30.Le téléphone pleure

Une minute de lecture

Un matin de décembre 2004, sur la côte Est des Etats-Unis, dans une villa au bord de l'Atlantique.

Je déambulais les pieds nus sur le parquet, attendant que mon interlocuteur prenne mon appel.

  • Résidence Leroy, j'écoute !
  • Dame Blanche ? Me serais-je trompé de numéro ?
  • Patrick ? Non, Patrick, tu ne t'es pas trompé de numéro. C'est juste que... J'habite avec Morgane et Val depuis quelque temps...
  • Ah bon ? Mais tout va bien sinon ? Je veux dire... Sarah... Vous ne parlez pas de Sarah...
  • Il... Il est arrivé quelque chose de terrible, Patrick, et il va te falloir être fort...
  • Sarah ? Il est arrivé quelque chose à ma Sarah ?
  • Elle... Elle a voulu traverser l'océan pour te rejoindre... Et elle n'a pas survécu...
  • ...
  • Allo ? Patrick ? Tu es toujours là ? Je ne t'entends plus... Patrick ? 

A l'annonce du décès de ma fille, je lâchai le téléphone qui se brisa sur le sol, m'assis sur le bord du lit et me pris la tête entre mes mains. J'avais le souffle coupé, j'étais oppressé, des sanglots étouffés dans ma gorge. Il fallait que je me lève. Pour ouvrir en grand la baie vitrée et respirer. Le vent me fouettait le visage mais je ne le sentais pas. Je ne sentais plus rien, pas même la roche qui blessait ma voûte plantaire lorsque je me mis à courir le long de la falaise pour lancer une poignée de cailloux rageurs dans les vagues de l'Atlantique. Je hurlais le nom de ma fille, cette souffrance atroce qui déchirait mon âme.

  • Pourquoi l'as-tu prise elle ? Elle n'avait que six ans, elle était innocente... C'est moi que tu aurais dû prendre, c'est moi l'être immonde, sordide ! SARAAAAAAH !!! RENDEZ-MOI MA SARAAAH !!!!

Je restais là un long moment à me battre contre cet océan que je voulais voir pleurer, tous ces galets que je jetai "A la gueule des noyés" (1)...


(1) : chanson écrite par Françoise Hardy et Calogero, déjà évoquée dans le chapitre 10.

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