Meeting

14 minutes de lecture

Stephanie — août 2011

— Un AVP*, un homme de 25 ans... pouls à 80, saturation à 97, tension à 14, fréquence respi à 17, pupilles normales et réactives, Glasgow à 12, pas d'hémorragie, encore inconscient mais son état est stable, plaies et contusions sur le corps, trauma à l'épaule droite ...hyper algique*, il a reçu du paracétamol, un décontractant en IVD* et un flash de 100 cc* en intraveineux...c'est tout.

L'Infirmier débite tellement vite que j'ai tout juste le temps de griffonner l'essentiel sur mon bout de papier. Un morceau de relève qui traîne lamentablement dans ma blouse et me sert de pense bête. Pressé, mon collègue effectue de grandes enjambées jusqu'au box 12 où il laisse le brancard en y déposant la fiche d'accueil des pompiers. Il nous remet

un large sachet dans lequel se trouve un blouson de cuir râpé sur plusieurs endroits et des chaussures.

— Vous m'aidez vous deux ? réclame l'Infirmier, légèrement agacé, Il faut qu'on le déshabille ! J'dois retourner à l'accueil, c'est le feu là-bas.

Cam déboule dans mon dos et commence à découper son teeshirt ensanglanté pendant que l'IOA* s'en prend à son jeans déchiré et maculé de sang. Leurs gestes sont efficaces et précis pendant que je m'emploie à scoper le patient : branchement des électrodes, pose du brassard à tension et oxymètre de pouls. J'enfile une blouse à la victime, aidé de mon binôme. Mon regard s'attarde sur ses blessures, je constate que le bitume ne l'a pas épargné, son corps présente plusieurs blessures côtés gauches essentiellement et le renflement, au niveau de la tête humérale, témoigne du choc reçu ; Sûrement une luxation, à en juger par la déviation osseuse.

Une perfusion a été posée sur son avant-bras droit mais la poche de 100cc est déjà vide. En la remplaçant, je contrôle que la voie soit fonctionnelle. Il ne faudrait pas qu'elle nous lâche au moment opportun.

— J'appelle Smith ! s'écrie mon binôme.

Juste ciel !

Je n'ai pas le temps de me retourner qu'ils sont déjà sortis, me laissant seule avec le patient et déplorant l'arrivée du médecin le plus perturbant de la planète ; son esprit incisif incite à le maudire sur sept générations même s'il peut se vanter d'être l'un des plus brillants docteur de l'hôpital. Et en prime, des yeux sublimes ; d'un bleu foncé presque hypnotique. Difficile de passer à côté sans les remarquer.


Indubitablement, je dois trouver un truc étouffant de précision mais le doute m'envahi. Afin de véhiculer mon inquiétude maladive, je jette un œil sur les constantes, vérifie les quantités de médicaments reçus en IVD*, retourne sur mes notes raturées puis remonte jusqu'au visage du patient.

Wow.

C'était pas prévu qu'il soit carrément bel homme. Ne pouvant décoller les yeux de ma contemplation, je

sens lentement mes sens me jouer des tours lorsque la porte s'ouvre subitement sur Cam et le fameux Docteur Smith. Ce dernier me salue d'un bref mouvement de tête et se penche sur le patient. Il grimace en voyant le décalage flagrant entre l'omoplate et la tête humérale, puis s'empare du compte rendu des pompiers.

Les minutes s'étirent et le voir froncer des sourcils n'augure rien de bon. Il soupire bruyamment, dépité, et fait un mouvement de menton à notre intention. Cam tourne alors son regard espiègle sur moi, m'intimant de prendre la parole. Les yeux très bleus du Dr Smith se plantent dans les miens, impassibles, et mon taux de stress grimpe en flèche. Mon rythme cardiaque vrille complet et son rictus de satisfaction démontre qu'il a cerné mon malaise.

L'ennui avec ce genre de médecin c'est qu'il se délecte de votre trouble. Aucune chance d'échafauder une porte de sortie à travers un sourire. Il se moque de ce qu'il considère comme une banalité. Son expression polaire m'oblige à relire mes lignes afin d'éviter toutes sottises.

Ce serait bête de se louper lamentablement.

Les bip réguliers du scope* semblent donner la rythmique de mon supplice. Encouragée par le regard confiant de mon binôme, je m'élance sur une relève de l'état clinique du patient. Bredouillant et bafouillant, je conclus enfin dans un silence morbide, accompagné des plaintes du monitoring. Les sourires de Cam signifient que je me débrouille à merveille. Reste à savoir si cela convient au Docteur blue eyes. Ce dernier se contente d'un « hum » glacial ponctué de hochements de tête. Rien de bien explicite. Imperturbable, il revient sur les plaies, la déformation de l'épaule droite et se stoppe direct.

— On a bien une luxation ... reste à savoir si elle est totale ou partielle, grimace-t-il, puis il arque un sourcil vers moi, je voudrais une radio, un bilan sanguin, bien-sûr tu regardes ses plaies et s'il a mal on peut donner des opiacés et de la morphine, en dernier recours.


Instantanément, au mot « bilan sanguin », mon regard guigne les belles veines qui courent sur l'avant-bras du patient. Le docteur blue eyes poursuit son auscultation, contrôle les pupilles du patient et le réveille doucement pour conclure par un examen neurologique. L'homme balbutie quelques réponses mais ne parvient pas à s'éveiller tout de suite. Les yeux ouverts par intermittence, il met quelques minutes avant de nous raconter sa mésaventure:

— Vous pouvez me raconter ce qui s'est passé ? demande Smith.

— ... Je crois que j'étais en moto ...

— Est-ce que vous avez un souvenir précis ?

— C'est pas clair dans ma tête... hésite-t-il, je suis tombé d'un coup... il pleuvait des trombes d'eau... je sais pas comment c'est arrivé, je roulais pas vite.

— Par temps de pluie, la route est glissante et vous ne pouviez pas l'éviter, poursuit Smith.

— J'ai pas compris ce qui s'est produit, grimace-t-il.

Tout en écoutant ses dires, je jette un œil, machinalement, sur son bracelet d'identification :

Christopher Holmes.

Enchanté.

— Après les résultats de la radio, je vous informerai des suites opératoires. Il se peut que vous ne soyez pas hospitalisé mais je vous confirmerai tout ça ...

— OK, merci, répond Mr Holmes.

Ensuite, le Dr Smith s'engouffre dans le couloir et Cam m'entraîne à sa suite. Il se plante devant moi, bras croisés, un sourire satisfait ornant ses lèvres et le regard rempli de malice. Comme toutes les fois où il a une idée qui frise le génie

— C'est pas trop mal. Tu te débrouilles bien en Anglais maintenant ... bon, on bascule pas encore dans le bilingue mais c'est bien.

— Je suis assez contente, oui. Trois semaines qu'on bosse sans relâche, toi, Hayden et moi, ajouté-je.

Cam est mon binôme lorsqu'Hayden est en repos. Originaire de Montréal, il parle aussi bien Anglais que Français et c'est une aide considérable pour moi. Ses allures de surfeurs avec ses cheveux blonds coupés courts, ses yeux clairs et son bronzage permanent font tourner les têtes de toutes les patientes.

Sûr de lui, il hoche la tête et acquiesce mes dires.

— C'est pas trop mal... Il s'agit de TON patient à présent .... Tu te débrouilles bien et je te laisse faire. Tu seras son Infirmière... lance-t-il en s'éloignant.

— Mais...

— Pas de mais ! Tout va bien se passer. Et c'est TON secteur à présent ! précise-t-il en insistant sur les mots.


Et il disparaît au détour d'un couloir, nonchalamment, me laissant seule au milieu de l'agitation environnante. Médecins, Infirmiers et brancardiers déambulent partout, en va-et-vient continue. Un brouhaha incompréhensible y règne, mêlé de cris d'hystérie et des sonneries de téléphone. Et c'est sans compter sur les bip des PSE* à recharger et les alarmes des scopes en furie, au moindre mouvement du patient.


Et puisque c'est devenu mon secteur depuis quelques minutes, il serait temps de procéder par ordre de priorité : les plus urgents en premiers, les plus pénibles en dernier. En vérité, ce sont souvent ceux-ci qui écrasent le bouton de l'alarme sans arrêt, jamais ceux qui en ont besoin. Je ne suis pas Wonder Woman et ne peut pas voler au secours de tout le monde.

Avant de partir fièrement vers mon secteur, mon regard se perd sur l'écran de l'ordinateur : le tableau des entrées clignote dans tous les sens les noms des nouveaux arrivés. Les Urgences sont full.

Respire, tout va bien aller.

D'abord, appeler le service radiologie pour le box 12, semble être une idée judicieuse. Ils sont en sous effectifs et décrochent un coup sur deux. La voix guillerette de la manipulatrice radio me répond et confirme le rendez-vous de Mr Holmes. Par la suite, je débute mon tour ; garantis à la petite dame que personne ne l'a oubliée, m'assure que le box 7 ne s'est pas déperfusé en remuant comme un vers, confirme à certains que les médecins ne se sont pas enfuis et aux autres que les résultats sont en cours d'analyses.

En soi, les mêmes réponses qu'il y a une heure.

Après cette déferlante, je fonce m'occuper du box 12. Et rien que d'y penser, mon cœur s'accélère et une décharge d'adrénaline se déverse dans mon corps. La prise de sang est une bonne excuse pour retourner auprès de lui. Mes yeux se posent sur son casque de moto abîmé de multiples rayures. Un frisson parcourt mon échine en détaillant les impacts dus au choc. Il a eu beaucoup de chance.


Insensiblement, mon regard glisse sur l'ensemble de son visage, aux traits fins et réguliers, encadré par des cheveux blonds, mi-longs.

Un gémissement rauque s'échappe de sa bouche et sa main vient agripper la mienne. Sa poigne n'est pas désagréable en soi et sa paume chaude resserre mes doigts fins. Je ne fais aucun geste pour me libérer de cette chaleur intense.

— Reste-là... s'il te plaît...

— De quoi ? demandé-je étonnée, vous avez besoin de quelque chose ?

Deux billes d'un vert profond me scrutent longuement avant qu'il ne laisse échapper un soupir.

— Non, ça va aller...

— Vous êtes sûr ?

— Oui ...

— Je suis l'Infirmière du secteur, vous pouvez me donner vos nom, prénom et date de naissance, s'il vous plaît.

— Christopher... Holmes... ma date de naissance aussi ? m'interroge-t-il-surpris.

— Absolument. C'est le protocole, on est obligé de vérifier l'identité des patients.

Il eut un léger rire puis s'exécute avant de plonger une nouvelle fois ses prunelles claires au fond des miennes.

— Vous êtes pire que la CIA ici, votre collègue m'a demandé la même chose.

— Je suis désolée, je sais que c'est énervant, répondis-je d'un air contrit.

Il s'exécute alors, réprimant un rire.

— Aucun problème, ça ne peut pas être pire que cette douleur, annonce-t-il avec un faible sourire.

Des anges se mettent à danser et à tourbillonner dans ma tête. Le temps semble s'être arrêté, puis je reviens à moi :

—Vous évalueriez votre douleur à combien sur une échelle de zéro à dix ?

Il se marre carrément avant de grimacer de douleur l'instant d'après. Coriace, je m'en veux de lui infliger toutes ces questions et me retins de poursuivre mon investigation.

— J 'sais pas ... cinq peut-être six ..., hésite-t-il, le regard clair braqué sur moi, il vous faut un truc précis ou bien ...

— Non, c'est parfait, réponds-je en souriant, et, désolée pour tout ça.

Si je ne devais pas remplir toutes ces cases, je le laisserai volontiers en paix.

— C'est pas grave, vous faites votre boulot, poursuit-il,

en retenant son souffle à cause de la douleur, ... putain...


Les paupières closes, il essaie de se reposer. Avant de débuter quoique ce soit, je prépare un Opiacé que je branche aussitôt à sa perfusion, à vitesse modérée puis m'installe à ses côtés. Instantanément, ses prunelles claires jettent un œil sur le matériel, avant de revenir vers moi, perplexe.

— J'ai ajouté un antalgique plus fort et je vais procéder à une prise de sang. Ensuite on viendra vous chercher pour la radio.

D'un air entendu, il hoche la tête. Je sens mon entendement faire naufrage lorsque ses pupilles s'orientent vers moi, semblables à des phares. Elles brûlent ma peau tandis que je saisis son avant-bras droit parsemé de veines saillantes. L'aiguille plantée après désinfection, j'effectue le prélèvement sans jamais relever la tête vers lui. Il me trouble bien assez, incapable de discuter, même d'une simple banalité. Le soin terminé, j'ose un regard en sa direction, feignant une assurance vaine. Silencieux, la tête basculée sur le côté, ses traits sont déformés par la souffrance infligée par ses meurtrissures.


Je caresse du regard chaque contour parfait de son visage sans jamais me lasser. Timidement, je descends plus bas, jusqu'à l'encolure de sa blouse sous laquelle je devine ses pectoraux bien dessinés jusqu'au No man's land. Une foule d'idées toutes plus saugrenus les unes que les autres se bousculent dans ma tête.

M'infligeant une claque mentale, je recule de quelques pas et sursaute lorsque la porte du box s'ouvre violemment sur deux énergumènes vêtus de l'uniforme vert du service radiologie. Sans trop de ménagement, l'un d'eux s'emploie à élever la voix :

— Monsieur ! On va vous conduire à la radio.

Le visage tordu de douleur, il ouvre à nouveau les yeux et prend appui sur son bras accidenté, essayant de se relever mais un grognement s'échappe entre ses dents. À l'agonie, il retombe sur le dos. J'augmente alors un peu le débit de l'antidouleur pendant que l'un des hommes débranche le scope et que l'autre commence à tirer le brancard vers la sortie.

— Allez on revient.

L'un des deux hommes baragouine un truc incompréhensible en conduisant le patient vers la radiologie.

Poussant la porte de la filière courte, June, surgit dans le couloir, affolée. Ses cheveux blonds rassemblés en queue de cheval, laissent échapper quelques mèches rebelles. Mince et élancée, elle me domine d'une bonne dizaine de centimètres. Infirmière du service, depuis bientôt 2 ans, sa gentillesse et son dévouement m'ont permis de bien évoluer aux Urgences et d'y faire peu à peu ma place.

Elle se presse vers moi, les yeux rougis et hagards, tremblante de tout son corps.

— Où est-il ? Stéph ! Ils viennent de t'amener un patient du nom de Christopher Holmes ! Il est dans ton secteur ?

— Oui et on vient de le réveiller pour le conduire en radiologie. Son état est stable mais il a quelques blessures et demeure encore très algique. C'est un ami à toi ?

— C'est mon meilleur ami, Chris, tu sais je t'en ai parlé. Comment va-t-il ?

— Son épaule est déboîtée, il a des contusions et des plaies, mais il est conscient et il va bien. On attend les résultats de la radio.

Laissant échapper un long soupir, une larme sillonne le long de sa joue alors qu'elle maintient ses yeux fermés. Elle se laisse aller, dos au mur, et semble soulagée par mes dires. Une main posée sur son épaule, je lui montre mon soutient.

— Si c'est une luxation, la prise en charge peut être rapide comme longue, tout dépend. Et les services de Chir sont surchargés, donc s'il faut qu'il passe la nuit sur un brancard, ça va être compliqué, s'alarme-t-elle.

— Ne t'inquiète pas, je vais m'arranger pour que tout aille bien. Je te préviens dès que tu peux venir le voir.

Un sourire étire doucement ses lèvres et elle me remercie tout en s'éclipsant d'où elle venait. Pendant ce temps, le tumulte continue : les nombreuses prescriptions des autres médecins abondent, en même temps que les cris, les pleurs, le brouhaha inintelligible ainsi que les va-et-vient incessants des soignants qui finissent par me donner le tournis assez vite. Travailler aux Urgences c'est comme être lancée à grande vitesse dans une course automobile sans aucun moyen de s'arrêter. C'est exaltant et épuisant, en même temps.

À peine l'ami de June revient-il de son examen, que le Dr Smith et Cam le rejoignent. Ils s'emparent du cliché posé sur le brancard et le commentent sans tarder. Mr Holmes demeure en position demi-assise, le front plissé d'inquiétude.

— Monsieur, il s'agit d'une luxation partielle de l'épaule. Aucun nerf n'est touché par chance et la bonne nouvelle c'est que je vais pouvoir la réduire manuellement après la pose d'un bloc.

— Qu'est ce que vous voulez dire par bloc ? interroge le patient, soucieux.

— Un antidouleur puissant... vous ne ressentirez plus rien lorsque je vais vous manipuler.

Le regard de Mr Holmes se durcit, marquant doublement sa crainte. La seringue de Lidocaïne demandée par le Dr Smith est prête. Ce dernier me remercie d'un hochement de tête et pratique l'injection en intra-articulaire, destinée à endormir la zone. Le patient serre les dents pendant une ou deux minutes, le temps que le produit se propage.

Mains dans les poches, Cam discute tranquillement de moto avec Mr Holmes, essayant de détendre l'atmosphère, et le médecin en ajoute une couche en stipulant être un passionné de Harley Davidson. Tout de suite, comme ça, j'étais loin d'imaginer un homme aussi guindé que lui, aimer ce genre de choses. Comme quoi, il ne faut pas se fier aux apparences.

Les laissant à cette discussion toute masculine, je retourne dans le secteur.

******

A la suite de la réduction, le Dr Smith a été obligé de lui administrer une dose de tranquillisants afin qu'il se repose jusqu'au lendemain. Dans ces conditions, il a été transféré dans un lit à l'UHCD.*Lors de ma prise de poste, ce matin, je suis impatiente de le revoir.

De manière générale, les patients accueillis à l'UHCD* attendent une place en service de chirurgie. L'avantage c'est qu'ils sont cadrés et ne s'endorment pas sur la sonnette. L'ambiance est nettement moins agitée qu'en secteurs. Ainsi, la relève de nuit s'est occupée des pansements de Mr Holmes et June a pu lui apporter ses vêtements, tôt le matin. Si bien que lorsque j'ouvre son box, je le retrouve assis sur son lit, torse nu, pianotant sur son téléphone.

Oh mon Dieu !

Il lève ses yeux pâles sur moi, cessant toute activité pendant que je sens toute motivation flancher sur le pas de la porte. À la vue de ce torse presque parfait, je sens mon cerveau s'emmêler et libérer une béatitude qui ne me correspond pas.

Nos regards se croisent et la gêne apparaît aussitôt sur son visage. L'épaule maintenu par une attelle, il ne peut pas vraiment se mouvoir comme il le voudrait et m'assène un sourire.

— Comment vous sentez vous ?

—Beaucoup mieux, ça tire un peu mais rien à voir avec la douleur ressentie, hier.

— Tant mieux, je vais noter vos constantes, osé-je en lui rendant son sourire.

À son contact, je sens ma lucidité faire naufrage. Son sourire enflamme mes sens et son regard me déshabille par sa profondeur. C'est comme s'il pénétrait au fond de moi-même. Ainsi, je me réfugie dans un silence protecteur.

— Vous pouvez me donner un coup de main pour enfiler mon tee-shirts ? Avec un seul bras c'est assez difficile ...

Je l'aide à enfiler la manche droite et, juste à quelques centimètres de lui, je suis au bord de l'implosion. Son regard dans le mien, c'est comme une alchimie qui prend naissance.

— Vous savez combien de temps je dois garder ce truc ? demande-t-il.

— Trois semaines ! Et il faudra faire les séances de kiné, c'est important, assuré-je.

— C'est juste compliqué pour mon taff, et tout le reste...

— Vous bossez dans quoi ?

— ... dans un restau, en attendant d'ouvrir ma boutique de surf. Mais pour le moment, je peux oublier tout ça ! soupire-t-il agacé.

— Faites attention, il faut un repos complet, c'est important.

Il opine de la tête, visiblement contrarié, croisant les bras sur sa poitrine.

— Vous êtes surfeur professionnel ? m'enquis-je

— Ouais, assure-t-il en souriant, et j'ai envie de développer ça, de donner des cours. Vous surfez ?

— Oh pas tellement. Juste un peu de snowboard l'hiver, c'est tout.

— En ce cas, c'est la même chose. Si vous êtes de passage sur Malibu, dans quelques semaines, je peux vous montrer des bases.

— C'est avec plaisir.


******

* IVD : Intra veineux direct .

*algique : pour désigner une douleur.

*AVP : accident de la voie publique.

*IOA : Infirmier d'orientation et d'accueil.

*cc : equivalent des ml.

*scope : appareil de mesure branché sur le patient par le biais des électrodes, brassard à tension et oxymetre de pouls, destiné à donner les constantes du patient de manière régulière.

*PSE : pousse seringue électrique, destiné à donner en intraveineux divers médicaments avec un débit calculé en ml / h.

*UHCD : unité d'hospitalisation en courte durée

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