La Ruche

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J’y suis enfin. Deux ans d’approche, de manœuvres, de mise en orbite et d’observation autour de cette planète singulière. Pas d’écosystème visible, les terres émergées ne sont que du sable, les océans semblent vides de toute vie, mais sa surface n’a rien de naturel.

J’ai d’abord cru à une forêt recouvrant la planète. C’est d’ailleurs ce que nos astronomes ont cru au début, et ce qui nous a décidés à venir ici. Sur les millions et des millions de systèmes solaire analysés, pas un ne semblait abriter la vie. Mais finalement, tel un brin d’herbe au milieu du désert, elle nous apparut. Une planète tellurique recouverte de quelque chose qui n’était pas de la roche. On n’en savait pas plus à l’époque. Et à vrai dire, après six mois d’observation, je n’en sais toujours pas davantage.

Ça ressemble à un entremêlement de branches bleutées, sombres, dégageant des infrarouges. Les analyses ont révélé que ce n’était pas vivant. En tout cas, pas au sens où l’entendent nos biologistes. Trop de silice, pas assez de carbone, pas de dégagement gazeux, pas d’eau. C’est fait en polymère, ça chauffe, et ce n’est pas organique.

Tout ce réseau de branches converge vers un point central que j’ai appelé la « Ruche ». Ça, on ne l’avait pas vu au télescope. La Ruche, qui mesure près de mille kilomètres de côté, est un assemblage de milliers d’hexagones de trois kilomètres chacun, tous identiques les uns aux autres. Un vrai nid d’abeilles géant. Située sur l’équateur, sa température relevée au spectromètre est constante. Vingt-quatre degrés, de jour comme de nuit. Ce truc est une ville, j’en suis certain. Une ville alimentée d’une manière ou d’une autre par la forêt géante qui recouvre la planète. Mais en six mois, rien ne s’est passé. Rien n’est rentré, rien n’est sorti de la Ruche.

Pas une trace de vie, pas un mouvement, pas une émission radio. Je scanne en permanence toutes les fréquences. J’ai le spectromètre braqué sur la ville depuis que je me suis mis en orbite géostationnaire. Infrarouge, visible, rayon X, gamma. Rien, mis à part le bazar ambiant régnant dans un système solaire. Je suis sûr qu’un micro au bout d’une perche de trente-cinq mille kilomètres ne m’aurait transmis que le bruit du vent.

Il est temps d’aller voir sur place. La procédure prévoit six mois d’observations avant de tenter un contact. Les ingénieurs voulaient envoyer une sonde après ce délai avant d’y envoyer quelqu’un. Les sociologues préféraient y envoyer directement un homme car, à leur avis, le premier contact avec une nation alien devait se faire « de vive voix ». Les théologiens aussi s’en sont mêlés. Dieu, où qu’il soit, a créé l’homme pour qu’il se multiplie et explore le monde, pas pour qu’il se cache derrière ses propres créations. Les ingénieurs sont mauvais en relations publiques, et vu le prix de la mission, mieux valait avoir la population de son côté. Bref, j’enfile ma combinaison. Quarante kilos sur le dos, mais elle me maintiendra en vie suffisamment longtemps. L’atmosphère est censée être respirable. Vingt pour cent d’oxygène, quatre-vingts pour cent d’azote et d’autres composés en quantité négligeable, C’est seulement dans les romans de science-fiction que l’astronaute retire son casque après avoir vu un voyant vert. Je pénètre dans le sas de mon atterrisseur et lance la procédure.

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