Dans les ruelles de la ville des sorciers

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J'ouvre les yeux et me redresse dans mon lit. Après m'être longuement étirée, je pose mes pieds sur le plancher en bois et me dirige vers la fenêtre de ma chambre. J'en ouvre les rideaux, révélant un magnifique paysage blanc. Il neige enfin ! Le sol et les arbres sont recouverts d'une épaisse couche blanche. Cela me fait sourire car j'aime vraiment la neige. Elle est froide, mais très belle et j'aime l'entendre craquer sous mes pieds.

Je me dépêche donc de revêtir ma longue robe verte aux manches noires, puis mes chaussettes blanches, mes bottes et ma cape doublée de fourrure. Après quoi je quitte ma chambre et descends l'escalier à toute vitesse, suivie de près par Azur, qui ne me quitte jamais d'une semelle.

En arrivant dans la salle de séjour, je tombe nez à nez avec mon tuteur, vêtu lui aussi de sa cape noire. Il m'adresse aussitôt la parole :

- Ah, vous voilà, Miss Superbum. J'allais justement monter vous voir, mais puisque vous êtes là, tant mieux, cela m'évitera de perdre du temps. Je vais sortir en ville pour régler une affaire urgente.

- Oh, laissez-moi vous accompagner s'il vous plait, l'interrompé-je. Je veux voir à quoi ressemble une ville du monde magique.

- Non, c'est trop dangereux pour vous. On ne sait pas sur qui on pourrait tomber là-bas. Il vaut mieux que vous restiez ici.

- Mais vous serez justement là pour me protéger, rétorqué-je.

- J'ai dit non ! Restez bien sagement ici et ne vous avisez pas de quitter la maison pendant mon absence.

Il tourne ensuite les talons et quitte la maisonnette, en refermant la porte derrière lui. Je croise les bras et fronce les sourcils, vexée. J'en ai assez de rester à la maison, je veux découvrir tout ce qui s'étend à l'extérieur ! C'est alors que je sens qu'on me tire par le bas de ma robe. C'est mon petit dragon. Je me penche vers lui et lui demande :

- Qu'est-ce qu'il y a ?

Pour toute réponse, il vole jusqu'à la porte et se met à la gratter, en grognant avec excitation. Je souris :

- Tu veux sortir pour jouer avec la neige ?

Il hoche la tête. Je me dirige donc vers la porte et l'ouvre. Aussitôt, il se précipite à l'extérieur et se met à sauter et se rouler dans la neige. Il est vrai qu'Azur n'en a encore jamais vu, c'est le premier hiver de sa vie.

Je ne tarde pas à le rejoindre et nous commençons à nous amuser comme deux petits fous. Je lui montre d'abord comment on fabrique un bonhomme de neige. Ce dernier ne dure malheureusement pas très longtemps car Azur, en se jetant sur lui pour le câliner, le démolit. Je ris et donne une petite tape amicale à mon compagnon :

- Voyons, Azur, je t'ai déjà dit de te calmer. Tu viens de ruiner tous nos efforts !

Le petit dragon a un petit grognement triste. Il semble désolé. Je le rassure :

- Ne t'inquiètes pas, ce n'est pas grave. Il y a encore plein d'autres jeux qu'on peut faire, comme une bataille de boules de neige, par exemple.

J'attrape une petite quantité de neige et la roule en boule avant de la lancer sur le dragon. Il se secoue pour se débarasser de la poudre blanche, puis pousse un joyeux grognement et, à défaut d'avoir des mains ou des pattes avant pour m'imiter, il se sert de ses pattes arrières pour m'envoyer de la neige. Je ris et cours en lui criant :

- Tu ne m'attraperas pas, nanananère !

Il s'élance aussitôt à ma poursuite et me rattrape très vite, alors que j'arrive devant l'écurie où est logé Shadow. Je tombe au sol lorsqu'il se jette violemment sur moi et ris pendant qu'il me lèche affectueusement le visage. Je suis sur le point de me relever lorsque je remarque des traces dans la neige. Il s'agit des traces de sabots de Shadow. Mon tuteur est monté sur son cheval noir pour se rendre en ville. Donc, si je suis ces traces, j'atteindrais la ville.

Je regarde Azur et lui demande :

- Est-ce que tu penses à ce que je penses ?

Mon dragon me fixe calmement, attendant que je lui révèle mon idée. Je déclare donc :

- Nous allons nous rendre en ville. Juste le temps de voir à quoi ça ressemble et on rentrera avant monsieur Corvus pour qu'il ne se rende compte de rien.

Dès que je finis ma phrase, je me relève et marche dans la direction des traces de sabot. La neige craque sous mes pieds pendant que j'avance, j'adore entendre ce son !

Mon petit dragon se niche sur mon épaule pour ne pas fatiguer ses pattes. Ce n'est qu'au bout d'une heure de marche dans le froid que nous atteignons enfin la ville.

Elle est grande et ses maisons sont bien entretenues, mais d'un style rustique. Elles sont toutes en pierre, munies de poutres en bois et d'un toit en tuiles. Au centre de la ville se trouve une grande tour en pierre, sûrement dédiée à la surveillance. J'avance dans les rues pavées. Il y a beaucoup de monde dehors, malgré le froid. Les enfants jouent en riant bruyamment et les femmes font leurs emplettes dans des boutiques, tandis que les hommes, assis aux terrasses des bars et des auberges, boivent en discutant tranquillement. Cependant, je remarque qu'ils utilisent la magie : les serveurs et les serveuses rangent les chaises des tables vides en un clauqement de doigt. Certains et certaines font même léviter plusieurs plateaux derrière eux à l'aide de leur baguette. Je regarde tout cela avec curiosité et émerveillement. C'est alors que je sens une main se poser sur mon épaule. Je me retourne en sursaut pour faire face à James Corvus. Ce dernier me contemple pendant plusieurs secondes avec son expression impassible habituelle, avant de dire :

- Miss Superbum ?

- Oui ?

Il a un petit sourire, qui n'a rien de rassurant, puis me demande :

- Que faites-vous là ?

- Je suis désolée, maitre. Je sais que vous m'aviez interdit de venir en ville, mais j'étais beaucoup trop curieuse, il fallait que je la vois !

- Ça va pour cette fois. Cependant, je ne veux plus que vous désobéissez, désormais.

- Oui, maitre.

- Bien, suivez-moi, maintenant.

Il tourne les talons, mais étrangement, ne se dirige pas vers la maison. Il prend même le chemin opposé. Je ne m'y attarde pas, me disant qu'il n'a sûrement pas fini ce qu'il avait à faire en ville. Je le suis donc, mais, je ne saurais dire pourquoi, une sensation de malaise monte en moi.

L'homme en noir emprunte des ruelles sombres et désertes. Peu à peu, nous nous éloignons de l'agitation de la foule et, lorsque plus aucun son humain ne nous parvient, il s'arrête et murmure, sans se retourner :

- Si nous ne pouvons plus les entendre, eux non plus.

Il se tourne ensuite lentement vers moi et sort sa baguette. Je remarque alors qu'elle n'est pas comme celle qu'il utilise d'habitude. Je le regarde avec perplexité et intriguation. Il pointe sa baguette sur moi et m'adresse ces mots, avec un sourire malsain :

- Prépare-toi à mourir !

Mes yeux s'écarquillent d'horreur et d'incompréhension et, avant qu'il n'ait le temps de prononcer la formule du sortilège qu'il veut me lancer, je sors ma baguette et crie :

- Arma !

Cela fonctionne ! La sienne quitte sa main pour tomber un peu plus loin. Mon coeur bat la chamade, accélérant ainsi ma respiration. L'homme tend la main et sa baguette revient aussitôt à lui, tel un aimant. Il dit calmement :

- Je constate que James t'a enseigné le sortilège de désarmement. Que t'a-t-il appris d'autre ?

Je ne réponds pas. Il sourit :

- C'est bien ce que je pensais. Si tu connaissais d'autres sorts de combat, tu t'en serais déjà servi contre moi. Tu n'as donc que le sortilège de désarmement et ne crois pas que tu pourras me vaincre avec ce misérable petit sort. Tu es condamnée . . .

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