Autochtone
de Emilien Kopp
L’amour, la haine, le déchirement
La mer qui s’est ouverte en deux
Étranger, par ces sentiments
Sans prophète, ni même sans dieu
Les continents qui naviguent
S’en vont au large, quittent le rivage
Et vous laissent seul sur la digue
Pas de mouchoir blanc, une page
Blanche, d’une vie sans attaches
D’un petit monde qui s’étire
Et puis qu’enfin on s’arrache
Tribord, on vis, bâbord on vire
Et quand on arrive à bon port
Derrière nous s’dessine l’horizon
Qu’on ne regarde pas encore
Mais donne sur la nuque un frisson
À nous, nous pauvres autochtones
D’une contrée sans frontières
Reines et rois privés de trônes
Épousons terres, mers et rivières
L’amour, la haine, l’attachement
Le monde qui se coupe en deux
Autochtone, par ces sentiments
D’appartenir à plusieurs lieux
Cœur à bâbord, âme à tribord
Le jour ici, la nuit là-bas
On vole, on vogue, cherchant l’confort
Soleil par ci, étoiles par là
Amours à l’ouest comme à l’est
Peut-être faut-il tirer au sort ?
Entre Tokyo, nulle part, et Brest
Peut-être faut-il perdre le Nord
Pour trouver un semblant de cap
Redécouvrir la richesse
Qui toujours plus loin nous échappe
Oublions cette tristesse
Avant que le monde nous rattrape
Nous citoyens de l’aventure
N’avons que la vie comme étape
Et pour seule limite, l’azur
Trop tard pour explorer la Terre
Nostalgiques de l’inconnu
Encore tôt pour voir l’Univers
Nés à une époque saugrenue
Cherchons, trouvons, notre maison
Cet endroit où l’on est chez soi
Aimons à tort ou à raison
Ce que la Terre offre ici bas.
Des milliers d'œuvres vous attendent.
Sur l'Atelier des auteurs, dénichez des pépites littéraires et aidez leurs auteurs à les améliorer grâce à vos commentaires.
En rejoignant l'Atelier des auteurs, vous acceptez nos Conditions Générales d'Utilisation.
Déjà membre de l'Atelier des auteurs ? Connexion