Semaine 14.2 - Farine

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Ame la poussa doucement du bout du coude pour lui signifier qu'elle devait se concentrer. En effet, le professeur expliquait un point fondamental. Sansa secoua la tête, rejetant son étrange vision dans les tréfonds de son esprit. Elle tourna son stylo entre ses doigts, fit glisser la bille sur sa feuille pour ajouter une notation sur son schéma. Là, il était mieux ainsi.

La voix du professeur semblait lointaine. Pourtant, Sansa et Ame s'étaient installées proches de l'estrade. Peut-être un souci de micro. L'étudiante tendit l'oreille pour suivre le cours. Cet exemple n'était pas des plus passionnant, d'autant plus que Sansa n'aimait déjà pas la matière, mais il fallait bien avoir les connaissances nécessaires pour valider l'UE et s'en débarrasser rapidement au second semestre.

Une musique sonna à ses oreilles. Très faible, puis de plus en plus forte. Une sonnerie de téléphone, vraiment ? Et ces notes... Serait-ce You can leave your hat on ? Vraiment ? Cette musique ? Sansa leva la tête, surprise. Vraiment ? Cherchant l'origine du regard, elle s'arrêta sur l’un des jeunes hommes tout en haut, dans un angle. Il planta ses yeux dans ceux de l’étudiante, un demi-sourire aux lèvres. La respiration de Sansa se coupa. Lentement, il leva une main vers sa joue, la fit glisser lascivement sur son cou, la tête rejetée en arrière. Ses doigts trouvèrent la fermeture de son sweat, qu'il fit coulisser au rythme de la musique. Ses épaules commençaient à bouger, se balançant avec la mélodie. Le large sourire restait collé sur son visage.

Sansa regarda autour d'elle. Personne n'observait la scène. Tous semblaient captivés par le cours. Quand ses yeux revinrent vers le garçon, il avait ôté son gilet. Ses mouvements se faisaient plus amples, plus langoureux. Il passa la langue sur ses lèvres, son regard ne l'ayant pas quittée. Sansa avala sa salive avec difficulté. Centimètre par centimètre, il enleva son tee-shirt, dévoilant une peau lisse et ferme. Il n'aurait pas fallu beaucoup pour convaincre la jeune femme de la caresser... ce que l'étudiant réalisait avec sensualité. Ciel, c'est qu'il faisait clairement trop chaud ici ! Elle sentait un filet de sueur couler le long de son cou. Mais ses yeux ne se détachaient plus de ce corps dévoilé.

Il glissa un pouce sous la ceinture de son pantalon. Tira doucement, inséra un second doigt, les fit coulisser sur toute la longueur dans un geste bien trop érotique. Il se pencha, caressa sa jambe de bas en haut. La bouche de Sansa était sèche. Enfin, il arracha son vêtement avec un mouvement si brusque que les coutures cédèrent. Ses cuisses étaient magnifiquement ciselées. Il grimpa sur la table, agitant le pantalon au-dessus de sa tête tout en effectuant une danse voluptueuse. Il lança les restes de tissu vers Sansa mais ils tombèrent avant de l’atteindre, dans l'allée.

Le garçon passa la main dans ses cheveux, la bouche entrouverte. Il était toujours sur son pupitre, puis il se laissa tomber à genou, secouant la tête dans les temps de la mélodie. Ses mèches volaient autour de son crâne. Pendant ce temps, il poursuivait les caresses sur sa peau nue, glissant de temps à autre un doigt vers le bord de son boxer rouge.

Sansa avait oublié comment respirer.

Il se releva, lui tourna le dos et se pencha en avant, mettant clairement en valeur ses fesses rondes, et fermes, et si belles... Sansa secoua la tête. Reprends-toi ma grande, pensa-t-elle, on dirait un piranha lubrique ! Mais elle ne pouvait détacher son regard de cette magnifique vision d'un homme dans toute sa splendeur. Ou presque toute. Son regard glissa vers le bas, alors que ses joues rougissaient. Non, quand même pas. Le garçon agita un doigt, lui faisant signe de le regarder. Elle plongea ses yeux dans les siens. Il lécha avec application ses lèvres, lui donna un sourire coquin, envoya un baiser puis sauta de sa table et enfila son gilet.

Sansa avait toujours la bouche ouverte. Le garçon posa un doigt sur ses lèvres, lui indiquant le silence, puis prit son stylo et retourna au cours, comme si de rien n'était. La jeune fille se sentait oppressée. Elle jeta un coup d’œil autour d'elle, mais personne n'avait remarqué quoi que ce soit. Personne. La musique s'était arrêtée. On n'entendait plus que le professeur et le grattement des feuilles sur les pupitres.

Ame se tourna vers son amie, la mine soucieuse :

- Ça va, Sansa ? Tu es très pâle.

L'étudiante inspirait à petits coups. Ses poumons refusaient de se remplir. Sa vision se troublait. Elle glissa de sa chaise, et puis ce fut le noir.

- Mademoiselle ? Mademoiselle ?

Sansa battit des paupières. Que la lumière était blanche ! Et il faisait si froid ! Une couverture se posa sur ses épaules. Elle grelottait.

- Mademoiselle, comment vous sentez-vous ?

Ses dents claquaient. L'amphi était désert, si ce n'étaient les pompiers, le prof et elle-même.

- Je...

Sa voix était rauque. Elle se racla la gorge douloureusement.

- Il s'est passé quoi ?

La pompière soupira, l'air soulagé de l'entendre parler.

- Vous ne vous rappelez rien, mademoiselle ?

- Je... y'avait un garçon... il dansait... Là-bas ! C'était très joli... strip-tease même...

Sa respiration était toujours courte. La femme en face d'elle échangea un regard consterné avec son collègue et se releva.

- On a les premiers résultats ?

L'homme lui tendit un morceau de papier, celui qui était sorti de la petite machine dans sa main. Sansa admira le joli galbe de l'appareil chromé. Bel instrument. La pompière jeta un coup d’œil aux chiffres et soupira.

- Mais c'est normal qu'elle se soit effondrée avec ce taux de stupéfiants dans le sang !

La jeune femme leva la tête vers elle, les yeux pétillants, la mine sincèrement ravie.

- Oui ! Drogue ! C'est trop trop ça !

Elle gloussa. En face d'elle, ils se regardèrent à nouveau.

- Ouais, on l'emmène.

Sansa riait encore quand les portes de l'ambulance se refermèrent sur elle.

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