1er jour, le départ

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***

Ce fut plus de trois cents personnes qui se réunirent précipitamment autour de « Bras-de-fer ». L’homme, un colosse de près de deux mètres, à la tignasse d’un noir d’ébène et au regard d’acier, semblait presque serein et regardait les siens avec une empathie teintée d’un paternalisme bienvenu.

Nous étions tous terrifiés. Personne ne parlait et les quelques cris et pleurs d’enfants étaient vite étouffés par les mères inquiètes.

Bras d’acier réunit les guerriers et guerrières autour de lui et par quelques signes furtifs de la main, donna ses consignes. Tous se dispersèrent aussitôt dans la forêt, laissant les enfants sous la garde des anciens. J’enrageais de ne pouvoir suivre mon père dans sa tâche, moi qui le secondais déjà depuis plusieurs années. Mais je n’étais pas encore un homme ! Un mois me séparait de mes 16 ans et cela allait être lourd de conséquences.

Bras-de-fer saisit sa lourde hache de guerre et la cala sur son épaule. Il s’adressa à tous d’une voie forte et claire.

  o L’heure n’est jamais connue, car les autres sont imprévisibles.

  o Nos cœurs seront meurtris, car les Dieux sont cruels

  o Les meilleurs survivront, car notre lignée doit perdurer.

  o Nous reviendrons et rebâtirons, car c’est notre destiné.

Cette comptine, tous la connaissaient. Elle berçait notre enfance et peuplait nos rêves ou plutôt, nos cauchemars. Je n’échappais pas à cette règle. Ces autres, ces terribles autres, qui poussaient des guerriers aussi puissants que Bras-de-fer à fuir, ne pouvaient être que des monstres terrifiants. Personne ne savait à quoi ressemblaient ces « autres » et ceux qui les avaient combattus, n’en parlaient jamais, ne les décrivaient jamais. Ce mystère qui les entourait participait de la crainte qu’ils nous inspiraient.

Le chef de guerre resta silencieux un long moment et en dévisagea certains. Ma mère était du lot.

- La marche sera longue et épuisante, vous le savez. Soyez fort ! Que nos guerriers ne risquent pas leur vie inutilement !

  o Un rythme, le mien !

  o Personne devant, personne à la traine !

  o Faites honneur à notre clan, ne faiblissez pas !

Le colosse ponctua son discours par un long rugissement en brandissant sa lourde hache de guerre au-dessus de sa tête. À notre tour, on hurla notre détermination à survivre avec passion.

Dans un ordre un peu confus, nous nous mîmes en route. Une heure, tout au plus, s’était écoulée depuis le retentissement des tambours dans toute la vallée…

Je serrais avec force les petites mains moites de mon frère et de ma sœur. Où allions-nous ? Comme cette précipitation n’augurait rien de bon. Je jetais un dernier coup d’œil à mon village, de la fumée s’échappait encore de quelques cheminées. Les larmes me vinrent aux yeux, mais je les réprimai rapidement. Je devais rester fort et ne montrer aucune faiblesse qui apeurerait les enfants.

Ma mère marchait à nos côtés. À sa ceinture était fixée une large épée et un arc, accompagné de son carquois, pendait à son épaule. J’avais du mal à la reconnaitre.

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