Le combat final

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Je contemple les étoiles qui entourent le croissant de lune de cette nuit d'hiver, éclairant la forêt de leur lumière argentée. Ce soir sera la conclusion de cette histoire. Ce soir, je mettrai fin aux agissements de John Corvus, à moins que ce ne soit lui qui sortira triomphant de notre affrontement, mais quoiqu'il advienne, je me batterai jusqu'au bout pour protéger mes amis. J'en ai déjà vu une mourir sous mes yeux. J'ai goûté à la douleur de perdre un être cher et je ne veux plus jamais connaitre ce sentiment ! C'est pourquoi je dois en finir au plus vite avec ce sorcier maléfique et seule. Je n'embarquerai personne dans mon combat, cette fois.

C'est la raison pour laquelle j'ai attendu que tout le monde s'endorme, y compris Azur. Le petit dragon dort paisiblement sur un coussin. Je l'observe pendant quelques instants avec un regard bienveillant et un doux sourire. Il est mon premier ami et j'espère que ce n'est pas la dernière fois que je le vois.

Je prends une grande inspiration et quitte la pièce, puis l'arbre principal de la cité dans lequel elle a été sculptée. La neige craque sous mes pas tandis que je me dirige vers la porte de la ville. Je pose ma main sur les branches d'arbre entrelacées et prononce la même phrase qu'Arwen a sorti le jour de ma première venue ici :

- Edro men.

Aussitôt, les branches se délacent et s'écartent pour me laisser le passage, avant de se refermer derrière moi. Je continue ma progression, sans me retourner. La détermination se lit dans ma posture et mes yeux. Après de longues minutes de marche dans le froid, j'arrive enfin devant la tombe de Chiara. Je m'approche de la pierre tombale décorée de perce-neige et m'incline avec respect, en murmurant :

- Ce soir, je te vengerai Chiara. Merci encore à toi pour ton aide et ton brave sacrifice. Je t'en suis éternellement reconnaissante.

Mes yeux verts parcourent l'inscription gravée sur la pierre, pendant que les souvenirs des quelques moments passés avec elle me reviennent en mémoire, puis je me redresse et continue d'avancer. Je ne veux pas que l'on se batte sur le lieu où repose mon amie car il y aurait alors le risque qu'il n'abîme sa sépulture et c'est la dernière chose que je souhaite.

C'est donc quelques mètres plus loin que je m'arrête pour déclarer à voix haute :

- Je t'attends, John ! Viens donc m'affronter si tu en as le courage, qu'on en finisse enfin !

Seul le souffle du vent me répond. Je commence à me dire qu'il ne viendra pas, lorsqu'une voix retentit juste derrière moi :

- Bonne idée, finissons-en.

Je me retourne précipitamment pour faire face au sorcier maléfique. Il me dévisage avec un air de défi. Prise de rage à la vue du meurtrier de Chiara, je sors ma baguette en bois d'ébène et lance le sortilège de répulsion :

- Repulsio !

Il le contre aisément avec le sortilège du bouclier protecteur, puis enchaine avec un sort offensif, que j'esquive à mon tour et c'est ainsi que commence notre combat final. Oui, je sais que c'est le dernier et je suis bien décidée à le remporter pour protéger mes amis et les habitants du monde magique du joug de cet homme cruel.

James a raison, il est puissant, très puissant, mais il n'est pas invincible. Je l'attaque et me défends avec acharnement. De son côté, je vois bien qu'il est déterminé à en finir, lui aussi. La détermination se lit dans ses yeux sombres.

Le combat dure longtemps. De longues minutes, puis des heures. Je commence à me sentir fatiguée. Je sais que si je ne mets pas rapidement fin à cette bataille, il la gagnera et je ne peux pas supporter cette idée ! Je redouble donc d'efforts, mais cela ne fait que me fatiguer encore plus vite.

Le soleil commence à pointer à l'horizon, lorsque mon adversaire me lance une énième fois le sortilège de répulsion :

- Repulsio !

Cette fois, je ne parviens pas à effectuer le sortilège du bouclier protecteur à temps car la fatigue ralentit mes réflexes et je me prends donc le sort de plein fouet. Ce dernier me projette violemment contre un arbre. Je tombe au sol, sur la neige et tente alors de me relever, mais n'y parviens pas. Je suis exténuée !

John avance calmement vers moi, un sourire triomphant aux lèvres, en déclarant

- Je me dois de féliciter ton courage et ta bravoure. Tu t'es bien battue, mais tu n'es pas assez puissante. Tu sais quoi ? J'avais pensé à te tuer en utilisant le sortilège interdit de la mort, comme je l'ai fait pour tes parents. D'ailleurs, quand j'y repense, ils ont tenu moins longtemps que toi.

Il part alors d'un grand éclat de rire, visiblement très amusé par ce souvenir macabre. Ne supportant pas de le voir se moquer de mes parents, je réunis mes dernières forces et me précipite vers lui pour l'assaillir de mes propres mains car je sais que je suis beaucoup trop épuisée pour me servir de ma baguette magique, mais au moment où je m'apprête à lui lancer mon poing dans la figure, je sens un objet acéré pénétrer dans ma poitrine, non loin de mon coeur.

Je me fige net, sous le choc, et baisse lentement la tête pour regarder mon buste. Je vois alors qu'une dague en argent y est plantée. Du sang commence lentement à couler de la blessure, le long de ma robe verte. Je relève les yeux en direction de John. Ce dernier me fixe avec un large sourire. Il me dit ensuite :

- Oui, je voulais que tu meurs de l'exacte même façon que tes parents, jusqu'à hier. En voyant à quel point tu tenais à cette louve-garou, j'ai décidé que tu mourras comme elle et de la même dague qui lui a ôté la vie.

Le souvenir de Chiara me remonte en tête. Je revois le moment où John a planté sa dague dans sa poitrine et la rage s'empare de moi. Je grince des dents, fronce les sourcils et lève un regard plein d'une colère indescriptible vers mon ennemi, en lui hurlant :

- Non ! Ce n'est pas moi qui vais mourir de l'exacte même façon qu'elle, mais toi ! Oui, je veux te voir mourir sous le coup de la même dague qui lui a ôté la vie ! Meurs, tu m'entends ?! Meurs !

Une lumière verte jaillit, enveloppant la zone où nous nous trouvons. Au même moment, John retire la lame de ma poitrine et, avec un regard vide de toute expression, se la plante d'un coup sec dans le thorax. Un filet de sang coule de sa bouche entrouverte, tandis qu'il s'effondre au sol. De mon côté, je titube après que la lame ait quitté mon corps, en pensant :

"Quelle ironie . . . C'est le pouvoir qu'il convoitait tant et dont il affirmait qu'il serait la clé de sa puissance indéniable qui l'a tué . . . "

Un petit rire m'échappe, suivi d'un crachement de sang, avant que je ne m'écroule au sol à mon tour.

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