fiancée de Raphaël.

Je n'ai pas le temps de méditer sur la question parce que des bruits de pas se font entendre. Je me lève aussitôt en apercevant mon hôte descendre les escaliers en marbre blanc.

- Excusez-moi de vous avoir fait patienter. J'ai eu un appel urgent du bureau, explique-t-il.

La maison est chauffée mais un léger frisson me traverse quand il s'approche de moi. Il se sert un verre de whisky et adopte une attitude plus décontractée que mercredi. Peut-être parce qu'il est chez lui, en terrain connu.

Raphaël porte un polo bleu turquoise en accord avec ses yeux ainsi qu'un jean couleur taupe et des baskets de villes. Sur son poignet, je remarque une montre Rolex qui rappelle son rang élevé.

Nous sommes assis côte à côte mais à une distance raisonnable.

- Je vous ai fait venir pour parler de notre voyage, commence-t-il.

Il boit une gorgé avant de poursuivre.

- Nous allons passer Noël à Dubaï.

Je manque de m'étouffer en buvant mon jus. Je le regarde avec des yeux ronds.

- Est-ce que cette destination vous convient ? demande-t-il presque inquiet.

- Tout à fait, je bafouille. C'est une destination de rêve. Je ne suis jamais sortie de Paris alors je suis comblée.

- Les places sont réservées. N'oubliez pas d'amener des tenues d'été.

- À ce propos, j'ai très peu de vêtements, j'avoue gênée.

- Ne vous inquiétez pas, je ferai parvenir à l'hôtel une garde-robe complète, dit-il sûr de lui.

Raphaël pose son verre sur la table basse et sors un IPhone X de sa poche.

- Pouvez-vous me donner votre numéro, ce sera plus simple pour communiquer.

- Je viens de le faire tomber dans le caniveau alors je vais devoir économiser pour un nouveau, j'admets d'un air contrit.

- Décidément mademoiselle, vous n'avez pas de chance cette année, soupire-t-il ennuyé.

À la place, nous échangeons nos mails.

- J'aimerais vous montrer ma bibliothèque. Peut-être que certains livres sont dans votre programme ? suggère-t-il.

- Avec plaisir, je souris.

Je tente me lever mais je trébuche sur le tapis avant d'avoir pu faire deux pas. Je m'effondre sur Raphaël qui retombe sur le canapé, surpris par mon poids. Ma tête repose sur son torse dur comme de l'acier.

Dès que je reprends mes esprits, je me relève vivement. Je rougis face à ce contact intime et me douche d'excuses.

- Je suis vraiment désolée ! Je n'ai vraiment pas de chance.

- Le principal c'est que personne ne soit blessé, dit-il en se relevant.

Son téléphone sonne, interrompant notre rendez-vous. Il décroche sans cacher son agacement.

- Qu'y a-t-il ? demande-t-il un éclair de colère dans les yeux.

Il soupire avant de s'éloigner.

- J'en ai assez de ces problèmes ! Si vous n'êtes pas capable de les régler vous feriez mieux de démissionner, s'énerve-t-il. Je ne travaille qu'avec les meilleurs et vous le savez !

Il monte les escaliers pour se diriger sans doute vers son bureau. Cet incident m'a vraiment mis mal à l'aise alors je préfère partir. Je prends mon manteau et mon sac dans le hall.

- Vous partez déjà mademoiselle Forest ?

- Oui, j'ai cours demain.

Le cœur lourd, je quitte la villa et ses beaux quartiers. Raphaël Castillo est vraiment un bourreau de travail pour bosser un dimanche après-midi. Il a essayé de faire en sorte que je ne m'ennuie pas mais je voyais bien que Raphael n'était vraiment interessé par ce qu'il fesait. Quand je crois apercevoir une lueur de chaleur dans son regard, il reprend immédiatement le dessus. J'en suis certaine, Raphaël joue un jeu avec tout le monde.

Annotations

Vous aimez lire WrittenByChloé ?

Commentez et annotez ses textes en vous inscrivant à l'Atelier des auteurs !
Sur l'Atelier des auteurs, un auteur n'est jamais seul : vous pouvez suivre ses avancées, soutenir ses efforts et l'aider à progresser.

Inscription

En rejoignant l'Atelier des auteurs, vous acceptez nos Conditions Générales d'Utilisation.

Déjà membre de l'Atelier des auteurs ? Connexion

Inscrivez-vous pour profiter pleinement de l'Atelier des auteurs !
0