Déception

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Un mois entier s'est écoulé depuis que mon tuteur m'a pris sous son aile. Durant tout ce temps, j'ai beaucoup appris sur les sortilèges et les potions. D'après mon maitre, j'ai déjà acquis les bases de la sorcellerie du quotidien. Lui, en revanche, n'a pas évolué le moins du monde. Il est toujours aussi froid et distant à mon égard. J'ai pourtant déjà tenté de briser la glace en essayant de lancer une conversation sympathique, mais à chaque fois, il m'ignore ou m'ordonne de me taire et de n'ouvrir la bouche que si c'est nécessaire. Malgré ces remarques et ce comportement désagréables de sa part, je ne lâche pas l'affaire. J'ai toujours été têtue et je me suis mise en tête de réussir à gagner sa sympathie et son respect. En plus de rendre mon quotidien avec lui plus agréable, ce sera une victoire pour moi.

En attendant, il est temps que je rejoigne mon tuteur en bas pour ma leçon d'aujourd'hui. Azur, qui n'a plus besoin de se cacher depuis que James Corvus a accepté sa présence dans sa maison, m'accompagne. En arrivant dans la salle de séjour, je salue l'homme en noir :

- Bonjour, maitre.

- Bonjour, Miss Superbum. Vous voilà enfin. Dépêchez-vous de prendre votre petit-déjeuner pour que l'on puisse commencer la leçon d'aujourd'hui.

- Oui, d'accord.

Je m'installe sur un fauteuil pour siroter tranquillement mon thé, tandis que mon petit dragon se précipite vers la cheminée pour savourer les cendres du foyer. Bien que cette dernière soit allumée, cela ne gêne absolument pas l'animal. Mon tuteur m'a expliqué que c'est parce que les écailles des dragons sont spécialement conçues pour les protéger des températures élevées.

Dès que je finis mon repas, mon maitre m'ordonne :

- Allez chercher votre cape et rejoignez-moi dehors.

- Entendu.

Je monte en courant dans ma chambre pour chercher mon vêtement. Il m'est bien utile car avec l'arrivée de l'hiver, les températures ici sont glaciales. D'ailleurs, selon mon tuteur, les premières neiges ne tarderont pas à tomber, dans quelques jours au plus tard.

Une fois ma cape enfilée, je descends les escaliers et quitte la maisonnette. James Corvus se trouve juste devant. Il se tourne vers moi pour m'expliquer :

- Comme je vous l'ai dit hier, vous maitrisez déjà les bases de la sorcellerie du quotidien. Il est donc grand temps que je vous enseigne les sortilèges de combat. Ils vous permettront de vous défendre en cas de besoin. Vous comprenez donc que la leçon du jour est extrêmement importante. Votre survie en dépend. Alors soyez très attentive.

- Bien, maitre.

- Sortez votre baguette, dit-il en faisant de même. Le premier sortilège de combat que je vais vous apprendre est celui de désarmement : Arma ! prononce-t-il en pointant sa baguette sur moi.

Le fin objet en bois que je tiens à la main m'échappe subitement et atterrit plusieurs mètres plus loin. Mon tuteur explique :

- Ce sortilège vous sera très utile dans la cas où un sorcier malintentionné vous menace de sa baguette. Maintenant, à votre tour.

- Oui.

Je cours récupérer ma baguette et la pointe sur mon maitre en m'exclamant :

- Arma !

Rien ne se produit. James Corvus déclare :

- Votre geste est trop hésitant et mal assuré. Vous devez lancer ce sortilège avec confiance et vigueur si vous voulez qu'il fonctionne correctement.

- D'accord. Puis-je recommencer ?

- Naturellement. Allez-y, je suis prêt.

Je prends une profonde inspiration et recommence, en prononçant plus fort et avec un geste plus sec et brutal :

- Arma !

Toujours rien. Mon tuteur secoue la tête :

- Non, ça ne va pas du tout. Je vous ai déjà dit que lorsqu'on lance un sortilège, il faut que le geste soit souple. Le vôtre est trop crispé.

Agacée, je recommence avec colère, sans prévenir :

- Arma !

Cela ne marche toujours pas. Mon maitre commente :

- Calmez-vous. La colère ne sert à rien. En fait, je crois que cela n'a rien à voir avec votre gestuelle. C'est quelque chose au fond de vous qui vous empêche de réussir à lancer ce sortilège correctement. N'est-ce pas ?

- . . .

- Qu'y a-t-il, Miss Superbum ? Vous ne dites plus rien ?

- . . .

- Vous ne deviendrez jamais une brillante sorcière si vous ne vous regardez pas en face.

Je détourne la tête, sourcils froncés, vexée par ses paroles. Il continue :

- Je peux vous y aider, mais je n'en serais pas capable si je ne sais pas quel est le fond du problème et vous êtes la seule à pouvoir me le révéler car vous êtes la seule à savoir.

- Et pourquoi voudriez-vous m'aider ?

- Disons que j'y ai des intérêts, et je ne suis pas le seul d'ailleurs, mais là n'est pas la question.

- Alors quelle est-elle ?

- Dites-moi ce qui vous empêche de lancer correctement ce sort. Je sais que vous le savez.

- Puisque vous en savez tant, pourquoi est-ce que vous ignorez la raison pour laquelle je ne peux pas lancer ce sortilège ?

- Arrêtez de détourner la conversation ! J'essaye de vous aider alors faites preuve d'un peu de bonne volonté !

Je soupire et, après quelques secondes d'hésitation, je lui avoue :

- Je ne veux pas me servir de ce sortilège. En fait, je ne veux carrément pas me battre et surtout pas contre vous.

- Je vois, mais sachez que tout le monde n'a pas un coeur aussi tendre que le vôtre. Beaucoup n'hésiterons pas une seule seconde à vous tuer sans aucune pitié, alors vous n'aurez pas d'autre choix que de vous défendre face à eux et vous ne pourrez pas le faire sans l'aide de mes enseignements. Alors si vous voulez avoir la moindre chance de survivre, ravalez votre sensibilité et entrainez-vous à lancer ce sortilège.

- D'accord, dis-je sur un ton pas très convaincu.

Je pointe à nouveau ma baguette sur lui et prononce :

- Arma !

Toujours rien. Frustrée, je me mets à lancer ce sort en continu :

- Arma ! Arma ! Arma ! Arma ! Arma !

Rien. Absolument rien. Je m'apprête à m'acharner encore lorsque mon tuteur déclare :

- Arrêtez, Miss Superbum ! Cela ne sert à rien de lancer bêtement ce sortilège en continu sans réfléchir. Et vous énerver ne sert à rien non plus. Vous devez garder votre sang-froid. Prenez une grande inspiration, calmez-vous et recommencez.

Je suis ses instructions, mais la matinée se passe et je n'arrive toujours pas à maitriser le sortilège de désarmement. Au milieu de la journée, mon tuteur dit :

- Bon, je crois que vous avez besoin d'une petite pause. Allons déjeuner, nous continuerons plus tard, dit-il en tournant les talons pour se diriger vers la porte d'entrée de la maison.

Son visage est resté impassible, comme à son habitude, mais j'ai décelé de la déception dans le ton de sa voix et cela me blesse profondément. Je sens mon coeur se serrer dans ma poitrine, tandis que je lui emboite lentement le pas.

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