Je ne sais pas combien de temps je marche. Une heure, deux… La nature est emplie de bruit étrange. Des branches qui craquent bruyamment sous mes pas me font sursauter pendant que je perçois dans le lointain des cris d’animaux. Je prie de toutes mes forces qu’il ne s’agisse pas d’un animal sanguinaire dont on nous raconte les histoires dans les livres d’enfants. Je m’enfonce de plus en plus dans la végétation et les rayons de la lune se font de plus en plus rares, laissant l’obscurité m’envahir. Les branchages écorchent de plus belle le peu de tissu qu’il reste de ma robe et ma peau claire. Par chance, ma route croise une petite source d'eau que je juge assez claire pour me désaltérer. Je sais pertinemment qu'il est dangereux de boire ainsi, que l'eau me rendra peut-être malade, mais ma soif suffit à faire taire ma prudence. À la surface du paisible liquide, j'aperçois mon reflet, une ombre parmi les ombres, mais seulement une silhouette floue. Je ne sais même pas à quoi je ressemble. Et avec mes vêtements déchirés, je dois avoir l'air d'un spectre qui hante la forêt. Je reprends alors ma route, à la recherche de nourriture, d'un abri... de n'importe quoi qui pourrait m'être utile.

Puis, enfin, la forêt se désépaissit et j’aperçois les premières lueurs du soleil qui viennent teinter le ciel de nuances orangées. La température commence à remonter, permettant à ma tenue de sécher un peu plus vite. Je continue ma route jusqu’à ce qu’une haute paroi rocheuse ne s'interpose devant moi. Je décide de la suivre, espérant trouver un abri pour prendre un peu de repos et peut-être atteindre la civilisation. Quelques kilomètres plus loin, je tombe enfin sur une sorte de grotte. L’ouverture dans la roche est assez grande pour laisser passer deux personnes côte à côte, mais pas plus. Pendant l’exploration de la cavité, je remarque les marques de passage de voyageurs : des paillasses de fortune en feuilles séchées depuis bien longtemps, les traces d’un feu réconfortant et des peintures sur les murs. Des scènes représentant des troubadours, des jongleurs et toutes sortes d’artistes.

Je décide donc de faire halte dans cette étrange grotte, même si je risque d’être surprise par une troupe itinérante dans leur repère, peut-être secret ? J'ignore qui sont ces gens, mais je les remercie du fond du coeur d'avoir aménagé ce petit espace en plein dans un abri naturel. J’explore un peu plus les recoins du refuge et découvre dans un renfoncement une sorte de malle qui a terriblement mal vieilli. Le bois est abîmé et les dorures qui devaient autrefois faire toute sa beauté ont disparu, ne laissant que des traces décolorées et les trous de fixations. À côté du coffre, un grand miroir simple, sans fioriture, est recouvert d'un vieux drap poussiéreux. J'ôte le tissu troué par endroit et sens mon cœur battre, car je vais enfin découvrir qui je suis, enfin seulement physiquement.

Comme je l'avais pressenti, je n'ai plus en rien l'allure d'une princesse. Les traits fins de mon visage sont maculées de traces de terre, les coupures et les ecchymoses recouvrent une bonne partie de ma peau découverte, certainement plus encore sous les lambeaux qu'est devenue ma robe. De nombreux boutons et pierres manquent sur mon corset déformé, certainement pris en contrepartie de la traversée par le fleuve. Mon chignon complexe a été détruit mais quelques tresses ont subsisté au voyage, cependant la grande partie de mes cheveux sont emmêlé, l'ensemble me faisant ressembler à une véritable sauvage. J'aurais pu être belle, je le reconnais, si je n'avais été contrainte de me jeter dans le vide pour échapper à mon destin.

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Note de l'auteur:

Je participe avec cette histoire à un concours sur la plateforme Fyctia, ou pour débloquer chaque chapitre il faut obtenir un nombre de like et de partage défini. Si vous aimez cette histoire, n'hésitez pas à me soutenir la bas :)

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Voila, merci encore et passez une bonne soirée!

Ylindiel :3