Semaine 11.1 - A la recherche du prince Phasaël

5 minutes de lecture

Il était une fois, Njäd, un royaume merveilleux où tout le monde vivait heureux. Il était gouverné par un roi et une reine bons et justes qui aidaient tous ceux qui en avaient besoin. Ils avaient deux enfants, le prince Phasaël et la princesse Okmet. Le peuple les adorait. Mais un jour, le prince disparut. La panique s'empara du château : qui aurait bien pu commettre un acte aussi horrible ? Le roi et la reine convoquèrent tous les habitants dans la salle du trône. Ils demandaient à chacun « As-tu vu notre fils ? Sais-tu quelque chose ? » mais chacun répondait avec tristesse « Non, je ne sais rien. » Quand le dernier quitta le château, la princesse se leva de son siège. Elle était en colère, outrée que quelqu'un ait osé lui prendre son frère. Elle s'inclina devant ses parents.

- Papa, maman, j'implore votre autorisation. J'aimerais partir à la recherche de Phasaël.

Le roi et la reine échangèrent un regard avant de donner leur bénédiction. Ils savaient qu'elle était forte, courageuse et intelligente. Si quelqu'un pouvait ramener leur fils, c'était bien la petite princesse.

Okmet s'en alla dès le lendemain. Elle montait un cheval blanc, ses sacoches sombres rondes de victuailles. Les villageois sortaient des maisons pour la regarder passer. Ils lui souhaitèrent succès et ne détournèrent les yeux que quand elle disparut entre les arbres. Okmet se détendit progressivement alors que l'ombre caressait ses épaules. Elle se sentait bien pour la première fois depuis des jours. Certes, son frère était toujours évanoui, mais, au moins, elle avait quitté la simple attente. Elle pouvait enfin agir.

Trois jours plus tard, son œil fut attiré par un éclat métallique. Okmet posa la main sur son épée, reconnaissant une hache, puis s'approcha pour mieux voir l'objet. Ce dernier était négligemment posé contre un arbre, sa lame à peine affutée. Le propriétaire était introuvable mais une minuscule bâtisse se trouvait non loin, presque invisible tant les plantes avaient envahi ses murs.

Okmet posa pied à terre. Elle attacha sa monture à une branche basse, vérifia que son épée était bien accrochée à sa taille et sa dague dans sa botte avant d'avancer d'un pas ferme. A quelques mètres de la porte, la jeune femme s'arrêta.

- Y'a quelqu'un ?

Il lui sembla entendre un faible son. Parcourant le chemin restant, elle resta sur ses gardes. Il serait stupide de tomber dans un piège. Okmet frappa à la porte. Cette fois-ci, elle fut sûre d'entendre un mouvement dans le cabanon. Une main sur le pommeau de son arme, elle poussa le battant qui ne présenta aucune résistance.

- Ohé ?

La princesse sursauta quand la chaise tomba à sa droite. Elle dégaina son épée.

- Montrez-vous !

- S'il-vous-plaît ! cria une voix faible. Ne me faites pas de mal !

Okmet eut un mouvement de recul. Elle était tant stupéfaite que la pointe de sa lame pointa vers le sol.

- Mais je ne vous veux pas de mal.

Un silence lui répondit. Alors qu'elle croyait que l'inconnu était parti, il sortit de l'ombre. C'était un vieillard courbé, vêtu de haillons crasseux. Sa barbe aurait pu être blanche si l'homme s'était lavé, ce qui ne semblait pas avoir été le cas depuis un certain temps. Ses épaules étaient rondes et sa tête baissée. Il tremblait de tous ses membres frêles.

- Qui pensiez-vous que j'étais ? demanda Okmet.

- Des bandits. Ils sont venus il y a deux jours et ont pris tout mon bois, ainsi que ma meilleure hache ! Ils ne m'ont presque rien laissé...

La princesse se sentit désolée pour le vieil homme.

- Puis-je faire quelque chose pour vous ?

Il la dévisagea, comme curieux. Ou était-ce de la crainte ? Enfin, il osa poursuivre sur un ton vibrant de doutes :

- J'ai besoin de bois pour chauffer ma maison, mais je ne peux plus en couper. Auriez-vous la bonté de m'aider ?

La princesse sourit et opina. Elle tendit la main vers le vieillard qui la prit après un instant d'hésitation. Elle l'aida à sortir sous le soleil automnal. Le visage fripé exprimait une vive reconnaissance.

La princesse lui offrit de ses provisions. L'autre protesta un peu mais la nourriture le fit fondre. Il mangea comme s'il ne s'était pas nourri depuis des lustres. Okmet se tourna vers la hache abandonnée avant de décider qu'elle ne ferait clairement pas l'affaire. Son manche était presque pourri. Il se serait désintégré au premier coup. Finalement, elle décida d'utiliser sa propre épée. Elle grimpa dans un arbre, coupa les branches supérieures pour le laisser vivant. Ainsi, il pourrait se renouveler plus rapidement. Lorsque Okmet s'arrêta, le soleil avait disparu et une montagne de bois se dressait contre un mur du taudis. La jeune femme essuya son front du dos de sa main avant de lancer un regard aimable à l'homme qui, adossé à un tronc mort, la fixait avec stupeur.

- Puis-je vous être utile à autre chose, monsieur ?

Le vieux grimaça enfin de sa bouche édentée une sorte de sourire.

- Merci, princesse, mais vous m'avez déjà bien aidé.

Il se leva, paraissant avoir retrouvé de sa souplesse. Quand la jeune femme s'approcha, elle remarqua qu'il semblait en effet plus jeune. Elle cligna des paupières.

- Comment... ?

Sous ses yeux ébahis, l'image du vieil homme laissa progressivement place à celle d'un charismatique garçon à peine plus âgé qu'elle. Un sourire étira ses lèvres pleines, arrondissant ses joues roses. Le regard taquin, il s'inclina adroitement.

- Je suis le sorcier Zlitchbrunn, à votre service, princesse.

- Je... comment savez-vous qui je suis ? Je ne me suis pas présentée.

Il éclata de rire, comme si ses paroles étaient hilarantes.

- Oh, princesse, je sais beaucoup de choses.

La magie, apparemment. Le personnage du vieil homme n'avait donc été qu'une illusion. La cabane aussi avait disparu, remplacée par une jolie maison aux murs pâles couverts de chèvrefeuilles. Okmet recula d'un pas, soudainement d'humeur fraîche.

- Pourquoi m'avoir fait perdre mon temps, si vous n'aviez pas besoin de mon aide ? Aïe !

Le jeune homme avait donné une tape sur le sommet de sa tête. Il la réprimanda :

- Voyons, aider n'est jamais un temps de perdu.

Okmet fit la moue et désentrava son cheval.

- Pourtant, j'aurais pu l'utiliser à chercher mon frère. Il aurait alors été plus utile.

- Princesse, princesse, qui vous dit que me rendre service n'a pas fait avancer votre quête ? Il me fallait savoir si vous méritiez mon aide.

Okmet, qui allait se retourner, s'immobilisa.

- Votre aide ? répéta-t-elle.

Zlitchbrunn sourit malicieusement.

- Je sais où est le jeune Phasaël, princesse.

Elle battit des paupières et lui fit face à nouveau.

- Vraiment ?

Le sorcier opina.

- Venez manger un peu à la maison, et dormir. Vous pourrez partir demain, une fois reposée. Je vous dirai tout ce que je sais.

Après une hésitation, Okmet accepta. Elle était fatiguée et ses bras étaient courbaturés d'avoir coupé du bois tout l'après-midi. Un vrai somme lui ferait du bien. De fait, les lits étaient si confortables que la princesse dormait avant que sa tête ne touche l'oreiller.

Annotations

Versions

Ce chapitre compte 2 versions.

Vous aimez lire Jo March ?

Commentez et annotez ses textes en vous inscrivant à l'Atelier des auteurs !
Sur l'Atelier des auteurs, un auteur n'est jamais seul : vous pouvez suivre ses avancées, soutenir ses efforts et l'aider à progresser.

Inscription

En rejoignant l'Atelier des auteurs, vous acceptez nos Conditions Générales d'Utilisation.

Déjà membre de l'Atelier des auteurs ? Connexion

Inscrivez-vous pour profiter pleinement de l'Atelier des auteurs !
0