Dimanche 29 mars 2020

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Ou peut-être samedi 28, je ne sais pas.

Les jours se ressemblent de plus en plus. Avant, jadis, au temps de la liberté, la coupure du week-end était franche, nette, sans équivoque. Aujourd’hui je me rends compte que ce n’est plus exactement le cas.

Samedi, dimanche, c’est le week-end, de ça je suis sûre. On a également changé d’heure, donc ce doit être dimanche lorsque j’écris ces mots. Et même encore là, comment en être convaincu ? Les machines, branchées en réseau, n’ont même plus besoin de la manipulation de l’Homme pour se mettre à la bonne heure. Saurons-nous, dans quelques décennies, voir avant, encore s’occuper de nous-même sans le rappel d’une de nos machines ? Lire un plan (s’il en existe encore), faire un gâteau sans application, connaître par cœur les numéros de téléphones de nos proches (qui les connaît tous d’ailleurs aujourd’hui ?), se rappeler un rendez-vous (inutile en ce moment c’est certain...) ?

Quand je suis sortie ce matin, ou peut-être était-ce hier, j’ai ressenti une certaine morosité dans l’air, je me posais trop de questions, je ne pouvais pas empêcher ma petite cervelle de réfléchir.

Il faut que je me reconcentre sur le positif de tout ceci. Il y a toujours du bon, même dans les situations les plus délicates. Je décide donc de forcer mon esprit à se focaliser sur les aspects positifs de notre emprisonnement. Et j’y parviens.

Nous sommes donc samedimanche, et j’ai une devinette :

Mon premier peut être d’un bateau ou provençal

Mon second est indispensable au Molki ou au bowling

Mon troisième ne se compte plus après 30 et ne rime pas forcément avec sage quoi qu’on en dise

Mon tout est un artifice dont je me passe en confinement

Trouvé ?

En effet, je me faisais la réflexion en me brossant les dents ce matin - un matin - que ma peau était la grande gagnante de ce confinement : une hydratation quotidienne, des masques de soin faits maison et plus rien d’autre, fini le maquillage. Il faut dire que chez moi le maquillage se limite - se limitait - à un peu de mascara, un petit coup de crayon et basta ! Mais, il faut reconnaître que ma peau me dit merci de cette pause nature.

Voici donc un point positif, je me concentre dessus et la morosité recule d’un pouce, pour finalement ressurgir sur une nouvelle réflexion : je ressemble à rien un matin ! C’est vrai que je ne fais plus vraiment attention à mon look et je m’en veux. Quand on se sent jolie, on est de meilleure humeur. Il va falloir que je fasse plus attention à ça, si je ne veux pas déprimer.

Fin de lavage de dents, début de bonne résolution.

Je cogite pas mal quand je me lave les dents. J’ai trois minutes à tuer. C’est long, mine de rien, trois minutes et je trouve que ce moment de communion avec soi-même est un bon moment pour méditer sur notre moi profond.

Décidée, je suis allée enfiler une robe que j’aime beaucoup et me suis coiffée du mieux possible (on n’est pas en bonne entente en ce moment mes cheveux et moi, mais ça c’est une autre histoire, c’est à cause d’une frange qui repousse et qui ne veut pas se positionner comme...enfin bref.) Le résultat aurait pu être mieux, j’aurais dû mettre des boucles d’oreilles peut-être, mais c’était toujours mieux que le survêtement. Je suis sortie de la chambre assez satisfaite, mais finalement après un petit moment sans bouger en lisant dans le canapé, j’ai eu un peu froid aux pieds donc je suis allée enfiler une paire de chaussettes. Voilà, c’était mieux. Au fait, vous ne le savez peut-être pas, mais je porte toujours des tongs dans la maison.

Vous voyez où je veux en venir ?

Oui, ça c’est du look !

En tout cas ça a bien fait sourire mon mari.

Aujourd’hui je n’ai pas la même tenue. Après un bon bain pendant lequel mes cheveux portaient un masque d’huile de coco (qui nous a permis de nous réconcilier par la suite), j’ai enfilé un jean et un chemisier blanc, classe et moins choquant avec des tongs chaussettes ! Et je me sens bien. Un peu de parfum, quelques bijoux et la morosité à disparue. Le soleil qui se cachait depuis mon réveil, refait même son apparition, si ce n’est pas un signe ça !

L’après-midi commence, je ne sais pas si mes enfants sont toujours en vie, je ne les ai pas vu depuis le petit déjeuner... Je crois que je vais finir pas réellement « péter un câble » s’ils ne lâchent pas leur téléphone portable ! Le pire, c’est que mon cher et tendre joue à la console dans le salon. Il n’y a rien qui m’énerve autant ! Savoir mes enfants complètement lobotomisés par les écrans et mon mari pareil, j’ai l’impression d’être une extra-terrestre, un alien, un Cas. Les légumes je les aime dans mon assiette, pas dans ma famille !!!!!

Ce confinement va me rendre folle et les rendre complètement drogués.

Faites que cela s’arrête.

S’il-vous-plaît ?

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