- Mademoiselle, mademoiselle !

Décidément, je déteste me réveiller. À chaque fois, ça tourne mal. Cette fois-ci, je suis tirée de mon sommeil par un jeune garçon qui n’a pas trouvé plus doux que de me secouer comme un prunier.

- Mademoiselle, réveillez-vous !

Lorsque j’ouvre enfin les yeux, mon visage n’est qu’à quelques centimètres du sien. Je m’écarte vivement de lui, libérant mes épaules de ses mains, mais la paroi rocheuse m’empêche de reculer plus. Cette grotte n’étais pas aussi abandonnée, finalement.

Dans la cavité, c’est tout un groupe de personne qui me jauge des pieds à la tête. Tous sont vêtus de manière étrange, de toutes les couleurs, un peu comme les vêtements que j’ai trouvé dans le coffre. Je suis dans leur repaire, et certains ne semblent pas vraiment apprécier.

Un homme d’âge mur avec des couteaux tout le tour du ventre me pointe avec l’un d’entre eux, d’un air méfiant.

- Qui êtes-vous, jeune fille ? Et que faites-vous ici ?

Je ne sais quoi répondre tant je suis surprise. Je ne m’attendais pas à ce que tout ce petit monde soit présent à mon réveil. Un peu plus loin, un homme un peu plus jeune avec une mandoline joue un air de musique triste mais absolument splendide.

- Tu lui fais peur, Arty, dit-il de sa voix suave. Elle n’a pas l’air bien méchant, cette petite.

Puis le barde se tourne vers moi.

- Quel est ton nom, douce enfant ?

- Mon nom ? Av…

Je ne peux pas leur dire qui je suis ! S’ils savent, ils devront me renvoyer chez moi, et je n’ai aucune envie de retourner dans ce château pour épouser ce prince. Ou pire, peut-être réclameraient-ils une rançon. Je n’ose imaginer ce qui pourrait m’attendre. Il faut que j’invente quelque chose, et rapidement, sinon ils se rendront bien compte que quelque chose cloche.

- Sona ! dis-je enfin, repensant à mon rêve quelques instants plus tôt.

- N’est-ce pas là le prénom de notre regrettée souveraine ? reprend le barde en enrobant chaque syllabe d’une douce mélodie. C’est un très joli nom, en tout cas.

Sona est donc la reine ? Enfin, était, à ce que j’ai compris. Et donc… ma mère ? Mon rêve me parait un peu plus réel. Comme-ci il composé de souvenir…

- Oui, mes parents… devaient beaucoup à la reine… c’est pour ça qu’ils m’ont donné son prénom, cherche-je à me justifier.

Autour de moi, certains m’adressent de grand sourire, d’autre se méfient, et d’autre encore n’en ont vraiment rien à faire. Le jeune garçon qui me secouait quelques instants plus tôt se relève et me tend la main pour m’inviter à faire de même.

- Moi, c’est Liam ! Vient, tu as l’air affamée !

- Parce qu’en plus, on va l’inviter à dîner ! éclate Arty, le couteau toujours dans les mains.

- Arty, tu vois bien qu’elle est exténuée ! résonne une voix au fond de la caverne. Elle ne ferait pas de mal à une mouche ! Allons, rapprochez la du feu.