Mardi 31 mars 2020

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Et après ?

Cette question, je ne me la posais pas, au début.

Aujourd’hui elle vient me hanter par vagues, essayant de s’immiscer dans ma tête, pernicieuse. Est-elle la cause de ces vertiges que je ressens le matin au réveil ou dans la nuit ?

A quel moment et dans quelles conditions, serons-nous libérés ? Pas d’armistice avec le Covid, comment saurons-nous que le champ de bataille a été déserté ?

L’ennemi ne va pas se retirer simplement, déposer les armes et partir. Devons-nous attendre que plus aucun cas ne soit connu ? C’est impossible, il y a des porteurs sains... Des taupes dans nos rangs, prêtes à dégoupiller leur grenade le moment opportun. Je me dis qu’il suffit de quelques personnes, si peu, pour propager de nouveau ce virus. Comment sortir de nouveau sans avoir cette peur du « Et si... »

Et si la personne à qui je dis bonjour est porteur sain du Covid ? Et si le virus est sur cette poignée de porte, et s’il avait muté pour être transmissible dans l’air, et si...

Et si j’arrêtais de vivre tant que j’y suis !

Il FAUT me sortir toutes ces idées angoissantes de la tête. Heureusement que le temps semble rester au beau fixe, il ne manquerait plus que la grisaille et la pluie pour accentuer le malaise ! Quel état d’esprit aujourd’hui.

Quand j’ai un coup de moins bien, je cherche toujours un petit chose, une lumière dans cette noirceur, un pétale de rose dans cette forêt de lierre qu’est mon cerveau.

Aujourd’hui surtout, il faut que je me ressaisisse, car mes pensées redoublent de pessimisme.

La paix, je sais où la trouver. La vie devrait être simple et douce, comme un chat en boule sur un coussin moelleux dans la lumière du soleil. Voilà ma vision optimiste. Ma petite boule de poil, tranquillement endormie sur son coussin, le poil tout chaud devant la fenêtre baignée de soleil.

Cette simple vision me réchauffe le cœur, et apaise mon âme.

C’est mardi, et après notre journée routinière travail, devoirs, cuisine et ménage, je sors enfin profiter des derniers moments de soleil, pour faire ma séance de yoga.

Une grande serviette dans l’herbe, je débute par des salutations au soleil et je vide mon esprit. Finalement la serviette est un rempart entre Elle et moi, je la mets de côté et retire mes chaussettes pour sentir l’herbe et la Terre sous mes pieds. J’enfonce la paume de mes mains et la pulpes de mes doigts dans le sol, assise sur les talons, le visage tourné vers le soleil, je prends tout ce que la nature veut bien me donner. J’entends tout. Je sens tout, je ressens tout. Le vent souffle, mais n’est pas si froid, je l’entends dans les branches du bambou derrière moi, souffler sa mélodie. Avez-vous déjà eu l’occasion d’entendre le chant du bambou ? C’est beau, simplement. Les branches fines et les feuilles semblent avoir toutes un son différent. Je prends le temps d’écouter cette mélodie, elle m’aide à me concentrer sur ma respiration, qui s’apaise. C’est comme si je n’avais finalement plus besoin de respirer.

Je suis ailleurs, jusqu’à ce que je sente la langue de mon chien sur la main. Lui aussi veut faire du yoga, il adore ça ! C’est un vrai yogi ce toutou !

Je fais quelques postures, je savoure chaque étirement, et après un dernier aurevoir au soleil, je rentre au chaud.

Je cherche vite à occuper mon esprit par peur qu’il ne retrouve le chemin des questions existentielles. J’ai terminé mon roman en anglais, et comme à chaque fois je flotte dans une dimension parallèle. Je n’aime pas finir un livre, mon esprit ne décroche pas tout de suite de l’intrigue, je ne veux pas quitter les personnages. C’est comme lorsqu’on rêve, ce moment au réveil de réminiscence, celui où tu ne sais plus vraiment qui tu es, où tu es et quand tu es ...

Pour ne pas replonger dans cet état, j’invite les enfants (chéri n’aime pas ça, donc je laisse tomber), à faire une partie de scrabble. Cela nous occupe un bon bout de temps et j’aime ces moments, ils me font du bien.

Puis la soirée continue son chemin jusqu’aux informations du soir, les seules que j’écoutent. Je ne devrais pas, car elles font mal, ces infos. Je suis un peu maso.

499 morts en 24 heures.

Triste record. J’apprends que par solidarité, un boulanger décide de faire livrer aux personnes âgées isolées, ses invendus. Mais cette nouvelle n’est pas une bonne nouvelle pour moi ! Pourquoi seulement maintenant ? Ce monsieur face caméra dit que « sinon ça part à la poubelle » !! Mais allo ? Tu pouvais pas faire ça avant !?! Et quand tout sera terminé, si tout se termine, tu continueras ?

Qu’est-ce que ça m’énerve !

La solidarité n’existe que quand les morts s’accumulent, c’est une honte.

Ok. Je ne suis pas très optimiste et enjouée aujourd’hui. Il y a des jours avec et .....

Et des jours sans.

Ce virus est fort, c’est une saloperie.

J’ai appris ce soir que mon demi-frère de 14 ans et sa mère, ont les symptômes du Covid19.

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