La cité des elfes de la forêt

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C'est alors qu'une flèche vient se planter sur le bras avec lequel il tient sa baguette. Je me retourne en sursaut pour voir une jeune fille aux longs cheveux roux sur une licorne blanche. Elle tient un arc à la main. C'est donc elle qui vient de tirer sur mon agresseur. Elle replace l'arc dans son dos et lance sa licorne au galop dans notre direction. En passant près de moi, elle m'attrape par le col pour me faire monter devant elle sur son élégante monture.

Cependant, le méchant sorcier semble déterminé à ne pas me laisser m'échapper une seconde fois. Il arrache la flèche de sa chaire avant de pointer à nouveau sa baguette sur nous. La licorne effectue un bond de plusieurs mètres de hauteur afin d'esquiver le sort qu'il nous lance, avant de disparaitre entre les arbres.

Pendant que nous galopons, j'observe plus en détail ma sauveuse. Elle semble avoir mon âge. Elle a un visage aux traits fins et grâcieux, une longue chevelure rousse, dont une partie forme une couronne tressée, tandis que le reste de ses cheveux lui tombent jusqu'au bas du dos et des yeux dorés aux longs cils noirs. Elle est vêtue de rouge, sauf pour ses bottes qui sont en cuir brun, mais ce qui m'intrigue le plus, ce sont ses oreilles pointues. Je lui demande :

- Qui es-tu ?

- Je m'appelle Arwen. Je suis la princesse des elfes de la forêt.

- Des elfes ?

- Oui. La mission de notre peuple est de veiller à l'équilibre de ces bois.

- Et . . . C'est la raison pour laquelle tu nous a sauvés, Azur et moi ?

- Plus ou moins. En fait, John menace l'harmonie de notre forêt donc nous devons le contrer par tous les moyens. Et en voyant qu'il voulait s'en prendre à une innocente jeune fille, je ne pouvais pas rester les bras croisés.

- Pourquoi est-il une menace pour l'équilibre et l'harmonie de votre forêt ?

- C'est un sorcier maléfique assoiffé de pouvoir et il est prêt à tout pour imposer son joug au monde. Cependant, nous ne devons pas le laisser faire car son règne plongerait le monde dans un chaos indescriptible et détruira l'équilibre et l'harmonie de toute chose, y compris notre chère forêt.

- Dis-moi, Arwen, que sais-tu de ce John ?

- Pas grand chose, hormis sa dangerosité et la menace qu'il représente pour nous tous. C'est un homme cruel et sans pitié. Il est prêt à tout pour atteindre son but. Il aurait même tenté de tuer une enfant, il y a de cela treize ans, pour s'emparer du pouvoir de ses yeux. Elle était la dernière représentante, avec sa mère, d'un clan très particulier, doté d'un pouvoir unique. Et aujourd'hui encore, il convoite ce pouvoir car il lui permettrait de contrôler le monde.

- Connais-tu le nom de cet enfant qu'il a essayé de tuer ?

- Oui. Enfin, seulement son nom de famille. Elle s'appellerait Miss Superbum. Elle a hérité ce nom de famille de son père, qui était un sorcier.

- C'est moi ! Je m'appelle Emma Superbum !

Elle me fixe pendant quelques secondes avec des yeux ronds, puis déclare :

- Alors il faut absolument te protéger pour l'empêcher de t'atteindre, sans quoi nous serons tous perdus. Je t'emmène chez moi.

Après encore plusieurs minutes de galop, sa licorne s'arrête enfin. Devant nous se dressent deux arbres dont les longues branches s'entrelacent de façon à bloquer complètement le passage.

Arwen descend du dos de sa licorne et m'invite à en faire de même. Je la suis donc et nous nous approchons ainsi des deux arbres aux branches entrelacées. Arwen pose sa main sur le mur que forment ces dernières et murmure, dans une langue qui m'est complètement inconnue :

- Edro men.

Aussitôt, les branches des arbres se délacent et s'écartent pour nous laisser le passage. Arwen avance et je la suis. Dès que nous dépassons les deux arbres, nous nous retrouvons dans ce qui ressemble à une ville, mais très différente de celles des humains et des sorciers. Des portes et des fenêtres ont été sculptées avec élégance et raffinement dans les troncs des arbres afin que ces derniers forment des maisons. Des ponts et des passerelles en bois ont été érigées pour que les habitants de cette cité puissent passer d'un arbre à l'autre sans aucune difficulté. Une rivière, qui est pour l'instant gelée par le froid de l'hiver, traverse la ville.

Je suis Arwen jusqu'à l'un des nombreux escaliers en bois qui ont été construits autour des arbres pour pouvoir monter jusqu'aux maisons les plus hautes. Nous montons ainsi autour du chêne le plus grand et le plus imposant de la ville. Arwen s'arrête devant une porte en bois sculpté, encadrée de deux gardes en armure, avant d'y toquer trois coups. Une voix grave et masculine lui répond :

- Tolo in, Arwen !

Elle ouvre la porte et entre dans la salle. Il s'agit d'une pièce aux larges dimensions, au fond de laquelle se trouve, assis sur un trône en bois sculpté, un elfe de grande taille, à la longue chevelure blonde et aux yeux noisette. Il est vêtu de doré et porte sur sa tête une couronne de lauriers. Arwen avance jusqu'à lui et s'incline avec respect :

- Le suilon, Aran.

- Le suilon, aranel.

Arwen se redresse ensuite et dit, dans notre langue cette fois :

- Regardez qui je vous apporte, Votre Majesté. Il s'agit d'Emma Superbum, l'enfant que le sorcier John a tenté de tuer il y a de cela treize ans.

- Que fait-elle ici ? Je croyais qu'elle avait été emmenée dans le monde rationnel.

- Elle est de retour, sans doute pour accomplir son destin et nous débarrasser de ce tyran. N'est-ce pas ? me demande-t-elle en se tournant vers moi.

- Et bien, je . . . Je ne sais pas . . .

- Comment cela, vous ne savez pas ce que vous venez faire ici ? me demande le roi des elfes en se levant de son trône.

- Il y a un peu plus d'un mois, j'ignorais complètement que j'étais une sorcière. J'ai été emmenée ici par James Corvus, mais je ne sais pas dans quel but.

- Est-ce que ce sorcier vous entraine à la maitrise de la sorcellerie ?

- Et bien, oui.

- Alors il se pourrait bien qu'il vous ait emmenée ici dans le but de vous préparer à affronter John et le vaincre une bonne fois pour toute.

- J'en doute. Il a dit vouloir régler cette affaire par lui-même. En plus, jusqu'à là, je ne maitrise qu'un seul sortilège de combat.

- Et où est-il, ce James ?

- Quelque part dans cette forêt. Nous avons fui John qui m'a attaquée dans la ville des sorciers.

- Alors John est ici ? Notre forêt court donc un grave danger. Renforcez la garde ! ordonne-t-il à ses soldats.

- Père, intervient Arwen, nous devons protéger et soutenir Emma. Elle est peut-être la seule créature capable de vaincre le puissant sorcier John.

- Non, rétorque le roi. C'est cette jeune fille que cherche notre ennemi. Si elle reste ici, il viendra et ne se contentera pas de la tuer. Il s'en prendra aussi à nous. Il vaut mieux qu'elle parte.

- Voyons, père . . .

- Ne tergiversez pas, Arwen. Je suis votre père et votre roi, vous me devez donc obéissance et je vous ordonne de laisser partir cette jeune fille.

- Très bien, mais je partirai avec elle.

- Non, Arwen. Vous êtes la princesse de cette cité et ma seule héritière, vous devez rester ici auprès de votre peuple. C'est votre devoir.

- Non, en tant que princesse, mon rôle est de protéger mon peuple et veiller à l'équilibre de notre forêt. Et je ne pourrai pas le faire en restant ici les bras croisés. Je suis convaincue qu'Emma est celle qui nous sauvera tous, et vous le savez tout aussi bien que moi. C'est écrit dans la prophétie.

- Ce n'est qu'une légende, rien ne le garantit. La preuve est qu'elle n'est même pas capable de se battre. Comment voulez-vous qu'elle vainc qui que ce soit de cette façon ?

- Je l'y aiderai. Père, je vous en prie, laissez-moi accomplir ce que je juge juste.

Le grand homme blond ferme les yeux et prend une grande inspiration. Après un long silence, il déclare :

- Non, c'est beaucoup trop dangereux. Je refuse de vous perdre ainsi. Nous avons besoin de vous, Arwen, restez à nos côtés, lui dit-il en lui tendant sa main.

- Mais . . .rétorque la jeune elfe.

- Il n'y a pas de "mais" qui tienne, c'est un ordre de votre roi ! Emmenez la princesse dans ses appartements et qu'elle ne les quitte pas.

Deux gardes attrapent Arwen par les bras pour l'emmener en dehors de la pièce. Cette dernière se débat de toutes ses forces, en vain. Les deux soldats sont bien plus forts qu'elle. Le roi se tourne ensuite vers moi pour me dire :

- Je suis désolé, mademoiselle, mais je vais vous demander de partir. Vous n'êtes pas la bienvenue ici. Retrouvez votre tuteur et restez auprès de lui. Cela vaut mieux pour nous tous.

Il tourne ensuite les talons en disant à ses gardes :

- Conduisez Miss Superbum vers la sortie.

- Tancave, Aran !

Les deux hommes en armure me font signe de les suivre. Avant de quitter la salle, j'entends le roi murmurer :

- No galu govad gen, Wen Superbum. Cuio mae.

Je me retrouve bientôt à nouveau seule dans la forêt, dans le froid et l'obscurité de cette nuit d'hiver, avec mon cher Azur pour seul compagnon.

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