1er Octobre 2021

9 minutes de lecture

Les yeux fermés, les yeux fermés au dessus de cette fameuse falaise appelée, Falaise de Vik, le vent froid du pays soulève mes cheveux bruns aux reflets légèrement roux. Cette odeur de neige quasiment permanente car les températures ne dépassent pas 0 degrés à cette période de l'année... L'Islande, cette odeur de liberté et une nature tellement vaste que je peux m'y perdre pendant des heures entières sans même réfléchir à ce qu'il se passe actuellement à la maison.

J'ai seulement fermé les yeux 3 minutes et me revoici sur le canapé du salon de mes parents, Adèle et Jeff. Et autant vous dire qu'ils détestent que je me serve de ça, surtout maman :

« Lia ! La prochaine fois que tu utilises cette mascarade pour éviter ce type de conversation, tu ne viendras pas te plain... »

« Maman, maman, maman... » la coupai-je. « C'est le même refrain depuis maintenant 12 ans ! Je sais tout ce qu'il y a a savoir et je continuerai à me servir de ce merveilleux don si vous ne cessez pas ! » relevai-je agacée.

Papa lui, en guise de réponse, hausse les épaules et porte ses mains en l'air, signe de capitulation de sa part depuis déjà pas mal de mois concernant mon cas et notre sécurité.

« Adèle, Lia à peut-être raison, elle a maintenant 21 ans, il est temps pour elle de nous montrer que l'on peut avoir confiance et surtout, nous devons commencer à respirer un peu »

« Mais nous devons... »

« Rester sur nos gardes, bien sûr chérie »

Mon père finit la phrase de maman et je me sens tellement soulagée qu'il soit bien souvent là dans certaines situations comme celle-ci.

Ah, et oui ! Je ne pense pas que vous ayez deviné, non pas que vous n'êtes pas en capacité mais c'est déjà le bordel pour moi ! J'ai le don pour la téléportation (et pour pas mal d'autre chose d'ailleurs), c'est aussi pour cela que maman me passe un petit savon sur l'irrespect que je laisse transparaitre, parfois... lors de conversations « houleuses ». Je sais, c'est pas top comme façon d'agir en tant qu'adulte mais vivant cachée depuis bien trop longtemps, ma seule façon d'exprimer ce mal être et d'échapper à tout ca, c'est de fuir quand la situation se ternit c'est-à-dire, comme une lâche aux quatre coins du monde, au moins un avantage à ma prison.

Il y eut un silence de plomb à la suite de notre échange et je suis montée dans ma chambre, mes parents continuent de discuter à voix basse autour de la table et mes yeux se perdent maintenant dans le vide, quel vide ! J'ai l'impression d'avoir un vide oui, constant, que je n'arrive pas à combler, j'ai l'impression d'être seule depuis maintenant 21 ans et encore plus depuis que j'ai appris ce lourd secret.

Adèle, Jeff et moi-même, avons fui durant les 10 premières années de ma vie, nous changions d'endroit tous les 2 ans, j'en ai connu beaucoup, en plus du don de me téléporter je peux vous dire que je le connais ce monde de fou furieux !

Aujourd'hui, nous sommes revenus aux sources, chez nous, plus exactement dans une petite maison en bois, perchée dans les arbres et construite de nos propres mains, au beau milieu de la foret de Siuslaw dans l'Oregon, la foret des loups garous et la foret de la meute. Soit dit en passant, autant vous prévenir, je ne connais pas notre meute, nous vivons cachés comme nous le pouvons depuis le début ou plutôt depuis que je suis arrivée dans ce bas monde tel un pustule au milieu du visage, je vous jure.

Je me prénomme Ophélia mais tout le monde me surnomme Lia, « tout le monde » est un bien grand mot car je n'ai que mes parents et cette vieille baraque en bois depuis mon enfance. Je suis mi-louve mi-vampire... Je vous vois déjà venir avec votre air de contradiction sur le visage et vous demander « comment c'est possible ? » j'ai eu le même air que vous quand j'ai appris tout ça par mes parents mais en pire.

Je n'ai pas de sang de pure vampire, oubliez donc les crocs bien aiguisés et la peau blanche comme un cul.

J'ai hérité de beaucoup de leurs dons ou du moins certains car en réalité, mon père a été transformé il y a pas mal d'années. Il s'est battu à la sortie d'un bar en essayant de défendre ma mère, soit dit en passant elle n'avait pas besoin de garde du corps, c'est une louve de pure souche mais mon père a trouvé ça super héroïque et un peu moins quand il a réalisé qu'il avait mit les deux pieds dans le plat avec un vampire. A cette période, beaucoup de transformations ont eues lieu, autant loup que vampire et c'est pour cela que nous avons alors établi des règles, afin de réguler nos espèces et de nous nous partager ce vaste territoire qu'est notre terre :

- Règle 1 : les forets aux loups, les campagnes aux vampires, les villes aux humains

- Règle 2 : nous pouvons interagir avec ces différents endroits mais avec les autorisations nécessaires des chefs des différents clans ou meutes

- Règle 3 : ne pas tuer, tout crime commis sera puni

- Règle 4 : ne pas transformer sauf si votre compagne de toute une vie est un humain

- Règle 5 : tout intrus sera emprisonné, torturé, tué ou livré aux incurables

- Et dernière règle, la numéro 6 porte sur le respect des lois et des convictions de chaque ethnie

Autant vous dire que la règle 5 c'est à la tête du client et que la numéro 6 laisse sous entendre qu'il y a encore des règles dans les règles, une fin sans nom et parfois beaucoup en jouaient d'après ce que j'ai pu apprendre de loin. Malgré que nous restons en retrait, j'espionne chaque meute de loups, chaque clans de vampires, chaque humains, très... humain et chaque incurables que j'ai pu croiser en me cachant. C'est comme ca que j'ai appris, j'ai été formée par chacun d'eux, sans qu'ils le sachent, j'ai appris leurs méthodes de combat, leurs faiblesses chez certains, leur façon d'éduquer, de manger, de chasser, je connais tout le monde sans qu'aucun d'eux ne sache qui je suis.

Je me suis toujours senti plus louve que vampire... ma mère est tombée enceinte tout de suite après les écarts de jeunesse de papa et chez nous, les loups garous quand tu trouves ton compagnon, aucun retour en arrière, tu élèves ton enfant même si tu n'en veut pas particulièrement ou que ce n'est pas prévu dans l'immédiat. Maman n'a pas eu le temps de transformer papa qu'un vampire trop hargneux l'a déjà fait.

Elle m'a aussi avoué il y a un moment que je n'étais pas désirée car papa était devenu vampire. N'ayez pas pitié de moi, je sais que c'est pour mon bien.

Aujourd'hui nous y sommes... Quand je suis née mon père à tout manigancé pour nous faire passer pour mort et nous sommes partis, je vous épargne les détails hm.

Je leur en veux un peu, j'en veux a tout le monde et j'en veux à l'idée de leur en vouloir, vous voyez ce que je veux dire ? Il me font subir leur connerie de jeunesse et je leur fait subir le fait qu'a cause de moi nous devons vivre en cavale 365 jours par an, si notre meute nous trouve, un clan de vampire ou même pire, des incurables... cela peut s'avérer être fatidique pour moi et mes parents.

Pour les incurab...

Je suis perdue dans mes pensées que quelqu'un frappe à ma porte, lentement mon père passe la tête par celle-ci :

« Lia chérie... c'est ton tour de garde. » Il souffle un peu confu.

Je m'offusque.

« Papa ! De 1, pour les surnoms je n'ai plus l'âge et de 2 j'en ai ras le bol de ces gardes... je suis épuisée papa, nous dormons 3 à 4h par nuit, on devrait... »

« Ophélia ! » Mon père me coupe sévèrement et me fixe de ces yeux dorés. « Si tu veux que l'on te fasse confiance, prouve le nous, nous te donnons un peu de leste au niveau de ta liberté mais en retour tu dois suivre les règles de notre maison et au passage, je t'en supplie ! Ne te fait pas attraper ou ne prends pas de risque inutile ! »

Quand papa m'appelle par mon prénom, ça crains...

« Quelle liberté ? Celle de faire plus de garde autour de la maison ou celle d'aller récupérer les restes d'animaux morts chassés par d'autre pour les ramener ici ? » Cette fois-ci j'avais les larmes au bord des yeux, prêtes a dégringoler. J'ai tellement prit sur moi que j'ai commencé à me transformer, j'ai tenté de vite stopper mon changement, mes griffes lacérant mes draps et mes yeux vairons commençaient à virer au gris diamant.

Mon père n'a rien répondu, juste une grimace de désolation se dessinait sur son visage.

Depuis quelques temps déjà, il reste neutre sur ma situation. Il ne dit plus grand chose, comprenant sûrement mon mal être.

Je me lève dans un élan soudain et je force le passage pour aller à ma garde et laisser papa et maman dormir. C'est tellement difficile d'être seule face au monstre que je suis, mi louve mi vampire bordel mais c'est quel genre de bourbier ca ? C'est ma vie ? Je ne vais jamais connaitre mon compagnon ? Mon âme soeur ? Mon futur homme loup, vampire ou même humain ? Ma vie toute entière va se résumer à me cacher en plein cœur de cette vieille bicoque et d'attendre de mourir de solitude ou bien que l'on me choppe par la peau des fesses ?!

Je tente de me calmer au bord de la « terrasse » en bois de notre cabane, je glousse légèrement, j'ai honte de mon comportement parfois Drama Queen du Dimanche, Jeff et Adèle auraient du m'appeler Queen, ca colle PAR-FAI-TE-MENT au personnage.

Mes pieds se balancent dans le vide et je profite de ce calme assourdissant... l'automne s'est bien installée et nous en avons peur, les feuilles tombent, valsent et tourbillonnent tout droit vers l'hiver, il y aura de moins en moins de camouflage. Déjà 2h du matin, les minutes défilent, cela fait un moment que je surveille mais à force de vivre les mêmes journées et nuits lassantes je n'ai plus aucune notion du temps. Tout en continuant de penser, je me rend soudain compte que j'entends un bruit, ce bruit était déjà la depuis un bout de temps je crois mais je n'y prêtais pas du tout attention.

« Il va falloir te reprendre loupire ! » Murmurais-je en me concentrant d'avantage.

Mon ouïe de loup mélangée à celle de vampire reprends le dessus, j'entends cette fois-ci des pas très nets et ils sont lourds... Je suis perchée à environ une centaine de mètre, je décide de grimper doucement sur le toit de la maison, mes gestes sont souples, sans vouloir me vanter c'est un putain d'avantage d'être 50-50 mais la je m'égare, vous en saurez plus en temps voulu.

Une fois hissée sur le toit de la cabane je suis quasiment au sommet, mon odorat se mets en route, je me tiens au tronc de l'immense arbre et je renifle, je grimace légèrement saisie par l'odeur et je recommence afin d'être sur...

« Mais merde ! Mais pas ce soir s'il vous plait ! Pas quand je suis de garde ! » Je pleurniche maintenant comme une gamine désespérée de 4 ans.

J'ai toujours été préparée mais seulement dans « l'éventualité de » pas dans l'acte pure, merde ! En une fraction de secondes j'ai perdu la moitié de toutes les bases apprises par maman et papa, le combat, la discrétion, la stratégie et j'en passe.

L'odeur que j'ai humée, ce sont des loups, ils sont deux avec des odeurs très particulières, surtout un ! Et honnêtement ce dégueulasse ne sentait pas la rose. J'observe cette fois-ci leurs silhouettes traverser le chemin terreux et sinueux de notre forêt, je descends de l'arbre, lentement avec méfiance et en restant à bonne distance, je peux maintenant bien les distinguer et l'un deux est... m... mon compagnon !

Annotations

Versions

Ce chapitre compte 4 versions.

Vous aimez lire Ophelie.paln ?

Commentez et annotez ses textes en vous inscrivant à l'Atelier des auteurs !
Sur l'Atelier des auteurs, un auteur n'est jamais seul : vous pouvez suivre ses avancées, soutenir ses efforts et l'aider à progresser.

Inscription

En rejoignant l'Atelier des auteurs, vous acceptez nos Conditions Générales d'Utilisation.

Déjà membre de l'Atelier des auteurs ? Connexion

Inscrivez-vous pour profiter pleinement de l'Atelier des auteurs !
0