Nouveau tuteur

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Je suis la jolie soeur dans les couloirs. Nous montons l'escalier en pierre jusqu'au deuxième étage. Ce n'est qu'une fois arrivées devant le bureau de la directrice que nous nous arrêtons enfin. La soeur toque à la porte en bois. La voix de la mère supérieure ne tarde pas à retentir :

- Entrez donc, mes filles.

La soeur ouvre donc la porte et entre dans la pièce. Je suis sur le point de la suivre lorsque je remarque que notre directrice n'est pas seule dans son bureau. Un homme se tient là. Il est grand, mince et a des cheveux noirs qui lui arrivent jusqu'au bas de la nuque.

La mère supérieure s'impatiente :

- Voyons, Emma, ne soyez pas timide. Entrez donc !

Je pénètre dans la pièce, d'un pas lent, intimidée par la présence de l'inconnu. En arrivant près de lui, devant le bureau, je lève les yeux et croise son regard sombre comme le jais. Je détourne aussitôt les yeux. La responsable des lieux s'adresse au visiteur :

- Voici la jeune fille que vous cherchez. Je vous présente Emma Superbum.

L'homme pose ses yeux sur moi et me dit, d'un ton calme et froid, en plongeant son regard dans le mien :

- Bonjour, Miss Superbum.

- Bonjour, Monsieur.

- S'il y a des affaires que vous voulez emporter avec vous, allez les chercher dès maintenant. Nous n'avons pas de temps à perdre.

Je ne réponds rien, intriguée par ses paroles. La mère supérieure m'explique :

- Cet homme vous adopte, mon enfant. Il est désormais votre tuteur légal et c'est à ses côtés que vous vivrez à partir d'aujourd'hui.

Je regarde tour à tour la vieille femme et l'étranger avec des yeux ronds. Ce dernier reprend la parole :

- Alors ? Qu'attendez-vous pour aller chercher vos affaires ?

- Non, c'est bon, dis-je en posant ma main sur la sacoche qui pend à mon épaule. J'ai tout ce qu'il me faut.

- Bien, alors partons sans plus attendre, dit-il en quittant la pièce, sans même dire au revoir aux deux femmes qui s'y trouvent.

- Adieu, mon enfant, me dit la mère supérieure. Puisse Dieu veiller sur vous et vous guider vers le bonheur.

- Adieu, ma mère. Adieu, ma soeur.

- Adieu, me répond cette dernière. Que le Seigneur vous protège.

Je lui adresse un dernier signe de la tête et quitte la pièce à mon tour pour rejoindre mon nouveau tuteur.

Ce dernier m'attend déjà devant la porte de l'établissement. Lorsque j'arrive enfin à sa hauteur, il lâche un commentaire :

- Ce n'est pas trop tôt. Je croyais pourtant vous avoir dit que nous n'avons pas de temps à perdre, je vous prierai donc de bien vouloir presser le pas.

Je ne réponds rien, assez impressionnée par cet homme. Il n'a pourtant pas une carrure imposante. Il est même mince, mais il possède un charisme naturel qui ne peut laisser indifférent.

Une soeur vient lui ouvrir l'imposante porte de l'orphelinat Sainte-Catherine et il en sort aussitôt. Je le suis, sans me retourner. Rien ne me rattache à cet endroit et je suis même ravie d'enfin m'en aller ! Pour la première fois de ma vie, je vais voir ce qui s'étend au-delà de ces épais murs de pierre.

Nous débouchons dans la rue. Je regarde partout autour de moi, observant les maisons qui se trouvent sur la rue d'en face, les arbres qui jalonnent le trottoir et les voitures qui passent sur la route.

Ensuite, mon regard se pose sur mon nouveau tuteur. C'est un homme mince, de grande taille, aux yeux sombres et brillants. Les traits de son visage indiquent qu'il est d'âge moyen et il possède une chevelure ondulée, qui descend jusqu'au bas de sa nuque, d'un noir de jais que je trouve absolument magnifique !

Il se tourne vers moi et me dit :

- En route, nous devons faire vite. Et, surtout, restez discrète. Nous ne devons pas nous faire remarquer.

- Pourquoi ?

- Faites juste ce que je vous dis, rétorque-t-il d'un ton sec.

Il tourne ensuite les talons et s'éloigne, de sa démarche souple et élégante. Je me dépêche de lui emboiter le pas.

Nous avançons d'un pas rapide dans les rues de Londres. Plus on s'éloigne de l'orphelinat et plus les rues sont bondées. Mon mystérieux tuteur remarque :

- C'est vraiment une bonne chose que les rues de cette ville soient aussi fréquentées. En nous disssimulant dans la foule, nous ne nous ferons pas repérer.

- Repérer par qui ?

- Je viens de te demander de te taire. Tu dois m'obéir au doigt et à l'oeil sans poser de questions. À moins que tu ne veuilles mourir et entrainer nos mondes dans le chaos et la destruction.

Je reste bouche bée face à ses paroles. Je ne comprends vraiment rien à ce qu'il veut dire, mais il n'a pas du tout l'air de plaisanter. Je prends donc sur moi et reste silencieuse.

Après de longues heures de marche, nous atteignons enfin la périphérie de la ville. À ce stade, j'ai les pieds en compote et suis complètement essoufflée ! Je n'ai jamais autant marché de ma vie !

Mon tuteur lâche un petit sifflement et, aussitôt, un cheval noir émerge de la forêt qui s'étend devant nous. L'homme à la longue robe noire monte en selle et me tend sa main. Je la prends et il m'aide ainsi à grimper derrière lui. Puis il attrappe les rennes de sa monture et la lance au trot.

Le cheval repart dans la forêt, avançant au milieu des arbres et des buissons sans aucune difficulté. Cependant, la route n'est pas lisse et le voyage est donc plutôt secoué. Je passe mes bras autour de la taille de l'homme aux yeux noirs pour éviter de tomber. Ce dernier ne bronche pas, se contentant de regarder droit devant lui.

Le soleil commence déjà à se coucher, teintant le paysage d'une magnifique couleur dorée-orangée, lorsque le cheval s'arrête enfin. Mon tuteur pose pied à terre et me tend ensuite ses bras. Je me laisse glisser et il m'attrape avec habilité, avant de me déposer délicatement sur le sol.

Nous nous trouvons devant un grand chêne qui semble avoir plusieurs milliers d'années. L'homme avance tranquillement vers lui, avant de sortir de l'intérieur de sa robe sombre une baguette. Il touche avec différents points du tronc, en murmurant :

- Suscipe filios tuos in uterum tuum, pater magicae.

Il n'en faut pas plus pour que le tron de l'arbre s'ouvre en deux, révélant un passage ! J'observe cela avec des yeux ronds d'étonnement et d'admiration.

Mon tuteur se tourne vers moi :

- Dépêchez-vous d'entrer, le passage ne restera pas ouvert plus de quelques secondes.

J'obtempère et m'engouffre dans l'arbre, suivie de près par mon tuteur et sa monture. Une autre ouverture nous fait alors face. Je m'en approche et, dès que je l'ai passée, je me retrouve à nouveau dans la forêt. L'exacte même forêt. Je lève un sourcil perplexe. Pourquoi avoir ouvert ce passage alors que c'était tellement plus simple de contourner l'arbre. Mon tuteur semble lire dans mes pensées car il déclare :

- Non, Miss Superbum. Nous ne sommes plus au même endroit. En traversant ce chêne, nous avons quitté le monde rationnel pour nous rendre dans le monde magique.

Je lève la tête vers lui pour lui dire :

- Qu'est-ce que ça siginifie ?

- Je comprends que vous soyez surprise. Aujourd'hui, les êtres humains du monde rationnel rejettent l'existence de la magie. Et pourtant, elle existe bel et bien. Vous en avez eu la preuve aujourd'hui, et même bien avant.

- Que voulez-vous dire ?

- Ne s'est-il jamais produit des choses étranges ou inexplicables lorsque vous étiez en colère ou que vous aviez peur ?

- . . .

- Vous en avez eu la preuve toute votre vie, mais vous aussi, vous avez fermé les yeux. Il est grand temps que vous les ouvrez et que vous voyez la réalité en face.

- Quelle réalité ?

- Vous êtes une sorcière, Miss Superbum.

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